Le Pare-tempêtes
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CC N°26 : Le pouvoir des fleurs Empty CC N°26 : Le pouvoir des fleurs

Lun 21 Jan 2019 - 22:00
Avec des paillettes.
Malnir
Malnir
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CC N°26 : Le pouvoir des fleurs Empty Re: CC N°26 : Le pouvoir des fleurs

Lun 21 Jan 2019 - 23:00


Une poche gonflée de sucs, dégoulinante de sève sirupeuse, ses parois charnues marbrées de veines violacées, molles et serpentines. En dégoutte la claire eau, limpide et sensuelle. Deux larges corolles mauves s’éploient de part et d’autre, voiles de chairs colorées et rigides. S’en dégage la senteur écœurantes des roses confites, des kumquat macérant dans le sucre, des citrons et des raisins fermentants. Il s’en écoule une lourde effluve, un langoureux baiser d’ambre, qui coule depuis les sommets entrouverts et suintants de la poche, couronnés d’échancrures dentelées et purpurines, jusque dans les replis des corolles. Elle s’échappe en flots lents et épais, en rubans crémeux et pesants. Des pentes palpitantes perlent de lourdes rosées, des essences limpides et ternes, une étreinte moite enserrant la masse empourprée. Dans les ténèbres veloutées qui l’entourent, l’air est moite de formes et de parfums avides, à peine esquissés et gonflant dans le silence, s’enroulant en grosses vagues dont l’écume fuse en gouttelettes d’ivoire.

Il est des champs lointains emplis de ces exquises formes empoissées, dressées fièrement sur de longues hampes souples au milieu des herbes fuligineuses, enveloppées de nappes de brumes laiteuses, où sourdent en rêveries malsaines les étreintes poisseuses de ces formes boursouflées, laides et sublimes. Elles effleurent la peau d’une caresse fiévreuse et languide, froides d’angoisses. Et le soleil sombre entre les mamelons des collines comme une grosse pèche rougie, éclaboussant de ses rayons mélancoliques leurs pétales obscènes. Jusque dans la glaise à leurs pieds, la bonne glaise grasse et collante, la chaleur s’éteint en fumerolles grises, mais elle reste en elles, elle reste en leurs cœurs, dans leurs seins enchevêtrés de nodosités. Et on le voit ; leurs parois, tendues, respirent, elles gonflent et se rétractent en rythme lents et apaisant. On s’endort en les contemplant, bercés par leurs palpitations sensibles.

Alors elles nous noient sous leurs épanchements visqueux et capiteux, nous nous dissolvons dans leurs pièges ambrés, étouffés par les parfums, engourdis par les liquides qui nous submergent, tièdes et et glaçants. Sans nous débattre, nous sombrons, mis à nus, pétris et réduits à peu de choses, à des chairs frémissantes sans forces et sans formes. Elles se penchent doucement, insensibles à nos agonies, caresses veloutées brisant les ultimes résistances, frappant l’esprit jusqu’à ce qu’il soit plus fluide que le sang qui s’en va, charrié par leurs émanations, et que la glaise boit jusqu’à s’empourprer de plaisirs. Un soupir et rien. Un murmure doux, un chant léger et monotone. Et nous mourrons. Nous disparaissons dans le sol dans un chuintement fluide.
Pantouffe
Pantouffe
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Date d'inscription : 27/08/2018
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CC N°26 : Le pouvoir des fleurs Empty Re: CC N°26 : Le pouvoir des fleurs

Lun 21 Jan 2019 - 23:00
- Il est arrivé hier soir dit Jerry en tirant un brasillement épileptique de sa cigarette, du bout de ses lèvres gercées. Puis, passant une langue pointue sur les minces bandes de chair dévastées qui avaient dû en des jours plus cléments lui servir à embrasser quelqu'un, il sortit un petit tube de sa poche et les enduisit du baume gras et parfumé dont il s'entêtait à faire l'usage malgré son inefficacité criante. La pulpe rachitique et écornée pris un aspect uniformément pâteux, luisant, qui ne suffisaient pas à cacher l'état des chairs vaguement sanguinolente.
Je n'y prêtais d'attention qu'en raison de ma fatigue. J'étais habitué à ce petit spectacle comme à bien d'autres. Je n'avais tendance à me perdre dans leur observation que pendant les périodes d'insomnie qui fondaient sporadiquement sur mon corps pour le dépouiller de couleurs, s'y déchargeant au passage de leurs charges, kilos de chair inutile, mols amas de globules crémeux, de viande informe, onctueuse. Quand je n'arrivais pas à dormir, je mangeais. Quand je ne mangeais pas, et que le sommeil n'était toujours pas là, je me focalisais sur chaque détail présenté à mes yeux. Ce n'était pas volontaire à vrai dire- le monde devenait simplement d'un texture moins fluide, il accrochait plus aisément mon regard. Je n'y pouvais rien. Et puisque je ne pouvais pas non plus me permettre de manquer plusieurs journées de travail, il fallait inévitablement que même après quinze ans, je reste captivé par la manière dont Jerry torturait et cajolait ses lèvres d'un mordillement et d'un passage de baume à l'autre. Lui même prêtait une attention toute particulière à mes cernes, mais il ajouta simplement : Quand ils l'ont débarqué, il était tout collant. Il a fallu le passer au karcher. J'en ai rarement vu d'aussi poisseux...

- Ah bon ? Répondis-je distraitement en suivant le mouvement précautionneux avec lequel il accosta de nouveau à la poche de son pantalon pour y glisser le tube de baume à lèvres. Pourtant il y a eu cette fille au printemps dernier...

- Oui soupira t'il en fléchissant les doigts contre sa poitrine pour les y faire craquer, une main après l'autre.C'était un beau morceau aussi, mais on nous l'avait ramené d'un squat où ils s'entassaient les uns sur les autres ; celui-ci était tout seul, dans son appartement.

- Comment ils l'ont trouvé ? Les voisins ont sentis l'odeur ?

- Non, ils ont entendu les abeilles précisa Jerry avec une grimaçe qui n'allait pas du tout à son visage. Sa peau trop blanche se froissait comme du papier du verre- douloureusement pour l'oeil. Les abeilles, les mouches, les guêpes... , énuméra t'il en balayant la pièce du regard pour y trouver de quoi s'occuper les mains. A ce qu'on raconte, ils ont même trouvé des colibris chez lui. Personne ne sait d'où ils venaient.

- Des colibris ? M'étonnais-je, presque sortis de ma léthargie par l'incongruité de cette information. Mon imagination faillit s'emballer avant de retomber platement. Je soupesais le poids mort de mes pensées essouflées, et répétait : ils n'ont pas sentis d'odeur ?

- Nan. Il avait allumé des bâtonnets d'encens. A priori ce n'était pas la première fois, il avait des sortes de rituels mystiques

[..]


Une forme crantée était assise au milieu de la pièce, sa silhouette rendue tranchante par les plis de ses vêtements trop amples, dont les froissure raidies par la saleté créaient l'illusion de contours tourmentés. Mais la chair alanguis qui ruisselait de ces vêtements était épaisse, et elle enveloppait l'os d'une gaine très ronde, très tendre. Les bras qui pendaient de ses épaules courbées avaient été modelés avec amour, dans une généreuse quantité de chair-glaise-quant aux mains, ouvertes sur les jambes croisées, elle ressemblaient à des fleurs grasses largement épanouies, aux pétales bien cireux et charnus, au coeur moelleux, doux et fait pour d'affectueuses palpations.
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CC N°26 : Le pouvoir des fleurs Empty Re: CC N°26 : Le pouvoir des fleurs

Lun 21 Jan 2019 - 23:16
Antonin courait à en perdre haleine. Qui était ce mystérieux inconnu ? Il devait le découvrir.
La silhouette masquée tourna à l'angle d'un buisson. Antonin s'y précipita : plus rien.
Échevelé, il reprit son souffle. Comme l'agitation retombait, il prit le temps de se rappeler ces traits, comme pour graver en vœu sacré la perfection de ce visage. Des traits doux et racés, un masque noir de jais, et ces cheveux à peine trop longs qui retombaient d'un air frondeur... Une allure plus altière que celle du prince lui-même... De toute son existence, le jeune éphèbe n'avait rien vu d'aussi beau.
Il fut tiré de sa rêverie par une détonation. Le prince Antonin leva la tête et vit alors -étaient-ce les étoiles ? Mais non-, une pluie de pétales tomber sur le jardin. Les larmes aux yeux, il demeura sidéré.

Sa main se réveilla en sentant la douceur d'une peau étrangère.
Devant lui, l'homme masqué, qui lui souriait paisiblement. Il avait pris la main du prince au creux de ses deux mains, et y déposa un petit objet à l'éclat argenté.
"Un souvenir pour le prince."
Puis, il baisa la main refermée du jeune homme et se détourna.
"Attends !" haleta Antonin, qui voyait l'instant lui échapper trop vite.
"Quel est ton nom ?
- Mais vous me connaissez, votre Altesse. Nous sommes de vieux amis."
Antonin, impuissant, le regarda partir. Puis il baissa les yeux sur l'objet dans sa main.
Une montre à gousset, au couvercle ouvragé de fleurs, et qui portait en son cœur les initiales J.H.
J.H.... Se pouvait-il... ?

Une main se posa sur l'épaule d'Antonin.
"Votre Altesse. Vous êtes attendu à l'intérieur, les invités s'inquiètent.
- Merci, Lawrence. Je vais rentrer."
Sur le chemin, Antonin sentit pour la première fois comme la brise semblait fraîche.

~oOo~

Déguisé en flâneur près du marché, Antonin était en grande discussion avec la jeune Abigaëlle : "Lui-même, il était là ! Il m'a donné ça !"
Il la laissa examiner la montre, inquiet. "Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
- Hm... Une montre ? C'est peut-être un message ?" Elle la retourna dans tous les sens. "Pourquoi un mec aussi canon garderait ce vieux truc ?
- Attention ! C'est fragile !
- Hm... Il veut peut-être te dire que ton temps est compté. Que quelqu'un te veut du mal !
- Quoi ?
- Un complot !
- Abigaëlle !
- Mais si ! Le héros du peuple, Stiletto Rosace, découvre un terrible malfaiteur camouflé dans ton entourage ! Mais impossible de le livrer à la milice, car Rosace risquerait lui-même d'être arrêté pour cela ! Alors, désespéré, il essaye de t'avertir du danger...
- Abigaëëlle...
- Hé ! Peut-être que c'est à cause... D'un amour secret pour toi.
Cette conversation avait fini en un match de coups de poings amical entre les deux camarades.
Et pourtant...
En y repensant le soir, dans sa vaste chambre royale, le prince Antonin eut un pincement de cœur. Si seulement cette explication saugrenue pouvait être vraie... Il lui semblait que pour revoir le bel inconnu, même un danger de mort serait une bonne nouvelle. Finalement, il n'avait pas osé poser à Abigaëlle la question qui lui brûlait les lèvres.
J.H.
Pouvait-ce être...?

~oOo~

Antonin sombra dans un sommeil brumeux, entortillé de visages aux couleurs fantasques qui grimaçaient pour lui. Un visage plus flou, plus terne que les autres l'entraîna au creux du nuage... Sur un lit de verdure, deux garçons jouaient ensemble.
"Tu ne me battras jamais !" criait l'un.
"C'est ce qu'on verra !" rétorqua l'autre.
Sans savoir pourquoi, Antonin sentit ses yeux s'embuer devant cette scène. Quelque chose de très ancien entoura son cœur et le serra affreusement. Il cria un nom en voyant la scène s'éloigner de lui, les garçons étaient de plus en plus loin, leurs voix devenaient faibles, si faibles...

Le soleil tomba sur la peau d'Antonin. La présence de Lawrence le ramena à la journée qui commençait.
"Mon prince..., disait Lawrence, mais sa voix était préoccupée ce matin. Mon prince, vous avez l'air pâle. Avez-vous fait un cauchemar ?"
Antonin tenta de secouer la tête, mais ses yeux lui faisaient mal. Dans ce matin radieux, il lui semblait que sa peau était de cire et ses entrailles de flamme.
Une paume fraîche se posa sur son front. "Votre Altesse est brûlante. Ferney ! Apportez-nous un linge et de l'eau fraîche."
Le prince retint alors quelques phrases qui semblaient tissées à sa couverture : "Vous devriez rester alité", "Sa Majesté le roi sera prévenu"... Puis, les lourds rideaux vinrent étouffer les sons et la lumière, et le prince bascula inexorablement vers son sommeil sans fond.


explicationnn:
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Lun 21 Jan 2019 - 23:38
Seth marcha d'un pas peu assuré. Ses yeux veinés par un réseau de sang se fermaient d'eux-même. Il se sentait léger, comme si il gambadait sur des nuages blancs et cotonneux. Les vibrations de la musique pénétraient, certes agressivement, mais agréablement ses oreilles.

Le jeune Seth passa sa main calleuse dans ses longs cheveux bruns et sales. Combien de temps ne les avait-il pas lavés ? Sûrement plusieurs années au moins. Mais ce n'était absolument pas un souci pour lui.

Un solo de guitare électrique se joua. Les notes s'enchainèrent langoureusement. Le son saturé de la guitare fit hurler et danser la foule de hippies, malgré la boue collante et gluante et la faible pluie.

Seth profita de la sensation de l'eau glacée coulant le long de son torse nu. Elle gouttait le long de ses cils fins, perlait sur les fleurs colorées de son collier, ruisselait dans ses cheveux. Un frisson de froid et de plaisir parcourut sa colonne vertébrale.

La voix du chanteur reprit de plus belle. Une voix éraillée et grave, embellie sûrement par des litres de bières et des kilogrammes de joints. Seth balança sa tête dans tous les sens, noyé dans l'océan humain et la bruine.

Un dernier cri du chanteur. La foule, d'une seule voix, hurla sa joie à son tour. Seth était presque assourdi par son bruit informe et puissant, mais cela ne l'empêchait pas de stopper son état de transe. Tout à coup, une ligne de basse électrique se joua, ses vibrations furent bondir le cœur des hippies. La batterie vint soutenir la rythmique.

(inachevé)
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