CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
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ziel
Pantouffe
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- Pantouffe
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CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 21:32
- Malnir
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Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 22:25
Loth a été le premier à repérer la faille au dessus des frondaisons de la forêt, et il a dévalé les marches de la tour d’observation dans sa précipitation à nous alerter. En un instant, on coupait la radio et on montait dans la jeep pour filer à toute berzingue sur les pistes de terre poudreuse observer le phénomène de plus près. Des oiseaux dorés s’envolaient à notre approche, lachant les proies qu’ils avaient attrapés entre leurs filaments urticants. Vaize était au volant, et esquiva avec nonchalance l’énorme raie de terre qui se tapissait sur la route.
On approchait de la falaise Morphée, là ou la cascade gélatineuse fusait d’entre les rochers (les microbiotes qui la peuplaient la rendaient pâteuse). La faille était là, à une centaine de mètre dans le ciel, les rayons de Proxima se moiraient à sa surface, ceux plus ocre de Ancelade Ω passaient au travers en projetant de longues ombres grises. Les anneaux de glace de Proxima VI l’encadraient en scintillant dans le cyan du ciel. Une large faille, vibrante et miroitante comme dans un cristal. La lumière s’y diffractait en arcs en ciel ruisselants. On aurait cru un mince rideau éthéré flottant à la dérive. L’air vibrait à son approche.
On est descendu de la jeep après quelques hésitations, et Raym et moi avons déployé les différents appareils de mesure. Armé de jumelle, j’ai pris le temps d’observer le phénomène de près ; en gros, il se comportait comme un prisme. Une part de la lumière disparaissait, allez savoir où, une autre était renvoyée au grès irrégularités de la faille, une dernière passait en longs rideaux multicolores et ondoyants. J’ai fini les réglages de l’appareil en quelques instants, les mains un peu tremblante à l’idée de rater une part du phénomène. Une méduse égarée est venu rebondir contre ma joue, je l’ai chassée d’un geste distraite. Loth déployait de son côté un grand cerf-volant d’aluminium, qui prit assez vite le vent et s’éleva au dessus de la forêt. À l’approche de la faille, le cerf-volant à filé droit à la parallèle de l’anomalie, avant d’en contourner un bord, et de disparaître, son câble coupé net est resté immobile dans les airs, comme figé, avant de lentement dériver. Tout aussi soudainement, la faille a semblé fondre, diminuant toujours plus, comme une blessure qui cicatrise. En quelques secondes, n’en restait qu’un infime bourrelet scintillant. Loth a juré, moi aussi, Raym a haussé les épaules et Vaize claqué de la langue.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, un gros taureau bleu a surgi des broussailles, ses six pattes fouissant le sol, et son large dos constellé a heurté mon tachéomètre qui est venu s’engloutir dans des sables à quelques pas. J’ai perdu le prisme. Croyez vous que cette grosse bête se soit sentie coupable ? Pas le moins du monde, elle a meuglé tristement avant de me renifler. On est reparti bredouille, sans plus de peines, jusqu’à notre base. On a dû chasser les singes de pierre de la table où on avait abandonné notre déjeuner. Ils avaient sifflé tout notre vin. J’ai soupiré. Faire partie des 500 colons-explorateurs de la deuxième lune de Proxima VI, le seul objet habitable du système, était aussi fascinant et merveilleux que profondément épuisant et agaçant.
J’envie souvent ceux qui sont à Formalhault X, à six années lumières d’ici. Il paraît que c’est la belle vie là bas. Rien que des étendues de roc cristallin, d’eau pure et de mousses et lichens curieux et goûteux, avec des cieux parmi les plus beaux du monde. On dit que les nuages sont constamment éclaboussés de rouge et d’or, que les étoiles y sont particulièrement brillantes et que l’anneau gravitant autour est visible à toute heure, baignant les nuits d’un éclat d’argent. Les structures géologiques sont somptueuses, l’atmosphère passionnante à étudier, la flore bien rangée et la faune peu envahissante.
Tout le contraire d’ici bas, où chaque animal semble participer d’une coalition pour saboter nos efforts par de constantes petites gênes. Et qu’il fait chaud ici ! Si on pouvait se rafraîchir facilement, mais les singes se son enfui avec notre glacière en même temps que notre alcool ! Ne reste plus qu’à retourner à la colonie, puisque nos réserves d’essence ont été répandues par terre pendant notre absence.
On approchait de la falaise Morphée, là ou la cascade gélatineuse fusait d’entre les rochers (les microbiotes qui la peuplaient la rendaient pâteuse). La faille était là, à une centaine de mètre dans le ciel, les rayons de Proxima se moiraient à sa surface, ceux plus ocre de Ancelade Ω passaient au travers en projetant de longues ombres grises. Les anneaux de glace de Proxima VI l’encadraient en scintillant dans le cyan du ciel. Une large faille, vibrante et miroitante comme dans un cristal. La lumière s’y diffractait en arcs en ciel ruisselants. On aurait cru un mince rideau éthéré flottant à la dérive. L’air vibrait à son approche.
On est descendu de la jeep après quelques hésitations, et Raym et moi avons déployé les différents appareils de mesure. Armé de jumelle, j’ai pris le temps d’observer le phénomène de près ; en gros, il se comportait comme un prisme. Une part de la lumière disparaissait, allez savoir où, une autre était renvoyée au grès irrégularités de la faille, une dernière passait en longs rideaux multicolores et ondoyants. J’ai fini les réglages de l’appareil en quelques instants, les mains un peu tremblante à l’idée de rater une part du phénomène. Une méduse égarée est venu rebondir contre ma joue, je l’ai chassée d’un geste distraite. Loth déployait de son côté un grand cerf-volant d’aluminium, qui prit assez vite le vent et s’éleva au dessus de la forêt. À l’approche de la faille, le cerf-volant à filé droit à la parallèle de l’anomalie, avant d’en contourner un bord, et de disparaître, son câble coupé net est resté immobile dans les airs, comme figé, avant de lentement dériver. Tout aussi soudainement, la faille a semblé fondre, diminuant toujours plus, comme une blessure qui cicatrise. En quelques secondes, n’en restait qu’un infime bourrelet scintillant. Loth a juré, moi aussi, Raym a haussé les épaules et Vaize claqué de la langue.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, un gros taureau bleu a surgi des broussailles, ses six pattes fouissant le sol, et son large dos constellé a heurté mon tachéomètre qui est venu s’engloutir dans des sables à quelques pas. J’ai perdu le prisme. Croyez vous que cette grosse bête se soit sentie coupable ? Pas le moins du monde, elle a meuglé tristement avant de me renifler. On est reparti bredouille, sans plus de peines, jusqu’à notre base. On a dû chasser les singes de pierre de la table où on avait abandonné notre déjeuner. Ils avaient sifflé tout notre vin. J’ai soupiré. Faire partie des 500 colons-explorateurs de la deuxième lune de Proxima VI, le seul objet habitable du système, était aussi fascinant et merveilleux que profondément épuisant et agaçant.
J’envie souvent ceux qui sont à Formalhault X, à six années lumières d’ici. Il paraît que c’est la belle vie là bas. Rien que des étendues de roc cristallin, d’eau pure et de mousses et lichens curieux et goûteux, avec des cieux parmi les plus beaux du monde. On dit que les nuages sont constamment éclaboussés de rouge et d’or, que les étoiles y sont particulièrement brillantes et que l’anneau gravitant autour est visible à toute heure, baignant les nuits d’un éclat d’argent. Les structures géologiques sont somptueuses, l’atmosphère passionnante à étudier, la flore bien rangée et la faune peu envahissante.
Tout le contraire d’ici bas, où chaque animal semble participer d’une coalition pour saboter nos efforts par de constantes petites gênes. Et qu’il fait chaud ici ! Si on pouvait se rafraîchir facilement, mais les singes se son enfui avec notre glacière en même temps que notre alcool ! Ne reste plus qu’à retourner à la colonie, puisque nos réserves d’essence ont été répandues par terre pendant notre absence.
- ziel
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Date d'inscription : 12/09/2020
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 22:28
Eh eh eh dis eh dis ! On est bientôt arrivé dis on est bientôt arrivé ?
Parce que depuis que tu m'a raconté là où t'allais te promener eh bin j'ai pas arrêté d'imaginer à ce que ça pouvait donner en vrai !
Rien que d'y penser yaaaaaaaa !!!
faut quand même avouer que t'a une sacrée chance de pouvoir trouver des coins comme ça. Et puis moi j'arrive pas trop à découvrir ce genre d'endroits magique. Bon c'est vrai que je fais pas trop de recherche ni que je sors beaucoup de chez moi, mais quand même, quand je tourne en rond dans les rue autour de chez moi, j'imagine tellement pas le nombre de forêt qui se trouvent cachés derrière les clairières, alors que bah vu le nombre de trucs que t'a déjà visité bah ça m'étonnerait tellement pas qu'il y en ait tout près de mon nid, enfin je veux dire c'est un truc de fou ! s’imaginer que juste à côté de la où je mange mes insectes, bois mon eau, je pourrais entrer par un tronc ou un buisson mega discret et arrivé dans un lieu abandonné depuis des lustres, énorme tellement joli !! mais je me demande vraiment comment on peut en arriver là, oublier des lieux, jusqu'à ce que plus personne n'y mettent plus jamais les pattes. Est ce que tu crois que c'est parce que les oiseaux ne se baladent plus, qu'ils connaissent plus là où ils habitent parce qu’ils ont pas le temps de se balader ?! Enfin ça doit surtout être de la flemme parce que parcourir 20 bornes en déambulant parmi les arbres bah ça se fait en pas si longtemps et on pourrait découvrir tellement de trucs et y'a toujours moyen de sortir la nuit pour voguer à travers les chemins! Mais bon c'est vrai que quand y'a pas de chemin eh bin ça donne pas envie de visiter ! Faut se dépatouiller avec les ronces, trouver un endroit pas biscornu pour atterrir en douceur, non, non c'est un vrai calvaire !
Au fait on va pas passer par des coins infestés d'orties ?! Ça gratte et leurs aiguilles se coincent dans mes plume et alors là bonjours pour m'en débarrasser ! Ça reste des jours et même une bonne douche ne les fait pas partir !! parce que y'a qu'un truc contre les orties, c'est le soleil ! Un bain de plusieurs heures et ces saletés d'épingles finissent par se déshydrater et il en reste que de la paille !
Bon par contre ce genre de solution ça demande du temps et puis faut bien boire, parce que après bonjours les insolations, alors si on doit faire tout ce chemin pour que je sois tout abîmé et que je puisse pas profiter de la visite à cause de toute cette herbe qui gratte !!
je sais pas trop pourquoi j'ose pas partir à l'aventure comme ça sur un coup de tête, toi t'y arrive bien et regarde tout ce que tu fais ! Alors ça donne sacrément envie de faire pareille, mais bon, appréhension appréhension quand tu nous tient...
par contre, y'a vraiment quelque chose que j'aimerais vraiment bien faire, c'est de l'escalade et de la spéléologie !!
alors oui on est peut volumineux comme piafs, y'a moins de prises accessible, mais avec un peu d’entraînement, qu'est-ce que ça doit être satisfaisant, gravir les falaise, trouver les petits recoins qui s'ouvrent en cavité puis en grottes, et puis on suis les boyaux et on arrive dans des cavernes ou règne l'obscurité et les résonances des cœurs de montagnes ! Grandioses réverbérations emplis de magie et de mystères.
Mais je me dis que ton urbex c'est un peu comme faire de l'exploration de grottes, ça à l'air tout aussi magique ! Te retrouver en face de tronc millénaires, souches creuses où lévite des brumes de transpirations qui s'élèvent en gargantuesques nuages de vapeur. Planer au dessus des cimes et voire toute cette eau scintiller, empli d'une lumière chaude et aveuglante.
Tu sais je t'aime vraiment, et puis j'aime bien te suivre dans tes pérégrinations, à m'imaginer tout pleins d'aventures farfelus, faire exister ces trucs qui traversent mon crâne, alors même si d'après ce que tu m'as dit, on en a encore pour un bout de temps avant d'arriver, bah en vrai je m'en fout, parce que c'est un chic petit voyage que tu me propose là, alors la piscine que tu m'a promis qu'on verrais c'est vrai que c'est sympa, mais c'est que le petit cadeau bonus, et puis, et puis....
et ho ! Attends !!! Pourquoi t'accélère ???!!! Attends ! Attends moi là !!!! J'ai pas fini de t'expliquer !!!
Parce que depuis que tu m'a raconté là où t'allais te promener eh bin j'ai pas arrêté d'imaginer à ce que ça pouvait donner en vrai !
Rien que d'y penser yaaaaaaaa !!!
faut quand même avouer que t'a une sacrée chance de pouvoir trouver des coins comme ça. Et puis moi j'arrive pas trop à découvrir ce genre d'endroits magique. Bon c'est vrai que je fais pas trop de recherche ni que je sors beaucoup de chez moi, mais quand même, quand je tourne en rond dans les rue autour de chez moi, j'imagine tellement pas le nombre de forêt qui se trouvent cachés derrière les clairières, alors que bah vu le nombre de trucs que t'a déjà visité bah ça m'étonnerait tellement pas qu'il y en ait tout près de mon nid, enfin je veux dire c'est un truc de fou ! s’imaginer que juste à côté de la où je mange mes insectes, bois mon eau, je pourrais entrer par un tronc ou un buisson mega discret et arrivé dans un lieu abandonné depuis des lustres, énorme tellement joli !! mais je me demande vraiment comment on peut en arriver là, oublier des lieux, jusqu'à ce que plus personne n'y mettent plus jamais les pattes. Est ce que tu crois que c'est parce que les oiseaux ne se baladent plus, qu'ils connaissent plus là où ils habitent parce qu’ils ont pas le temps de se balader ?! Enfin ça doit surtout être de la flemme parce que parcourir 20 bornes en déambulant parmi les arbres bah ça se fait en pas si longtemps et on pourrait découvrir tellement de trucs et y'a toujours moyen de sortir la nuit pour voguer à travers les chemins! Mais bon c'est vrai que quand y'a pas de chemin eh bin ça donne pas envie de visiter ! Faut se dépatouiller avec les ronces, trouver un endroit pas biscornu pour atterrir en douceur, non, non c'est un vrai calvaire !
Au fait on va pas passer par des coins infestés d'orties ?! Ça gratte et leurs aiguilles se coincent dans mes plume et alors là bonjours pour m'en débarrasser ! Ça reste des jours et même une bonne douche ne les fait pas partir !! parce que y'a qu'un truc contre les orties, c'est le soleil ! Un bain de plusieurs heures et ces saletés d'épingles finissent par se déshydrater et il en reste que de la paille !
Bon par contre ce genre de solution ça demande du temps et puis faut bien boire, parce que après bonjours les insolations, alors si on doit faire tout ce chemin pour que je sois tout abîmé et que je puisse pas profiter de la visite à cause de toute cette herbe qui gratte !!
je sais pas trop pourquoi j'ose pas partir à l'aventure comme ça sur un coup de tête, toi t'y arrive bien et regarde tout ce que tu fais ! Alors ça donne sacrément envie de faire pareille, mais bon, appréhension appréhension quand tu nous tient...
par contre, y'a vraiment quelque chose que j'aimerais vraiment bien faire, c'est de l'escalade et de la spéléologie !!
alors oui on est peut volumineux comme piafs, y'a moins de prises accessible, mais avec un peu d’entraînement, qu'est-ce que ça doit être satisfaisant, gravir les falaise, trouver les petits recoins qui s'ouvrent en cavité puis en grottes, et puis on suis les boyaux et on arrive dans des cavernes ou règne l'obscurité et les résonances des cœurs de montagnes ! Grandioses réverbérations emplis de magie et de mystères.
Mais je me dis que ton urbex c'est un peu comme faire de l'exploration de grottes, ça à l'air tout aussi magique ! Te retrouver en face de tronc millénaires, souches creuses où lévite des brumes de transpirations qui s'élèvent en gargantuesques nuages de vapeur. Planer au dessus des cimes et voire toute cette eau scintiller, empli d'une lumière chaude et aveuglante.
Tu sais je t'aime vraiment, et puis j'aime bien te suivre dans tes pérégrinations, à m'imaginer tout pleins d'aventures farfelus, faire exister ces trucs qui traversent mon crâne, alors même si d'après ce que tu m'as dit, on en a encore pour un bout de temps avant d'arriver, bah en vrai je m'en fout, parce que c'est un chic petit voyage que tu me propose là, alors la piscine que tu m'a promis qu'on verrais c'est vrai que c'est sympa, mais c'est que le petit cadeau bonus, et puis, et puis....
et ho ! Attends !!! Pourquoi t'accélère ???!!! Attends ! Attends moi là !!!! J'ai pas fini de t'expliquer !!!
- Leer
- Messages : 171
Date d'inscription : 16/08/2018
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 22:42
Tu quittes le monde silencieusement
A la brisure de l'aube
Sous les gros nuages
Ton pied foule la mousse
Puis la terre sèche
Puis tes pas font écho contre la pierre qui t'entoure
Ton ombre te précède
Tu la quittes des yeux
Un dernier regard
Aux prairies qui semblent éternelles
Et probablement, le sont
Enfonce-toi dans l'ombre
Car un jour te rencontrera
De l'autre côté
Sûrement
Nos cœurs et nos prières A la brisure de l'aube
Sous les gros nuages
Ton pied foule la mousse
Puis la terre sèche
Puis tes pas font écho contre la pierre qui t'entoure
Ton ombre te précède
Tu la quittes des yeux
Un dernier regard
Aux prairies qui semblent éternelles
Et probablement, le sont
Enfonce-toi dans l'ombre
Car un jour te rencontrera
De l'autre côté
Sûrement
Sont avec toi
Etre aimé
A bout de souffle j'ai couru
Grimpé
Jusqu'au lieu de ton départ
Tu n'iras nulle part
Sans que je t'aie dit
Ami·e, que dans ton sein
Brillent pour toujours
Le soleil de la maison
Bruissent les couleurs chatoyantes de nos arc-en-ciels
Ici,
Quand un nouveau ruisseau se frayera un chemin
Nous penserons à toi
Et à celui que tu frayes
Que tes pas soient guidés par la Fortune
Nos mains seront sur ton épaule tout du long.
Ami·e, ton absence est une présence
Qui nous unit et raffermit notre amour
Entre nous et envers toi
Reviens et raconte-nous
Autour du feu qui pour toi aura changé de goût
Pour nous aussi
Ami·e nous t'aimons,
tu emportes dans le monde
notre vallée et nos oiseaux
Il restera toujours sous tes ongles, un peu de notre mousse
Dans ta gorge un peu de nos boissons
Sous tes yeux un peu de nos chansons
Sous mes yeux un peu de ta voix
Dans mon être un peu de ta pensée.
Va maintenant, et que les yeux me brûlent. J'essayerai de me souvenir du parfum qui imprégnait ton épaule quand tu m'as serræ contre toi. Va, que ta silhouette se confonde dans les ombres de la grotte et les ombres du passé. Sois multiple.
Ami·e, que tes découvertes soient extraordinaires...
- SolalCendre
- Messages : 20
Date d'inscription : 16/05/2021
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 22:45
Comme fuit l'arc-en-ciel qui pourtant ne se meut
Jamais plus que là où nos pas nous ont menés
Ma tête est pleine de couleurs à éclater
Je voudrais dire tant, mais il en sort si peu
Mon corps a tout compris, et ma tête est un chas
Qui ne laisse passer que ce qu'elle veut croire
Qui trouve dans les arbres d'étranges pouvoirs
Dans l'eau, dans l'air, dans l'homme, et ne les comprend pas
Le mot est inutile et l'excuse, fatale
Ils me brûlent la lèvre, je voudrais les dire
L'hêtre que j'enlace dit seulement : respire
Viens boire à mon écorce la messe pascale
Maintenant que j'ai bu, le hêtre a pris mes mots
Il les garde avec lui, noués en son tronc fibreux
Je les lui laisse bien, car ils me sont tous creux
Mon souvenir y tend, car ils lui sont si beaux
L'arc a tendu vers moi ses couleurs imbéciles
Je ne sais pas comment faire pour être bête
Faire un pas en avant et me couper la tête
Pour n'être plus qu'un corps marchant sur la presqu'île
Jamais plus que là où nos pas nous ont menés
Ma tête est pleine de couleurs à éclater
Je voudrais dire tant, mais il en sort si peu
Mon corps a tout compris, et ma tête est un chas
Qui ne laisse passer que ce qu'elle veut croire
Qui trouve dans les arbres d'étranges pouvoirs
Dans l'eau, dans l'air, dans l'homme, et ne les comprend pas
Le mot est inutile et l'excuse, fatale
Ils me brûlent la lèvre, je voudrais les dire
L'hêtre que j'enlace dit seulement : respire
Viens boire à mon écorce la messe pascale
Maintenant que j'ai bu, le hêtre a pris mes mots
Il les garde avec lui, noués en son tronc fibreux
Je les lui laisse bien, car ils me sont tous creux
Mon souvenir y tend, car ils lui sont si beaux
L'arc a tendu vers moi ses couleurs imbéciles
Je ne sais pas comment faire pour être bête
Faire un pas en avant et me couper la tête
Pour n'être plus qu'un corps marchant sur la presqu'île
- Pantouffe
- Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 22:46
Enoch et son corps de javelot et les cartouches d'émail en salve dans son rire. L'éclat d'onyx de ses yeux polis par le soleil et la peau de tambour sur ses muscles déliés. Ses cheveux en flaque de goudron dans l'eau câline de la rivière, et le rugissement de la cascade où la lumière tressait dans l'écume des cordes d'étincelles. C'était un jour bénie, embrassé de soleil. A cette époque, j'aimais Enoch et le vent était doux.
Cet été là les berges frissonnaient d'une tendresse particulière, et les canards somnolaient sur les pierres qui jaillissaient du courant, gavés de soleil et de poissons- il y'avait dans les arbres des oiseaux qui nous évoquaient autre chose qu'un repas. Un ciel clément lâchait sur nous de minces filets de vent aux mailles entrelacées de pollen. Le printemps s'attardait, promenant dans la brises des odeurs de champs de fleur ; les effluves de prairies tenues en laisse courraient d'un bout à l'autre de la vallée en s'emparant des nez tendues comme pour y déposer quelques baisers furtifs. On était ravis au coin d'un sentier par l'explosion florale qui pouvait débouler avec la moindre pichenette de vent. Je me souviens qu'à cette époque les fruits des vergers sauvages n'appartenaient à personne, et l'eau de la rivière bouillonnaient de têtards. Les enfants du village les attrapaient avec des épuisettes tressées par les plus grands, puis ils les jetaient à pleines brassées dans de grands bols dérobés aux cuisines. Les meilleurs pêcheurs se voyaient couvert de berlingots, de biscuits et et d'éloges. Une fois, ma sœur avait remporté ce titre et c'était mis en tête de garder la centaine de têtards qui lui avaient offert la victoire. Improbablement, en une nuit, ils avaient opéré leur métamorphose en grenouilles et avaient envahis la maison. C'était avant que l'on mange les têtards, puis les grenouilles. A cette époque, j'aimais le bruit de l'eau ; je n'en voulais pas à la rivière d'être simplement vide.
Avec Enoch, on se baignait en portant nos caleçons, mais moi, c'était les lignes ondulantes et crantées de son dos qui capturaient mes yeux. Je regardais danser ses omoplates, et ça me suffisait. Allongé dans l’herbe, j'étais tellement radieux que j’attirais les abeilles qui venaient se poser dans mes cheveux. J'aimais l'aimer, sans besoin de rien d'autre : c'était ma plus grand joie. J'attrapais ses sourires comme des quartiers de clémentine, plus doux que le soleil sur ma peau ou l'eau glaciale de la rivière- un voile plissé de soie liquide affolé par nos jambes. Quand nos orteils crépitaient ensemble au moment de se précipiter dans l'eau, je sentais qu'il n'y avait rien de plus important que ça. Être avec lui tout simplement, pour goûter aux grains de grenade de son rire, et en sa compagnie chahuter au pied de la cascade. Partager avec lui les fins d'après-midi suffisait à la vie. Cet amour, c'est ce qu'il y a eu de plus pur dans toute mon existence, avant et après le grand déferlement. C'était un amour sans faim, où il n'y avait que de la gourmandise, que du plaisir, que de bonnes intentions. A cette époque non plus je ne pensais jamais au lendemain ; mais le présent m’accaparait d'une toute autre manière.
(inachevé)
- Silver Phoenix
- Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 23:00
Il revient enfin, le petit oiseau.
Son chez lui, de nouveau flamboyant de beauté. Les immenses flammes consumant tout sur leur passage ont laissé place aux longs manteaux d’eau, d’une pure clarté jamais connue auparavant. Les nuages, alors noirs, si noirs, si lourds, si mortels, ont retrouvé leur belle blancheur, comme de la neige volubile dans le ciel. Les arbres, immenses, surplombent majestueusement tout ce carré de paradis de leurs grandes ailes de bois et de feuilles, ressuscités de leurs cendres tels des phénix de végétation.
Le jeune oiseau volète avec joie dans l’air, là où la fumée empoisonnait les alentours, s’insinuant dans les poumons pour ôter la vie. Ses plumes alors noircies sont redevenues brunes, parées de l’or des doux rayons du soleil.
Il chante avec ses compagnons, célébrant leur retour, insufflant plus de vie à leur foyer.
Qu’il est bon de rentrer.
Son chez lui, de nouveau flamboyant de beauté. Les immenses flammes consumant tout sur leur passage ont laissé place aux longs manteaux d’eau, d’une pure clarté jamais connue auparavant. Les nuages, alors noirs, si noirs, si lourds, si mortels, ont retrouvé leur belle blancheur, comme de la neige volubile dans le ciel. Les arbres, immenses, surplombent majestueusement tout ce carré de paradis de leurs grandes ailes de bois et de feuilles, ressuscités de leurs cendres tels des phénix de végétation.
Le jeune oiseau volète avec joie dans l’air, là où la fumée empoisonnait les alentours, s’insinuant dans les poumons pour ôter la vie. Ses plumes alors noircies sont redevenues brunes, parées de l’or des doux rayons du soleil.
Il chante avec ses compagnons, célébrant leur retour, insufflant plus de vie à leur foyer.
Qu’il est bon de rentrer.
- SolalCendre
- Messages : 20
Date d'inscription : 16/05/2021
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 23:00
- Malnir:
- Toujours un art de l'image que je trouve très agréable à lire. Le choix de ton champ lexical, les sonorités, les couleurs, ça crée un univers très synesthétique. J'ai plongé direct alors que pourtant, la science fiction ne me botte pas plus que ça. Là, tu en fais vraiment quelque chose de beau. Je crois que j'aimerais bien voir ce type de texte se développer pour devenir une aventure
- Silver:
- Une très jolie bulle de lumière et de paix. C'est naturel, ça coule, c'est très agréable à lire. Ca m'a mis de la fraîcheur dans le coeur. Merci
- Leer:
- Leer, ton texte m'a fait mouiller les paupières. J'aime beaucoup la manière dont tu opposes, à la noirceur du début, la lumière, l'amour, le réconfort de la seconde partie. C'est un thème qui m'est cher, que cette complétude. Tu écris ça avec beaucoup de douceur, et surtout, en quelque sorte, avec des mots du corps. C'est tout le temps le corps qui parle, et j'aime beaucoup ça. Tu ne pars jamais dans quelque chose d'abstrait. Mention toute spéciale à la première partie, où les mots résonnent entre eux, se complètent, les allitérations, les assonances... Bravo !
- Ziel:
- C'est rigolo ! J'ai beaucoup (sou)ri en te lisant. C'est frais, tu ne te prends pas la tête. J'ai bien aimé être dans celle de ce piaf. Tu le fais vivre, il virevolte, comme sa pensée. Je ne te connais pas encore, mais j'ai l'impression d'y voir un peu de toi Je crois que j'aurais même aimé que tu ailles encore plus loin dans le côté argot/langage familier, ça lui donnerait une sacrée dégaine, à ton piaf
- Leer
- Messages : 171
Date d'inscription : 16/08/2018
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Jeu 7 Oct 2021 - 23:25
- SolalCendre:
- J'ai trouvé ce poème doux et inspiré, il m'a parlé. Je n'ai remarqué les rimes qu'à la dernière strophe qui me semblait plus maladroite. J'aurais besoin d'une brève explication de cette dernière strophe, et aussi de ce que c'est que la messe pascale (mots charmants dans ce contexte). Tout ce début était tendre pour moi.
- Ziel:
- Je suis transpercé de mignonnerie. Ce petit oiseau tout bavard est adorable. C'est marrant, on dirait que tu t'habitues à cette touche enthousiaste et follette comme une touche perso. Le dernière ligne m'a mis le cœur au bord des yeux.
- Pantouffe:
- Tu es plein de surprises mon garçon, comme ton corps de javelot et ces cartouches d'émail en salve dans ton rire... Ce premier paragraphe m'a renvoyé à ma première fois avec une force inattendue. Le deuxième était empli de joies qui m'ont gonflé le cœur, et j'en ai voulu aux dernières lignes d'instaurer un tel revirement. Au dernier paragraphe j'étais heureux de retrouver à nouveau les joies, les quartiers de clémentine et les grains de grenade étaient si précisément CA. Je m'attendais à ce que le revirement revienne et ça n'a pas manqué, tu m'as perdu à partir de l'amour comme étant le plus pur. On devrait faire plus souvent ce genre de thème, je ne t'avais jamais connu cette fibre de bonheur et elle vibre !
- Silver:
- Un joli texte de phénix ! Ca me rappelle un jeu, Magical Starsign. Il y est question d'une forêt qui brûle et renaît de ses cendres.
- Pantouffe
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Age : 28
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Ven 8 Oct 2021 - 0:13
- Malnir:
- DE LA SF. Ad aurai-il fait vibrer une corde enfouie ?
J'aime beaucoup l'idée de la cascade gélatineuse ! J'ai trouvé que c'était confus au niveau des personnages, je n'ai pas retenu grand chose d'eux, de leur position, de leur nom, de combien ils étaient, mais j'aime bien l'ambiance, ça me rappelle beaucoup un livre de mon enfance (la jungle rouge, un tome de Peggy Sue) avec toutes ces bestioles et cette nature détraquée ! Je ne m'attendais pas du tout à ça, et j'ai été surpris quand la première bestiole improbable a été évoquée. Il y'a quelques descriptions qui ont titillé mon sens esthétique/mon goût pour le charnel, avec les arcs-en-ciel ruisselants, la faille, la cascade ; le reste, c'était le plaisir de voir le thème tourné de cette manière, dans un univers de sf déjà, ensuite en choisissant de faire du lieu décris un endroit hostile et désagréable, en le comparant à un lieu somptueux mais... Vide et rocailleux, et présenter ça comme un vrai paradis en comparaison du paysage pourtant luxuriant et plein de vie où évolue le narrateur. Je me suis laissé totalement convaincre d'ailleurs par la description de cette autre planète qui a pourtant une étrange atmosphère inquiétante de grande maison vide pleine de marbre- mais des lichens qui se mangent et ont des goûts différents ? Je veux tester ça.
C'est un texte cool et surprenant- avec sa petite touche d'humour (le narrateur qui veut une faune bien rangée), sa petite touche de beauté, et sa petite touche d'onirisme tout à lui. J'aime bien ce mélange harmonieux de petits éclats qui apportent chacun quelque chose d'agréable.
- Ziel:
- On peut dire que ce narrateur est... Bavard comme une pie :'DDDDDDDD. Son enthousiasme est communicatif mais a finis par me perdre, et j'avoue avoir plané ( ) pendant une partie du texte, j'étais complètement perdu et je n'arrivais plus à suivre ce qui se disait. Je ne m'attendais pas DU TOUT à ce que ce soient des oiseaux et c'est un détail d'autant plus rigolo qu'après il parle d'escalade et de spéléologie ???? QU'EST-CE QUE QUOI. J'ai accepté de suspendre intensément mon incrédulité pour profiter des divagations de l'oiseau bavard et de sa joie de vivre (et de sa nervosité, il a l'air tout fébrile le petiot). Y'a quelques passages vraiment jolis avec les eaux pleines de chaudes lumières, les troncs évidés plein de brumes, mais c'était TELLEMENT en fracture avec le reste qui est écris dans un style très parlé que j'ai complètement butté dessus ; j'apprécie vraiment ces images en tant que telles, mais dans le texte, ça m'a fait bizarre.
Au début je l'imaginais avec la voix de l'âne dans Shrek (pardon)
C'est un bout de voyage sympa et frétillant, avec un brin de mélancolie flottante, surtout sur la fin je trouve.
- Leer:
- C'est drôle parce-que j'ai faillis écrire mon texte au neutre aussi (alors que ça m'arrive jamais), au moment de parler des enfants qui chassent les têtards mon premier réflexe a été de passer au neutre et d'hésiter entre "celuiel" et "celleceux", puis finalement j'ai abandonné parce-que j'avais déjà du mal à me concentrer.
Je vais être très bordélique dans mon commentaire parce-que je commence à fatiguer.
"Aux prairies qui semblent éternelles
Et probablement, le sont"
Je trouve cette virgule super bien placée pour donner de l'emphase à la probable éternité des prairies- ça la rend vraie au-delà de la possibilité évoquée, ça l'affirme, juste par le rythme.
Il y'a un air de chanson de Jean Ferrat ou de George Moustaki, ou d'une créature mutante qui serait un mélange des deux- un petit air de guitare un peu ensoleillé dessus, très léger, ça irait bien, pour évoquer un crépuscule chaleureux. Malgré l'aspect solennel appuyé par la mise en page et le fait que ça parle d'un départ (au début j'ai cru à une mort), je trouve qu'il dégage une joie et un espoir serein. C'est plein de calme certitude et de chaleur, à tel point que je sais pas si c'est la vallée qui chanteparle pour la personne qui part ou une personne à part entière (alors qu'il y a des signes clairs que c'est une personne, comme l'étreinte évoquée à la fin)(mais dans mon ressenti ça pourrait aussi être la vallée quand même malgré cette information logique)
Des belles choses, les couleurs qui bruissent, le feu qui change de goût, les ruisseaux qui semblent rapporter la présence de l'absent (pour moi c'est symbolique parce-qu'on a une tradition dans la famille, quand quelqu'un part en voyage on jette un verre d'eau derrière lui pour qu'iel revienne, je sais pas pourquoi mais je trouve que ça fait sens), l'aube brisure, le jour qui attend la personne qui part de l'autre côté de l'ombre.
C'est tout réconfortant et tendre ; je m'attendais à te voir écrire un texte beaucoup plus vivide avec ce thème, et en fait... C'est juste calme et posé avec un sentiment d'une voix affectueuse qui souhaite un bon voyage à quelqu'un- et sur la fin, ça pourrait être le lecteur.
En fait, je viens de me rendre compte que ce texte m'évoque Hélène. Et ceci est un grand compliment. Une tranquille bouffée de chaleur pleine d'espoir et de confiance, malgré une écharde de tristesse.
- Solal:
- J'AI UNE THÉORIE. C'est la presqu'île imaginaire. C'est tout.Ça m'évoque ça parce-que ce texte me rappelle beaucoup des états d'esprits que j'avais il y'a quelques années, avant de perdre toute connexion avec certaines croyances irrationnelles, mais qui rendaient le monde plein de magie et plus rassurant. J'associe le moment où j'ai perdu ça avec une certaine perte d'innocence et il y'a quelque chose dans ce texte qui m'évoque des états d'âme de cette époque (enlacer des arbres, sentir une énergie qui vient d'eux, "graver" des mots dans des endroits comme si l'idée/sentiment pouvait être conservé dans le lieu si un transfert s'effectuait, avoir la tête complètement remplie et fourmillante, et à la fin souhaiter aller sans sa tête et juste avec son corps ; à l'époque je dissociais encore beaucoup de mon corps donc j'aurais voulu être juste un pur esprit et je voyais le corps comme un simple contenant casse couille ; mais ça allait de pair avec un ravissement absolue pour certaines sensations précises qui constituaient le summum de la sensualité, comme se laisser transir de froid, profiter de la pierre ou du goudron chaud, gratter des trucs friables, toucher des textures intéressantes ; et par la suite, quand j'ai commencé à reconnecter avec mon corps, j'étais soulagé quand je trouvais une occupation quelconque focalisée sur des sensations pour ne plus avoir à penser et quitter le constant brouhaha de mon esprit) (j'ai utilisé les points virgules n'importe comment oui) BREF. Ça me renvoie à une certaine époque point-de-bascule où ma façon de ressentir le monde a complètement changée, du coup sur la toute fin, j'ai vraiment pensé directement "c'est la presqu'île imaginaire ! C'est une presqu'île parce-qu'elle est quand même reliée au monde des adultes, et il n'y a que le corps qui peut y marcher parce-que la tête pense trop"Du coup tout a fait sens dans cette direction particulière à la lecture pour moi. J'ai mis du temps à remarquer qu'il y'avait des rimes régulières ! Je ne m'en suis aperçu qu'à la deuxième lecture ; ça ne m'a pas gêné, le plus important pour moi c'est le rythme, et je l'ai trouvé même sans les rimes.J'aime l'image des couleurs à éclater, et celle du tronc fibreux noué de mots, et la toute dernière qui s'enchaîne très bien, la tête coupée puis le corps qui marche tout seul. A la fois je trouve ça très violent comme image de fin, et à la fois... Très doux ? C'EST BIZARRE. Violent parce-que ça évoque une pulsion destructrice ou morbide, mais doux parce-que présenté comme ça, j'imagine juste la tête continuer de vivre et de babiller en montant vers les nuages ou en tournant dans le brouillard, pendant que le corps va vivre des aventures- et que chaque partie y trouve son compte.J'ai beaucoup aimé.
- Silver:
J'ai pensé au dernier segment de Fantasia 2000 :
Ce qui est un abominable coup en traître, parce-que ceci est MON ENFANCE. (moins que le premier fantasia, mais mon enfance quand même)
Il y'a un ton que je t'ai rarement vu ! J'ai du mal à nommer ça, alors je vais lui donner un nom très nul : il y'a un ton de daron.
C'est dans ce "le petit oiseau" et "qu'il est bon de rentrer", que je ne peux pas entendre autrement qu'avec une voix chaude, un peu malicieuse et tendre. Pour une quelconque raison, ceci est le ton du daron, et ça fait histoire de la nuit des contes qui se raconte de vive voix.
J'ai trouvé la comparaison avant/après un brin trop appuyée, à un moment ça a fait ressortir la ficelle de manière trop visible pour moi, et c'est dommage parce-que je pense que le texte appelle plutôt à la subtilité, la légèreté et la douceur, pour aller en glissant avec le vol de l'oiseau- ce qui est bel et bien le cas pendant une partie du texte.
J'aime beaucoup l'image des manteaux d'eaux et des ailes de bois et de végétation. J'aurais voulu encore plus de descriptions de cette nature revivifiée, c'était joli !
- ziel
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Date d'inscription : 12/09/2020
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Ven 8 Oct 2021 - 0:34
- Silver:
- idée forte intéressante que de construire ton texte sur le retour d'oiseaux après un cataclysme, en mélangeant les sensations de vie, de respirations et ceux de brûlures et d'étouffement, j'aime beaucoup cette manière d'utiliser la balade, la légèreté pour évoquer quelque chose de difficile. mais j'ai bloqué sur les rythmes de ton textes. j'ai l'impression que tu t'es empêtré dans tes oppositions. Quand tu décris le feu c'est poisseux et on sent bien le malaise qui s'en dégage, par contre tu rédige le retour au nid avec beaucoup de comparaisons, et pendant la lecture, ça m'a semblé très lourd. J'ai trouvé ça dommage, je trouve que ça empêche à ton texte d'être présent, de respirer et de pleinement nous faire ressentir ce que t'a voulu nous partager
- SolalCendre:
- "Pour n'être plus qu'un corps marchant sur la presqu'île" c'est une sacrée image que me marque bien la rétine !
j'aime beaucoup les poésie ! ça me happe, et je m'en fiche de pas tout comprendre du premier coup quand les images me portent. je rigole tout seul car je me rend compte que ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas été confronté à un poème à structure classique (école d'art quand tu nous tiens !) si bien qu'il m'a fallu deux relecture avant d'être de nouveau à l'aise dans la lecture x) alors merci pour cet écrit, t'a réussi à ce qu'il ne sonne pas ampoulé et figé (parce que ce genre de structure très codifié, ça peut vite sonner mort, en tout cas ça me semble plus compliqué pour jouer avec les rythmes), mais là t'arrive à transmettre des images très vivantes
- Pantouffe:
- woooo, c'est délicat et très doux comme impression de lecture, le souvenir d'un amour disparu, plein de légèreté et de sourires, envie d'y être et de flotter au milieu de ces deux perso, être bercé par l'eau et cette ambiance tellement pipou et câline
- Malnir
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Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Sam 16 Oct 2021 - 16:37
- Ziel:
- Ziel, ton texte (ou plutôt le monologue du zozio trop bavard, avait des vibes de rap, vas savoir pourquoi. Un côté enfant de dix ans employant des expressions trop vieilles pour lui (et en surnombre) (après, bonjour les...). C'était très cohérent comme façon de s'exprimer, pas de relachement pour un style plus sobre, chapeau !
- Leer:
- Très beau poème je trouve, plein d'une grand noblesse ou solennité. Mention spéciale à
"Il restera toujours sous tes ongles, un peu de notre mousse
Dans ta gorge un peu de nos boissons
Sous tes yeux un peu de nos chansons"
En revanche, j'avoue que l'usage du .e à ami.e m'a un peu fait comme une secousse dans la lecture ; j'ai pensé que s'il avait été possible d'exprimer la même chose avec un autre procédé (comme tu le fais avec le ae) ça aurait été cool. Mais ça tu le choisis pas. Damned, à quand le vrai neutre ?
- SolalCendre:
- Comme toujours, d'un grand ciselé. On ressent l'aspect profondément musical que tu peux insuffler dans tes créations. Voilà de la fine étoffe littéraire.
- Pantouffe:
- Un texte lumineux, charnel et pleins d'allégresse. COMMENT PEUX TU NE PAS T’EMPÊCHER D'Y GLISSER UNE DOSE DE DÉPRIME ? Toutes ces SOURNOISES insinuations comme quoi tout ça est fini. Je t'avoue être presque soulagé que tu n'ai pas eu le temps d'aborder l'évènement qui viendrait défaire tout ça. Cet élément mis à part, on est sur un petit bijou, qui prouve que tu sais être gentil. On aimerait mieux connaitre Enoch.
- Silver:
- Ton texte était poétique là où il fallait, et avait à mon sens l'élégance et la simplicité requise pour qu'on ressente pleinement l'émotion que tu évoquais. Mention à : "Les arbres, immenses, surplombent majestueusement tout ce carré de paradis de leurs grandes ailes de bois et de feuilles"
Tu réussis à évoquer l'incendie sans qu'on en ressente l'aspect négatif, et là encore c'est très agréable !J'ai songé à l'oiseau de feu, dans le dessin animé de Disney, aussi
- Silver Phoenix
- Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26
Re: CC N°Leer est un être abominable voulant du mal à mon coeur sombre
Sam 16 Oct 2021 - 22:43
- Malnir:
- Cool, de la SF ! Le vocabulaire scientifique est équilibré dans ton texte, c'est pourtant un type de vocabulaire difficile à manier je trouve vu qu'il peut paraître lourd (le terme "microbiote" par exemple est utilisé de manière pertinente). Le contraste entre le style de journal de bord scientifique et celui je dirais "poétique" m'ont mis dans l'ambiance sans souci. Ça me fait un peu penser à Mass Effect et tu m'as redonné envie d'y jouer même si je n'ai pas trop de temps x)
Aussi : "… aussi fascinant et merveilleux que profondément épuisant et agaçant.". J'adore cette phrase. Elle est parfaite.
- Ziel:
- Pendant la lecture, j'ai imaginé l'oiseau piailler frénétiquement au lieu de dire des phrases et ça m'a fait rire x) alors, c'est très vivant, l'utilisation éparse de la ponctuation est une très bonne idée de style. L'oiseau qui divague à mort et s'extasie pour tout et n'importe quoi, et dit en même temps des phrases plutôt jolies et élaborées, presque alambiquées, ne m'a pas trop perdue. La fin est abrupte, mais appropriée. Cependant les termes comme "spéléologie" ou "urbex" me paraissent trop… "humains" ? Bon en tout cas j'ai bien aimé ton texte, j'ai envie de le jouer comme une pièce de théâtre ^^
- Leer:
- C'est un très beau poème ! C'est d’une douceur mélancolique. Je ressens bien tout l'amour et l'affection portés envers l'ami.e. Les images évoquées sont très belles et me font penser à l’image du thème. La mise en page est pertinente (usage de l'italique pour le côté nostalgique notamment). Je me suis pas mal arrêtée à "Aux prairies qui semblent éternelles et probablement, le sont" et “Ami·e, ton absence est une présence qui nous unit et raffermit notre amour” . Il y a beaucoup de délicatesse dans l’écriture.
- Solal:
- J’ai beaucoup aimé ce poème, certains vers m’ont laissé une forte impression, notamment les derniers : “Faire un pas en avant et me couper la tête pour n'être plus qu'un corps marchant sur la presqu'île”. Dans l’ensemble, j’ai trouvé le poème assez brutal et en même temps c’est écrit avec finesse. A noter que j’ai aussi lu la version que tu as posté sur Discord, que j’ai ressenti assez différemment, peut-être plus “mécanique” je dirais. Je ne sais pas trop quelle version je préfère à vrai dire x) Le mot “bête” est utilisé de manière franchement intelligente.
- Pantouffe:
- Ce texte est tellement frais et léger. C’est doux et sensuel, nostalgique et tendre. J’aime beaucoup comment tu évoques plus les sensations apportées par le paysage que le paysage lui-même (je ne sais pas si ce que j’écris est clair x) ) et ça m’a fait du bien. Plusieurs phrases m’ont fait impression comme “J'aimais l'aimer, sans besoin de rien d'autre : c'était ma plus grande joie.”, ou rien que le début du texte. Si jamais tu continues ce texte, j’aimerais bien en lire la suite ^^
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