Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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Date d'inscription : 27/08/2018
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Dim 27 Sep 2020 - 22:35
(il sent bon le sable chaud et le gravier mouillé)

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Leer
Leer
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Date d'inscription : 16/08/2018

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Dim 27 Sep 2020 - 23:13
Craquement de bois,
Craquement de paupière
Fumet de viande cuite,
Bruit pétillant de l'huile dans la poêle

Le chat s'étire

Un grand pyjama trop grand
L'odeur du dentifrice
Des rayures à n'en plus finir
Les vieilles pages entre les doigts

Quelque chose du jardin tape contre la fenêtre du salon

la papote habituelle:


De manière inhabituelle j'ai aussi dessiné au cours de ce CC. Voici le résultat.
CC N°5 de Channel T1sx

Lui non plus n'utilise pas le thème directement cela dit j'ai l'impression que le thème, le texte et le dessin (qui n'ont rien en commun par ailleurs) forment comme des perles assorties qu'on pourrait mettre sur un même collier.


Dernière édition par Leer le Lun 28 Sep 2020 - 0:10, édité 5 fois
ziel
ziel
Messages : 23
Date d'inscription : 12/09/2020

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Dim 27 Sep 2020 - 23:16
Posté depuis toujours sur ces pinacles, des gargouilles surveillent leurs environs. Les corps pris dans la roche semblent toujours en alerte. Le regard amusé, elles crachent leur torrent de brume. Le flot se déverse continuellement, il emplit le monde, le noie dans sa blancheur. On nage dans les nuages.
Le vent s’est levé, il fait danser les ombres. Des silhouettes s’agitent, les diables prennent vie.
Leurs cornes frémissent, d’un bond ils sortent de leur torpeur, les yeux roulent, les membres s’agittent, les torses se bombent, ils sont prêt à chanter.
sabots, griffes, patte, ongles, doigts, palmes, crocs, dents, muffle, museau, becs… tous s’agittent. Ce soir est le grand soir. C’est le temps de la danse, c’est le temps de la rage. Explosion d’affects, ils illumineront le ciel. Plonger dans cette saine folie et atteindre les profondeur, l’espace les attends.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Dim 27 Sep 2020 - 23:44
Plic. Plac. Ploc.

Des gouttes glacées telles de longues aiguilles d'eau s'écrasant avec fracas sur le sol.

Brouillard si dense qu'il semble palpable.

L'eau ruisselle dans ses cheveux, goutte sur ses vêtements. Gèle le ruisseau de ses pensées.

Hagard sur le vide qui s'offre à lui. Coupé de toute émotion.

Les fins cristaux de glace griffent sa peau, perlent sur ses cils, brillent sur ses mèches. Le froid resserre son emprise sur tout son être.

Il ne sent même pas le sang battre dans ses veines.

Et puis, un clin d'œil, qui le réveille. Un simple geste, purement involontaire.

Un soupir filant entre ses lèvres, se matérialisant en une blanche fumée se mêlant au brouillard.

Il bat encore des paupières. Il sent comme une pellicule de givre craquelant sur ses yeux.

Il fait tourner son cou. Voit les horribles statues surplombant ce vide. Ces ignobles créatures de pierre vomissant vainement des litres et des litres d'eau. La réalité l'emporte maintenant sur le froid.

Il bouge tel un automate. Ses mouvements sont bien trop mécaniques. C'est désagréable.

(inachevé)



Malnir
Malnir
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Dim 27 Sep 2020 - 23:52
Il pleuvait sur Smirol. Depuis le Pavillon d’Ivoire du Palais du Milieu, le Prince-prétendant Senkefer regardait le jardin aux grues noyé sous la tourmente. Dans le ciel gris et tourmenté, les nuages s’effilochaient en larges bandes pour dévoiler d’autres nuages plus sombres encore. Les arbres s’agitaient au grès des rafales qui venaient mouiller les marches de marbre noir menant au pavillon. Mais seules quelques gouttelettes parvenaient jusqu’à Senkefer, debout entre les hautes colonnes d’ivoire figurant des dragons, enroulés en longues spirales serpentines. Autour de lui, les tentures s’agitaient, le vent les gonflait, les repoussait vers l’intérieur, puis elles retombaient lentement avant de se soulever à nouveau.

Il y eut des bruits de pas, une course effrénée. Le prince se retourna. Sous les plis soignés de sa robe de soie noire, il y avait de la maille et les écailles d’acier d’une cuirasse. Ses cheveux sombres étaient ramenés en un chignon serré. Son visage noble, à la peau brune et lisse, trahit un instant l’inquiétude, puis reprit une expression plus calme. Sa main retomba sur la garde de son épée. Maintenant dans son dos, le vent soufflait et projetait l’écume de la pluie toujours plus à l’intérieur. Le chambellan doré, Sate Yasir, apparut dans la salle, accompagné de gardes. L’un d’eux avait le bras en écharpe.
« Éminence …  votre demi-frère Lystre vient de prendre la fuite par la porte ouest. Il va à Kir, où sont ses derniers partisans, comme vous le savez. Devons nous le prendre en chasse ? »
Mais le prince agita la tête.
« Non, laissons-le : il a choisi de maintenir ses prétentions, a tenté d’attaquer ma garde pour m’intimider, a échoué. Nous le laisserons porter la pleine responsabilité de ce qu’il va suivre. Je veux les Hauts-Prêtres Vig-Naft et Nakht au palais dans avant le coucher du soleil, je les recevrais au Pavillon du Mandat. Je veux que vous et les autres chambellans soyez prêt à entrer dès que je le demanderai, de même que les généraux et les préfets. Trouvez-moi aussi l’argentier et le chancelier, ils doivent bien être quelque part. »
« Éminence, vous faire introniser avant que le prince Lystre n’ait renoncé … »
« Mise à part le préfet de Kir, vous êtes tous en ma faveur. Envoyez-lui un coursier, dites lui d’être présent avant trois jours. Dites lui que Lystre a fait couler le sang dans l’enceinte du palais, et que désormais le soutenir fragiliserait le Mandat Solaire. Dites lui qu’il doit se rendre à Smirol me reconnaître seul possible souverain de Terringie, sous peine que le collège des préfets ne lui trouve un remplaçant. »

Dehors, la pluie tombait toujours, mais le vent s’était calmé, le ciel laissait voir par quelques brèches des lambeaux azur, et les gouttes de pluies scintillaient dans les rayons dorés du soleil qui paraissait par intermittence.
« Nous lui laissons ces trois jours, au-delà, nous considérerons qu’il a choisi de soutenir le prince-traître. »
« Mais Éminence, pensez-vous que Lystre acceptera de ployer une fois que vous serez intronisé ? »
« S’il ne le fait pas, il sera considéré comme un rebelle, et sera traité comme tel, lui et ses hommes. Il a quoi ? Deux-cents, cinq-cents hommes ? Mille au mieux ! C’est bien peu pour prendre d’assaut Smirol, ou s’opposer aux légions. »
Senkefer sentait la caresse tiède et humide du soleil et se retourna pour contempler le rideau d’eau et d’or qui s’abattait encore sur le jardin.
« C’est mon demi-frère, et je suis prêt à faire preuve de clémence malgré ses outrages. »

Sate s’inclina et s’éloigna. Le bruit de ses pas s’évanouit. Senkefer, à nouveau seul, laissa échapper un soupir de soulagement. C’était fait, il avait gagné. Il allait être roi de la Terringie.
Pantouffe
Pantouffe
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Lun 28 Sep 2020 - 0:22
A l'ombre des gargouilles qui gueulent une eau furieuse, l'enfant accroupis guette la ville plongée dans le brouillard. Les tuiles humides clignent de l’œil et le girouettes l'appellent du fond de leur bassin de brume, tournoyant au gré des malices de la brise. Ici, en haut, dans un recoin des hauts remparts, le vent est fort et fouette les joues. Des claques qui crépitent partout sur son corps comme les heurts vifs de castagnettes, le pans fluides du vêtement qui ondulent sur sa peau comme les voiles libres d'un navire lancé vers l'horizon ; tout l'appelle et l'incite à partir en voyage. Il peut imaginer les bourrasques l'emporter au gré la rivière qui traverse la ville, torsade aqueuse habillée de reflets, nourrie par les flots cascadant que les gargouilles recrachent. Un filet d'argent liquide après l'autre. Là bas, au loin dans la montagne où sont creusées les pièces lourdes et froides du château, plus loin que les couloirs et les alcôves mises à nues, il y a une source vive palpitante de fraîcheur... Dans la source, il y a la vie mystérieuse des eaux qui ne voient jamais la lumière du soleil, et des nymphes alanguis qui se prélassent à l'obscurité séculaire de grottes entremêlées. Et c'est cette eau profonde où s'abreuvent les créatures les plus étranges et méconnues peuplant les boyaux sculptée de son pays, qui jaillit en rayons bouillonnants d'écume aux côtés du garçon. Il sent, dans les embruns qui giclent et dans le bruit tonitruant de la rivière qui s'élance à travers le vide, tous les secrets du fond de la terre. Et il sait qu'à suivre la rivière, il reviendrait tôt ou tard à la source, dusse t'il convoquer quelque sorcellerie pour nager jusqu'aux méandres tortueux parcourant les dessous du monde. Sous le tapis des villes, sous la mousse des forêts... Tous les tunnels qui se tordent et se projettent dans l'épaisseur glaciale des sols, la pierre immobile, la terre très dure. Il voudrait pouvoir raconter chacun d'entre eux aux cuisinières un jour, pouvoir leur dire toutes les veines dans la terre. Il voudrait avoir vu les mystères. Il voudrait que le monde, les grands pays derrière la ville embrumée, au-delà de remparts mordus de mousse, après la vrille sauvage et exaltée de la rivière, soit aussi beau que dans les contes, aussi riche que celui des histoires qu'il raconte aux autres serviteurs. Il voudrait pouvoir revenir un jour, avec le corps plein de sillons, et les sillons plein de poussière des routes, et chaque poussière de route comme un éclat d'étoile brûlant-brillant d'histoires ; chaque ride comme le replis d'un livre. Il voudrait rire avec les yeux, chanter avec les mots, danser avec les mains à chaque récit naissant. Il y aurait à tant à dire, pense t'il, quand je serais grand. Quand j'aurais les épaules pour porter suffisamment de ciel, quand j'aurais la forêt sur les joues, quand je pourrais embrasser des garçons au bord de la rivière... C'était certain, à ce moment, il reviendrait les voir, toutes et tous, tous les gens du château qui faisaient vivre les cuisines et les âtres de la citadelle ; braises rouges, laque orangée, creux palpitants de feu répandant dans les salles un crépuscule cosie, la chaleur qui s'enroule, la lumière affectueuse, les dalles tièdes, les tables lourdes où refroidissent le pain, la viande dans les marmites, l'odeur chaotique des celliers, la fièvre entêtante des épices dans leurs jarres en terre cuite, les noix qui font crouler les paniers d'or-d'osier, les grappes d'ail piquantes, livides et violacées... Partout c'est chez lui, au pied des fours qui grognent, en dessous des tables, derrière les tapisseries. Sur les poutres, pour y chasser les araignées ; dans les murs pour y frapper les rats. C'est lui qui vide les pots de chambre. C'est lui qui passe le balais et la serpillère dans les grandes salles vides de la citadelle. Il a toujours eu l'impression que le château était à lui plutôt qu'au roi et à sa cour. Il le connaît bien mieux et le cajole toujours. C'est lui qui brosse sa fourrure faîte de fresques tissées et de tapis interminables, c'est lui qui le débarrasse de tous ses parasites, c'est lui qui emberlificote les chandeliers de ses caresses à chiffons, lubrifie les gonds, lustre le bois des portes, défais les toiles et refait les draps plein de sueur- d'urine -et de vomis. Alors que les autres, dans leurs beaux habits, dans leurs tissus lourds, avec leurs bijoux et leur sourire de perles, avec les armes qu'ils portent pour se rappeler et rappeler aux serviteurs qui peut frapper et mordre avec l'acier, ceux là qui dansent et sont coquets avec des huiles, des baumes, des poudres, qui dansent et rient très fort et se mouillent la bouche dans le fond des alcôves... Ils sont comme des puces sur le grand animal de pierre et de silence qu'est le château construit sur et dans la montagne. Et le roi n'est que le roi des puces, avec son lourd cercle d'acier et sa jambe raide, et son ventre mou comme une poche de farce. Alors que le garçon aux mains calleuses et aux genoux croûteux, avec la crasse tapissée à ses côtes, la famine qui roucoule dans le duvet de ses joues, le garçon lui est le roi du château. Et il le sait quand tous les autres l'ignorent, ce qui n'est que meilleur.
Il est roi d'un secret. Seules les gargouilles le savent, et elles ne parlent que de la rivière lourde qui leur écarte la gueule pour tomber sur la ville. Mais un jour, pense le garçon à l'ombre des remparts, recroquevillé dans l’alcôve oubliée qui s'ouvre sur le vide, un jour il pourra dire à tous qu'au temps de sa petitesse, il a été le roi du grand château sculptée dans la montagne. Il pourra descendre dans la ville et le chanter aux bardes. Il pourra revenir dans les cuisines, et dans les dortoirs cachées au creux des murs, et dire aux gens qui ont fait vivre et le château et qui auront vieillis, d'une belle vieillesse pleine de vigueur : c'était moi, j'étais le roi, et je vous ais aimé. Et je l'ai dis à toutes les routes, à toutes les rivières, à tous les bois, comme je vous ais aimé. Je l'ai dis à tous les garçons qui me demandaient où était ma famille. J'ai dis qu'elle était là, j'ai dis que c'était vous...
Il pense à combien d'histoires il pourra raconter quand il quittera la citadelle, quand il posera sa couronne de cire fondue, de toiles d'araignée et de mouton de poussière... Il pense à toutes les routes là en bas qui se croisent.
Et comme tous les gris matins qui viennent faire grelotter les colombes sur les remparts, bailler les chats et posent un frisson sur sa peau comme un baiser d'aurore, le garçon finit par se lever d'entre ses jambes qui ne s'engourdissent jamais.
Alors, debout entre les gadouilles grises, il sourit et siffle sa chanson aux girouettes sur les toits, aux tuiles clignant de l’œil, à la rivière qui cours. Et la chanson s'étiole au vent, une note après l'autre, comme le ruban d'un étendard déplié sur le ciel.
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