Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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CC N°1 : La cour des hiboux Empty CC N°1 : La cour des hiboux

Jeu 20 Sep 2018 - 15:34
PAR SILENUSE
La cour des hiboux

Quelques colonnes à peine effleurées par la lumière pâle du soir couchant, là, à gauche, croulant presque sous le péristyle dallé et poussiéreux. Juste un silence qui coulait entre ces dalles comme une rivière, sans fin, qui parcourait chaque sœur pierre, sautant de l’une à l’autre avec une aisance grossière et un bruit infime qu’on ignorait par nature. A son delta, un hibou posé là, comme sur une branche poreuse qui s’érode comme à Rhodes le Colosse rôdait dans l’horizon comme un soupir robuste et seul qui s’effritait, à l’instar des bateaux qui au loin naufrageaient, dans un berceau de silence qui braquait la vie. Le hibou était ce Colosse de plumes incrusté dans la roche ; qu’importait le temps, le jour et l’heure, il était là, siégeant dans ce cœur de la cour, à l’abri d’un simple regard d’un autre congénère.
Il contemplait l’en-haut comme si c’était l’horizon. Pourtant, coincé entre deux brises au murmure inaudible, le plafond était bien là à le regarder fièrement, comme si sa seule dignité, sa seule prestance était de pouvoir admirer la terre d’en-bas d’un orgueil bien vain. Ce regard, c’était celui d’un autre hibou, peint à la craie par un énergumène trop grand pour toucher le sol. Il était pourtant simple, ce dessin, mais il avait ces yeux – comment de tels yeux parviennent à voir le monde dans sa plus fidèle transparence ? Ils étaient simples. On se tordait le cou à voir ces yeux simples, simplistes, simplissimes contempler l’en-bas, contempler celui qui regardait l’en-haut d’une curiosité complexe, coincée entre une simplicité pâle, imitée du regard du dessin, et d’un orgueil amer que l’on peut faire dès qu’on regarde quelque chose de plus haut que soi.
Il y avait toujours ce silence. Autour, la cour, remplie de vautours recalés à aigrette. Ça semblait grouiller, mais aucun bruit ne parvenait à cet endroit caché du péristyle où nos deux hiboux dialoguaient sans un murmure, sans aucun souffle.
Tout à coup, un bruit d’érosion. Le hibou d’en-bas s’affola, tandis que celui d’en-haut demeurait inerte et impassible. Au loin, les autres hiboux, coincés dans leur vacarme inaudibles, ne bougeaient pas plus.
Le dessin se mit à bouger.
Toujours ce silence.
Il s’ébranla.
Silence.
Tomba.
Sans un bruit.
Il s’effondra par terre dans un fracas inexistant.
Le hibou d’en-bas s’était décalé habilement pour esquiver la ruine branlante tout en restant à portée.
Silence.
Il regarda le visage du hibou encore conservé.
Ils se contemplèrent.
C’était si simple, si simple ce regard, touchant, touchant, et si, si, et si simple.
Si simple.
Silence.
Il ne se passait rien autour.
Ils se contemplaient.
Le hibou d’en-bas avait cet air amer qui caractérisait un type bien singulier d’individu ; ce regard, à la fois glacé et jaillissant de vie, c’était celui d’un hibou prêt à quitter le monde pour l’ailleurs.
Autour, c’était silencieux, profondément silencieux.
Le dessin était décapité et pourtant, toujours vivant.
Le hibou d’en-bas se donna un coup dans le bas de sa tête.
Silence.
Aucun effet, rien.
Silence.
Un deuxième coup.
Rien.
Toujours ce regard teinté de regrets. Il prit une intense respiration, les yeux toujours fixés sur ceux du dessin.
Il parvint à couper sèchement sa tête, d’un coup net et propre. Dans un sourire mièvre, il allait reposer aux côtés de son pair.
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 15:36
PAR MÉLODIE

La cour des hiboux


Et le roi et la reine se trouveront réunis, le flambeau de l'amour brillera à nouveau sur le cosmos, et les humains marcheront pieds nus sur le sol sacré de la Terre.

- Faut-il que le monde s'effondre ?
- Le monde n'est qu'un obstacle. Pèse mes mots et ressens l'éclat des étoiles dans mes yeux. La souffrance des amants est insoutenable. Nul ne peut les réunir, que l'explosion d'une planète. La robe du Temps frémira, la main de l'Amant s'agrippera à la main de l'Amante.

Le roi et la reine ne sont que des étoiles. Le tyran est perché dans sa cour, il fait danser le monde au bout de ses doigts. Des hommes et femmes drapés chuchotent autour de lui.
Une tourbe de capes entoure le roi hibou. Le roi hibou surplombe une foule de capes.
Il ne croasse guère, il est mélancolique.

- Nul ne sait ce qui attend le Nouveau Monde.
- Mille aurores de joie et d'or, mille soirées de parme. L'on dit que le Nouveau Monde sera né d'une fleur. Les courtisans alors laisseront la rivière emporter leur cape, et les tables seront chargées de fruits aux parfums d'Orient.
- Je refuse.
- Un monde ancien pour un monde nouveau ? Sacrifier nos péchés, et être purs encore ?

- Je refuse.

Le prophète ouvrit les yeux sur la planète, et il vit les rêves des Hommes. Il vit la Terre et les deux amants, dont les ventres ne pourraient se toucher. Il vit le tyran fatigué, dans sa cour de hiboux.
Et le prophète s'endormit.
Les étoiles brillèrent, les étoiles passèrent. Une autre prophétie s'éleva. Le tyran dévasterait le monde, et créerait de ses mains un monde de papier. Un monde plat, sans essence, qui ne s'animera - dit la légende - que lorsque le Temps posera son pied dansant sur le sol de la Terre.

Les étoiles brillèrent, les étoiles passèrent.
Pantouffe
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CC N°1 : La cour des hiboux Empty Re: CC N°1 : La cour des hiboux

Jeu 20 Sep 2018 - 15:37
PAR TIUNTEROF


« -Des chiens ? De ce côté là de la ville ? Enfin mon vieux Philibert, ta mémoire te joue des tours, tu n'est pas sérieux. »

Confortablement perché sur antique porte-chapeau, le forestier en chef Augustus, un robuste hibou d'Abyssinie, toisait avec bienveillance les ses deux subordonnés.

« -Mais puisque je vous le dit enfin ! Croyez moi, moi aussi je m'attendais plus à voir une de ces vermines de chat, mais non, c'était bien des chiens. »

Le vieux hibou grand duc darda son regard doré sur la ronde de strygiddes en arc de cercle face à lui. Tous des hiboux et des chouettes. Des éclaireurs de talent, des guets de renoms, des as de la surveillance. Respectés et respectables, ces vieux oiseaux de nuits coordonnaient les actions de leurs pairs dans le secteur.

« -Enfin, Philibert. C’est insensé. Reprit une petite Chevêche d’Athéna. Vous savez très bien que les armées canines ont juré de ne pas violer nos frontières. Vous connaissez leur sens de l’honneur, ils n’auraient pas faillit à leurs vœux. »

Le vieux hiboux maugréa, se retenant de dire ce qu’il pensait de ce soit disant ‘’sens de l’honneur’’. Naïveté, certainement. Bêtise profonde, sans doute. Mais honneur ? Ha ! Il fallait déjà qu’un concept aussi complexe puisse se faufiler dans la caboche d’un de ces grands dadais bavants.

« Nan mais juré c’est vrai ! Je les ai vu moi aussi ! »

Aux côtés de Philibert, la jeune goéland agitait ses grandes ailes d’un air outré, manquant de renverser dans un souffle la très légère assemblée qui la toisait.

« -Chloé, la parole ne vous a pas été donn…

-Z’étais quatre, j’m’en souviens bien ! Y’en avait deux tout petits, ils sont arrivés les premiers pour vérifier que personne viendrait leur chercher des noises. C’était des chihuahuas, enfin un truc du genre. Y’en avait un autre qu’est arrivé juste après, tout plein de barda. Vous savez, c’est ceux qui reniflent tout le temps, on dirait qu’y z’ont la morve au nez tout le temps, et pis z’ont la peau qui pend. »

-Un bulldog…

-Ouais, exactement. Et ensuite, tout droit sortit des fourrés, un gros labrador en armure. La vache l’était bien équipé hein. Tout caparaçonné et tout. ! »

L’annonce énergique de la jeune oiselle jeta un froid au sein de la cour des hiboux. Tous se regardèrent tour à tour, la tête pivotant sur leurs corps immobiles. Comme s’ils tenaient à vérifier que chacun avait bien entendu la même chose.

Augustus toussota un instant avant de reprendre la parole.

« -Vous êtes en train de me dire, que toi Chloé, et toi Philibert, vous avez vu une unité de chiens, avec en plus un chevalier et l’écuyer qui va avec, en train de gambader tranquillement sur notre territoire ?

-M’sieur oui m’sieur !

Chuchotements frénétiques de la part de l’assemblée. Un brouhaha fort peu discret qui est vite dissipé par le hululement rieur d’une énorme chouette lapone. Le forestier moqueur ne manque pas d’exposer les raisons de son hilarité.

« -Enfin, soyons sérieux une seconde. Vous imaginez vraiment les chiens envoyer des éclaireurs tâter le terrain par chez nous ? C’est tout bonnement ridicule.

-Pas si ridicule que ça. Après tout les reptiles ont déjà prit des mesures préventives au cas où ce cas devrait se présenter. Répliqua un petit duc. Agitant ses aigrettes avec véhémences.

-Les reptiles. Rétorqua sèchement le lapon. Feraient mieux de ce souvenir qu’au sein du Pacte, les oiseaux ont tout autant qu’eux voix au chapitre, et que la plupart d’entre nous voient bien que de telles mesures sont proprement ridicules.

-Du calme, du calme ! S’écria Augustus. Ma chère Magda, pourriez vous nous éclairer en nous relisant le traité signé avec les chiens, histoire de rassurer ces messieurs ?

A l’autre bout de la cour, la Nyctale de Tengmalm renfloua son plumage avec satisfaction. Une fois que tout les regards furent rivés sur elle. Elle remit son monocle en place, plaça un parchemin sur son pupitre et déclama.

« -Nous, son altesse sérénissime Victoria, très pieuse souveraine de tout les chiens et tout les mammifères, gardienne des reliques sacrées, messagère et élue des Humains sur Terre, duchesse révérendissime de Buzaret et des Palmistes, très honorable comtesse du Rabam, de Calimbé et de Jacarandas, Baronne de mont Lucas. Chevalière de l’ordre de…

-Oui, bon, abrégez.

-Oui, hum, bien sûr… Bref, Nous Victoria, blablabla reine des chiens blablabla. Nous annonçons formellement et devant tout les Hommes, qu’à jamais leurs noms soient… Oui, bon d’accord. Blablabla, amen, nous annonçons que jamais nous ne violerons les terres revendiquées par le Pacte de l’Oeuf, blablabla, reconnaître la souveraineté, blablabla, pas de présence armée à moins d’une demi lieue des frontières, blablabla. Signé daté au nom de Nous, son altesse sérénissimorévérabsolutissime et ainsi de suite. »

La Nyctale prit une grande inspiration, un peu plus et elle allait défaillir.

« -Merci ma chère. Vous voyez Philibert, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. »

Le vieux rapace manqua un ronflement et redressa vivement son regard vitreux.

« -Hein ? Vous disiez ?

-Je disais, aucune raison de s’inquiéter. Répéta Augustus un peu plus fort.

-Ouais ouais. Caqueta le vétéran. C’est ce qu’ils disent tous. On verra bien si vous vous fierez encore à vos vieux papiers quand ils viendront occuper nos terres et pisser sur nos nids. »

L’assemblée fut agitée d’un roucoulement outré.

« -Parce que je vous le dit moi ! Ça ne sert à rien de croire à leurs belles paroles. Je suis sûr que même eux ils ne comprennent pas un traître mot de ce qu’ils racontent. »

Avant que le forestier en chef ne puisse répondre, la cour s’emplit d’un brouhaha sonore, chacun tentant d’argumenter plus fort que son voisin pour séparer le vrai du faux. Les accusations volaient dans tout les sens, et en tendant l’oreille on pouvait entendre quelques jolis noms d’oiseaux. Après plusieurs minutes de boucan, une mésange pénétra par une des fenêtres du bâtiment. Augustus tendit une de ses serres et le petit passereau vint s’y poser. Il chuchota quelques mots aux creux de l’oreille du hibou, puis repartit aussi vite qu’il était venu.

Sentant que toute l’assemblée dardait son regard sur lui, le forestier en chef gonfla ses plumes pour se redonner une contenance, avant d’annoncer avec une mine grave.

« -Une armée de chien vient d’être repérée plus au nord, en plein sur nos terres. Ils sont équipés et en ordre de bataille. Mon bon Philibert, je vous dois des excuses.

-Hein ? Vous disiez ? »
Pantouffe
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CC N°1 : La cour des hiboux Empty Re: CC N°1 : La cour des hiboux

Jeu 20 Sep 2018 - 15:38
PAR THED


Il marchait prestement dans la rue, n'ayant qu'une hâte : fuir ce froid épouvantable et se réfugier chez lui. La première chose qu'il ferait, une fois à la maison, ça serait de s'allumer un petit feu dans l'âtre de la cheminée. Ah, si froid ! Brrrr ! Pourquoi a-t-il fallu que la voiture tombe en panne ce matin ? Et que son rendez-vous se situe aussi loin de la maison, aujourd'hui ? Aaah, la galère !

Cela faisait déjà vingt bonnes minutes que Georges, notre bon monsieur d'une quarantaine d'années, marchait, d'un pas pourtant vif. L'automne avait été plutôt doux, laissant tout à coup place à un hiver glaçant qui avait surpris tout le monde. Enfin, rien de nouveau, c'était comme ça chaque année, quasiment. Alors bon, ça surprend un peu quand ça survient, les premiers jours, mais une fois qu'il est là, le froid, une écharpe, un bon manteau, des gants, des grosses chaussettes et un bonnet, et on n'en parle plus !

Un doux manteau de neige s'était posé sur la ville pendant la journée, si bien qu'en se retournant, l'on pouvait voir les traces de pas que l'on laissait derrière soi. Mais Georges avait autre chose à faire. Il passait en revue les détails qu'il avait glanés aujourd'hui dans l'affaire sur laquelle il travaillait actuellement. Une sale affaire. Toute une riche famille avait été retrouvée dans la cour de leur demeure, tous les six solidement ficelés autour du socle de la statue de Napoléon qui se dressait fièrement en plein milieu. Morts. Visiblement égorgés. Le tout baignant dans une mare de sang et de plumes. Après analyses, le sang n'était pas le leur, mais provenait de ces oiseaux qui y avaient visiblement laissé plus que leurs plumes. Des hiboux, selon toute vraisemblance, plus précisément des hiboux grand-duc. Petit détail cocasse : c'était le titre porté par ce père de famille, sauvagement assassiné, avec sa femme et ses enfants... mais pas dans cette cour. Ce titre de noblesse, motif de ce terrible meurtre ? Dès l'annonce des résultats des analyses, la plupart des recherches avaient emprunté cette voie, et tout le monde au bureau ne parlait plus que de cela. L'affaire de la cour des hiboux. Ils n'avaient plus que ces mots à la bouche. Il faut dire que ça change des chats écrasés et des ivresses sur la voie publique. Mais pour l'heure, l'inspecteur préférait chercher la scène de crime ainsi que la ou les armes utilisées plutôt que de s'intéresser à ces volatiles sauvagement évidés et plumés. Il était d'ailleurs certain que ce massacre secondaire avait eu pour seul but de brouiller les pistes. Mais le temps des hypothèses viendrait plus tard. Ce soir, il devait encore consigner les moindres détails de l'entretien avec la sœur du duc, encore sous le choc. Normal, quand on sait que c'est elle qui avait découvert le chantier. Ah, quelle histoire ! Vivement un bon repas chaud, il y aura du boulot pour toute la nuit.
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