Post apo

Silver
Vous vous réveillez un matin en sursautant à l'entente de cris à glacer le sang. Vous devez fuir. Vous le sentez jusqu'au plus profond de vos os. À peine vêtu(e), vous vous levez en trombe de votre lit, courant le plus vite possible hors de chez vous. Votre instinct vous hurle qu'il est inutile de se cacher. L'adrénaline vous dope, ne vous pousse plus à la réflexion.

Leer
Courir. Courir le plus loin possible, c'est le but. Vous enfilez maladroitement votre chemise en même temps que vous fuyez, regardant sans cesse derrière vous. Tournez à gauche, aucune réflexion. Vous bousculez quelqu'un (ou quelque chose?) et continuez. Quand soudain, une forme vous arrête. En plein milieu du passage, les bras écartés, une silhouette humaine vous bloque la route. « Stop ! Stop ! Tout doux... »
Hors d'haleine, essayant de feinter (vainement!) sur les côtés, vous réalisez que la silhouette est connue. Il s'agit d'Amanta. Cela vous ramène vaguement à la réalité.
« Shhh... sh-h-h... » vous enjoint-elle, regardant droit dans vos yeux en faisant avec ses mains le même geste que pour calmer un cheval farouche.

Pantouffe
Il aurait fallu courir. Il aurait fallu fuir. Electriser les jambes et partir dans une rapide tricot des jambes- pour faire maille après maille une fuite. L'instinct devrait le lui hurler, mais Neev ne daigne pas quitter sa couverture. Il ne bouge pas. Le cri lui glace le sang et lui envoie le coeur dans la gorge ; son corps manque d'exploser sous un mouvement soudain. Qui ne sort pas. Ne contracte aucun muscle. Ne provoque aucun geste. Un mouvement à l'intérieur, qui lui fait tourner la tête. Et puis rien d'autre. Rien d'autre que l'immobilité. Rien d'autre qu'un souffle court, lourd. Neev sent ses yeux le brûler. L'angoisse lui ronge les nerfs- il ne bouge toujours pas. En haut de la mezzanine, dans un recoin de mur, son corps reste immobile. Et puis... La pression dans son crâne est trop forte, l'étau sur ses yeux, la pulsation dans sa gorge, la chaleur qui gonfle son visage, l'emplit d'un bourdonnement sourd qui menace à tout instant de le faire éclater comme un ballon de clown- quelque chose s'extrait de cette masse compacte d'angoisse. alors il part. Il se voit partir. Un Neev qui fait des bonds de biche, traverse la chambre bien ordonné, sautant au ralentis. Un Neev qui saisit la poignée, la tourne, et quitte la chambre. Un Neev... Qui a quitté son champ de vision. Qui a trouvé sa propre voie.
Puisse l'autre Neev courir très loin.
Lui reste dans sa couverture, en haut de la mezzanine. Ne s'affaisse pas, ne se tend pas, ne bouge pas un orteil. Sa tasse de chocolat chaud refroidit face à lui. Il ne sent plus son odeur.
D'autres cris résonnent à travers l'immeuble. Neev garde les yeux ouverts.

Silver
L'air froid se frotte contre sa gorge, fouette son visage émacié. Ses poumons brûlent atrocement, le peu de muscle qu'elle possède roule désespérément sous sa peau. Ces cris... Ces cris qui percent ses tympans ! Elle n'en peut vraiment plus ! Elle a chaud. Elle brûle sur place. Alors qu'elle est pratiquement nue. Seule une chemise même pas boutonnée recouvre vainement ses côtes saillantes. Elle est seule. Seule contre absolument tout ce qui existe.

Leer
Sa ceinture cloutée l'empêchait de mettre les mains dans ses poches.
Vaguement paniquée, mais principalement occupée de garder [personnage de Silver] en sécurité, Amanta Adamanthe pensait à la boisson qu'elle avait renversée en sortant. Là tout de suite, elle devait rassembler le troupeau, le clan, et ramener tout le monde en sûreté dans l'immeuble. Le quartier Sud était touché, mais eux devraient être encore en sécurité pour un moment. Elle fit un décompte des membres qu'elle avait aperçus depuis la veille. L'un d'entre eux était probablement hors des murs, Roman. Il était parti chercher je ne sais quoi. Elle jura dans sa tête et s'attacha à ramener [personnage de Silver] le plus vite possible. Ils auraient besoin d'être ensemble et avec la tête froide.


Pantouffe
La pénombre bleue ne lui apporte aucun réconfort. D'habitude, il peut presque se sentir chez lui quand elle tombe sur la chambre ; alors il lui suffit de fixer un point de l'espace jusqu'à ce que sa vue se dédouble et devienne floue, jusqu'à ce que son œil oscille dans un mouvement incontrôlé. Dans ce brouillard glauque, dans cet instant de basculement, Neev sait qu'il est chez lui. Ou peut-être en route afin d'y parvenir. Mais aujourd'hui la pénombre ne lui apporte aucun réconfort. La tasse encore chaude qui repose entre ses pieds -collés contre la céramique, ils dépassent de sous la couverture-, le chocolat sucré à la cassonade, la cuillère au joli manche gravé- rien de tout ça ne lui apporte le moindre réconfort. Alors même que les battements de son cœur décroissent, que ses muscles se mettent à tressaillir. Les sensations lui reviennent ; l'autre Neev a sens doute eu le temps de sortir de l'appartement, de dévaler les escaliers, de courir dans la rue. Ou bien de se terrer tout en dessous des escaliers en colimaçon, dans le tout petit creux qui existe en dessous des dernières marches. Une sorte de caverne. Au fond de la caverne, un terrier. Dans le terrier, l'autre Neev ? Pourquoi serait-il sortis dans la rue après tout... ? A cause des cris ? Ce sont des cris. Ils ricocheront, jusqu'au dehors. Il vont s'étendre hors de l'immeuble, jusque dans la rue. Ils vont courir d'un mètre à l'autre, en ondes ravageuses. Les cris, ceux qui les font... D'un immeuble et d'une maison à l'autre.