- Leer
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L'arbre d'ivoire
Dim 22 Nov 2020 - 21:39
L’arbre d’ivoire
- Leer
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Date d'inscription : 16/08/2018
Re: L'arbre d'ivoire
Dim 22 Nov 2020 - 22:46
Lorsque l'hiver tomba, la maison devint très silencieuse.
Il n'y avait, en vérité, plus personne.
Le vent passait sous la porte, et les pulls étaient de rigueur.
De temps en temps, un frisson traversait tous les murs, et un petit bout de carrelage tremblait.
Celui qui était au pied de l'escalier, et tintait quand on posait le pied dessus.
Le moisi s'emparait du bois des portes.
Les fenêtres tournaient dans leurs gonds, s'affaissaient. Leur cadre devenait tranquillement vermoulu.
Un arbre d'ivoire, dans le jardin, grandissait. Epais, opaque, glacial et lisse. Il y avait un peu de marbre écarlate au bout de ses branches. Il était parvenu à percer la peau du ciel et à lui faire mal. Bientôt ce marbre ruissellerait. D'ici mai, peut-être, l'arbre de pierre serait entièrement rouge.
Personne n'était là pour regarder l'arbre d'ivoire car il n'y avait,
en vérité,
plus personne
à cette adresse.
Plus l'arbre grandit, plus la maison s'effondre. Plus la maison s'effondre, plus l'arbre s'empourpre. Mais l'herbe pousse toujours, le soleil tourne, et la femme croyait exister encore il y a peu. Elle ouvrait la porte, laissait le froid crisper ses réflexes et rougir le bout de son nez. Elle regardait l'arbre. Est-elle encore dans cette maison ? Je me demande en passant devant. Croit-elle encore être vivante ou s'en est-elle lassée ? Le chocolat chaud fumait entre ses mains translucides, dans son sourire translucide et ses yeux, globes de fatigue terrestre. Elle marchait, elle errait, dans la maison, ne s'apercevant même pas qu'elle ne faisait rien. Je ne sais pourquoi j'avais de l'affection pour ce fantôme errant. Le fait est que mon cœur a piqué quand la première fenêtre est tombée.
Ca fait toujours bizarre de perdre quelque chose.
Ca me rappelle la peluche que j'aimais quand j'étais enfant. C'était plus important, cette peluche. Plus important que beaucoup de choses.
Il n'y avait, en vérité, plus personne.
Le vent passait sous la porte, et les pulls étaient de rigueur.
De temps en temps, un frisson traversait tous les murs, et un petit bout de carrelage tremblait.
Celui qui était au pied de l'escalier, et tintait quand on posait le pied dessus.
Le moisi s'emparait du bois des portes.
Les fenêtres tournaient dans leurs gonds, s'affaissaient. Leur cadre devenait tranquillement vermoulu.
Un arbre d'ivoire, dans le jardin, grandissait. Epais, opaque, glacial et lisse. Il y avait un peu de marbre écarlate au bout de ses branches. Il était parvenu à percer la peau du ciel et à lui faire mal. Bientôt ce marbre ruissellerait. D'ici mai, peut-être, l'arbre de pierre serait entièrement rouge.
Personne n'était là pour regarder l'arbre d'ivoire car il n'y avait,
en vérité,
plus personne
à cette adresse.
Plus l'arbre grandit, plus la maison s'effondre. Plus la maison s'effondre, plus l'arbre s'empourpre. Mais l'herbe pousse toujours, le soleil tourne, et la femme croyait exister encore il y a peu. Elle ouvrait la porte, laissait le froid crisper ses réflexes et rougir le bout de son nez. Elle regardait l'arbre. Est-elle encore dans cette maison ? Je me demande en passant devant. Croit-elle encore être vivante ou s'en est-elle lassée ? Le chocolat chaud fumait entre ses mains translucides, dans son sourire translucide et ses yeux, globes de fatigue terrestre. Elle marchait, elle errait, dans la maison, ne s'apercevant même pas qu'elle ne faisait rien. Je ne sais pourquoi j'avais de l'affection pour ce fantôme errant. Le fait est que mon cœur a piqué quand la première fenêtre est tombée.
Ca fait toujours bizarre de perdre quelque chose.
Ca me rappelle la peluche que j'aimais quand j'étais enfant. C'était plus important, cette peluche. Plus important que beaucoup de choses.
- Malnir
- Messages : 84
Date d'inscription : 18/09/2018
Re: L'arbre d'ivoire
Dim 22 Nov 2020 - 22:46
L’arbre d’ivoire
La forêt environnait Curio de toute part. Le sol tapissé de feuilles mortes s’abaissait lentement entre les fougères, en de multiples petits ressauts de roches sombres sur lesquelles ruisselaient d’infimes filets d’eaux. Les troncs des bouleaux alentours s’alignaient comme des colonnes blafardes rayées de noir, se teintant à peine de cette écume rose dans le crépuscule. Il faisait frais, humide, les oiseaux s’étaient tus, on entendait à peine les branches bouger, comme une respiration lointaine du sol d’où s’exhalaient des nappes de vapeur cotonneuse. Tout plongeait en cascadant vers le creux du vallon. Et les jambes de Curio le portaient presque mécaniquement le long de cette pente, comme s’il avait été aspiré.
Il manquait par moment de déraper sur une plaque de boue verglacée, sur une roche glissante et moussue. Et le soleil agonisait doucement, répandant son sang sur les nuages dont il s’entourait. Et peu à peu, tout devenait plus gris, plus froid, plus flou. L’eau coulait maintenant en petit rus cascadant d’un galet à l’autre entre les feuilles, glougloutant, crachant un brouillard de gouttelettes qui trempaient ses chausses bleues. Il arriva au fond avant de s’en rendre compte. Des peupliers se courbaient sur le ruisseau qui coulait devant lui, des lucioles palpitaient dans leurs seins, et mille et un froissements hérissèrent son poil. Il se laissa un instant gagner par un long tremblement puis se remit en chemin, suivant le cours de l’eau.
Entre les feuilles te l’humus, les pierres laissèrent place à des enchevêtrements blafards, entremêlés en réseaux complexes et craquant sous ses pieds. Des crânes d’animaux côtoyaient les galets, leurs orbites vides envahies de mousses et de racines. Puis soudain, le vallon s’élargit et une mare s’ouvrit devant lui, toute d’eau opaque, comme un miroir dépolis sur lequel la lune ne couchait que de longs aplats ternes. Les berges glissantes s’y enfonçaient comme en soupirant, au milieu des roseaux et des ossements. Déchirant la pellicule grumeleuse de l’eau, un arbre colossal s’éployait au centre. Ses racines noueuses plongeaient profond dans la vase, son tronc torsadé s’arque-boutait jusqu’à ce qu’en jaillisse des branches tordues en d’infinies ramifications de doigts d’albâtre. Tout l’éblouissement qu’aurait du produire la mare à ses pieds, c’était lui qui le produisait en une aura glacée. Chaque ondulation de son écorce piégeait un rayon de la lune. Il éclipsait tout par sa présence, et la forêt alentour se ratatinait dans l’obscurité encore plus.
Curio marcha jusqu’à lui et s’allongea au creux de ses racines.
Il manquait par moment de déraper sur une plaque de boue verglacée, sur une roche glissante et moussue. Et le soleil agonisait doucement, répandant son sang sur les nuages dont il s’entourait. Et peu à peu, tout devenait plus gris, plus froid, plus flou. L’eau coulait maintenant en petit rus cascadant d’un galet à l’autre entre les feuilles, glougloutant, crachant un brouillard de gouttelettes qui trempaient ses chausses bleues. Il arriva au fond avant de s’en rendre compte. Des peupliers se courbaient sur le ruisseau qui coulait devant lui, des lucioles palpitaient dans leurs seins, et mille et un froissements hérissèrent son poil. Il se laissa un instant gagner par un long tremblement puis se remit en chemin, suivant le cours de l’eau.
Entre les feuilles te l’humus, les pierres laissèrent place à des enchevêtrements blafards, entremêlés en réseaux complexes et craquant sous ses pieds. Des crânes d’animaux côtoyaient les galets, leurs orbites vides envahies de mousses et de racines. Puis soudain, le vallon s’élargit et une mare s’ouvrit devant lui, toute d’eau opaque, comme un miroir dépolis sur lequel la lune ne couchait que de longs aplats ternes. Les berges glissantes s’y enfonçaient comme en soupirant, au milieu des roseaux et des ossements. Déchirant la pellicule grumeleuse de l’eau, un arbre colossal s’éployait au centre. Ses racines noueuses plongeaient profond dans la vase, son tronc torsadé s’arque-boutait jusqu’à ce qu’en jaillisse des branches tordues en d’infinies ramifications de doigts d’albâtre. Tout l’éblouissement qu’aurait du produire la mare à ses pieds, c’était lui qui le produisait en une aura glacée. Chaque ondulation de son écorce piégeait un rayon de la lune. Il éclipsait tout par sa présence, et la forêt alentour se ratatinait dans l’obscurité encore plus.
Curio marcha jusqu’à lui et s’allongea au creux de ses racines.
- ziel
- Messages : 23
Date d'inscription : 12/09/2020
Re: L'arbre d'ivoire
Dim 22 Nov 2020 - 22:53
l’arbre d’ivoire
Il plante ses racines dans la chaire, étale sa corne. Croissant dans la mort, il se lève pour observer le monde. De ses branches osseuses, il cherche à caresser ce noir profond du ciel, envouté de tout son être par cet espaces impossible.
son sang bat d’une fureur aveugle, il plongera bientôt dans une danse infinie, folie totale d’un corps cherchant à vivre.
Il plante ses racines dans la chaire, étale sa corne. Croissant dans la mort, il se lève pour observer le monde. De ses branches osseuses, il cherche à caresser ce noir profond du ciel, envouté de tout son être par cet espaces impossible.
son sang bat d’une fureur aveugle, il plongera bientôt dans une danse infinie, folie totale d’un corps cherchant à vivre.
- Silver Phoenix
- Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26
Re: L'arbre d'ivoire
Dim 22 Nov 2020 - 23:34
Avorio.
Petite île complètement perdue.
Les plages de sable fin s'étendent à perte de vue. Du sable, si blanc, semblable à du sel. La mer sombre la souille périodiquement de son écume.
Et au-delà, de la roche. Que de la roche, cabossée, fissurée, érodée, qui s'entasse. Des grains de sable et de sel se logent dans les crevasses, s'agglomèrent par endroit pour former comme de la neige sèche.
Sérieusement, s'échouer à un endroit pareil...
Avorio est une île unique en son genre, car sans intérêt. Pas de végétaux, quelques rares bestioles. Tout y est blanc. Invivable.
Mais bon, ils n'ont pas d'autres choix que de se réfugier dans ce coin paumé. Cela ne devrait être qu'une affaire de quelques heures. Peut-être même n'auront-ils pas besoin d'y passer la nuit. En espérant avoir définitivement semé les pirates...
Henki se permet de s'affaler à même le sable, exténué. Leur course-poursuite effrénée se joue encore et encore dans sa tête comme un film d'action. Il fait nerveusement filer les grains entre ses doigts. Son souffle est laborieux, mais l'air iodé commence à le calmer.
Helmi s'installe à côté de lui. Elle soupire.
"On l'a échappé belle..."
Elle se passe une main dans ses courts cheveux. Henki ne lui répond pas.
(inachevé)
Petite île complètement perdue.
Les plages de sable fin s'étendent à perte de vue. Du sable, si blanc, semblable à du sel. La mer sombre la souille périodiquement de son écume.
Et au-delà, de la roche. Que de la roche, cabossée, fissurée, érodée, qui s'entasse. Des grains de sable et de sel se logent dans les crevasses, s'agglomèrent par endroit pour former comme de la neige sèche.
Sérieusement, s'échouer à un endroit pareil...
Avorio est une île unique en son genre, car sans intérêt. Pas de végétaux, quelques rares bestioles. Tout y est blanc. Invivable.
Mais bon, ils n'ont pas d'autres choix que de se réfugier dans ce coin paumé. Cela ne devrait être qu'une affaire de quelques heures. Peut-être même n'auront-ils pas besoin d'y passer la nuit. En espérant avoir définitivement semé les pirates...
Henki se permet de s'affaler à même le sable, exténué. Leur course-poursuite effrénée se joue encore et encore dans sa tête comme un film d'action. Il fait nerveusement filer les grains entre ses doigts. Son souffle est laborieux, mais l'air iodé commence à le calmer.
Helmi s'installe à côté de lui. Elle soupire.
"On l'a échappé belle..."
Elle se passe une main dans ses courts cheveux. Henki ne lui répond pas.
(inachevé)
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