Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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Jeu 9 Sep 2021 - 22:37
Pantouffe
Pantouffe
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CC N°65 : preums Empty Re: CC N°65 : preums

Jeu 9 Sep 2021 - 23:36
L'image est le maux voyageur. Transite et pullule à travers les rétines en infects grouillements- contamination via les les globes oculaires. L'image transite en wagons déglingués sur le nerf optique. Oscille. Crashée. Forme tordue dans le cerveau- une gifle dans un morceau de glaise. Jamais tout à fait pareille au modèle agglutiné dans l’œil. C'est comme ça, tout est l'écho déformé d'autre chose. Les intentions ne sont jamais comprises tout à fait pour ce qu'elles sont. Il faut faire confiance aux paroles des autres- ou faire confiance à soi même et à ce que susurrent les fissures dans le crâne. Plein de fêlures qui murmurent comme des fosses à serpent. Mieux vaut choisir de croire aux autres ? C'est fiable un crâne à fêlures ? Pas sûr mon pote. C'est comme une boîte à meuh qui se mettrait à faire des bruits de canard. Mais c'est toujours mieux d'être broyé par des rouages bien familiers. J'aime quand ça craque comme attendu, c'est franchement
une sinécure,
un amour de souffrance.

Le soucis des images ce qu'elles voyagent d'un œil à l'autre et s'embourbent dans des langues pâteuses quand on veut leur donner l'étui de salive et d'air moite de la parole. L'articulation la plus méticuleuse n'y suffit pas. On peut prévoir un discours. Ce sera toujours une image mal fagotée dans son latex de bouche mal dégrossie. C'est vraiment con, même quand elles ont l'air gracieuses et bien tournées, elle sortent contrefaites. Bancroches. Difformes.

La distance n'arrange rien. Des fois c'est qu'il faut les faire voyager par satellite, ahah. Je dis ça pour le thème. On parle d'internet. Enfin je crois.
Mais des fois la distance c'est juste le fait d'être soi. Soi en face de quelqu'un qui est une autre personne, et ne plus rien piger, parce-qu'il y a un système nerveux de distance entre nous. Et c'est plus que tous les relais satellites du monde.
Malnir
Malnir
Messages : 84
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Jeu 9 Sep 2021 - 23:41
Si je regarde par ma fenêtre, entre les verres ternis et encrassés, je vois l’autre côté du canal embrumé. Au-delà, des hangars de pèche rouillés et abandonnés, aux charpentes comme des cage thoraciques titanesques. Et à quelques distances derrière, les maisons louches et serrées, un peu décrépites, des Gravines. J’aime ce décors de briques et d’ardoise. Ce quartier industriel en déclin. Il me rends parfois mélancolique. Si je regarde par ma fenêtre, je vois le soleil se coucher et dorer les toitures et découper les cheminées en ombres chinoises. Ah la respiration sordide de la ville. C’est une divinité monstrueuse, malveillante et endormie. Elle entrouvre parfois son œil sur moi et je frémis en sentant son regard glisser sur moi et choisir de m’ignorer. La ville inspire à l’aube puis expire le soir en un long souffle. Mon appartement s’emplit d’or et d’orange qui glisse sur le parquet fatigué. J’aime mon chez moi, il était miteux mais j’ai mis un peu de peinture aux murs, j’ai mis un tapis moelleux, j’ai mon lit, mon bureau et mon ordinateur. Je mange bien avec mon petit réchaud. La douche est glacée, mais je ne l’utilise que rarement. Je préfère aller aux bains publics, au bout de l’avenue, près du lycée technique. J’observe des anatomies diverses là bas mais ce qui compte vraiment, c’est d’être propre à la fin. Au rez de chaussée, c’était un abattoir, et la halle de fer et de verre dépolis est vide maintenant. Vide et poussiéreuse. Tout a été nettoyé quand l’entreprise a fermé, puis on a entreposé des choses là. L’escalier grince pour monter chez moi mais j’aime ça. Si quelqu’un voulait s’en prendre à moi je le saurai.

Il y a des mouettes qui volent au dessus de la ville, parfois certaines viennent se poser sur le rebord de ma fenêtre. Alors je la filme, je la montre à mes amis, surtout ceux qui vivent loin de la mer. Plus bas, sur les quais devant chez moi il y a un bateau, une péniche curieusement faite, moins trapue. Elle a une coque toute tachetée de rouille, une vieille cabine aux verres poussiéreux. Je rêve qu’elle est à moi, mais elle n’appartient à personne. Parfois des jeunes viennent y boire alors il y a des bouteilles de bière vide sur son plancher pourri. Vraiment c’est dommage quelques années plus tôt j’aurai pu la retaper, mais maintenant elle n’est bonne à rien.

Je vie bien somme toute. Je bois du lait le matin, je mange des pizza un soir sur trois, les autres soirs je vais au restaurant de nouilles et de ravioles pour y manger à pas cher, au milieu de la vapeur. Puis je vois mes amis, un groupe d’artiste, on aime se prendre en photo dans des poses languissantes. J’ai la peau bronze et douce qu’ont les asiatiques comme moi, les yeux de biches me dit Roland quand il veut m’embrasser. Ça rend bien en photo. On va parfois étendre des couvertures et des coussins dans la halle de l’abattoir désaffecter, et à la lumière d’une lampe à huile on s’aime. Parfois on va ailleurs chez un autre ami, qui est riche. Il y a du marbre sur le sol et de la soie dans les lits. Je préfère chez moi.

L’eau du canal est trouble et de petits poissons s’y cache. Des gros aussi. Une fois j’y ai péché une truite grande comme ça ! On a bien mangé ce soir là. J’aime les poissons, en particulier les sardines à l’huile, dans leurs boites de fer blanc. Elles sont si tendre qu’on peut les manger entières. J’aime le vin rouge et sucré qui colle aux lèvres et fait tourner la tête. J’aime me promener sur le front de mer quand je suis ivre, j’embrasse des inconnus, je vais piquer une tête dans la baie. Depuis que les industries ont fait faillite, elle est à nouveau propre mais elle a un goût de rouille. J’aime plonger le plus profond possible et ramasser des galets au fond. J’aime faire des ricochets, j’aime vivre.
Leer
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Jeu 9 Sep 2021 - 23:45
Nos représentations conscientes de pixels envoyés à travers le monde via satellite

Le petit crapaud pleurait, et la Lune le regardait.
"Que veux-tu, petit crapaud ?"
"Un iPhone 6...."
"Pourquoi..?" soupira la Lune
"Je veux poster sur Instagram et être aimé." dit le crapaud.
"Tu ne peux pas, tu es moche !" répondit la tumeur blanchâtre
"Pardon ?!"
"Hum, tu ne veux pas plutôt une princesse ? Les princesses, c'est dans mes cordes."
"Ha mais des princesses j'en aurai à la pelle avec Instagram !"
"Je vois..."

Un petit crapaud pleurait, et la Lune le regardait.
"Tu m'as donné beaucoup d'argent, la Lune, et j'ai acheté un iPhone 6... Mais je n'ai pas de followers."
"Tu ne veux pas plutôt une princesse ??"
"Snif..."
"Bon, bon, hum... Voyons, je peux... Je peux faire en sorte que des princesses te croisent et elles te demanderont ton Instagram !"
"Oh !!! Tu ferais ça, la Lune ?"
"Je peux essayer."

Un petit crapaud était heureux, entouré de coeurs qu'on lui offrait d'une petite tape du bout des doigts. Il prenait des bains de ces milliers de petits coeurs, et roucoulait replètement. Tous les jours, il montrait sa joie d'être autant aimé, et recevait plus d'amour en retour. Par ailleurs, la Lune était heureuse elle aussi, car les photographies de son petit protégé gravitaient par satellite et ne manquaient jamais de traverser le champ de sa conscience.
Ad'
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Jeu 9 Sep 2021 - 23:52
Nos représentations conscientes de pixels envoyés à travers le monde via satellite


Il commençait enfin à l'apercevoir, la grise fumée, pleine de menaces et de mort. Cette même fumée qui rappelait à tout le monde les erreurs d’un lointain passé, impossible à oublier. La fumée détonnait complètement des vapeurs colorées, pleines de vie et d’espoir, qui s’élevait lentement de la croute vers le ciel. Eût-il eu la patience d’attendre les quelques millénaires nécessaires à la fin de la pluie ? Difficile à dire, de ce qu’il en savait, la moyenne d’âge de déconnexion était à quatre siècles. Du moins c’était le cas il y a dix-sept ans. Dix-sept ans d’ermitage, seul sous la pluie. Il était le dernier vivant de sa colonie biologique. Sa voisine, décédée il y a deux ans alors qu’elle n’en avait que 6 de plus que lui. Il n’aurait jamais pensé que ce fût si difficile d’être seul.
Après tout, il dormait seul, mangeait seul, cultivait seul, vivait seul... Mais lorsqu’il la découvrit, inerte dans son lit, froide, ce ne fut pas l’absence de vie qui le percuta le plus. Il avait déjà assisté à la mort des trois autres. Non, c’était l’hologramme de son fils, que le corps sans vie tenait encore fermement, les doigts gelés, durs autour de l’émetteur.

Cela faisait déjà dix-sept ans qu’il avait dit adieu à ses enfants. Il avait catégoriquement refusé le téléchargement, c’était un biologique, pur et dur. Ses enfants avaient suivi leur oncle, son frère, dans un centre de téléchargement. Il ne les en avait pas empêcher, tout comme ils n’avaient pas essayé de le convaincre. Il souhaitait mourir en chair, pas en données, comme ses parents avant lui. Du moins il le pensait, avant d’entreprendre les soixante-dix kilomètres qui le séparait du siège.
Ce fût bel et bien la peur de la solitude qui le poussa finalement, alors que son corps peinait à le trimballer sans lui pluie. Une pluie incessante, cinglante, résultat d’années d’insouciances de son espèce. Une pluie sale et chargés de reproche. Il avait appris à vivre avec, comme ses aïeuls avant lui. Il n’avait toujours connu que ça, il ne savait pas comment imaginer le monde sans, et pourtant, les spots publicitaires promettaient qu’un jour elle partirait, grâce aux vapeurs.



Alors qu’il approchait lentement, chaque pas faisant couiner sa vieille prothèse électronique, la ville pointait le bout de son nez sous la fumée. Des bâtiments neufs, fabriquer “ à l’ancienne ”, bien qu’il n’ait aucune idée de quelle époque ceux-ci prenaient exemples. Il arrivait vaguement à deviner la forme des quelques robots-ouvriers œuvrant à l’entretien des installations. Les pas se faisaient de plus en plus lourd, l’hésitation grimpait alors que les lumières des Holo projecteurs s’affirmaient.
La vue d’un premier hologramme, étrangement, ne lui provoqua pas de sentiment particulier. Il pensait que ce fût compliqué, que des souvenirs lui reviendrait, mais rien. Rien d’autres que la fatigue de la marche forcée imposée par la prothèse. Rien d’autre qu’un sentiment de faiblesse, la honte de ne pas avoir sût rester fort et fier de ses convictions. Lui qui pensait être plus vaillant que la mort, était en réalité moins courageux que la solitude.
Le regard plongé au sol, il tenta au mieux d’ignorer toutes les personnes autour de lui l’observant marcher vers le centre de la ville, le centre du réseau, le centre de la vie numérique. Aucun d’eux ne lui imposaient de bruit. Devinaient-ils ce qu’il ressentait alors qu’il marchait à travers certains plus curieux ? Ou étaient-ce simplement la première fois pour certains d’entre eux qu’ils voyaient un biologique depuis leurs téléchargements ?
La porte du centre de téléchargement arriva plus vite qu’il l’imaginait. Ou alors il s’était perdu dans ses pensées plus longtemps qu’escompté. Toujours sans bruit, il leva les yeux, lisant attention le panneau d’indications à l’entrée.
Centre de téléchargement d’Albertville.
Il pût constater après avoir ouvert la porte que tout correspondait parfaitement aux indications qu’on lui avait donné il y a plusieurs décennies de cela.
Calmement, il s’approchait du siège, s’y installait et ensuite insérait lentement l’aiguille tel que mentionné sur la notice du siège.
Il sélectionna sur l’écran le réseau de la Nouvelle-Tokyo. Aux dernières nouvelles, sa fille s’y trouvait. Ces nouvelles étaient particulièrement anciennes, mais ils n’avaient qu’elles.
Et puis bon, il avait à présent le temps de la chercher.

Silencieusement, il se décidait enfin, et appuyait sur le bouton du téléchargement de conscience.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26

CC N°65 : preums Empty Re: CC N°65 : preums

Ven 10 Sep 2021 - 0:10
Fatiguée.

Ereintée, même.

L’impression que le monde est devenu fou. A moins qu’il ne l’ait toujours été ?

Soupir.

Emma fait distraitement tourner un petit drapeau entre ses doigts. Drapeau qu’elle avait confectionné de ses propres mains (bon, c’était juste un bout de bois et du tissu mais elle n’avait pas l’habitude de fabriquer des choses). Emmitouflée dans sa couverture, pour calmer les frissons. Dégoût. Peur. Rage.

Elle tapote les lettres sur le clavier, ses gestes sont frénétiques. Nerveux.

Puis, vérifie son message. Un long message. Découpé en plusieurs partie, pour respecter le temps d’attention sur Internet.

Emma ne peut s’empêcher de sourire. Décidément, le mode nuit est une bénédiction pour ses yeux si fragiles.

Inspire.

Expire.

Encore une fois.

Encore.
Une dernière.

Ça y est, Emma est prête à poster. Message visible pour le monde entier. Pixels matérialisant ses émotions.

Enfin, elle sera écoutée.
ziel
ziel
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Lun 27 Sep 2021 - 14:32
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