Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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Mar 3 Nov 2020 - 21:32
CCCCC CCCCCCCC C CCCC What a Face
Malnir
Malnir
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Mar 3 Nov 2020 - 22:26
L’homme aux guêpes

La première fois qu’elle vit Pierre, elle le trouva beau. Plutôt mignon, avec sa petite taille, son air un peu effacé et ses tics. Ses cheveux étaient blonds et retombaient devant ses yeux toutes les cinq minutes alors qu’elle l’écoutait lui parler avec enthousiasme. Elle ne se souvenait plus de ce dont il parlait, elle était trop absorbé par le balais de ses mains fines et pales, qui filaient dans un frémissement de son verre de limonade à ses cheveux, puis tambourinaient sur la table, avant de jouer avec un bouton de sa veste de jeans et de fouiller à la recherche d’un paquet de cigarettes. Il continuait à lui parler alors qu’il en sortait deux cigarettes roulées, plus grandes que les classiques, lui en offrait une d’un geste fluide avant que sa main droite ne plonge à nouveau dans sa poche et ne lui tende un briquet pour allumer les cigarettes. Après-quoi, alors qu’elle tirait sur sa propre cigarette – qui était en fait un joint – cette même main fit un balais constant entre le cendrier et ses lèvres. Elle finit par s’absorber dans la contemplation de ses ongles – ce garçon les avait courts et ils formaient comme une série de petites plaques de laque rose au bout de ces doigts fins. Il lui avait donné son numéro avant de retourner sur le campus de l’université et elle devait hésiter toute la journée à le rappeler.

Puis, alors qu’elle regardait la télé, dans son sofa, elle se décida soudain. En un bond, elle avait son portable à l’oreille, qui sonnait, sonnait.
« Aaaallo ? »
Il y avait un bourdonnement sourd en fond.
« Pierre ? C’est Alexia. On a parlé ce midi, tu m’as laissé ton numéro ... »
« Oui Alexia ! Je suis content que tu m’appelle ! On se revoit ? Demain 16h au même café ? »
« Oui »
« Parfait ! Je dois te laisser, je suis un peu occupé désolé ! À demain ! »
Quand elle raccrocha, elle se sentit un peu vexée. Quoi, il paraissait bien pressé ! Elle aurait aimé qu’ils parlent là, qu’il rompe la solitude de sa soirée.

Pierre arriva à la terrasse du café en même temps qu’elle. Il portait un blouson jaune citron qui attirait irrésistiblement le regard. Il lui fit la bise, et ils s’installèrent. À peine leurs commandes arrivées, le même manège reprit : il parlait avec volubilité, et elle suivait les mouvements de sa main, de ses cheveux à la table, de la table au verre, du verre à la cuillère, de la cuillère à son gâteau puis filant jusqu’à sa bouche, avant de revenir à la table et de reproduire la même boucle inlassable. Une guêpe soudain vint se poser sur la part de fraisier devant Pierre, et elle eut un petit geste de recul. Mais lui ne sembla pas s’en alarmer. Y jetant un œil, il la laissa grignoter jusqu’à ce qu’elle se décide à s’envoler, non sans avoir laissé la surface du gâteau toute criblée de ses petites morsures. Pierre releva alors ses yeux vers Alexia, la fixant intensément, et elle sut qu’elle le désirait.

La fois suivante, elle l’invita chez elle à prendre le thé. Dans sa cuisine, tasse à la main, elle écouta cette fois-ci ce qu’il disait, lui répondit ; elle fit enfin sa connaissance. Il était en doctorat de biologie et étudiait les insectes sociaux. Il se lança bientôt avec passion dans un exposé sur les phéromones que sécrétaient ces insectes pour communiquer entre eux. Et ce faisant, leurs tasses restaient vides, et il posa la sienne d’un geste souple, ses mains s’envolant entre eux dans un balais hypnotique soulignant les poins successifs de sa démonstration. Elle se perdit alors à nouveau dans leur contemplation, jusqu’à ce qu’elles se posent sur ses poignets. Et soudain, comme par enchantement, elle retrouva l’ouïe, goutta le silence et l’air vibrant qui les séparait, cet espace qui se réduisait à toute vitesse comme s’ils chutaient l’un vers l’autre. Elle l’embrassa. Elle se souvint de la suite en quelques images fortes ; la façon dont elle l’avait entraîné vers son lit en agrippant son poignet, sa peau pâle et douce, son corps qui se dévoilait, mince mais dessiné, avec un tatouage d’une gigantesque guêpe sur son flanc, la découverte curieusement déplacée d’un boxer jaune vif à motif d’hexagones, d’où jaillit un sexe blanc, long et dur, dépourvu de veines ou d’irrégularités jusqu’au gland aussi rose que ses ongles qui l’avaient captivés plus tôt. Ils s’aimèrent pendant un temps, puis restèrent jusqu’au soir ensembles, enlacés entre les couvertures. Elle sut quelle le reverrait bientôt.

Trois jours plus tard, elle était chez lui. Il faisait chaud, et son séjour était occupé par un énorme vivarium où tournoyaient frénétiquement des guêpes. Alors qu’il l’embrassait, elle ne pouvait détourner le regard de ces formes jaunes vives qui filaient à tout allure d’un bord à l’autre dans un bourdonnement sourd. Il finit par s’en rendre compte et, la regardant avec intensité, sourire au lèvre, dit, rayonnant ;
« Comme tu peux le voir, j’adore les guêpes ! »
ziel
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Mar 3 Nov 2020 - 22:26
l'homme aux guêpes

sa coiffe était un nid. un matin marcelane s'était réveillé avec une guêpe coincé dans ses cheveux. les tentatives pour l'enlever s'avèrent infructueuses, la guêpe s'était accroché, elle avait commencé la construction.
10 ans plus tard, le nid et marcelane ne faisait qu'un. les couches d'alvéoles s'était fondu dans sa masse capillaire, le nid continuait de croitre, indéfiniment. des générations et des générations de guêpes s'étaient succédées, vomissant en continu leur mixture pateuse. elles ne craignaient pas marcelane, il faisait partie d'elles, non, elles le défendait farouchement.
quiconque leur semblait hostile qu'elles sortaient en masse et fondait sur les pauvres quidams. ses proches subirent également le couroux de ces terribles insectes.
après la troisième année, la vie n'était plus possible. marcelane s'enfuit et pris place au coeur de la forêt, loin des hommes, loin des problèmes.
les premières semaines furent difficile, peu de nourriture, peu de sommeil. c'etait la dure nature qui ne pardonne pas les esseulé. exténuée, il s'écroula au pied d'un orme. il s'endormi d'un sommeil profond.
une envie de plonger dans le noir, plonger plonger plonger vers ces contrées abyssales.
une chaleur l'envahi. un bruissement, doux et continue, la sensation de vol. perdu en rêve, il se laisse guider par ses guêpes, l'oeil embrumé de fatigue.
Silver Phoenix
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Mar 3 Nov 2020 - 22:41
Ah, cette ville...

Tant de bons souvenirs se jouent dans sa tête. Un vrai diaporama mental.

Cela doit faire maintenant... huit ou neuf ans qu'elle y était allée, oui...

Pas grand chose ne semble avoir changé, pourtant. Bon, le paysage aujourd'hui est juste un peu terne. De gros nuages volent au-dessus des toits d'Unha, mais tant pis, c'était prévu. Quelques rayons dorés filtrent à travers ces lourdes masses d'eau.

Les bars sont toujours bondés. Plus qu'avant, elle en a l'impression. Ca bavarde plus ou moins gaiement, une légère odeur de café et d'alcool (et de tabac) flotte dans l'air, se mélange à l'humidité environnante. Les magasins, toujours aussi divers. Toujours aussi chers. Celui-là vend des armes blanches décoratives en plus des cigarettes et des jeux à gratter. Ah, celui-là, des vêtements artisanaux, ornés de motifs propres à la culture mérinienne*. Leur tissu a une odeur iodée, comme la mer, c'est amusant.

Et surtout, les canaux. Les somptueux canaux qui serpentent Unha.

Les gondoles voguant sereinement sur les eaux limpides. D'une clarté insolente. Un turquoise éclatant, presque flamboyant. L'écume contre les barques, les vaguelettes plissant doucement le flot...

La traversée de la ville sur ces canaux... Rarement elle n'avait connu de moments aussi tranquilles.

Mais... elle se demande.

La boulangerie.

Oui ! La boulangerie !

Le plus gros fou rire de sa vie, sans aucun doute.

Il y avait plein de guêpes dans cette boulangerie. Ca grouillait de partout, le bourdonnement zélé de dizaines de guêpes. Elles s'affairaient sur les gâteaux, les tartelettes, les viennoiseries, absolument tout ce qui était sucré. La légendaire «tarte aux guêpes» ! Elle avait dit ça d'une manière si spontanée que son frère avait ri à gorge déployé. Ni lui ni elle ne pouvait s'arrêter de s'esclaffer, alors que le boulanger faisait muettement la gueule derrière son comptoir.

Elle se demande si cette boulangerie a fermé depuis. Si les autorités sanitaires ont bien fait leur travail. De toute façon, pas grand monde devait y acheter leur casse-croûte.

(à suivre)


*Merinen est un grand pays du monde d'Eri. Il a la particularité d'avoir un climat froid et humide. Je dois encore bien le définir au moment où j'écris ce CC.
Pantouffe
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Mar 3 Nov 2020 - 22:47
Les guêpes ont rempli les rues.
Distinctes dans la foule, elles ont le pas léger et la gestuelle grouillante. Elles vont en groupe. Avec la taille fine et la bouche molle, les yeux mouillées et les mains poudreuses, qui remuent l'air comme le fond d'un cendrier. On les reconnaît, parce-qu'elles bourdonnent. Leurs visages hagards se reflètent sur toutes les vitres. Leurs corps étranglés d'étoffes se tordent avec chaque reflet qui les maintient captifs. Elles sont jolies quand même, avec des cuisses légères comme de la crème fouettée, des cheveux d'ange brossés par les brises basses. Et jusqu'au creux des côtes enrobées de satin, il y a en elles le frisson de la jeunesse. Le corset de l'innocence, lumière pour empaqueter ces bonbons à gambettes. Les garder au chaud, gainée, fuselées précisément. Gagnée par l'aurore qui mord, qui mordra plus fort encore, jusqu'au fond de la chair- le jour qui commence et déjà creuse leurs courbes tendres. Juvéniles frémissantes, blessées par l'aube qui rampe.

Blessées par le collier qui leur meurtrie le cou. Par la laisse et les mains qui la tiennent. Celles-là déjà baignées de crépuscule, des vieilles mains. L'homme au chapeau avec un regard gris, le regard impassible du ciel, c'est dire son influence. Il les conduit à travers les rues avec son pas de moine. Et parfois, sur une place, devant une gargote ou une école, en face d'une mairie, il les lâche, solennel.

Alors les guêpes, elles dansent. Suspendues sur la pointe de pieds, les bras en arc de cercle. Elles se gardent en l'air par la magie de l'instant de grâce. Leurs omoplates deviennent des ailes d'ivoire. Tout le monde sait et admire : la suspension, la tension avec la gravité, le marchandage avec la chute. Et la victoire. La rue s'enroule autour d'elles pour préserver leur geste. Bitume, fumée, lumière pulvérulente du printemps qui s'étend : c'est une ville pâteuse, lourde de substances, épaisses des textures qui composent son tissu. Tissu urbain et végétal, tissu charnel des corps. Tout dans une même lumière, un même air frais, qui chante leur gloire à elles : une ode à la beauté des guêpes.

Tout le monde acclame. L'homme au chapeau secoue la laisse, toutes les laisses qui reposent dans ses mains, un nœud de liens. Les guêpes vrombissent sous les applaudissements, entre les paumes qui claquent, bourdonnent et vibrionnent. Le printemps leur lèche le visage, elles rêvent de la prairie, des fleurs en pâmoison. De l'air à profusion, si clair que chaque mouvement fait un bruit de cristal. Chaque respiration est un torrent de montagne.

Mais la laisse à leur cou, et la main qui les tire. La rue aussi, qui adhère à leurs membres comme une peau de crocodile.

Et qu'est-ce que font les guêpes ? Elles bourdonnent. C'est tout ce qu'elle savent. Elles pourraient pleurer, personne ne comprendraient. Peut-être qu'elles sont contentes...
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