Lettre à un(e) inconnu(e)

Maman,
J'ai trente ans aujourd'hui,
tu l'as peut-être oublié.
Je ne t'en veux pas pour l'absence
De cadeaux ou de nouvelles.
Je t'en veux un peu

Pour l'absence.

Maman, je ne veux pas que tu répondes
Je t'écris pour te dire
Que ça y est
Tu peux être fière de moi
Je ne t'attends plus.
J'ai arrêté de t'attendre.
Alors s'il te plaît Maman, pour mes trente ans ne m'envoie rien.
Pas de collier ou de bougie ou de vieux bibelot anonyme
Comme je reçois des gens qui me connaissent trop mal
Les gens qui veulent bien faire
Les autres.

Maman toutes les deux on en aura vécu des choses,
dans mes rêves en tout cas.
Quand j'étais petite je courais toujours dans tes bras
quand ils me faisaient pleurer
Les autres.
Dans ces moments-là, enfermée dans ma chambre,
Je me demandais ce que tu dirais
Les mots de réconfort.
J'imaginais ton étreinte, enroulée dans un édredon.
J'essayais d'imaginer ce que tu dirais...
Je ne pouvais pas imaginer tes contes, tes anecdotes.
C'était trop compliqué.
J'étais trop petite.
Mais tu vois, j'ai grandi
Je suis une adulte, une vraie
De celles qui savent remplir les factures
Qui savent aimer.

Plus tard j'ai voulu imaginer
Ton regard, ta voix, ton souffle.
C'était moins compliqué.
De toute façons, j'en ai trouvé d'autres, des mamans
J'en aurai trouvé d'autres.
Mais bon, comme tous les gosses paumés,
aussi je réclame,
aussi je voudrais dire
Reviens

Maman

Reviens, maintenant.