Le Pare-tempêtes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Manga Chainsaw Man : où acheter le Tome 17 édition Collector de ...
19.99 €
Voir le deal

Aller en bas
Leer
Leer
Messages : 171
Date d'inscription : 16/08/2018

30/05/2019 Empty 30/05/2019

Jeu 30 Mai 2019 - 0:15
Perso j'ai répondu à des mails T-T ma vie est nulle je n'arrive pas à me poser pour faire quoi que ce soit d'intéressant. Enfin c'était important de faire ça donc une bonne chose de faite, plutôt que mater des animes.

Voici une chanson romantique pour gonfler vos petits coeurs
https://www.youtube.com/watch?v=VAbBAdPgsSw
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

30/05/2019 Empty Re: 30/05/2019

Jeu 30 Mai 2019 - 0:32
Modifications et petits ajouts sur le CC "La dernière garde", pas une productivité de ouf.



La nuit s'infiltrait par les interstices du ciel, poissant les feuillages denses qui parlaient à la brise. Il y avait un long murmure dans la forêt, un chuchotement de feuilles bavardes, retournées ou bousculées par les doigts tapageurs du vent, par le soulèvement emphatique des bêtes nocturnes ou par le pied léger des créatures graciles qui ne vivaient que dans le clair de lune. Plus bas, des autres vibrations : une mélodie sous-jacente de mandibules affairées à enrichir l'humus, un friselis torpide et entêtant de verdure froissée. Et quelque part, des plaintes inaudibles, des bruits distants d'agonie, de cristallins gargarismes de mort. Quelque part, le bruit de grelot émis par les enfants.

Mais pas dans le cercle. Pas de forêt sinueuse, ni de gamins-clochettes.

Ici, le feu, la braise qui chauffe, qui se craquèle dans l'âtre comme un cœur brisé mais remuant encore. Les respirations entremêlées des hommes endormis, les couvertures râpeuses frottant contre leur peau de cuir, contre leur pilosité rêche, presque bestiale à force de l'usure du sel, du soleil, des frottements. L'humanité en sommeil frémis dans son bivouac, rompue et repue, vivant au ralentis. Parfum de graisse chaude et de sueur saline polluant l'odeur d'humus- relents d'haleines colorées par l’ivresse. Des haleines rouges dans la nuit bleue, comme des volutes d'encens tracés dans l'air, quand leur corps s'est consumé d'effort. Ébullition charnelle, une saine usure de l'être. Leur fatigue, leur chants et leurs odeurs rapportés de la mer- tout est là.

Ils ont leur propre philharmonie secrète, les pirates.

L'oiseau chanteur peut la saisir, lui. Dernier éveillé au milieu des bivouacs, il se maintient à l'écoute de tous ses compagnons, gardant braqué sur leur sommeil un œil paisible et tendre. Il scrute leur gorge palpitante, leur poitrine délicatement soulevée, il s'humecte l'oreille sur leur respiration, et de ses yeux doux, doux comme un typhon de crème ou une tornade de velours couleur perle, il caresse leur corps gisants avec célérité, comme un insecte aux pattes légères frôlant des membres lourds. Parfois se sont ses mains qui se répandent sur eux, prestes et câlineuses, pour remettre un coussin en toile de jute sous une tête broussailleuse, rabattre un pan de couverture sur une épaule bronzée. Il travaille discrètement à leur confort en remodelant la forme de leur lit, en maintenant l'agonie des feux bas en sursit. Affectueusement il veille son groupe de forbans endormis. Sa famille pouilleuse, son chenil adoré. Son esprit, emplis d'une machinerie à faire rêver les sens, donne formes et couleurs à leurs soupirs nocturnes.

Il voit des ronflements bruns, couleur de terre, qui s'éraillent aux lèvres, se ravalent en grondant. Pesants, profonds et emphatiques. Leur poitrine résonnent d'orages encore maintenus entre les faisceaux d'os de viscères, leurs narines sifflent en frémissant doucement, leurs lèvres vibrent rythmiquement. Il y a partout de la musique, dans chaque infime harmonique façonné par la nuit. Les corps sont comme autant de boîtes à musiques grinçantes, délivrant quelques notes, tandis que les bois penchés sur le campement sont semblables un orchestre travaillant au détail, un arpège après l'autre. Il y a un violon sur chaque branche, une maracas fixé à chaque cailloux- tout un piano mis sous la terre. Des claviers enchantés s'enclenchent quelque part quand on y pose le pied- en tendant l'oreille, un tambour qui s'affole (son cœur d'oiseau gardien qui lui bat aux tympans). Peut-être quelqu'un joue t'il vraiment de la flûte ; il y a des faunes dans la forêt. Il y a des enfants, des fées et des indiens en chasse.

Et des satyres qui rôdent. Il en connaît bien un d'ailleurs, un de ces demis-homme au corps de glaise, formés par l'île à même la malléabilité de leur humanité défaillante. Ignominie caprine à la bestialité savante qui se réinvente sans cesse au gré des mots pirogues glissant de sa gueule brune ; Bartel grogne t'il aimablement à qui demande son nom. Un monstre séduisant d'une compagnie charmante tant que l'écume du rut ne lui vient pas aux lèvres, et que s'excitent alors autre chose que ses mains vagabondes ou sa langue érectile. Pressent-il l'intrusion des pirates comme le font les enfants courant dans la forêt ? Ou est-il occupé à rôder quelque part, en quête d'une chair perméable où s'enfouir et grailler ? Banquet d'entrailles au diapason de sa luxure dansante, comme il aime honteusement faire, a t'il déjà avoué au triste Rossignol... Il pourrait être là à guetter dans le sous-bois. Rêvant à ces corps d'hommes endormis, démunis face à ses intrusions, prêts à saigner pour lui tous leurs sucs et leurs cris.


les flancs moulés par le claquement des branches, par les coups de fouet de la sylve leur échine fuyante.
zaza onctuosité de la chair entrelacée de lumière
palper la nuit
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum