Demain, y'en a plus.

C'est râpé !

Pourquoiiiiii ne faut-il pas se diviser ?
Pourquoi ne pas en deux ?
Pourquoi les cheveux en un seul bloc ?
Je veux surfer sur des routes de spaghettis !
Manger des bigorneaux à pleine coquille !
Je veux des pneux, des gros et noirs ! Caoutchouteux !
Mon âme ne lassera-t-elle jamais de se faire démembrer ?
Il faut de l'ange, il faut de l'ange !
Jusqu'à l'envers du soleil de miel, de la lune de plomb !
Qui sait si les canards sont faits pour voler ?
Nous sommes tous, toutes, emblématiques des secrets du phénix. Puisse mon chargeur être fécond. Puissent les câbles entrelacés, surprendre la splendeur d'un caca nerveux empêtré dans l'allégorie. Nous ne voulons plus, nous ne demandons plus, de grâce.
Nous sommes en fait, tous, un, et tous nous voulons la même chose : des choses différentes.
Le pigment se dissout mais la brique casse.
Un humain se dissout et un humain se casse.
Je me casse.
Mon utilité est cernée par des poulpes cracheurs de lignes à haute tension.
L'enfer est sous mon orteil gauche, je me suis mis le Paradis sur l'oreille.
Frétillante, la langue de ma partenaire ébauche un rond de jambe, nous ne voulons plus, ne quémanderons plus, nous implorerons désormais autrement. Peu importe l'opprobre casse-couille des générations de tous livres aux radiateurs en panne de saumon.
Nous ne voulons pas, mais nous ne savons pas.
Seul, dans la nuit seule, nous haletons.
Qui d'autre ? Le pilon et le bol, un être cornu s'élève en contre-jour.
Deux bougies brûlent sur mes paumes. La larme de l'ange sur le plancher, acide, compromet les idéaux d'un nouveau jour correct. La lavande cramoisie de la fenêtre immense avale mon estomac sans compromis. Frime l'hiver. Il ne viendra aucun frère. Sorguevoix, sombre plaine, que ne tries-tu tes déchets ? L'oraison des éclats se fait sans lunettes en ce pot de paillettes. Nous voulons.
Nous demandons.
Nous voulons.
Nous demandons.

Scène coupée:

Vivement demain.

Ses pensées résonnent trop fort dans son crâne. Elles s’agitent, hurlent comme une nuée d’oiseaux affolés s’envolant vers de plus sûres contrées. Il y a tellement de choses, c’est épuisant.

Un soupir trouble s’échappe des lèvres d’Emma, pour la énième fois de la journée. Cette manie de soupirer, de rage, de tristesse, de frustration. De fatigue. Comme si elle brassait du vent.

Vivement demain.

Ça va toujours mieux après une nuit de sommeil. Même infestée de cauchemars, vu qu’ils ont au moins le mérite de matérialiser sa douleur. C’est cathartique. En attendant, le somnifère qu’elle a ingéré tout à l’heure devrait veiller à dissoudre un peu ses pensées. Ses doigts agrippent les draps, frottent les tissus encore imprégnés de la fraîche odeur de lessive. Son nez plongé dans son oreiller, les paupières closes, pour mieux y ressentir le confort. La couverture logée entre ses mollets, sinon elle aurait trop chaud.

Tout ce qu’elle veut, là maintenant, tout de suite, c’est dormir. Voyager dans une réalité parallèle forgée par son propre cerveau. C’est étrange, les rêves, quand on y pense. Elle se souvient avoir lu un article dessus, et avoir été subjuguée par la complexité du sujet. Déjà qu’on ne sait pas pourquoi on dort d’un point de vue biologique, ça nous permet en plus de vivre des choses affranchies des lois de l’Univers !

Ah. Cette pensée-là en particulier apaise légèrement sa tête endolorie. Elle se recale dans son lit, sur le dos cette fois, pour ne pas ankyloser son cou. Non, peut-être en position fœtale ? Oui, ça va mieux.

Vivement demain.

Désormais bien lovée dans ses draps, Emma laisse le sommeil l’envahir. Demain, ça ira mieux. Purgée de ses anxiétés.

Demain, il n’y en aura plus. Au moins pour quelques précieuses heures.

Quand on regarde la haut, on ne voit rien, que les nuages le ciel bleu la pluie, les étoiles et les astres.
Bien sûr, il est tout à fait sain de n’avoir en vision que ce décor. D’ailleurs, bien que ce soit toujours les mêmes éléments, il est en permanence changeant et ainsi différent.
D’où je suis, mon émerveillement ne se fait pas en levant les yeux en l’air mais bien en baissant la tête, en regardant vers le bas. Ce ne sont pas des étoiles, des nuages changeant de forme ni même des orages que je vois, mais des humains. Des tas d’humains. Et je dois dire que vous me fascinez énormément. Vous avez cette obstination à engloutir toujours plus.
Alors par curiosité, j’ai dit moi aussi. Là où je suis, à droite comme à gauche, à part des nuages, il n’y a rien. Mes plumes… J’ai commencé à manger mes plumes.
…
Une plume
…
Deux plumes
…
Cinq plumes
…
Trop de plumes pour les conter *

Dans le silence de la pénombre, pas celle de la lumière, mais celle que l’on retrouve en soi dans certain moment de doute, de confusion, où l’on se pose la simple question de « Pourquoi ? » de « pourquoi avoir fait avoir fait telle ou telle chose ? » je me retrouve, seul, sans plume, avec un étrange gout sur l’estomac. Encore une expérience dont je me serai bien passé. N’ayant plus de plume à manger, ayant pris pour exemple votre surconsommation, demain, de quoi ravirais-je mes ailes, sans plume ?

Plus d’plume

*il n’y dans le mot « conter », aucune faute d’autographe, je préférais employer un terme de narration plutôt qu’un terme de « calcul » :p )