CC N°38: Conquête géométrique

Le mouvement précis, comme tracé au compas. Au millimètre près. La performance ne souffre pas d’une imperfection de trop. C’est une petite bataille, toujours. Un enchaînement de gestes, plus ou moins douloureux, d’une précision extrême. Chuter serait l’ultime honte. Mais elle se dresse toujours, petits pas feutrés, sur les pointes roses des chaussons qui les tortures, toutes. La danse n’est qu’un moyen de plus, pour les Hommes – masse menaçante et sans visage – de les contrôler. De les parquer bien sagement, dans des mouvements mesurés, dans de nobles tissus toujours poudrés. Dans une silhouette taillée à la cisaille par de consciencieux jardiniers. Genre jardin à la française. Il faut croire alors, que son propre paysagiste l’a loupé au passage, lui laissant là quelques rondeurs, quelques moqueries au passage. Sa moue étirée et son cul un peu trop large pour ne pas dépasser du justaucorps semblent la narguer, dans le large miroir de la salle d’entraînement. Observateur froid et sans âme, leur renvoyant chaque défaut, chaque faux pas d’une œillade glaciale, sans même avoir besoin d’émettre un jugement.

Le parquet ciré de la salle de danse, c’est un champ de bataille, une guerre silencieuse, à coup de rivalités stupides, de conformisme ridicule. Une géométrie du corps maintes fois répétée. Une vieille machinerie ennuyeuse qu’il faudrait sans cesse entretenir.

Celui de sa chambre, un autre terrain de jeu. Un enchevêtrement complexe de meubles anciens et de souvenirs, le théâtre d’une évolution de chaque jour. Danser y est toujours plus amusant, parce que plus libre. Pas d’envolées gracieuses du bout des doigts, pas de terrible déformation des chevilles et des côtes. Et pas de répugnants bruissements de régurgitation dans les toilettes. « Mets les doigts plus profond, ça sortira mieux ». Juste la sérénité adolescente des lampions découpés au crépon rose, des peluches aux yeux effacés qui fixent, inlassablement, ses éveils.

La danse aussi, y est différente. Moins règlementée. Moins méthodique, mathématique. Sa vie, le complexe réseau neuronal de ses actions, le sont déjà bien assez pour ne pas s’embarrasser d’une discipline inutile. Et dès lors, sont autorisés les rebonds sur le lit, les déhanchés provocateurs des filles stupides qui ne passent qu’à la télévision. Et papa ne serait pas très heureux d’apprendre, comme elle songe parfois à s’affranchir pour de bon, des barres d’étirement et des tutus poudrés.

S’il n’y avait pas, toutefois, cette domination certaine, cette toute-puissance féminine qui la prend comme ça, lorsque au détour d’une danse, elle surprend le regard traînant du professeur sur la forme naissante de ses cuisses.

Des dizaines de papiers noircis de formules mathématiques et de dessins précis, éparpillés sur son bureau métallique, ainsi que des crayons finement taillés, des compas, quelques règles, équerres et rapporteurs...

Le sommeil déployait un voile sombre sur ses yeux éteints. Une voix brute, saturée, était diffusée par la petite radio traînant dans un coin du bureau, et énonçait des choses qu'il ne put bien comprendre. Le bourdonnement tapotant ses tympans rendait ces paroles quasiment inintelligibles. Cela faisait combien de temps qu'il travaillait ? Il consulta sa montre mécanique, puis entrouvrit les rideaux devant lui pour mieux se situer dans le temps.

Nuit.

En tout cas, c'était le moment propice pour regagner un peu d'énergie.

Il se leva de sa chaise à roulette, et se dirigea, le pas chancelant, vers son lit. Enfin... pas tout à fait. Il ouvrit le tiroir de sa table de chevet, où trônait un énorme livre dont il n'arrivait même plus à lire le titre, et piocha à tâton la dernière plaquette neuve de pilules blanches. Il devait penser à s'en procurer une nouvelle pour la semaine suivante. Sa tête était juste pleine, cette fichue pensée l'envahissait jusqu'à la torture. Dormir, dormir, dormir...

Non... Pas question.

Il retira l'opercule d'un gris terne, les doigts tremblants et rigides d'avoir tant écrit et dessiné, et prit une pilule entre son pouce et son index. Sa blancheur s'illuminait dans son regard brouillé, comme un phare le guidant dans les ténèbres. Il humecta ses lèvres de salive, et porta ce trésor synthétique à sa bouche. Il en sentit un petit peu de poudre se fondre sur sa langue, avant de l'avaler dans un bruit disgrâcieux de déglutition.

Et en quelques minutes...

Ce bourdonnement agaçant s'effaça, les sons devinrent très clairs, limpides. Le brouillard devant ses yeux s'estompa, et il put désormais voir nettement tous les contours de ses meubles, jusqu'au plus petites stries foncées de son armoire en bois. Et surtout, surtout, cette villaine envie de dormir était partie. Ce fut une déferlante d'énergie dans ses veines, une vigueur nouvelle et flamboyante, une renaissance.

Il toucha du bout du doigt la couverture du livre près de lui, appréciant la rugosité du titre légèrement en relief, inscrite de lettres droites colorées d'un bleu profond.

"Notre Lutte"

(inachevé)

Log Anon
Remoolad : Bienvenue mec
X : Hey Anon
Anon : tsup
Lone_Ranger : Salut Anon
B-user : et dans ce cas-là seulement elle devient capitaliste
B-user : salut A
Lone_Ranger : C'est pas ce que je voulais dire, mais si tu prends ce que dit Marx et que tu le tournes d'une façon différente je vois ton point de vue. Après je pensais surtout à l'économie russe comme exemple donc
X : Ca va la conquète du globe ?
B-user : ah oui mais non, si tu prends la russie comme exemple absuolu c'est ça le danger avec Marx. Alors que si ut extrapoles au reste du monde c'est plus du tout pareil !!
Lone_Ranger : Ben ui c'est sûr.
Anon : Pas mal X. J'ai commencé à découper les territoires en petits rectangles pour que ça passe mieux.
Lone_Ranger : pouce levé
Remoolad : T'avais pas déjà commencé à conquérir à l'est
Anon : Si si ça fait quelques semaines là mais avec la redéfinition des frontières on rend le bordel plus simple
X : Remoolad si, il encerclait une province mardi dernier
B-user : je vous laisse, urgence matrimoniale
Anon : Du coup au lieu d'un gros bousin à l'est j'ai plein de petits carrés, c'est super pratique... héhé
X : A+ B-user
Anon : @X oui... et je l'ai eue !
Exit B-user
Anon : Salut B !
Remoolad : Ca a l'air cool. Et les drigeants dans tout ça ?
X : T'es increvable, on ferait mieux de t'abattre bravo copain
Anon : @Remoolad d'accord avec tout les pauvres couillons ! On a de bons diplomates.....
Anon : @X Essaye un peu !
Lone_Ranger : C'est moi ou les Mass Effect sont de plus en plus nuls ? lien
Remoolad : @Anon en somme tu fais des petits rectangles que tu encercles pour obtenir le globe ? je pourrais faire un disque là-dessus
X : Haha
X : Lone_Ranger c'est pas une impression... le dernier c'est zéro pointé, l'achète surtout pas.
Lone_Ranger : J'y comptais pas... dégouté de ce que ça devient.
Anon : @Remoolad Sûr que ça ferait un tube !

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