- Leer
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Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 21:38
et non pas : colonnes.
- SolalCendre
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Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 22:24
Ça n'a l'air de rien, cet oiseau que l'on mime en croisant les mains.
On tourne les paumes miroirs devant soi, on croise les pouces, et voilà !
Il est là, on le voit, avec les grosses plumes de nos doigts.
Mais ce ne sont déjà plus nos doigts, ce ne sont plus nos phalanges.
Ce ne sont plus la lourdeur effroyable de notre chair que l'humus appelle.
Ce sont les rémiges légères, le duvet soyeux, les espaces graciles laissés entre les plumes.
On pourrait même, si on le voulait, agiter chacune de ces plumes sans les autres.
Alors chacune d'elle devient un monde, une aile à elle tout seule ! Un univers.
Envolons-le, voulez-vous ? Levons ses ailes, abattons son ramage.
Nous voilà partis ! Et voyez, une simple poussée et nous sommes suspendus au train de cet oiseau herculéen qui tracte sans effort la lourdeur de notre corps.
Surtout ne séparez pas vos mains. Qui sait ce qui pourrait advenir ?
Attendons d'être revenus de notre folle idylle, à une altitude acceptable.
Et si l'on le veut, l'on replie à chaque mouvement un peu les doigts.
Et les ailes ondulent.
Quel étrange oiseau.
Mais cela ne nous dérange pas le moins du monde. C'est le nôtre.
Notre oiseau toujours libre de se faire, de se défaire.
De naître et mourir pour toujours renaître.
Il suffit pour cela de tourner nos paumes, de joindre nos pouces, et voilà !
C'est la liberté au bout de nos mains.
On tourne les paumes miroirs devant soi, on croise les pouces, et voilà !
Il est là, on le voit, avec les grosses plumes de nos doigts.
Mais ce ne sont déjà plus nos doigts, ce ne sont plus nos phalanges.
Ce ne sont plus la lourdeur effroyable de notre chair que l'humus appelle.
Ce sont les rémiges légères, le duvet soyeux, les espaces graciles laissés entre les plumes.
On pourrait même, si on le voulait, agiter chacune de ces plumes sans les autres.
Alors chacune d'elle devient un monde, une aile à elle tout seule ! Un univers.
Envolons-le, voulez-vous ? Levons ses ailes, abattons son ramage.
Nous voilà partis ! Et voyez, une simple poussée et nous sommes suspendus au train de cet oiseau herculéen qui tracte sans effort la lourdeur de notre corps.
Surtout ne séparez pas vos mains. Qui sait ce qui pourrait advenir ?
Attendons d'être revenus de notre folle idylle, à une altitude acceptable.
Et si l'on le veut, l'on replie à chaque mouvement un peu les doigts.
Et les ailes ondulent.
Quel étrange oiseau.
Mais cela ne nous dérange pas le moins du monde. C'est le nôtre.
Notre oiseau toujours libre de se faire, de se défaire.
De naître et mourir pour toujours renaître.
Il suffit pour cela de tourner nos paumes, de joindre nos pouces, et voilà !
C'est la liberté au bout de nos mains.
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- Malnir
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Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 22:34
Je me souviens de ce bois de bouleaux dévalant la colline face à moi, jusqu’à la mer. Le ciel était embrasé par le soleil couchant, je lui faisais dos dans ma petite chaloupe, à ramer avec mollesse. J’arrivais sur la plage de galets alors que tout s’affadissait dans les tons pastels et sombres de la nuit. Les troncs blafards des arbres semblaient presque luire dans l’obscurité. J’ai allumé une lanterne, et je me suis enfoncé dans le sous-bois avec mes quelques compagnons. Pas bien loin ; nous trouvions une clairière abritée du vent marin, qui était frais en ce début d’automne, et nous installions un bivouac tout ce qu’il y a de plus réconfortant. Le feu crépitait joyeusement. Alors que je m’enroulais dans ma couverture pour m’endormir, j’entrapercevais Jaerling plaisanter avec Osiander et croisant ses deux pouces, et déployant ses autres doigts, il s’amusait à projeter sur le sable de la clairière l’ombre d’un gigantesque oiseau. Et Osiander l’imita de bon cœur. Je sortais un moment de ma torpeur pour les accompagner un moment et nos rires retentirent dans la nuit, effrayant les chouettes sinistres. Je crois que, comme je m’endormais cette fois ci définitivement, Osiander et Jaerling s’embrassaient à perdre haleine.
Les années ont passées. Jaerling gît maintenant dans son cercueil, et nous sommes là, Osiander, moi, plantés devant lui, à ne savoir quoi dire, dans les ombres mouvantes d’une nef dont les murs sont éclaboussés par les feux de nombreux cierges. Osiander a les yeux rougis et secs d’avoir trop pleuré, et demeure le dos courbé. Je ne sais pas comment le réconforter. Jaerling était son compaing depuis cette fameuse nuit dans la clairière. Mais comme le temps passe, que je me torture la cervelle pour trouver le mot, le geste qui l’aiderait, j’ai soudain une intuition. Justement, sans un mot, je lève mes deux mains et leur ombre démesurée s’élance sur le mur derrière la dépouille. Elle fait doucement battre ses ailes et s’élèvent vers la voûte. Osiander, à côté de moi, frémis. Je vois un second oiseau apparaître au bas du mur et monter à la rencontre du miens. Une joie triste s’empare de moi. Jaerling me paraît sourire, et son visage livide paraît plus serein. On croirait presque qu’il dort.
Les années ont passées. Jaerling gît maintenant dans son cercueil, et nous sommes là, Osiander, moi, plantés devant lui, à ne savoir quoi dire, dans les ombres mouvantes d’une nef dont les murs sont éclaboussés par les feux de nombreux cierges. Osiander a les yeux rougis et secs d’avoir trop pleuré, et demeure le dos courbé. Je ne sais pas comment le réconforter. Jaerling était son compaing depuis cette fameuse nuit dans la clairière. Mais comme le temps passe, que je me torture la cervelle pour trouver le mot, le geste qui l’aiderait, j’ai soudain une intuition. Justement, sans un mot, je lève mes deux mains et leur ombre démesurée s’élance sur le mur derrière la dépouille. Elle fait doucement battre ses ailes et s’élèvent vers la voûte. Osiander, à côté de moi, frémis. Je vois un second oiseau apparaître au bas du mur et monter à la rencontre du miens. Une joie triste s’empare de moi. Jaerling me paraît sourire, et son visage livide paraît plus serein. On croirait presque qu’il dort.
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- Leer
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Date d'inscription : 16/08/2018
Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 22:36
He never talked about how far we went. Or about the weather.
We just walked.
His left foot made a sound and his right foot echoed.
After a while I figured their noise weren't quite the same. Limping... Maybe.
By the firelight. His face like it was moving ! With his eyes always down. Couldn't ever know when he fell asleep... As soon as he threw the last peeling of meal in the blaze, he statufied like that. The heat and cold licking at me turned my head and made me fall to the ground.
Any sound ? My eyes opened blurry. They would hurt -because of our earthly personal sun. His hands. First vague glimpse. Would tell me all I needed to know. Sometimes carving wood. Cause of the noise. Sometimes calm and peaceful, like a sleeping dove. Sometimes reaching for something and moving up and out of sight. I'd be standing clear-minded in a breath.
We packed up in the morning.
We left, then left again. Keep tumbling, like the earth.
When I think about it, I hated those days so much, but then I love them so. Like two souls -one body. I guess it's much like the water. We breathed together for so long. At some point we grew a... something. Conscience of some sort.
Anyway.
Come a point, we didn't have much to eat, so. You know how it goes. I managed.
And here we are.
His eyes though, these were a miracle. So sleepy and vivid. They were clear blue. The way he would chop food like he had a revenge. The precise order in which he packed his bag. That sideway-smile that popped when he was actually right. His old trousers that stinked because he barely ever washed them. Because he, barely ever, left them. The little remarks he gave to my talk, that showed whenever he cared at all. That man was something. He, at least, was something more than food.
I dried and kept one of his hands.
It feels like it'll caress me if any danger's coming.
We just walked.
His left foot made a sound and his right foot echoed.
After a while I figured their noise weren't quite the same. Limping... Maybe.
By the firelight. His face like it was moving ! With his eyes always down. Couldn't ever know when he fell asleep... As soon as he threw the last peeling of meal in the blaze, he statufied like that. The heat and cold licking at me turned my head and made me fall to the ground.
Any sound ? My eyes opened blurry. They would hurt -because of our earthly personal sun. His hands. First vague glimpse. Would tell me all I needed to know. Sometimes carving wood. Cause of the noise. Sometimes calm and peaceful, like a sleeping dove. Sometimes reaching for something and moving up and out of sight. I'd be standing clear-minded in a breath.
We packed up in the morning.
We left, then left again. Keep tumbling, like the earth.
When I think about it, I hated those days so much, but then I love them so. Like two souls -one body. I guess it's much like the water. We breathed together for so long. At some point we grew a... something. Conscience of some sort.
Anyway.
Come a point, we didn't have much to eat, so. You know how it goes. I managed.
And here we are.
His eyes though, these were a miracle. So sleepy and vivid. They were clear blue. The way he would chop food like he had a revenge. The precise order in which he packed his bag. That sideway-smile that popped when he was actually right. His old trousers that stinked because he barely ever washed them. Because he, barely ever, left them. The little remarks he gave to my talk, that showed whenever he cared at all. That man was something. He, at least, was something more than food.
I dried and kept one of his hands.
It feels like it'll caress me if any danger's coming.
- spoiler:
- "Our hands like doves" to me is something that the narrator has in mind during this ; it comes and goes entertwined with the rest of it. It's about the memories of sex that he tells us about under his breath by the sentence about pants that "he, barely ever, left". These times were most of the time fondly remembered by him,... unsurprisingly.
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- SolalCendre
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Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 22:49
- Malnir :
- J'aime beaucoup. C'est simple, et tous les éléments que tu mets en jeu - le paysage, les sensations, l'atmosphère - sert ce que tu as à dire. J'aime beaucoup surtout la simplicité du geste que tu mets en scène, qui a tout d'enfantin et qui ne l'est pas. En particulier son retournement dans le dernier paragraphe. Je ne sais pas si c'est le cas, mais j'ai l'impression que c'est la première fois que je lis de toi un texte d'une telle sensibilité.
- Leer:
- I had to read your text twice, and even so, I'm not certain to understand everything. It's difficult for me to fully understand familiar language in english. I sensed a really cool atmosphere, and the last trick made me smile, like "Hehe, I saw it coming !". I like it, when you write in another language. It suits you well.
- Silver:
- J'aime beaucoup la douceur de ce que tu écris, c'est très délicat. Un peu à l'image des plumes que tu décris. J'aime beaucoup aussi la façon dont tu cisèles la page, les retours à la ligne, les mots mis en avant. C'est très sensible, et j'aime beaucoup ça. Je ne suis pas sûre d'avoir compris le fin mot de l'histoire, mais je crois ne pas avoir tous les éléments...
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- Leer
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Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 22:53
- SolalCendre:
- Ca ne m'a pas énormément parlé parce que j'ai passé une partie du "voyage" à image la position stupide qu'on aurait si on commençait à marcher partout en se laissant entraîner par cet oiseau. Parce que pour qu'il ait le ventre du côté du sol ça nous entraîne par derrière, du coup on est en déséquilibre et on voit pas où on va. Donc ceci avec un air pressé parce que "c'est l'oiseau qui vole et nous entraîne de ses ailes puissantes ! Suivons-le !" Ca donnaît dans ma tête quelque chose de cocasse et pas du tout poétique. Sur la fin je me suis dit qu'encore une fois tu nous avais fait un petit voyage hypnotique mais du coup ça n'a pas pris de la manière intentée avec ma cervelle d'enfant malicieux.
- Malnir:
- Si ton personnage est en train de ramer dans sa chaloupe, il est dos à là où il va, donc il ne voit pas la terre J'ai bien aimé les troncs qui semblent luire dans l'obscurité et la lanterne, ambiance pirate et exploration olala !
Petit problème de temps par la suite, Il s'enfoncent dans le bois. "Pas bien loin ; nous trouvions". J'ai envie de t'appeler en vocal pour en parler parce que la flemme d'expliquer par écrit. Si t'as le temps à un moment, et puis ce sera l'occasion de discuter.
Le passage où ils "rient à perdre haleine" parce qu'ils font des oiseaux avec leurs mains ne m'a pas convaincu-e sur le plan niaiserie, bien que la douceur des moments soit palpable et m'ait atteint-e. La fin de cette nuit avec les deux qui s'embrassent à perdre haleine m'a emportae parce que trop de mignon et de douceur dans toute cette scène. Le contraste avec les chouettes (et la forêt) à partir de "retentirent" est talentueux.
Rien à dire sur le dernier paragraphe à part que je m'attendais pas à ce dénouement et il est très tendre, encore une fois plein de talent et de finesse. C'est une part de toi qui est souvent en "repli" dans tes textes, je la trouve souvent étouffée sous trop de lourdeur stylistique. Dans ce texte, ça brille très joliment. Contrairement à ton habitude, peu de paysages, pas d'intrigues, de politique ou de géographie, juste du ressenti pur, une histoire que tu aurais pu déplier comme un accordéon ici condensée en deux moments d'une grande intensité émotionnelle. J'apprécie fortement.
- Silver Phoenix:
- Ho ho ! Nous avons donc un background dramatique et mystérieux ! J'aime bien la façon dont ces cicatrices et mains brûlées donnent un aspect punk-rock à ton personnage, et je suis curieux d'apprendre qui est son peuple, quel est son lien avec lui et qu'est-ce qui s'est passé. Mais aussi, quand et comment retrouvera-t-elle sa capacité à voler ? Que signifie ce "entre ses mains" qui est appuyé ? Ce texte fait naître plus de questions qu'il ne donne d'éclaircissements...
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- Silver Phoenix
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Age : 26
Re: Nos mains comme des colombes
Jeu 6 Jan 2022 - 23:13
Des mains garnies de plumes. Elles ont l’air si douces au toucher. D’une blancheur éclatante, immaculée, si bien qu’elle choquerait presque ses yeux fragiles. Des serres noires aux reflets d’obsidienne, régulières et dures, sûrement capables de déchirer les chairs les plus résistantes. Des ailes, imposantes à en obscurcir le jour, pour fendre le ciel avec la grâce du zéphyr.
Fen se remémore de ces images, les repasse en boucle dans sa tête. Peut-être est-ce une tentative désespérée de ne rien oublier, mais les souvenirs se dégraderont inéluctablement au cours du temps.
Sa peau est ornée de cicatrices.
Ses serres se sont brûlées.
Et ses ailes…
Arrachées.
Son plumage a repoussé depuis, mais il s’est teinté de cendre. Fen ne supporte plus le regard de ses semblables. Insistants ou fuyants, remplis de pitié ou de mépris. Alors, un jour, elle est partie.
Elle se sent plus libre désormais, mais toujours clouée au sol. Elle contemple les cieux, comme si elle pouvait atteindre les étoiles. Elle court avec le vent, comme pour ressentir ses anciennes escapades aériennes.
La fumée diaphane de sa cigarette a l’air si éthérée…
Fen retrouvera ses ailes. En attendant, la clé pour enfin faire la paix avec elle-même se trouve entre ses mains.
Fen se remémore de ces images, les repasse en boucle dans sa tête. Peut-être est-ce une tentative désespérée de ne rien oublier, mais les souvenirs se dégraderont inéluctablement au cours du temps.
Sa peau est ornée de cicatrices.
Ses serres se sont brûlées.
Et ses ailes…
Arrachées.
Son plumage a repoussé depuis, mais il s’est teinté de cendre. Fen ne supporte plus le regard de ses semblables. Insistants ou fuyants, remplis de pitié ou de mépris. Alors, un jour, elle est partie.
Elle se sent plus libre désormais, mais toujours clouée au sol. Elle contemple les cieux, comme si elle pouvait atteindre les étoiles. Elle court avec le vent, comme pour ressentir ses anciennes escapades aériennes.
La fumée diaphane de sa cigarette a l’air si éthérée…
Fen retrouvera ses ailes. En attendant, la clé pour enfin faire la paix avec elle-même se trouve entre ses mains.
- Pantouffe
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Re: Nos mains comme des colombes
Lun 10 Jan 2022 - 20:00
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