Le Pare-tempêtes
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Malnir
Malnir
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Trio d'Amorce Empty Trio d'Amorce

Lun 20 Fév 2023 - 21:47
Présents : Quentin, Malnir, Silver
Malnir
Malnir
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Trio d'Amorce Empty Re: Trio d'Amorce

Lun 20 Fév 2023 - 21:51
Ce qui aurait dû être amorce du Roman : D'abord la peste dans Lucelieu, puis l'annonce à Casmir de la mort de son père puis ... Au final, n'arrivant pas à m'en dépêtrer, une nouvelle version est en cours de travail :

En l’an 1473, alors que les cieux de Lycanie s’ourlaient de lourds nuages gris de pluies tièdes, que les frondaisons des arbres s’ornaient d’or et de garance, que poires, coings, pommes et noix venaient garnir les tables, une pestilence vint depuis l’orient, par la cité de Port-Licorne, semant désolation et terreur dans ses rues, et remonta les méandres du Chern jusqu’à la capitale du duché.

La peste était à Lucelieu ! Du parvis de la cathédrale, où s’entassaient les corps des pénitents convulsés, aux ruelles les plus sordides où l’air vicié empestait la charogne, il n’était pas un endroit épargné par le fléau. Partout, des cadavres, des débris de vie répandus sur le pavé. On entendait que les gémissements des mourants, le bourdonnement des mouches et le croassement des corneilles. Les cloches ne sonnaient plus, la terre des cimetières était labourée de fosses communes, encombrée de dépouilles privées de linceul.

Au milieu de ce chaos, les quatre tours massives du Palais dressaient leurs contreforts massifs. Le jour, leurs masses blanches demeuraient dénuées de vies, et la nuit, on ne voyait que de rares lumières filtrer au travers de leurs vitraux. Après plus de deux neuvaines, la terrible nouvelle sortit de leurs murs, d’abord comme une rumeur affreuse. Lothaire de Lycanie, le duc, n’était plus. Le tocsin du palais en sonnant la confirma. Et les cloches de toute la ville, muettes depuis plusieurs jours, se joignirent à lui. Les bannières émeraudes du duché furent remplacées par celles livides du deuil.

Dans les collines environnantes, presque épargnées par le fléau, les paysans se rassemblaient, la mine grave. Ceux de [[…]] en particulier s’interrogeaient. N’avaient-ils pas vu un carrosse aux couleurs du duché passer voilà près de trois mois ? On disait que dedans se trouvaient la duchesse Jeanne et son fils unique Casmir. Ils se rendaient à leur résidence d’hiver de Kaorne. Maintenant que son père était mort, il allait devoir revenir l’enterrer, et assumer le pouvoir. Mais Kaorne était à quelques jours de cheval de Port-Licorne, d’où la pestilence était venue. Était-il seulement encore vivant ? En tout cas, venu droit de Blasemont, une neuvaine plus tard à peine, c’était Wilhelm, le frère du défunt duc, qui arriva, accompagné d’une escorte de cavaliers épuisés aux montures écumantes. Il avait sans doute cavalé sans trêve pour arriver si vite. On secoua la tête à sa vue ; on pressentait qu’avec lui rien n’allait s’arranger, au contraire.



Les ombres s’étendaient peu à peu dans les jardins de Kaorne, éteignaient les reflets dorés des tapis de feuilles mortes. Les hautes falaises sombres que couronnait le château se détachaient nettement dans le ciel tourmenté d’automne. De lourds nuages se moiraient de feu dans les derniers éclats du jour. Tout en contrebas, la mer turquoise se soulevait et déferlait sur les plages. Casmir était là, au milieu des arbres, avec Longmuseau, son chien préféré. Un garçon roux, la peau laiteuse, les lèvres duveteuses d’une moustache naissante, tout vêtu de vert. Un cercle d’argent ceignait sa chevelure bouclée et la licorne argent des ducs de Lycanie s’étalait sur son pourpoint. Rien d’autre ne pouvait formellement le différencier d’un écuyer. Il grattouillait distraitement la tête de son chien, vaguement rêveur. Arnaud de Silverac, en l’apercevant, sentit monter en lui une terrible honte. Il allait briser cet instant de paix, il le savait. Mais il le devait.

« Monseigneur. Votre grâce. »
Casmir tiqua à ce titre. C’était celui qu’on donnait à son père. Il releva la tête vivement, soudain blême.
« Une terrible nouvelle nous vient de Lucelieu… La peste a emporté votre père. »
Casmir détourna le regard. Silverac, mal à l’aise, ajouta :
« Votre grâce, votre mère souhaiterai … vous parler. Vous avez de nouveaux devoirs, et il va falloir retourner … »
« Laissez-moi Arnaud. Je vous en prie. Dites à ma mère… » Sa voix flancha. « dites-lui que je la rejoindrai au souper. »
Alors qu’il rebroussait chemin, Silverac se retourna. La silhouette de Casmir, perdu dans ce jardin crépusculaire, aveugle à son chien qui avait posé sa tête sur ses genoux, devait rester gravée dans sa mémoire. Le soleil plongea derrière les collines et la flamboyance qui habitait les ramures des arbres, les feuilles répandues au sol, s’évanouit en même temps. Une pénombre mauve s’abattit soudain. On ne pouvait plus que deviner le jeune duc sur son banc de pierre. Une brume venue de la mer s’éleva et on ne le vit plus du tout.



Ils étaient deux à table, dans une antichambre bien chauffée ; dans la cheminée ronflait un feu puissant, qui projetait des ombres dansantes sur les murs.
« Vous devez le convaincre, messire Silverac. »
« Et comment voulez-vous que je le fasse, ma Dame ? Il vient de perdre son père, il lui faut un peu de temps. »
« Nous n’en avons pas, il faut que nous soyons à Lucelieu le plus vite possible ! Il faut enterrer mon époux et proclamer Casmir. »
« Que craignez-vous ma Dame ? La peste sévit encore à Lucelieu, il vaut mieux attendre que ça se calme pour s’y rendre. Il en va de notre sécurité. Le duché sera encore là dans un mois, il ne va pas disparaître. »
Jeanne, duchesse de Lycanie, lissa sa robe noire d’un revers distrait de la main. Elle l’avait mise dès qu’elle s’était retirée dans ses appartements après avoir reçue la nouvelle de la mort de son mari. Elle était mal ajustée, sa coupe démodée, le tissus abîmé malgré le soin pris pour la conserver. Une des robes de veuve de sa mère. Il serait temps, demain, de faire venir une couturière pour lui en confectionner une appropriée. Elle lança un regard perçant au maître d’arme.
« Vous avez l’oreille de mon fils et vous ferez ce que je vous ordonne. »
Ses yeux étaient bleu, encore rouges d’avoir pleuré, son teint livide. Sous une résille d’onyx ses cheveux blonds étaient ramenés en un chignon serré sur la nuque. Sa voix même avait cet accent de Cronord, elle qui en était la princesse avant d’épouser le duc de Lycanie. Silverac croisa et décroisa ses jambes, se servit un verre de vin avant de répondre, comme à contrecœur.
« Je ferai selon vos ordres, bien sûr. »

Il garda par devers lui ses doutes. Jeanne, maintenant duchesse douairière, devait convoiter la régence, et craindre de ne pas l’obtenir à cause de son absence dans la capitale. Mais Casmir avait treize ans : était-ce bien raisonnable de risquer la peste pour à peine trois ans de pouvoir ? Il se leva et s’inclina.
Malnir
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Trio d'Amorce Empty Re: Trio d'Amorce

Lun 20 Fév 2023 - 23:09
C’était encore un peu avant l’aube, un brouillard tenace s’élevait depuis la mer à l’assaut des falaises grises, mais échouait sur les pâturages marbrés de neige. Une vague clarté, pas encore une lumière, mais quelque chose de plus diffus, un bleu moins profond que celui de la nuit, baignait le pays silencieux. Kaorne élevait ses tours de schiste gris au sommet des escarpements sauvages qui surplombaient la mer, les dômes de ses thermes miroitaient froidement. L’antique forteresse des seigneurs de Lycanie semblait endormie, morte même, plongée dans un rêve glacé. Mais pourtant, au sommet de la Tour Magne, une chandelle s’était allumée et faisait danser des reflets roux sur les carreaux de la fenêtre. Quiconque aurait été dans les environs aurait immanquablement remarqué cette unique lueur, qui bien vite s’évanouit. En contrebas, la cloche claire de la chapelle sonna l’Entrejour.

Jonas dormait d’un sommeil moelleux et tiède. Son lit de paille et ses couvertures de laine étaient un paradis à nul autre pareil. Aurait-il dormis sous les baldaquins tendus de brocards du duc lui même qu’il n’aurait mieux dormis. Pourtant une main ferme lui empoigna l’épaule et l’en tira sans ménagement. L’air glacé de la chambre des domestiques lui fit l’effet d’une claque. Son père le regardait, le visage dur à la lumière ondoyante d’une lampe à huile.
« Habilles-toi vite fils. Sa Grâce a commencé le travail et qu’il ne soit pas dit qu’on a pas fais tout notre possible. Enfiles moi tes braies et viens nous aider ! »
En quelques instants il était prêt. Vêtu à la diable, les cheveux emmêlés et les yeux encroûtés, il se mit à la tâche, ignorant ses mains encore faibles et son ventre vide. On l’envoya d’abord chercher de l’eau. Le chemin n’était pas long du puits dans le cellier à l’âtre de la cuisine où on la faisait chauffer dans de grandes marmites. Un homme austère, en toge bordée de fourrure et une fraise impeccablement repassée au cou, passa à un moment pour y mettre des herbes aromatiques, avant de disparaître à nouveau. Il eut le temps de reconnaître Zarius, le médecin ducal. Arrivé sur le tard, il ne fit que quelques allés-retours avant qu’on le catapulte vers une autre tâche : un lourd braseros sur roues qu’il devait mener à la salle d’enfantement.

[Il le traînait péniblement à travers les corridors enténébrés, ruminant des pensées sinistres.] Alors qu’Entrejour sonnait, il fut dépassé par une lavandière, toute vêtue de rouge pour l’occasion.
« Par tous les saints ! Dépêches-toi, on est en train de faire descendre sa Grâce pour la Salle de la Licorne, et il faut qu’il y fasse chaud ! »
Sans ménagement elle se saisit du chariot et poussa avec lui, marmonnant comme pour elle même :
« Si l’enfant meurt par un coup de froid nous serons maudits pour des générations. Jamais sa Grâce ne nous pardonnera. »
Ils atteignirent finalement la porte de chêne, l’ouvrirent sans ménagement et entrèrent. La salle était hexagonale, dallée de marbre vert. Des colonnes d’albâtre montaient jusqu’à des arcs noirs et blancs, soutenant une coupole couverte de mosaïque d’or au milieu de laquelle cavalait une licorne à la crinière pareille à des flammes. Les murs étaient couverts de lourdes tentures émeraudes, et huit braseros étaient déjà présents et disposés autour d’une sorte de chaire ouvragée au siège percé. Il régnait une douce chaleur, qu’en cette fin d’hiver on ne pouvait trouver nulle part ailleurs dans le château, hormis dans les cuisines. Une lumière ambrée aux reflets mordorés semblait auréoler chaque objet ici. Jonas resta un instant les bras ballants, émerveillés. La domestique le poussait déjà avec l’autre garçon vers la sortie de service et le couloir obscur. Il protesta. Il voulait rester là un instant, à profiter de la lumière dispensée par les lampes de verre et de la chaleur des braseros. À l’autre bout la grande porte s’ouvrit et la salle fut pleine soudain de plusieurs sœurs du couvent voisin, avec la Mère Supérieure, le prêtre, le médecin. Il entendit les gémissements d’une femme, la voix forte du duc claquer sous la voûte. Abandonnant sa querelle, il sortit aussitôt. Mais à peine le battant refermé, il s’accroupit pour regarder par le trou de serrure. Des ombres dansaient sous ses yeux, des voix murmuraient fort.

[...]

[À trente ans, dame Jeanne avait eu son lot de fausses couches et d’enfants morts-nés. Il se murmurait désormais qu’elle n’enfanterait pas et que, à moins d’un miracle ou que le duc Lothaire se remarie, celui-ci n’aurait d’autre héritier que son frère Wilhelm.]
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Lun 20 Fév 2023 - 23:15
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