Le Pare-tempêtes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Aller en bas
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Jeu 20 Mai 2021 - 21:55
Tisser donc votre toile de mow.

soyez quand même gentils avec les bovidés.
Malnir
Malnir
Messages : 84
Date d'inscription : 18/09/2018

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Jeu 20 Mai 2021 - 23:12
Des piliers de blancs comme l’os surgissent de l’absolu ténèbre environnante, des fentes pales laissent s’évider en volutes les raies blafards de la lune montante, et les étoiles s’éploient sur les voûtes hautes et sonores. Il est des orgues de lumières furtives, des longs filaments d’argents qui caressent les reliefs des chairs. Comme un fleuve d’ombres parcours le sol en sentiers fluides et miroitants, comme des bancs de poissons. Il est des plumes frémissantes aux baies, entre les ogives, des plumes de verre et de cristal cassant et brillant. Il est des flèches de vertiges et des contreforts profonds, il est des tours nuageuses et des caves d’abîme. Une flamme danse sur les tombes, roussoyante. Son reflet se perd dans les immensités nocturnes. Un échos chaud aux froids astres qui la toisent. Et l’eau se trouble et se ride sous les touches d’or qu’elle y couche. Il est un corps d’albâtre sans défaut, de pur et bel albâtre au blanc livide qu’elle ne rougit pas même en présence des flammèches s’exhalant autour. Et l’encens monte en longs volutes serpentins, et les mains pures en dévident un long fil d’argent.
Leer
Leer
Messages : 171
Date d'inscription : 16/08/2018

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Jeu 20 Mai 2021 - 23:19
Elle cousait et cousait, frissonnait, piquait et tirait sur son fil. Parfois elle laissait son ouvrage, allait boire un peu d'eau. Elle abaissait souvent une main pour replacer ses cheveux de l'autre. Et poussait un petit soupir en faisant cela. Ses lèvres étaient pleines. D'une teinte sombre. Pendant la concentration, elles les pressait l'une contre l'autre. Cela crispait un petit peu sa mâchoire. Un rien la déconcentrait pourtant. La mouche qui se promenait en trajectoires géométriques par exemple. Enfoncer, ressortir, tirer son fil, ce geste si simple, il semblait qu'elle ne parvenait pas à le faire plus de quelques points d'affilée et ses yeux se dirigaient vers la fenêtre, le plafond ou même ses propres pieds. La mignarde remettait ses boucles en place d'une main en soupirant et laissait ses pensées vagabonder à Dieu-sait-quoi. Quand elle se resaisissait, ce n'était jamais long, si bien que le tissu entre ses mains semblait un prétexte que l'on aurait aussi bien pu arracher et jeter au loin. Sa pensée flottait au vent, comme les toiles dans le coin de son réduit. J'aurais bien aimé qu'elle flotte entre mes mains et laisser mes mains flotter sur elle... Jeune fleur comme celle-ci... On rêvasse !

+++:
avatar
SolalCendre
Messages : 20
Date d'inscription : 16/05/2021

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Jeu 20 Mai 2021 - 23:20
Le fil de la Vierge


La Vierge, c'était un piton rocheux à trois milles de la côte, planté au milieu des vagues salopes et des bancs de sable, appelé ainsi car aucun marin n'avait pu poser le pied dessus vivant. Il dressait, crâne, sa silhouette râpée, croûteuse d'algues et de lichens, que même la mer ne semblait pas vouloir user, que les oiseaux piailleurs épaississaient de leurs fientes. Les vagues de gros temps s'y brisaient en lames acérées, en décuplant soudain la grandeur. Dans les yeux de tous les villageois alentour, il avait imprimé durablement sa silhouette inéluctable,

Le fil, c'est ce que Fahir tenait dans ses mains. Un unique fil tissé de trois brins. Trois cheveux qu'il venait de couper, par bravade, à la dérobée, de la chevelure de la blanche Mirza. C'était l'été brûlant, c'était le soir, elle reposait sous la ramée d'un figuier de barbarie planté à l'aplomb de la falaise. Fahir la contempla longtemps, et, le cœur débordant de hardiesse, s'approcha. Ne pouvant se résoudre à la toucher, ne pouvant se résoudre à la laisser, il tira ses ciseaux de tisserand de sa poche et, alerte à ses mouvements, cisela fin dans sa chevelure brune. Un sale traître de merle chanta brusquement, et la belle s'éveilla. Le soleil figea Fahir, les ciseaux dans la main droite et les cheveux dans la gauche. Le regard furieux de Mirza alla de l'une à l'autre, et vite elle comprit. Les yeux de Fahir tremblants de désir dans les siens lui donnèrent envie de le gifler pour laver l'affront. Les yeux de Fahir grisés d'amour dans les siens lui donnèrent envie de l'embrasser. Alors elle se leva et prononça ces mots :

« Tu es un couard, Fahir le tisserand, à ne pas oser le courage de me demander ce que tu as volé dans mon sommeil. Aussi, pour laver l'affront que j'endure, voici ce à quoi je te punis. Tu tisseras de tes meilleurs mains et de tes meilleurs fils le plus beau portrait que tu aies jamais tissé, et ce sera le mien. Tu iras ensuite dans la forêt pour y tailler un solide rameau en gnomon. Enfin je te donnerai toute ma chevelure – oui, m'entends-tu, toute – et tu la tresseras en une corde sans défaut. De tout cela tu fabriqueras un drapeau. Et ce drapeau, tu iras le planter tout au sommet de la Vierge, sur laquelle aucun homme n'est monté. »

Ainsi acheva-t-elle. Les yeux baissés de honte, Fahir sentit son regard et le soleil frapper sa nuque comme le marteau frappe l'enclume. Il retourna au village, et dans la fraîcheur de sa hutte, assis à son métier, commença à tisser. Sur le chemin, il avait tressé les trois cheveux et les avait noués à son poignet. Le bracelet le serrait et le tenaillait comme une ronce ignée. À chaque aller de la navette, il se rappela le délice de voir Mirza ainsi dormante sous le figuier de barbarie. À chaque retour lui revint la morsure de son regard de déesse furieuse, le galbe de sa peau sous la cuisance du ciel, la brûlure au creux de son ventre à l'écoute des mots terribles.

Trois jours et trois nuits, Fahir travailla sans relâche, abandonnant ses autres pièces, sans manger, sans boire et sans dormir. Au matin du quatrième jour, le portrait de Mirza fut prêt, et c'était la plus belle œuvre que jamais on eût vu tisser par tout le pays. Au même matin du quatrième jour, le père de Mirza se présenta à l'entrée de sa hutte, un linge entre les bras. Il le tendit à Fahir, et ne sortirent de sa bouche fripée que ces mots :

« Voici les cheveux de ma fille. Tu ne la verras plus. Même si tu devais réussir, le déshonneur est grand. Va et meurs. »

Fahir tressa la corde patiemment, cheveu par cheveu. La chevelure de Mirza était si épaisse et longue qu'il fallut à nouveau trois jours et trois nuits au tisserand, et la corde était solide et sans défaut, plus noire que le jais, et plus résistante que l'acier.

Enfin, ce fut le dernier jour de le semaine. C'était jour de grand' pluie. Fahir se rendit dans la forêt armé de son coutelas. Il chercha longtemps, écorcha ses pieds nus aux roches, râpa son torse nu aux épines des ronces. Au cœur d'une clairière, un bouleau poussait solitaire. Ce fut lui que Fahir coupa, tailla, lui dont il ôta l'écorce et qu'il dressa en gnomon si blanc et droit que jamais on n'en vit de pareil.

De tout cela, de la tapisserie, de la corde et du gnomon, il fabriqua un drapeau qu'il planta devant sa hutte. Puis il se mit nu, attacha le flambeau dans son dos avec une large ceinture de cuir. Et sous le regard du village entier, se rendit à la plage. De cette bande de galets, au pied de la falaise, il apercevait le figuier où Mirza s'était reposée. Il voyait aussi, dressée devant lui comme un désespoir, la Vierge. Aiguille de pierre solitaire hérissée à ses flancs des débris des navires qui avaient tenté son approche.

Fahir descendit lentement dans l'eau, pour en sentir la prise glacée sur sa peau. Il avança jusqu'à ne plus avoir pieds, et là, commença sa nage.

Les villageois l'avaient suivi à distance respectueuse jusque sur le bord de la plage. Puis, quand il fut loin du rivage, ils s'étaient approchés, pieds dans l'eau. Les enfants étaient montés sur la falaise pour mieux voir. Pendant un long moment, sous le soleil de l'après-midi, la tête de Fahir demeura visible, point noir que dévoilait la houle dans ses caprices. Puis elle fut trop loin pour que même les mieux voyants pussent la voir. On ne voyait plus Fahir. On ne vit plus Fahir.



Solal Cendre
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Jeu 20 Mai 2021 - 23:58
Un sortilège tombe sur la ville. La pierre exhale un soupir dense. Et la nuit pervenche s'alourdit un peu plus.

Les ruelles humides s'embourbent dans le brouillard. Les pavés moites peinent à s'extraire de cette ouate frisquette, alors, la ville semble dormir, aux prises avec un mauvais rêve. Sa peau de crocodile, squame de trottoirs et de pierres jointes, n'est pas barbouillée des reflets dansants qui la font habituellement étinceler au feu des lampadaires. Ce soir, elle ne dévorera personne. Aucune de ses avenues ne coulissera sur un abîme avide, aucune faim viscérale ne tordra ses caniveaux, n’étirera d'un grincement métallique ses bouches d'évacuations ; d’annihilation, voraces. Il n'y a dans sa lourde carcasse criblée de ciment aucun éclat propice à l'enchantement. Pas le moindre feu follet barbouillé par l'éclairage publique. Il n'y aura pas de sang de minuit.
Le monstre urbain est assoupis, terne et visqueux, ciselé. Dans sa narcose flottante, il tangue. Transpire dans son sommeil, un suint d’égouts et de pluies absorbées- distillée dans l'air de brume. Maintenant, frissonant, il se déssèche doucement. Chaque brique a son sillon d'humidité propice à l'invasion des mousses, chaque carreau a son voile de tulle perlée, chaque gouttière son murmure.
Et chaque lit a sa tendre carcasse humaine à suçoter jusqu'au matin, assommée de sommeil, submergée de mollesse. Qui au fourreau de son matelas, crée un bourbier de chair, mimant à minima le tremblement de la ville. Comme la dent de lait qui gigote dans le velours de son palais, les corps sont pris d'un vague roulis. Et comme la quenotte promise aux fées avides, ne peuvent faire que chuter. Toujours plus loin, toujours plus profond. Toujours plus au noir du sommeil, toujours plus engloutis. Au plus doux de l'abîme. Attrapés par le domaine des songes, roulés dans son étreinte amiteuse et languide. Ensevelis et bordés aux replis aqueux de la nuit, diffusé dans le brouillard déjà donné aux rues. Vaporisés, un soupir endormis après l'autre. Humains réduits à une brise pluvieuse. S'exhalent à travers leur chambre, à travers les murs, à travers la nuit.

Et dans la brume s'enlacent. Existences amoindries, épurées à l'extrême, jusqu'à la primordiale essence du souffle. Avec sa chaude humidité, son frisson électrique, souffle où se cristallisent en suspens un battement de cœur et une pensée nocturne. Rien de plus. Un instant captivé.
Chaque soupir comme une cordelette, la plus mince expression de l'existence humaine. Chaque cordelette comme un serpent translucide sinuant dans les volutes fumeuses du brouillard. Chaque serpent voué à l’entrelacement. Et chaque entrelacement constituant à mesure de l'amalgame des souffles et des strates de nuit, la continuité impalpable d'une chaîne. Mince comme un fil de vent, mais plus inaltérable.

Une longue aiguille chauffée à blanc dans la moiteur de la nuit. Une lame incroyablement fine dans son fourreau de brouillard. L'arme du crime parfait, qu'une aube lilas toute seule dissipera en son temps.

Ne manquent plus que les doigts aptes à saisir ce long soupir tressé. Seuls les doigts les plus légers, de la main la plus douce. Si éthérées qu'elles ne se forment qu'à l'heure la plus inerte. Car alors seulement dame sélène peut effleurer la terre et se saisir du vent.

D'un clair de lune plus vif qu'un clignement, poignarder son ennemie, de son stylet forgé du souffle des dormeurs. A même la chair de bourbe enfouir les âmes affûtées à l'extrême.

La ville a une secousse que personne n'entend. Ne sent. Sous le goudron des rues, au plus profond, quelque chose grésille, clapote, et puis s'éteint. Meurt. Pour un temps au moins.

Au matin suivant, il n'y aura pas de témoin. Que l'air plus vif, épicé par l'âme flottante de la cité dissipée pour l'instant, toutes les lumières assassinées qui refuseront de s'allumer. Et puis au soir, un grand jardin. Roselières d'étoiles, ruisselets d'astres chantants. Globe impérieux, dans son gravier d'argent. Un ciel comme on a pas vu depuis longtemps au-dessus de la ville.

Plus lumineux et plus profond que jamais.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Ven 21 Mai 2021 - 0:34
Elle portait un t-shirt Iron Maiden. Assez vieux, son pan était effilé, le dessin d’Eddie écaillé. Le fil rouge pendait, et elle n’arrêtait pas de jouer nerveusement avec. Il s’enroulait fermement autour de son doigt, marquait sa peau hâlée, se relâchait pour ensuite le comprimer à nouveau.

Adorable.

Son petit sourire était teinté de douceur. Elle la fuyait du regard, ses yeux bruns croisaient les siens de temps en temps. N’importe quel regard était trop lourd à porter pour elle.

Iris rit franchement, en y repensant. Elle ne s’attendait pas à rencontrer Myriam dans une petite salle paumée en banlieue parisienne. Son cœur s’était emballé un peu fort, et ce n’était pas le café ou l’alcool. Pourtant, elle ne lui parle pas tant que ça. Toujours dans son coin, les écouteurs vissés dans ses oreilles. Même en
classe, parfois. La voix trop basse pour que quiconque puisse l’entendre vraiment, mais Iris arrive à l’écouter.

Elles s’étaient placées juste devant la scène, un peu à l’écart de la foule. Elles étaient venues seules à la base, mais finalement, d’un accord tacite, elles avaient passé la soirée ensemble. Iris bougeait la tête dans une danse frénétique, alors que Myriam dodelinait la sienne, au rythme de la musique.
A la fin du concert, autour d’une bonne bière (enfin, plutôt de l’eau à la bière qui coûte cinq euros), elles avaient discuté. Un peu. C’était suffisant. Myriam lui avait même donné son numéro, de sa propre initiative. Elle était stressée. Tellement qu’elle avait cassé le fil pendant de son t-shirt.
Son air tout penaud en contemplant le fil rouge autour de son doigt l’avait fait rire. Un petit éclat de rire, rien de moqueur.

Adorable.

Et plus adorable encore lorsqu’elle hésitait à lui faire la bise ou juste lui dire au revoir.

Depuis, elles s’envoient des messages. Myriam préférait écrire, visiblement. Elle s’exprimait bien mieux avec les lettres. Iris n’a jamais été bonne en orthographe, mais elle a l’impression de mieux écrire depuis qu’elle lui parle. Et à la fac, elles s’écrivaient parfois sur des morceaux de papier.
Et lorsque Myriam lui avait, un soir, envoyé par téléphone la photo du fil rouge cassé par pure maladresse… Iris était submergée d’une émotion indescriptible.

En tout cas, ça lui semblait agréable.
Contenu sponsorisé

CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge Empty Re: CC numéro l'ironie est présente bonsoir : le fil de la vierge

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum