Le Pare-tempêtes
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La joulie muziique Empty La joulie muziique

Sam 6 Juin 2020 - 22:11


Dernière édition par Leer le Jeu 21 Jan 2021 - 18:58, édité 1 fois
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La joulie muziique Empty Re: La joulie muziique

Sam 6 Juin 2020 - 23:31
Les colliers de dentelles grises pendent des murs aux perles accrochées mon regard se dérive et lorsque l'on m'appelle je réponds « Sirocco ».
Sirop de grenadine le parfum est amer, un mur de bois s'effrite sous mes doigts la langue se déroule, la pilule est posée.
Tuile bleue, tuile grise. Coeur bleu, corps gris. Vermoulus. Le regard se pose. Les doigts se posent. La main se pose.
Une main court sur le poignet, remonte le bras.
Des lèvres légères, sur la main, sur le bras.
Comme un froissement de tissu, le corps est apparu
Pourtant les yeux voilés encor se baissent et courent en avant
Nul ne sait pourquoi ça court mais pourtant
La précipitation me vexe.
L'encadrure de la porte.
Comment s'appelle cette ligne dans la main ?
Elle dit que cette personne ne voyagera pas.
Elle ne voyagera pas.
N'âgera pas.
Ne nagera pas
N'exagère pas !
Nagera-t-elle
Dans les dentelles
De poussière
Cela sied-t-il
Voyagera voyagera pas
Vois, ou pas de ses yeux d'eau voilés
de dentelles
Au fond de l'eau résonne un chant
Ce sont les noyés
Qui disent, « on ne t'a pas vu depuis longtemps !»
Et j'enfonce mon ancre au fond de l'eau
Quelle délicieuse fraîcheur me griffe
Et crie
Une plume qui court sur le papier, mon doigt qui courait sur son bras
Ou était-ce le mien ?
Non. Un autre ?
Haha.
Griffe le papier, et crisse, appuie trop fort et arrache le papier
Une bavure, une bévue
Rien
de méchant
On recommence
Embrasse, caresse
une langue enlace une autre
Et on recommence
Délicieux rituel
Pendant que la maison crie
Que ses murs hurlent
Haha.
Rien ne tolère
Et les noyés disent
« Viens à nous, viens nous voir, dis
De temps en temps
Entre deux maisons
Entre
Entre
Entre dans l'eau dans nos bras si longtemps »
Et je leur dis « non.
Non, mes jolies.
Plus tard »
Et je ris
En lançant une pièce

Voyagerai-je
Peut-être bien
Peut-être
L'herbe danse sous le vent,
Gris verdâtre, image décolorée
Un bruit de pas sur le bitume
Ce moment si calme encore
Mon préféré peut-être
Héhé.
La pièce cuivrée entre les doigts, posée en équilibre, glisse le pouce, tac
D'une pichenette l'envoyer si haut
La faire tomber si bas
Elle est tombée si bas
Hmm...
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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La joulie muziique Empty Re: La joulie muziique

Sam 6 Juin 2020 - 23:42
Extrait du recueil de textes : "Les Chants d'Eri"

Las.

Singulière forêt.

Feuilles de couleur cristal, indifférentes au vent qui souffle.

Lumière aveuglante des myriades d'étoiles.

Ténèbres effrayantes sous les lunes de sang, d'argent ou de glace.

Seuls les oiseaux osent s'aventurer dans cet océan translucide, se percher sur les branches cassantes, se nicher dans ces arbres tels de grands squelettes de verre. Ils chantent de leur petite voix flûtée, résonnant avec grâce à travers la forêt, accompagnant la musique de la brise sifflant entre les feuilles.

Entrelacs de mélodies haut perchées, oscillantes, presque lancinantes. Tremoli cristallins se perdant vers les cieux.

Et lorsque s'abat la rare pluie, les musiques sont assourdissantes. Merveilleuses. Irréelles. Perles d'eau contre feuilles de cristal.

Musiciens, Musiciennes de tout horizon honorent parfois Las de leurs instruments, dans le plus humble de leur art. Se posent sur cette douce couche de poudre claire tapissant le sol. Délicat toucher contre les cordes. Souffle éthéré dans les vents.

(inachevé)
Malnir
Malnir
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La joulie muziique Empty Re: La joulie muziique

Sam 6 Juin 2020 - 23:55
La crête des Confins s’élevait en une falaise déchiquetée, pleine d’échancrures et de ravins, précédée d’aiguilles et de contreforts rocheux érodés par le temps, entre lesquels poussait tout un enchevêtrement d’arbres et de buissons épineux. La route s’élançait du sommet et, quittant les Hauts-plateaux de Nuée et sa chevelure dorée de blés, exécutait une série de lacets étroits, serpentant entre les rocs, enjambant quelques uns des innombrables ruisseaux qui naissaient de cavités cachées. Il faisait chaud, mais une brise douce et tiède venait rafraîchir l’atmosphère vespérale. Dans le soir, les ombres se découpaient en nappes d’encre, et chaque surface que touchait le soleil semblait se changer en or roux. Les insectes s’élevaient dans les airs en vrombissant doucement, leurs carapaces lançant des éclats. De petits nuages de poussière, des boules légères de coton blanc voletaient ça et là, venues de peupliers accrochés aux parois et plantés sur les sommets. À chaque détours que faisait la route, dans les trouées entre les buissons et les oliviers, les voyageurs pouvaient en jetant un œil vers le sud, voir l’immensité plane qui s’étendait en contrebas, et disparaissait à l’horizon, calée entre deux hautes chaînes de montagnes dont ils ne voyaient que les sommets les plus hauts, perdues toutes deux dans le brouillard mauve à l’horizon. Et cette grande plaine qui se perdait vers le sud, ils la voyaient, mosaïque ocre et verte et or de champs, de vergers et de bois entre-mêlés, où serpentaient une myriade de ruisseaux au sein de ravins et de vallons étroits, profondément incisés dans le plateau.

Ils faisait bon, il y avait dans l’air ce on-ne-sait-quoi de paisible des fins de journées, au début de l’été, quand après une longue journée à frapper fort, le soleil se fait plus doux, que tout paraît adoucis et apaisé. La guerre qui faisait rage un peu partout, le banditisme, la raison même pour laquelle les deux hommes, partis de Crenheim, voyageaient, tout semblait oublié. Le crépuscule, disait Arbiôn, était le remède à la peur. Et Olben répondait qu’il n’en croyait rien ; après tout, la nuit venait immédiatement après, et on entrait dans le monde des ténèbres et de la peur. Comment le crépuscule pouvait être rassurant ? Mais, quoiqu’il en dise, il se laissait autant aller à la langueur de cette fin de journée que son compagnon. Avachis tous deux sur leurs montures, ils allaient le long de cette route, descendant lentement jusqu’à la plaine en contrebas. Arbiôn, c’était sûr, se laissait totalement porter par l’ambiance paisible du moment, mais Olben lui était moins nonchalant. Les regards mauvais des foudreriviens qu’il avait senti dans le village en début d’après-midi lui restaient en mémoire, et lui avaient rappelé qu’ils étaient en pays étranger et pire, souvent ennemi.

Mais les ombre s’allongeaient, engloutissaient des pans entiers du pays à présent, et le soleil disparut entre les sommets lointains. La lumière se tarit aussitôt, et une vague lueur rouge terne la remplaça. La chaleur elle aussi diminua. En fait, ça n’était plus de la sérénité qu’ils ressentaient, mais bien plus de la lassitude.
« Arbiôn, nous sommes encore loin d’être arrivés dans la plaine, on y verra bientôt rien ! Nous chevauchons depuis ce matin, j’ai mal aux jambes, toi aussi j’en suis sûr. Arrêtons-nous pour la nuit ! »
Arbiôn ne répondit pas immédiatement. Il se retourna à-demi sur sa selle.
« J’aurai aimé arriver au prochain village pour nous arrêter … Mais tu as raison. On y arrivera pas de sitôt. »
Il désigna d’un geste une plateforme de roc qui s’avançait devant eux, bordant la route comme un navire.
« Nous pourrions camper là ! C’est plat, et ... »
« Nous serions exposés à tous les regards ! Vois plutôt cette sorte de caverne, elle pourrait faire l’affaire ! »
Son compagnon grimaça. Il n’aimait pas les cavernes, surtout depuis que sa sœur avait fini dans l’une d’elles : un ours y était et elle avait couru droit entre ses pattes, la croyant vide et voulant s’abriter de la pluie. On avait organisé une battue, chassé l’ours, mais ce qu’il restait à enterrer était méconnaissable. Olben le savait, il avait grandi dans la ferme voisine et avait participé à la battue. C’était une autre époque, mise à part quelques bêtes sauvages, il n’y avait presque rien d’autre à craindre.

Mais la caverne n’était pas bien grande, à peine deux mètres de profondeurs, plus une grosse cavité qu’autre chose. Le sol de terre était plat, sableux, et il restait, au milieu, les traces charbonneuses d’un ancien feu de camp. En fait, il semblait que l’endroit ait souvent servi d’abris à des voyageurs qui comme eux s’étaient fait surprendre par la nuit. Arbiôn, après avoir aidé à faire un feu, avait vite pris ses aises, retirant ses guêtres et son vieux pourpoint et s’adossant le plus confortablement contre la paroi pendant que Olben préparait un ragoût. Lui remplissait deux gobelets avec du vin, rebouchait l’outre, en tendait un à son compagnon, attendit le temps qu’il libère une main pour le saisir et ils trinquèrent. La nuit était tombée à l’extérieur, il allait faire frais.
« Demain, on devrait arriver à Serpanon, qu’en dis tu Olben ? »
Olben ne répondit pas immédiatement, il grommela, bu une gorgée de vin, touilla son ragoût avant d’en remplir deux écuelles, et de s’autoriser une réponse.
« Je ne sais pas Arbiôn, les villageois disaient plutôt deux jours depuis le bas des Confins, je doute qu’on y arrive aussi vite. »
« Encore une nuit à la belle étoile, donc ! »
Il soupira, tout en acceptant sa part de ragoût. Il était assez fade, mais ça n’était pas surprenant avec le peu qu’ils avaient.
« Quitte à y aller si lentement, ça te dirait d’essayer d’attraper un poisson pour demain soir ? Il doit bien en avoir dans ces ruisseaux. »
« Et avec quoi ? Si nous nous arrêtons pour pécher, alors nous en aurons pour trois ou quatre jours, pas deux. »
« Tu es si sérieux Olben. Je te l’accorde, on est pas là pour lambiner, ni pour le plaisir. Mais maintenant qu’on est plus où moins sorti de chez les foudreriviens, on pourrait respirer un peu non ? Après tout, le plus dur est derrière nous. »

L’intéressé grommela. Ils avaient peut être tous deux à peine vingt printemps, Arbiôn avait toujours été trop impulsif et distrait. Combien de fois l’avait-il tiré d’un mauvais pas, dans leur enfance ?
« Il reste les bandits, et tant qu’on est pas arrivé à Solipsane, ou pourquoi pas encore plus au sud, dans l’Ambre, je pense que c’est prématuré de se réjouir. Puis je te rappelles que notre bourse n’est pas spécialement remplie et qu’on est des étrangers ici. Je ne serai tranquille que lorsque serons vraiment établis, sans avoir à craindre de nous faire chasser. »
« En d’autre terme, pas avant plusieurs mois ! »
Son ton était gentiment moqueur.
« Je vois pas pourquoi tu t’inquiète, et encore moins pourquoi tu penses à l’Ambre. Tu sais bien qu’avec leur guerre-civile, c’est le dernier endroit où on trouvera la paix. Non, je préfère encore aller en Hercynée, s’il faut quitter Solipsane. »
Il ne reçut pas d’autres réponses qu’un nouveau grognement. Parfois, il se demandait comment il pouvait aussi bien s’entendre avec quelqu’un de si différent. Il finit d’engloutir son repas, se pencha en avant et ébourriffa la tête de son ami, s’attirant de nouvelles protestations.
« Je prends la garde, je roupillerai sur ma selle ! Mais tu sais, j’ai hâte qu’on soit dans une bonne auberge avec un vrai bon repas ! Ça me manque ! Une bonne truite grillée avec du lard, en papillote, ça ça me ferait vraiment plaisir ! Puis un bon hypocras ou un vin de cerise, ça serait mieux que notre piquette … »
« C’est bien de rêver. »
Il ne répondit pas à la pique. S’enroulant dans sa cape, il s’assit contre l’entrée, son coutelas sur ses genoux. La lune se levait dans le ciel piqueté d’étoile, il faisait toujours bon. Ils avaient passé la frontière, il était confiant.
Pantouffe
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La joulie muziique Empty Re: La joulie muziique

Mar 30 Juin 2020 - 20:41
(J'ai finis par rattraper ce CC.)


Les vents de mon pays s'annoncent. Le temps est révolu. Il n'y a plus

que des orties.
Dans mon pays les vents s'annoncent. Les habitants ont peur même de la brise qui souffle. Ils font tomber les objets de leurs mains quand le vent frémit sur les carreaux, qu'il s'abat comme une carpe,
comme une mémoire qui frappe. La bourrasque est devenue

comme elles, les vieilles,

les carpes d'autrefois dans nos rivières anciennes. Avant sous l'eau, filait l'argent. Tourbillons d'écailles dans les voies oubliées.

Vives

et tarries. Les rivières ne s'annoncent plus, on les a détourné. Il n'y a plus de carpe,
dans les rivières
dans les assiettes
dans les mains, qui sont vides. Elles lâchent tout. Elles ne dansent plus dans les marchés. Il n'y a plus de marchés. Dans mon pays, on n'a pas reçu de visite des épices

depuis

longtemps.

Longtemps que le temps coule sans prise. Longtemps que les orties, dans les jardins dandinent.
Que les fleurs se couchent.
Que les chiens errent le soir.

Il y a longtemps dans mon pays,
que les arbres ne font plus de fruits. Ils font du bois. Du bois de chauffage et du bois de chantier. Du bois pratique.

Mon pays
est devenu pratique.

Tout y est à refaire. En haut sur la colline, je vois qu'il n'y a plus rien,
que des choses à refaire. Sous mes yeux il n'y a plus rien,
qu'une page à réecrire.

Le soleil couche son feu. Sous le draps plat de l'horizon, sans plis, sans noeud. L'horizon vide des villes
des forêts
des rivières d'autrefois. Sans les carpes. Sans les pécheurs, sur leurs barques. Sans cailloux qui ricochent, sans main d'enfant pour les lancer.
Il n'y a plus d'amants,
dans les joncs.

il n'y a plus de joncs.

Il reste des orties. On ne se couche pas dessus. On fait des infusions. Des soupes, des cataplasmes. Avec les orties, on ne fait pas de bouquets. C'est une plante

pratique. Une plante sans douceur. Elle ne cède pas, jamais, aux mains qui viennent pour la cueillir. Comme mon pays.

C'est un pays

d'orties.

Un pays de personnes. Il n'y a plus aucun visage. Seuls des regards qui se détournent, des cœurs qui tournent

en rond.

Des cœurs qui tournent dans des poitrines

cassées.

Dans des lieux vides

cassés.

Et le temps est

brisé.

L'été s'étend mais tombe. L'hiver éteint est sombre.

Tout recommence,
dans mon pays. Le vent se lève sur des décombres. Du sang a coulé sous les ponts. Tout le miel est partis ; toutes les blondeurs sur la terre, toutes les douceurs de la cohue. Il n'y a plus que le ciel, et dans le ciel, le vent. Il m'appelle à descendre du haut de la colline, pour le pays là-bas,

en bas

plus bas que terre.

Pour ce pays qui tremble. Est-ce bien encore le mien ? Les brises lasses viennent s'enrouler au creux de mes paumes, comme des bêtes câlines, usées mais tendres. Elles s'entremêlent à mes doigts en torsades amoureuses.
Mes doigts tordus
qui tremblent. Crochets de givre blêmes, tout juste bons

pour les cailloux... Pour remuer la cendre et le gravier.

Des doigts

pratiques.

Des doigts

cassés.

Qui ne savent plus aimer, tout ce à quoi ils touchent ? Ce sont des doigts qui ont peur.

Et qui sont en colère.

Les brises, dessus, s’entêtent. Défilent.  Elles me prennent par la main, elles me cajolent le cou. Elles s'attardent et s'en vont.

Des mains, sur mon visage.

Une prise, sur mes manches.

Suppliantes ?

Enjouées ?

Enjôleuses enlarmées.

Des brises qui sont restés simples.

Dans le dos, elles me poussent.

C'est la seule chose ici.
La toute dernière je crois, que je reconnais encore.

Dans mon pays, les vents s'annoncent. Comme ils l'ont toujours fait. Autrefois de nos champs et nos rues ils prenaient l'étendard. Des odeurs vagabondes ils tissaient leur tabard. C'était cela, leur cri. Cela, leur bel habit.

Une bonne odeur.
De vie.

Ils avaient pris dans les cheveux défaits des jeunes filles,
une fragrance, très douce.
Sur la nuque de leur père, comme un parfum d'épice.
Et dans les chambres, le soupir endormis, de la lavande qui sèche. De l'amant alangui. Des draps frais comme un voile,

de rivière

encore vive.

À l'époque, il y avait dans l'air l'odeur de nos maisons. De nos filles fortes et de nos fils rieurs. L'odeur de nos vieilles rues et de notre jeunesse.

Un beau parfum, vraiment, tout fait de nos sueurs, de nos marmites et de nos pierres

et de nos fêtes

de nos vallées

de nos ballades le soir

de nos étreintes le jour

au tout
petit matin,

dans les bosquets

dans les auberges.

À l'époque c'est ainsi, que les vents s'annonçaient.

Ils sentent maintenant la mort et la fumée.


A cette pensée,
A cette odeur,
Mon coeur encore



trésaille...
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