Le Pare-tempêtes
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Date d'inscription : 16/08/2018

Y faut-y, y faut-y pas ? Empty Y faut-y, y faut-y pas ?

Lun 2 Oct 2023 - 21:23
Y faut-y, y faut-y pas ?
Pantouffe
Pantouffe
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Date d'inscription : 27/08/2018
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Y faut-y, y faut-y pas ? Empty Re: Y faut-y, y faut-y pas ?

Lun 2 Oct 2023 - 22:20
La grosse main lourde et la chair clair de lune. Une partition d'ecchymoses sur parchemin sensible- les phalanges musicales froissant la symphonie. La forme pâle hésite, fuite ou recroquevillement ? La pogne elle, n'atermoie rien du tout. Tabasse et tombe, et tombe, et tombe. Le corps en-dessous est mué en cimetière, chaque coup enterre l'espoir d'une réconciliation. Chaque nouveau coup immole la pâle naissance d'une petite rébellion. Chaque coup, métronomique, lui impose un tempo, une pulsation réflexe- une réaction là où l'action n'a plus droit de cité. Demeure l'instinct en friche, un signal clignotant d'une ficelle de nerf à l'autre.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Age : 26

Y faut-y, y faut-y pas ? Empty Re: Y faut-y, y faut-y pas ?

Lun 2 Oct 2023 - 22:35
Son chant sonne atrocement faux. Sa voix le fait plus grimacer que les laborieux mouvements de sa mâchoire. Racle de la gorge, râle, soupir. Ses doigts frappent les cordes de sa guitare, comme parcourus d’un tic nerveux. Certaines notes résonnent avec grâce, d’autres s’étouffent dans un claquement sec et désagréable. Dur, dur d’être musicien.

« Y faut-y, y faut-y pas ?
Aller au travail lorsque nos muscles nous tiraillent ?
Y faut-y, y faut-y pas ?
Aller en plein cagnard sans son pinard ? »


… et parolier.

Il avait chanté ça sans réfléchir. Juste pour trouver une mélodie accrocheuse et un rythme un minimum cohérent. Un enchaînement do majeur, la mineur, sol majeur… battre la mesure en tapant du pied… Mais il se fourvoie, encore. Ses doigts s’emmêlent, et sa confiance en soi déclinante s’en mêle. Il s’arrête.

Il doute, regarde la mince corne se formant sur le bout de ses phalanges d’un air absent, qu’il porte ensuite à ses lèvres pour en sentir la rugosité naissante. L’intérieur de sa bouche picote à force de chanter, ses oreilles bourdonnent à cause de la cacophonie jouée par lui-même.

Doit-il vraiment s’engager sur cette voie-là ? Avec cette voix-là ?

Il n’avait jamais pensé que la musique serait aussi difficile, en théorie et en pratique. Il avait débuté récemment, motivation et estime de soi en poche, mais tout d’un coup, il a perdu ses clés.

« Y faut-y pas, y aller pas à pas ? »
« Y faut-y, changer d’état d’esprit ? »


Ses lèvres s’humectent de salive.

« Fausses notes, faux pas, y faut-y pas passer par là ? »

Sa main masse son cou ankylosé. Il pourrait au moins soigner sa posture !

Un autre soupir, plus léger cette fois. Sa tête lâche du lest de frustration.

Ajuster sa position. Ajuster sa voix. Trouver une cadence parfaite.

« Y faut se reposer, y faut pas se forcer. »

Un sourire se dessine avec douceur sur son visage. Peut-être en fait-il trop sur son talent d’artiste. Demain chantera ses mélodies dorées de joie.
Malnir
Malnir
Messages : 84
Date d'inscription : 18/09/2018

Y faut-y, y faut-y pas ? Empty Re: Y faut-y, y faut-y pas ?

Lun 2 Oct 2023 - 22:40
« Y faut-y, y faut-y pas ? »
« Arrête d’hésiter Marc, bien sûr qu’y faut, croit moi on va déjà s’en voir assez comme ça. Alors file moi un coup de main. »
« Bon bon »
Les deux s’affairent autour du coffre du gros quatre-quatre. La pluie est fine, tombe drue sur la banlieue. Il fait nuit. Il fait froid. Une unique lumière éclaire le parking, celle livide d’un néon vissée au dessus d’une porte d’entrepôt. L’obscurité est pleine de petits bruits, de discrets craquements, sifflements, glouglous et gémissements, alors que le monde engourdi de fatigue et de froid se métamorphose mollement dans le noir pour une position plus confortable. Les discrets ajustements de la réalité, loin des yeux des deux compères, n’a que peu d’importance.
« Fichue nuit. »
« Ta gueule Marc. »
Ils finissent par se redresser, l’un d’eux, corpulent dans son parka, achève d’installer un silencieux à son révolver. L’autre s’impatiente.
« Mais dépêche ! »
Ils achèvent de se préparer, ferment le coffre. Un chien jappe dans le lointain. Ils montent des escaliers métalliques glissants, vers la porte au néon. Dans le bâtiment, une fenêtre est éclairée.
« Il est encore là. Une chance. Tu conduis trop lentement. »
« Ca va, ça va. »
L’homme plus maigre sort des clefs de sa poche, les fait cliqueter dans la serrure, la porte s’ouvre sans un bruit sur des ténèbres satinées.
A l’intérieur, rien n’est silencieux. Le vent s’acharne sur la toiture de zinc, un tuyau goutte quelque part. Une chaîne cliquette. Ils entrent, referment derrière eux. L’acier claque et raisonne, se réverbère en échos.
« Chut bordel ! »
Ils allument une lampe torche, dont le mince pinceau blanc balaye la salle, court d’une carcasse à l’autre, atteint un étroit escalier.
« Allez ! »
Ils atteignent un étroit corridor à l’étage, presque une coursive, tout encombré de détritus et de papiers qui volent dans le vent qui souffle par un carreau cassé d’une fenêtre. Tout au bout, un rais de lumière glisse de dessous une porte.
« Attends. On devrait pas, c’est... »
« C’est trop tard Marc, on doit le faire. Vite. Putain, vas pas me lâcher maintenant. »
Le costaud souffle de mécontentement en poussant l’autre en avant. Il ouvre doucement la porte. Penché sur un bureau, un homme lui tourne le dos. Il a senti la présence et se retourne. Une première balle fuse, transperce son épaule, la projette en arrière, une seconde dans le ventre le plie en deux, un autre se loge dans le crâne. Puis, trois autres dans le dos alors qu’il s’effondre sur le sol.
« Allez Marc ramène-toi. Tu vois, ça a été vite. T’as plus qu’à m’aider. »
Mais Marc n’est pas derrière lui, il a détalé. Les escaliers raides grincent sous ses pas précipités. L’autre souffle, repart d’un pas lourd en rechargeant.
« Putain Marc t’es qu’une poule mouillée. »
Il descend, la lampe dans une main, revolver dans l’autre. Les carcasses de bœuf ballottent au bout de leurs crochets.
« Tu crois vraiment que j’ai pas vu ? »
Il a un gloussement rauque, se déplace lentement le long des rangées alignées. Le grand maigre est bien caché.
« Putain. »
Soudain de derrière une silhouette se découpe d’entre deux pièces. L’autre tire. Touche. Marc s’effondre au sol, l’écume sanglante aux lèvres, il convulse. L’autre le regarde, tire une dernière fois, pleine tête. Puis il allume une cigarette, pensif.
« Et voilà. Pas fiable. Bordel j’en ai pour la nuit maintenant. T’es vraiment un sale con tsais. »
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Date d'inscription : 16/08/2018

Y faut-y, y faut-y pas ? Empty Re: Y faut-y, y faut-y pas ?

Lun 2 Oct 2023 - 22:43
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