- ziel
- Messages : 23
Date d'inscription : 12/09/2020
CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 21:58
Et puis un jour, c'était fini.
- Ragne
- Messages : 2
Date d'inscription : 13/12/2021
Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 22:30
Je voudrais crever en regardant ailleurs
Dans un champs de cendre
Probablement un mercredi
Pour ne pas gâcher le week-end.
Autour rien
Tout
Une banque en ruine
Une attelle vide
Un vélo rouillé
Des souvenirs entassés
Pas de musique
Laissez moi seul
Dans cet autodafé
Qu'est ma mémoire
Dans un champs de cendre
Probablement un mercredi
Pour ne pas gâcher le week-end.
Autour rien
Tout
Une banque en ruine
Une attelle vide
Un vélo rouillé
Des souvenirs entassés
Pas de musique
Laissez moi seul
Dans cet autodafé
Qu'est ma mémoire
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- Malnir
- Messages : 84
Date d'inscription : 18/09/2018
Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 22:38
Ils sont partis au petit matin, sans laisser autre chose qu’un peu de poussière par leurs capes dans la fraîcheur rose de l’aube. Leurs silhouettes tantôt diaphanes, s’enflaient au grès de bourrasques qui sillonnaient les collines blanches de givre. De leur démarche oscillante, ils allaient bon grès mal grès sur la route en ornière. Tout le long du jour ils ont progressé, dépassé quelques hameaux, longés quelques ruisseaux. Au soir, ils se sont figés dans les lisières d’un bois de bouleau ; leurs longues formes ne se détachaient pas des troncs. Et quand le jour est revenu, dans un frissonnement doré, ils sont repartis. Le soleil accrochait chaque cristal de glace qui festonnait leurs manteaux, les herbes, les arbres, les champs, la campagne entière. Nulle âme qui vive sur leur chemin, seulement l’hiver dans ses grands habits de désolation, de neige et de vides pastels. La lumière s’ourlait partout et s’accrochait partout dans ces étendues froides ; comme l’écume aux vagues.
Ils ont poursuivi leur périple jusqu’à ce que Printemps n’arrive avec ses toges vertes tendres, sa tiédeur et ses parfums humides. Alors ils se sont figés.
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- Terrorem
- Messages : 2
Date d'inscription : 19/12/2021
Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 22:39
Vous souvenez-vous de votre premier amour ?
Pour toujours, et à jamais. Surtout pour toujours.
C’est celui qui vous a appris que des papillons vivaient dans votre ventre, que votre cœur était un volcan, et que votre cerveau pouvait être une soupe dégoutante dégoulinant dans votre cou. Le premier amour, c’est le premier d’un peu tout. C’est la vraie première minute de votre vie, celle où vous vous rendez enfin compte que vous respirez grâce à vos poumons. C’est aussi la première fois que vous écoutez votre cœur battre. Il bat d’ailleurs un peu trop fort, les rouages de la pensée s’harmonisent avec lui dans une joyeuse cacophonie. Sous vos yeux, tout vous semble plus joli.
Alors qu’enfant embrasser un camarade était un gage répugnant, désormais, la salive de l’autre semble être sucrée. Vous souvenez vous de votre premier amour ? Celui où vous auriez aimer que votre langue fusionne avec la sienne, pour toujours. Ou alors, avec un morceau de peau délicieuse.
Vous souvenez-vous ?
Vous souvenez-vous de la silhouette ? De l’odeur ? Des rires et des pleurs ?
Oui.
Oui les pleurs vous vous en souvenez. Vous vous souvenez probablement de l’ouragan qui a détruit votre nid douillet. Le nid fragile que vous avez construit à deux. Un premier orage, le premier de tous les orages, a fragilisé les fondations. Puis finalement, les brindilles des passions se sont étiolées, dispersées dans les vents de l’agacement.
Puis les pleurs, vous vous souvenez des pleurs, de la gorge qui gratte, des poumons qui ne savent plus comment respirer, du cœur dysfonctionnel, de la pensée devenue marbre ?
Vous souvenez-vous de votre premier amour ?
Les papillons se sont envolés, le volcan s’est éteint, et la soupe a un vieux goût amer.
Et puis un jour, c’était fini.
Pour toujours, et à jamais. Surtout à jamais.
Pour toujours, et à jamais. Surtout pour toujours.
C’est celui qui vous a appris que des papillons vivaient dans votre ventre, que votre cœur était un volcan, et que votre cerveau pouvait être une soupe dégoutante dégoulinant dans votre cou. Le premier amour, c’est le premier d’un peu tout. C’est la vraie première minute de votre vie, celle où vous vous rendez enfin compte que vous respirez grâce à vos poumons. C’est aussi la première fois que vous écoutez votre cœur battre. Il bat d’ailleurs un peu trop fort, les rouages de la pensée s’harmonisent avec lui dans une joyeuse cacophonie. Sous vos yeux, tout vous semble plus joli.
Alors qu’enfant embrasser un camarade était un gage répugnant, désormais, la salive de l’autre semble être sucrée. Vous souvenez vous de votre premier amour ? Celui où vous auriez aimer que votre langue fusionne avec la sienne, pour toujours. Ou alors, avec un morceau de peau délicieuse.
Vous souvenez-vous ?
Vous souvenez-vous de la silhouette ? De l’odeur ? Des rires et des pleurs ?
Oui.
Oui les pleurs vous vous en souvenez. Vous vous souvenez probablement de l’ouragan qui a détruit votre nid douillet. Le nid fragile que vous avez construit à deux. Un premier orage, le premier de tous les orages, a fragilisé les fondations. Puis finalement, les brindilles des passions se sont étiolées, dispersées dans les vents de l’agacement.
Puis les pleurs, vous vous souvenez des pleurs, de la gorge qui gratte, des poumons qui ne savent plus comment respirer, du cœur dysfonctionnel, de la pensée devenue marbre ?
Vous souvenez-vous de votre premier amour ?
Les papillons se sont envolés, le volcan s’est éteint, et la soupe a un vieux goût amer.
Et puis un jour, c’était fini.
Pour toujours, et à jamais. Surtout à jamais.
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- Pantouffe
- Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28
Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 23:07
C'était un jour de neige.
Ils partageaient l'antenne avec les voisins du dessus, et parfois, quand du plafond venait un grand raffut, c'était un jour de neige. Ça ne changeait rien, parce-que le fauteuil continuait de mâchonner papa dans sa vieille bouche de cuir gercée par l'âge. Sa transpiration avait gorgé la mousse couleur d'éponge qui faisait jour à travers les déchirures d'usure, et ses mouvements vagues remuaient l'odeur de sueur qui stagnait au fond des innombrables craquelures ; alors, il montait parfois à travers le salon un brouillard rance aux doigts collants. L'exhalaison du fauteuil se mêlait aux remugles de cendres froides, au parfum du feu volatilisé, du papier brûlé et de la poussière grasse qui s'agglutinait en dessous les meubles. Dessus les meubles il y'avait des verres, des tasses et des bols dans lesquels les cigarettes de Zarko se tordaient, immobiles. Les plus anciennes étaient devenu molles en raison de l'humidité qui envahissait parfois l'appartement les jours de pluie, reliefs amoindries et spongieux qui s'embourbaient sans fin. Il arrivait qu'une froide moiteur emplisse les pièces quand Zarko et Jevrem n'étaient pas rentrés à temps pour fermer les fenêtres, ou si Pavel n'avait pas su prédire l'arrivée des averses avant de partir pour l'école. Pour papa, ça ne changeait pas grand chose. Il se contentait de prendre une couverture dans le panier à linge posé à côté du fauteuil, puis il s'y enroulait. Une fois, Zarko avait empêché Pavel de fermer les fenêtres. Le matin venu, il l'avait levé aux aurores, s'était assis en tailleur avec lui sur le tapis criblé de miettes momifiées, lui avait remis d'autorité un bol de chips entre les mains, et ils avaient observé ensemble les gouttes de rosé qui étincelaient sur le visage de papa et sur la couverture.
"C'est beau pas vrai ?" lui avait dis Zarko.
Il avait répondu que oui. Mais pour lui, c'était surtout d'être là avec Zarko, de lui tendre silencieusement le bol pour qu'il plonge ses longs doigts éraflés au milieu des chips, d'être assis épaules contre épaules, de savoir qu'ils allaient quitter la maison ensemble et qu'il l'accompagnerait à l'école ce matin là- ça, c'était beau.
"Un jour, on laissera les fenêtres ouvertes et les oiseaux l'auront emporté" avait-il poursuivi. "Ils l'emporteront bout par bout, en commençant par les yeux... Puis le nez, et les lèvres. Les oreilles, et les doigts, une phalange après l'autre. Ils poseront tout ça quelque part, en haut d'un arbre ou d'une tour, et il faudra quelqu'un pour réassembler toutes les pièces ensemble. Si quelqu'un fait ça, après avoir lavé chaque pièce dans de l'eau bénite, il reviendra comme neuf. Sinon, il restera comme ça, hors d'atteinte. En vrac."
(cépafini)Ils partageaient l'antenne avec les voisins du dessus, et parfois, quand du plafond venait un grand raffut, c'était un jour de neige. Ça ne changeait rien, parce-que le fauteuil continuait de mâchonner papa dans sa vieille bouche de cuir gercée par l'âge. Sa transpiration avait gorgé la mousse couleur d'éponge qui faisait jour à travers les déchirures d'usure, et ses mouvements vagues remuaient l'odeur de sueur qui stagnait au fond des innombrables craquelures ; alors, il montait parfois à travers le salon un brouillard rance aux doigts collants. L'exhalaison du fauteuil se mêlait aux remugles de cendres froides, au parfum du feu volatilisé, du papier brûlé et de la poussière grasse qui s'agglutinait en dessous les meubles. Dessus les meubles il y'avait des verres, des tasses et des bols dans lesquels les cigarettes de Zarko se tordaient, immobiles. Les plus anciennes étaient devenu molles en raison de l'humidité qui envahissait parfois l'appartement les jours de pluie, reliefs amoindries et spongieux qui s'embourbaient sans fin. Il arrivait qu'une froide moiteur emplisse les pièces quand Zarko et Jevrem n'étaient pas rentrés à temps pour fermer les fenêtres, ou si Pavel n'avait pas su prédire l'arrivée des averses avant de partir pour l'école. Pour papa, ça ne changeait pas grand chose. Il se contentait de prendre une couverture dans le panier à linge posé à côté du fauteuil, puis il s'y enroulait. Une fois, Zarko avait empêché Pavel de fermer les fenêtres. Le matin venu, il l'avait levé aux aurores, s'était assis en tailleur avec lui sur le tapis criblé de miettes momifiées, lui avait remis d'autorité un bol de chips entre les mains, et ils avaient observé ensemble les gouttes de rosé qui étincelaient sur le visage de papa et sur la couverture.
"C'est beau pas vrai ?" lui avait dis Zarko.
Il avait répondu que oui. Mais pour lui, c'était surtout d'être là avec Zarko, de lui tendre silencieusement le bol pour qu'il plonge ses longs doigts éraflés au milieu des chips, d'être assis épaules contre épaules, de savoir qu'ils allaient quitter la maison ensemble et qu'il l'accompagnerait à l'école ce matin là- ça, c'était beau.
"Un jour, on laissera les fenêtres ouvertes et les oiseaux l'auront emporté" avait-il poursuivi. "Ils l'emporteront bout par bout, en commençant par les yeux... Puis le nez, et les lèvres. Les oreilles, et les doigts, une phalange après l'autre. Ils poseront tout ça quelque part, en haut d'un arbre ou d'une tour, et il faudra quelqu'un pour réassembler toutes les pièces ensemble. Si quelqu'un fait ça, après avoir lavé chaque pièce dans de l'eau bénite, il reviendra comme neuf. Sinon, il restera comme ça, hors d'atteinte. En vrac."
COMMENTAIRES
- Ragne:
Évidemment ça commence avec "je voudrais crever" donc j'ai pensé à "je voudrais pas crever" de Boris vian. Je n'y connais RIEN en poésie et j'y suis généralement ou bien très sensible, ou bien complètement indifférent, ce qui dépend la plupart du temps de si j'arrive à trouver/apprécier le rythme, ou si je passe à côté. Ce qui n'a pas été le cas ici ET POURTANT (que la montagne est belle) ça ne m'a pas gêné car j'y ai trouvé des intonations, ce qui apporte au texte une force différente de celle créé par un rythme bien rôdé.
Il y'a un côté étrangement badin qui traverse le poème, comme si on on planait au-dessus de la gravité du sujet et j'ai capté un air de "quelqu'un accoudé sur son balcon avec une clope et un peignoir de chambre en train de raconter ça à un invité d'un air mi blasé mi pensif, d'une voix oscillant entre le faussement guilleret, la décontraction et un ton monocorde, tout en utilisant son café froid sans sucre bu aux trois quarts comme cendrier". CERTES C'EST PRÉCIS. Cela-dit c'est ce qui m'est venu à la lecture.
J'aime bien l'enchaînement satisfaisant des idées qui font sens dans ma tête (une attelle vide puis un vélo, parce-qu'une fois guéri on peut monter dess- ah mais non il est rouillé, mais ça évoque du mouvem- ah oui mais les souvenirs sont entassés, y'a plus de mouvement, juste un encombrement ; et d'ailleurs y'a plus de musique, et si c'est précisé c'est que c'était important qu'il y'ait de la musique) (or lier des périodes de vie à des musiques/chansons ou mettre des gros affects/souvenirs dedans c'est assez commun je crois, donc je trouve que ça enchaîne bien avec le fait de parler de souvenirs).
Je n'aime pas le rythme des deux derniers vers qui instaurent une coupure, parce-que ça ne commence pas à "laissez moi seul", là où j'aurai trouvé le plus de sens à quitter l'écoulement fluide des vers d'avant pour la brisure qui vient, du coup plutôt avec "dans cet autodafé - qu'est ma mémoire". Y'a un truc qui cloche dans la forme prise par cette coupure pour mon sens esthétique (souffrez mais souffrez joliment merde, quand même, quoi, oh, hein).
Mais j'aime le fait qu'il y'ait une brisure et que les souvenirs entassés soient devenus une mémoire qui brûle ; le fait que la phrase soit hachée m'évoque la difficulté/douleur lié à ça, et c'est un ressenti qui passe mieux de cette manière que si c'était resté sur un rythme fluide/pas forcément taillé au burin mais confortable. Et j'aime bien quand j'ai l'impression de voir du sens dans ce genre de choix/détails, parce-que c'est un terrain de réflexion qui m'intéresse beaucoup ; l'idée d'écrire de la manière la plus appropriée pour ce qu'on veut exprimer/la manière dont on veut raconter quelque chose, plutôt que de se reposer sur une forme pratique, la plus compréhensible et confortable possible pour le plus grand nombre.
J'aime en faire des caisses quand j'écris, mais je sas apprécier le dépouillement qui va souvent de pair avec une forme de sincérité, envers soi même et dans l'expression des sentiments ; je retrouve quelque chose de cet ordre là dedans, qui sans me frapper au fond du coeur, me touche et me fait frémir quand même.
BREF VOILA. Je l'aime bien ce texte en vers. Avec trois semaines de retard, rebienvenue dans le monde merveilleux des CC !
- Malnir:
Ok alors je viens de vivre une expérience bizarre à la lecture de ce texte. Les phrases qui me touchent avec la musique ne sont pas les mêmes qui me touchent sans la musique, ça a changé COMPLÉTEMENT mon ressenti du texte. Or de base j'ai fais une deuxième lecture sans la musique justement parce-que je la trouvais gênante. A la fois appropriée et ajoutant quelque chose, et à la fois m'agaçant durant la lecture et ajoutant à mon goût surcouche trop explicite à l'ambiance... Mais en même temps en introduisant un mouvement dansant qui relevait un aspect discret du texte justement, un côté "ça glisse, ça valse, les images se succèdent sur une sorte de danse". Donc des impressions très contradictoires les unes avec les autres qui me laissent complètement confus.
EXEMPLE. J'ai adoré la première phrase avec la musique, j'ai trouvé qu'elle introduisait parfaitement l'idée des silhouettes diaphanes qui vient juste après, parce-que le matin est tout petit, et la fraîcheur de l'aube est rose (ce qui est tendre, fin et grelottant) et il y'a un mouvement de cape léger qui impacte juste la poussière, BREF c'est délicat et léger. Mais en relisant sans la musique j'ai trouvé à la phrase une tournure lourde, ce qui contredisait complètement mon premier ressenti.
Je crois qu'en fait ce qui s'est passé c'est que la musique m'a aidé à me concentrer sur l'essence des descriptions/images/idées alors que sans j'ai redécouvert le véhicule brut des mots, la forme simple. Et ce que j'ai apprécié en terme d'essences bruts m'a parfois déplu dans son véhicule de mots, qui ne me semblait pas rendre à sa juste valeur ce qu'il y'avait de ravissant dans l'essence ; alors qu'au contraire à certains autres endroits, c'est la forme choisie qui m'a touchait le plus, parce-qu'une fois dépouillée de musique pour distraire, c'est elle qui brillait. En fait, c'est littéralement comme avoir regardé le texte de deux manières différentes : une fois du coin de l'oeil, dans le flou mouvant et coloré induit par la musique, puis une fois bien en face en se concentrant sur les détails. Deux perspectives complètement différentes qui changent tout et font vivre le texte de deux manières complètement différentes. Ce qui constitue une expérience super intéressante. J'ai envie de faire plein de métaphores pour expliquer comment je me sens par rapport à ça parce-que j'ai l’impression de ne pas réussir à expliquer en quoi ça me ravit et pourquoi je trouve ça génial. MAIS NON.
En vrac : j'ai capté les mouvements qui sont exaltés par la musique. Il y'a vraiment une façon de poser des temps et de départs qui évoquent une danse ; avancée le jour, ils se figent la nuit, le jour qui revient en frissonnant et ça repart, choisir "festonner" pour parler du givre et ça marche parfaitement avec l'idée de voyage dansant (ça fait guirlandes), caser une image avec des vagues, donc encore un mouvement rythmé. Le choix des mots n'est vraiment pas anodin pour moi dans le fait que certains aspects du texte sont mis en valeur par la musque, comme si elle profitait de ces mots là pour rebondir, parce-qu'ils évoquent juste ce qu'il faut de danse/mouvements rythmés.
J'aime pas la majuscule à Printemps, j'ai du mal à la ressentir, même si "ils" introduisent l'idée de choses pas bien définies qui sont tour à tour vivantes ou figées, matérielles ou immatérielles, quelque chose de vivant ou une simple idée. Mais je te pardonne parce-qu'il y'a des vides pastels, de la lumière ourlée et des collines blanches de givre.
- Terrorem:
J'avoue être passé en partie à côté du texte parce-que mon expérience de l'amour jusqu'à maintenant a suivi des chemins de traverses ; je n'ai été en couple qu'une seule fois par exemple, à distance, et mes premiers amours ont tous été complètement platoniques. Du coup je ne me suis pas retrouvé dans le parti pris du texte de s'adresser au lecteur en manipulant ce sujet très personnel, très émotionnel, avec des affirmations bien posées et ce désir de créer une connivence (je crois). A la fois j'avais l'impression qu'on s'adressait à moi en voulant créer un pont entre le texte et mon vécu sur des évènements que plein de gens partagent, à la fois, ça passait complètement à côté de mon expérience et de mes ressentis personnels sur ce sujet en particulier, puisqu'ils sont en dehors des clous et que je me sens étranger à la manière dont la plupart des gens vivent leurs histoires d'amour/le parcours qu'ils ont avec ça. Donc je suis malheureusement resté à côté de l'aspect émotionnel du texte, avec une distance qui me faisait hausser un sourcil face aux affirmations du type "vous vous souvenez de ça ? Oui." alors que je ne vis pas du tout les choses de cette manière, donc je ratais la connivence avec l'impression d'être laissé sur le côté.
EN FAIT. C'est tout simplement que ce texte ne s'adresse pas à moi dans son fond, ses ressentis, dans la manière dont il parle de l'amour/la manière d'aimer qu'il raconte (aller jusqu'à ce se mettre en couple, avoir le temps de se lasser, avoir des crushs sur des camarades de classe, avoir le sentiment de ressentir son corps pour la première fois) ; mais sa forme me prend à parti avec le "vous", ce qui m'épingle directement pour me dire "hey on va parler de toi". Du coup j'ai vécu le "vous" comme des coups de coude réguliers pour créer une connivence, alors que j'étais juste à côté, mal à l'aise avec mon expérience et mes ressentis qu ne collaient pas. Ce qui me renvoie à des ressentis négatifs, mais pas à propos de l'amour, plutôt à propos de la communication et de la distance que je sens souvent entre les autres et moi ; comme quand j'ai une conversation avec quelqu'un qui ne sait pas écouter, et dans le pire des cas, va projeter ses ressentis et ses expériences sur moi alors que ça ne me concerne pas. BREF. Malheureusement je suis donc resté complètement à côté de l'émotion dés que le propos a commencé à se préciser/entrer dans le détail à cause de la forme choisie ; le fait de s'adresser directement au lecteur avec le "vous", de poser des affirmations absolues. J'aurais été capable de me projeter dans ces ressentis s'ils étaient passé par le "je" ou un autre type de narration, mais là j'ai ressenti le "vous" comme un "je" caché qui m'a plongé dans l'inconfort ; une tentative de projeter sur moi des trucs qui ne m'appartiennent pas, tout en affirmant que si, c'est à moi. Cela-dit ça fait écho à des problèmes très actuels que j'ai par rapport au fait d'où se placer dans ses relatons à autrui, donc je pense que c'est quelque chose qui ne gênerait pas la plupart des gens, ou alors pas autant, là où ça a créer une grande distance pour ma part. Mais comme je commente toujours en parlant de mes ressentis, BON, je prends la peine de noter ça et d'essayer d'expliquer pourquoi cette narration n'a pas fonctionné du tout avec moi.
Maintenant, en dehors de ça, j'ai aussi d'autres choses à dire sur ce que je perçois de ta prose dans ce tout premier texte que je lis venant de toi.
Avant que le texte ne précise son propos, j'ai été accroché par le "vous" parce-que c'est quelque chose qu'on voit très peu (voir jamais ?) par ici, et tant que ça collait un peu à mon ressentis, pendant quelques lignes, j'ai été charmé par ce partis pris.
J'AIME BIEN l'aspect structuré, propre, bien construit. C'est exempt de lourdeurs au niveau du rythme pur (en tout cas dans la manière dont je l'ai lu), et j'ai trouvé les jeux de miroirs d'un point à l'autre du texte réussis et maîtrisés : j'ai l'impression en lisant que tu savais parfaitement où commencer, où aller, et comment, et j'ai rarement eu ce sentiment d'une vision claire et nette en lisant des textes de cc, ou même de manière générale des textes sur des forums. En général, si je me concentre sur cet aspect là en lisant, je ressens plutôt quelque chose qui se tisse/se peint au fur et à mesure, une idée qui se précise ou s'étend à partit d'une étincelle originelle, alors que là, je l'ai plutôt vu comme une idée déjà formée et structurée qui se déploie pour révéler un motif déjà assemblée. Ça change l'expérience de lecture et j'adooore vivre différentes expériences parce-que ça change non seulement la manière de lire mais aussi celle d'écrire. Je ne sais pas si c'est une constante dans ta manière d'écrire, ou si tu as juste choisi de le faire de cette manière pour traiter ce sujet en particulier tel un Leer à la prose métamorphe, mais j'ai hâte d'en lire plus pour pouvoir allier le plaisir intellectuel qu'a suscité cette découverte avec le plaisir des sens et des émotions qui sont en général le vecteur par lequel j'entre le plus en résonance avec une oeuvre, et de là, par lequel j'accède généralement à l'intellectualisation/des réflexions sur la construction du texte.
- Ziel:
J'ai complètement connecté avec ce petit bout de texte. Tout me parle et me berce dedans, c'est une vraie bulle de douceur. Je trouve ça de toute beauté et très réconfortant. Ça me fait penser à la Maison évidemment, mais ce n'est pas ce qui m'est venu en premier parce-qu'avant tout j'ai vécu ce bref moment de lecture comme une plongée dans des sensations et des moments que j'aime bien et qui me rappellent un vague fouillis de choses vécues. Il n'y a pas un mot ou une tournure sur lequel je bute dans ce tu as écris. Je n'ai aucune idée d'où tu te dirigeais mais c'est déjà passionnant tel quel, comme le lent début d'un voyage.
En vrac : c'est très bien fait, passer de la lumière qui passe à travers un tissu à motifs à la couleur bleue, en précisant qu'il y'a quelque chose de flottant, et juste après tu parles de nuages. L'idée de plonger au creux des nuages est préparée subtilement et tout en douceur par ce qui est décrit avant, parce-que toutes les phrases communiquent entre elles, l'une prépare l'une, c'est juste beau. C'est court, mais ça m'évoque plein de belles choses.
J'adore tout simplement. Merci !
- Silver:
LA MAGIE A OPÉRÉE. Je m'explique, au départ je trouvais que le texte avait certaines maladresses du point de vue stylistique en dépit de sa beauté, par exemple ou bien avec une emphase mal dosée par rapport au reste (la répétition d'autrefois) et des transitions pas forcément harmonieuses d'un passage descriptif à l'autre. Et puis en fait, sur la toute fin, le choix de ponctuation "le froid mordant, moins... solitaire..." m'a fait changé de point de vu quant au type de narration. Jusque là je voyais un narrateur omniscient désincarné, mais tout à coup, les deux dernières phrases m'ont fait percevoir plutôt un narrateur qui fait partie de l'univers qu'il décrit, quelqu'un qui raconte l'histoire d'un lieu qu'iel a connu, et ce que je percevais comme des maladresses sont devenues à la deuxième lecture une forme de foreshadowing (pardon j'ai pas le mot en français) du fait qu'on a pas à faire à un "livre qui parle" mais à une personne qui raconte ; parce-qu'une personne qui parle, ça ne fait pas forcément des transitions parfaitement maîtrisée, et ça met des intonations, des silences et des gestes au sein d'une ambiance autour d'elle qui est déjà là. Alors les "autrefois" trop emphatiques deviennent un élément de discours oral qui me dit quelque chose de la personne qui raconte, sur sa personnalité, et ça la rend attachante.
Un livre qui parle, j'en attends souvent une forme de rigueur ou de perfection, quelque chose de taillé, surtout quand il prend le chemin de la description emphatique. Une personne qui parle par contre, j'en attends une personnalité, et ça, c'est quelque chose qui peut venir d'une multitude d'infimes détails. Je suis généralement très sensible à ça, et là, ça n'a pas raté, à partir du moment où j'ai vu une personne qui parle et capté des petits signes ici et là de sa personnalité/manière de raconter, j'ai plus apprécié le texte qu'à ma première lecture.
En vrac : j'aime bien le début, commencer avec des journées qui raccourcissent pour introduire un texte qui débute et une description qui au contraire va s'étendre, ça peut semble contre intuitif mais je trouve que ça fonctionne très bien. J'aime l'image des clairières cernées par une mer d'arbres millénaires (au départ je suis resté sur "cernées par la mer" en raison de la mise en page dû au forum et j'ai complètement buggé quand j'ai vu une suite à la phrase, et que ça parlait d'arbres et non pas d'eau), et dire que les ténèbres recouvrent spécifiquement ces clairières, ça sous entend qu'elles étaient déjà là dans la forêt, que c'est un territoire déjà conquis par l'obscurité ou l'hiver, ce qui d'emblée caractérise le paysage et donne une aura à cette vieille sylve.
Étrangement l'enchaînement cadavres(de feuilles)/lumières/musique m'a fait attendre à chaque fois la survenue d'une civilisation perdue laissée à l'abandon et ensevelie sous les arbres, et à chaque fois j'ai été démenti et surpris à nouveau que ce ne soit pas le cas. JE SUIS SÛR QU'ELLE AURAIT FINI PAR VENIR DANS LA SUITE.
J'aime bien le côté assez syncopé du rythme/enchaînement de phrases dont la grammaire fonctionne des fois sur le fil du rasoir ; il y'a des moments où ça donne un effet de collage troublant et je ne suis pas dedans, il y'a d'autres moments où au contraire je suis réceptif à cette manière de faire et où je la trouve maîtrisée.
- Leer:
Vas savoir pourquoi, sans doute biaisé par des discussions que nous avons eu, j'ai trouvé un air Ghibli au texte ; une araignée qui avance une patte, j'ai vu les boules de suif de Chihiro ; le vent qui s'engouffre à travers la fenêtre ouverte et le narrateur qui fait un pas dans le vide, un air de château ambulant ; le bras qui coupe le vent, donc je l'imagine tendu, toujours avec un quelque chose de la scène où Sophie et Hauru marchent dans l'air. C'est revenu tout du long étant donné que cette impression m'est tombée dessus dés le début du texte, et j'ai collé des images dans un style Ghibli à tout ce qui arrivait par la suite. A la fois, c'était très sympa d'avoir ces évocations à des Ghibli qui s'associaient aux images du texte pour créer des connexions, à la fois ça m'a fait passer à côté de la violence du texte, que j'ai perçu sans entrer dedans parce-que c'était tout atténué par les images douces que mon esprit plaquait dessus.
ET POURTANT. Je lis autant un moment d'exaltation sauvage, comme quand l'orage arrive et que ça donne envie de danser, que la description d'une tentative de suicide ou un moment de mutilation. Ça pourrait être autant le début d'envol d'une créature montgolfière qui enfle et s'emplit de rouge de feu et de chaleur, que quelqu'un qui saute d'une fenêtre ou se mutile (les poils qui s'écartent, le rouge indispensable qui coule, la serpe qui incise, l'aube qui tranche (aube à cause de la couleur qui se reflète sur une lame), le goût de poussière (vide ? déception ? apaisement, mais pas recherché ?) qui succède à la montée de sensations au moment de se couper. Je peux voir une description très métaphorique d'un état émotionnel grisant et un peu vertigineux où on se sent très vivant au point que ça fait mal, ou une description littérale d'une personne en train de se mutiler ; ou peut-être qui saute d'une fenêtre (avec le temps qui passe durant la chute ou un moment de rupture après avoir touché le sol qui pourraient être figurés par les sauts à la ligne, longs espaces), ou hésite à le faire avant de redevenir calme.
Mais la chair qui devient molle et le goût de poussière pourraient renvoyer à un corps qui vient de s'écraser ; juste avant avec l'impression de peau qui enfle à cause du vent pendant la chute. D'un autre côté, ça pourrait être la poussière de l'amertume une fois la tempête (de glace et de feu) passée.
En fait, ça pourrait aussi être différents moments (envie de sauter, mutilation) juxtaposés ou mêlés, avec pour point commun qu'ils finissent par l'amollissement, une tension dénouée, presque décevante, deux expérience (ou trois) originellement distinctes qui se sont mélangées au fur et à mesure jusqu'au point de chute (mdr) commun.
J'ai ressentis un mélange troublant donc, entre quelque chose d'exaltant et de très violent voir morbide, le tout avec du Ghibli en tête. Ce qui était pour le moins ÉTRANGE. J'ai des ressentis très embrouillés à propos de ce texte du coup, une impression de confusion d'évènements et de sensations mêlés que je n'arrive pas à différencier. C'est compliqué d'identifier ce que ça provoque en moi. Quelque part entre l'exaltation douloureuse d'une créature garou qui opère ou rate sa métamorphose et une grande violence habillée en symboles, pour décrire un état de grande détresse, de douleur physique et peut-être de mort.
En vrac, plusieurs images qui me marquent ; l'aube qui tranche horizontalement, les poils qui s'écartent de la peau, le bras qui coupe le vent. L'araignée qui avance une patte, parce-que c'est juste après les tremblements et la mention du ventre, donc ça pourrait être une araignée cosmique qui contrôle les gestes du narrateur en faisant un mouvement tout léger sur un fil, ou une patte d'araignée qui sort du ventre et tracte la personne à la fenêtre avec un geste à la fois dégueulasse et très délicat (oui non mais je sais pas, c'est l'image qui a naturellement succédé aux impressions Ghibli).
J'aime bien mais je suis confus.
Cela-dit.
Il ne serait pas triste ton texte par hasard ?
:'DDDD
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- ziel
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Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 23:10
Dans la douceur matelassé de l'antre de couette, j'observe la lumière traverser le fin tissu de la housse à motif. Tout est bleu, flottant. Une bulle de chaud qui plonge au creux des nuages. J'ai de quoi lire, manger, dessiner, des doudous avec qui parler, et je suis prêt à observer la journée. De là où je suis, j'entends tout ! Les allez-venues, les discussions et les vibrations de la vie de dehors. L'ouïe connecté au moindre souffle, j'embarque dans mon être, me nourrissant des secousses et du vent chaud...
pas fini
pas fini
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- Silver Phoenix
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Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 23:11
Les journées se raccourcissent. Les ténèbres recouvrent, chaque jour un peu plus, les clairières cernées par la mer d’arbres millénaires. Neige et givre sur le bois sombre et la terre telle de la roche noire. Blizzard ternissant les quelques restes de couleur. Cadavres de feuilles, brunâtres ou cuivrés, balayés par les vents ou enterrés sous la poudreuse.
Autrefois, on y voyait des lumières. Des nuages de lucioles virevoltant à travers les saules, des voiles d’or brillant comme faisant danser la nuit elle-même.
Autrefois, on y entendait de la musique. Le chant flûté des passereaux, ou celui insolent des grillons. Parfois la voix persiflante des corbeaux.
Autrefois, la neige était plus douce. Le froid moins mordant, moins… solitaire…
Et puis, un jour…
(inachevé)
Autrefois, on y voyait des lumières. Des nuages de lucioles virevoltant à travers les saules, des voiles d’or brillant comme faisant danser la nuit elle-même.
Autrefois, on y entendait de la musique. Le chant flûté des passereaux, ou celui insolent des grillons. Parfois la voix persiflante des corbeaux.
Autrefois, la neige était plus douce. Le froid moins mordant, moins… solitaire…
Et puis, un jour…
(inachevé)
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- Leer
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Re: CRAAAAAAB'S
Dim 19 Déc 2021 - 23:26
Tempête de neige, dans mon œil gauche. Tempête de feu dans ma gorge. Grognements dans le creux du ventre et tremblements. L'araignée avance une patte. J'ouvre la fenêtre. Le vent s'engouffre. La pluie me fouette. Je sors. Un pas. En avant ! Que mon bras coupe le vent, je n'en doute pas. Il s'agite contre moi. Que la lune coupe la nuit. Serpe glacée dans la main du druide, elle reluit avant d'inciser.
L'aube arrive. Elle tranche à l'horizontale. Le tremblement chatouille, gratte. Le brasier fait vibrer chaque
fibre
de mon être.
Mes cheveux picotent et se dressent, la tourmente emporte mes cellules dans un ouragan qui s'emplifie, s'aggrave. Tout devient brûlant, coulant, rouge, et indispensable, la lune est brillante, de plus en plus éclatante, elle m'aveugle tandis que les poils s'écartent de ma peau car j'enfle, ma peau, dans son bouillonnement, se distend dans des directions, elle
devient
molle
calme
Calme ?
… Calme.
J'aspire et je hurle mes dernières forces
A la face du globe
Jusqu'à cracher mes poumons.
Goût de poussière : cette toute dernière note.
L'aube arrive. Elle tranche à l'horizontale. Le tremblement chatouille, gratte. Le brasier fait vibrer chaque
fibre
de mon être.
Mes cheveux picotent et se dressent, la tourmente emporte mes cellules dans un ouragan qui s'emplifie, s'aggrave. Tout devient brûlant, coulant, rouge, et indispensable, la lune est brillante, de plus en plus éclatante, elle m'aveugle tandis que les poils s'écartent de ma peau car j'enfle, ma peau, dans son bouillonnement, se distend dans des directions, elle
devient
molle
calme
Calme ?
… Calme.
J'aspire et je hurle mes dernières forces
A la face du globe
Jusqu'à cracher mes poumons.
Goût de poussière : cette toute dernière note.
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- Leer
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Re: CRAAAAAAB'S
Lun 20 Déc 2021 - 0:19
- Pantouffe:
- Bravo d'avoir écrit ceci après une journée si chargée ! J'aimerais en savoir plus sur ces vieux personnages du coup, surtout en sachant qu'ils vivent ensemble avec Pavel. Je m'attendais pas à ce que le père soit en fait un cadavre, ça me semblait une façon de raconter un père très immobile et absent. Comme quoi, y'a pas grande différence.
- Ragne:
- Tu emportes mon suffrage, ça gratte les cordes russes qui me sous-tendent.
- Malnir:
- Ca m'a rappelé "la forêt enchantée", un dessin animé de mon enfance que j'avais beaucoup aimé. Cela dit le texte surtout sans la musique m'a paru lourdingue dans son style (pardon pour le manque de tact absolu je suis trop fatigué pour trouver des mots justes T-T ce que je veux dire c'est que je devais relire plusieurs fois la même ligne sans que ça s'engramme et que j'accrochais pas) par contre la musique est de toute beauté, je pense garder la ref, et les deux ensemble m'ont aidé à passer dans une humeur plus chouettos, en me concentrant sur les images de stalactites avec la lumière hivernale et l'idée d'une légende-conte au cadre de dentelle.
- Silver:
- Ca m'évoque un paysage magique comme l'est la Bretagne ! Je pourrais aimer me retrouver là au cours d'un road trip. Et j'accord de l'importance à cette nuance avant-après qui est si élégante : autant qu'on le sache pas en éclat et en tambours, mais un changement radical dans le silence et les sous-ressentis. Ca met en exergue quelque chose que j'ai ressenti en regardant le soleil se coucher sur la mer. Le jour, c'est un paysage qui entoure et réchauffe le coeur, mais le soir, l'océan devient infiniment mélancolique, comme s'il tenait une tristesse insondable qu'on ne pouvait que constater et qui venait se répercuter en écho dans les humains.
- Ziel:
- C'est si boooon ! Encore ! Encore !
J'adore quand tu utilises de vrais souvenirs dans tes textes parce que ça respire le ressenti, et c'est à chaque fois si touchant, si juste, si joli, si précieux, que je m'empare de ces éclats à deux mains dans l'espoir que je puisse les absorber et en faire une partie intégrante de mon être.
(comme Thunder Dominique ! Ta cuisine est succulente. Continue. Je veux maintenant être régulièrement nourri de tes souvenirs. Autrement je provoque un tremblement de terre et des orages qui font peur.)
- Terrorem:
- Alors là, chapeau. C'est un premier texte qui va faire grande impression ! Entre la poésie, la structure, le fait que les deux communiquent, les ressentis physiques et créatifs parlants à tout bout de champ, la mise en page réfléchie, y a tout ce qu'il faut. Je fais mon malin analytique mais en le lisant j'étais surtout très content de lire quelque chose de neuf et bien fait. Si ça avait été une boule de bowling, il aurait fait un strike.
- Terrorem
- Messages : 2
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Re: CRAAAAAAB'S
Lun 20 Déc 2021 - 8:37
- Commentaires:
- Ragne
Malnir
Pantoufle
Ziel
Silver
Leer
- ziel
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Re: CRAAAAAAB'S
Lun 20 Déc 2021 - 16:20
- Ragne:
- Silver:
- Malnir:
- C'est un texte à lire avec de la musique. Je sais pas comment tu te débrouille pour associer textes et musiques comme ça, mais ça leur donne tout de suite une sacrée présence, de la force. c'est très marrant parce que je l'ai lu une première fois sans musique, et j'avais eu du mal à m'y plonger, à trouver où étaient les rythmes, les poses, Alors que avec la mélodie, c'est tout de suite chantant, j'ai l'impression de suivre un troubadour qui témoignerai de ce que fut l'hiver antique de nos régions.
- Terrorem:
- Comme à peut près tout le monde je suppose, c'est le premier texte que je lis de toi et c'est une trop bonne découverte ! T'as une manière d'écrire très soigné, légère et direct (et y'a les langue et la peau, m'ont marqué dans la lecture) c'est super agréable, et très appréciable de t'avoir parmi nous. Tout ce mélange de sensations, et l'évolution des ressentis. Hâte de continuer à te lire, trop chouette première lecture
- LEEEER:
- J'aime troooop ! c'est rythmé ! ça me prend aux tripes ! A lire à haute voix et en chantant ton texte à tue-tête !! elle est vraiment vivante cette mort de vampire.
- Pantouffe:
- Y'a une sacrée atmosphère poisseuse dans ce texte, Pendant la lecture, c'est marrant mais j'ai eu une sensation de compression, Ce texte est inachevé, et c'est assez amusant, y'a déjà beaucoup d'éléments, mais on sent (de manière organique) que y'a l'envie d'en avoir plus, de développer l'histoire et de la poursuivre
- Ragne
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Re: CRAAAAAAB'S
Mar 21 Déc 2021 - 16:43
- Commentaires:
- C''est mon tour, alors allons y. Je suis sur tablette. Pardonnez la mise en forme et les foooootes. Lear et Pan me connaissent, mais du coup en général je fais surtout des retours stylistique. Je suis moins a l' aise pour commenter une idée ou une émotion.
Malnir :
J'ai un sentiment extrêmement ambivalent à la lecture. Parce que tu oscille entre le géniale et le très mauvais. Ton texte est très fort dans ses moments dépouillés genre :
Tout le long du jour ils ont progressé, dépassé quelques hameaux, longés quelques ruisseaux
Et puis des fois, tu en fais des caisses. Tu balances des épithète partout, tu qualifié tout et a choisir des détails, tu perds autant l'ambiance que le lecteur.
Cultivé ta simplicité, c'est un choix très dur, mais tu seras vraiment très fort avec ça
Terrorem
Je sais pas quoi dire. J'ai rien relevé de pas bon, mais rien non plus qui me fracture le cœur ou me braque l'esprit. J'aurais aimé... Je sais pas, plus de folie ? Je crois savoir pourquoi, le texte choisit de jouer sur la nostalgie et c'est un sentiment qui me répugne, donc je ne peux qu'être hermétique à son idée, à son traitement. Bref. J'avais pas les armes pour etre un bon lecteur pour toi. Je suis désolé...
Pantouffle
Bon maintenant, tu arrête les conneries et tu écris un roman, un vrai que tu publie avec ton nom dessus et tu en fais ton métier. Tu es le mec que je connais qui écrit le mieux. Tu as toujours un science de la syntaxe extraordinaire, un amour de tes personnages très tendre, un verbe délicieux. J'ai rien a dire. Tu as un niveau d'écriture professionnel. Et je reste un très grand fan de ton travail.
Ziel
Du temps suspendu. C'est un terrain dangereux, s'y promener, c'est s'exposer a la comparaison avec Marcel qui en a fait des livres entiers sur ce temps vide et perdu.
Je vais pas te comparer avec Proust. Tu t'en sors très bien dans l'exercice. La lecture est fluide même si le texte est trop court pour que les émotions que tu veuilles invoqué aient le temps de ramener leur fessier tremoussant.
J'en aurais voulu plus.
Silver
J'ai eu beaucoup de mal au début. Ton texte est un bordel syntaxique sans nom. Tu fous des incises sans sens, il y a des phrases non verbal, des contresens. Franchement, c'est un coup a foutre un grammairien en soin palliatif.
Et a la relecture, j'ai commencé a apprécier ce style télégraphique et haché . J'ai eu l'image d'un barbare qui scindé ces phrases autrement et ce rythme claudiquant a quelques chose de beau.
Les émotions m'ont pas vraiment marqué, je suis resté très obnubilé par ta métrique etrange. Je lui trouve un côté incantatoire. Une psalmodie païenne qui vient modifier la cadence de notre sang
Sacré tour de force
Lear
Tu as toujours cette écriture si charnel. Le corps est plus qu'un vaisseau pour toi, c'est un vecteur de tout. Et pour moi qui m'éloigne beaucoup de mon corps, qui ne l'écoute pas, n'en prends pas soin. C'est une lecture intense. Dure parce qu'elle est confrontant. Belle parce que tu as un sens de la formule qui marche et qui happé.
Bref. Tu gères
- Malnir
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Re: CRAAAAAAB'S
Mar 21 Déc 2021 - 20:56
- Ragne : :
- Je suis toujours très mauvais pour commenter les formes poétiques car de base il est rare qu’elle éveillent grand-chose chez moi (sauf rythmique, poncifs visuels ou divers trucs qui viennent me titiller honteusement. Là du coup je reste assez neutre mais j’apprécie tout de même ce petit quelque chose de morne et quotidien qu’il y a. En vrai, je ressens le vide du narrateur.
Et c’est marrant mais pour comprendre et apprécier ton texte je me rends compte que je le modifie dans ma tête pour le passer en prose : « Je voudrais crever en regardant ailleurs … dans un champs de cendre, probablement un mercredi pour ne pas gâcher le weekend. Autour rien, tout : une banque en ruine, une attelle vide, etc »
En tout les cas, ce serait de mauvaise fois de dire que le texte est mauvais, quand bien même il m’a laissé tiède.
- Terrorem ::
- Je vais avoir du mal à commenter ton texte car je me laisse beaucoup distraire par le thème qu’il aborde. Donc mes idées partent à saute mouton et je perds le fil et je n’arrive pas trop à me concentrer et à le ressentir. Il est bien écrit, quoique j’ai l’impression d’une forme de côté bizarrement « homogène ». Je le visualise comme de la pâte. Ca doit tenir à la rythmique. J’aime plus la seconde moitié que la première, bizarrement je la trouve moins triste et lourde. Moins triste peut-être parce qu’elle ne dissèque pas comme la première moitié ce qui a été perdu. En tout cas belle première contribution !
- Pantouffe ::
- Il y avait quelque chose de RUSSE dans ton texte, et plus précisément de post-soviétique. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je visualisais clairement un quotidien dans un de ces innombrables appartements d’immeubles en béton brutalistes des années 50, vieillissants, encombrés de décoration et d’ameublement désuet et vieillissant, avec un père végétatif dans le plus pur négativisme russe des années Elstines (juste après la fin de l’URSS). Rien d’autre à dire, je te sens un poil moins ruisselant que d’ordinaire même si ça ne peut s’empêcher de pointer le bout de son nez.
- Ziel ::
- Ton texte envoi du CHILL d’hiver et d’enfance ; ça me rappelle mes soirées enfant, dans mon lit, à la lumière des veilleuses, à m’improviser capitaine de navire spatial et d’improviser mes doudous en équipage hétéroclite et coloré. Ce côté rêve et tout fait vraiment penser à une « nuit de comtes » onirique. Ton style a toujours cette empreinte zielesque un peu pétillante et étrangement « enthousiaste » sans qu’on saisisse l’exact raison du pourquoi.
- Silver ::
- Le premier paragraphe a un côté saccadé et un peu mystique, incantatoire, que je retrouve plus souvent chez Pantouffe, son côté ruisselant en moins. Toujours un univers assez « morne » ou « froid ». La suite est moins de cette trempe. Les deux suivants apportent un souffle tiède et lumineux. Puis les dernières phrases sont plus mélancoliques mais arrrgh, des points de suspensions ! Il faut paaaas. Enfin. Disons que je trouve que ça apporte pas grand-chose dans le cas présent, et que ça alourdi un peu. Le rythme se fige de plus en plus : est-ce volontaire ? Je sais pas. J’ai plus l’impression que la machine à idée était elle aussi un peu refroidie à ce moment là.
- Leer ::
- J’aime assez la façon dont tu joues de la rythmique pour traduire la progression physique du personnage : d’abord par bloc, froid (fiévreux), et abrupt, puis comme un combat, j’aime le détail de la brulure du froid. J’apprécie le côté dégoulinade sanglante, j’ai visualisé un jaune d’oeuf qui se brise en lisant le paragraphe de « l’aube » à « molle ».
La fin ressemble à ces fins d’agonies où la brutalité revient le temps d’un final. Comme le roulement de tambour progressif (de « molle à … Calme) à la fin d’une symphonie avant le bon coup de son des violons (quatuor de « vers » restant).
- Silver Phoenix
- Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26
Re: CRAAAAAAB'S
Jeu 23 Déc 2021 - 2:24
- Ragne:
- Alors, j'ai été très sensible à ton texte, il m'évoque une esthétique à laquelle je suis plutôt réceptive, celle des souvenirs qui se dégradent (du moins c'est l'impression que ça m'a donné). Je pense que c'est surtout le côté minimaliste du texte qui me donne ce sentiment de vide, d'altéré. C'est spécial et je ne pense pas que ça marche sur tout le monde, c'était en tout cas efficace sur moi.
- Malnir:
- J'aime bien comment tu racontes l'hiver, même si je trouve parfois les descriptions un peu trop "lourde". J'apprécie particulièrement l'image des "vides pastels", je suis restée dessus quelques secondes. J'ai lu une première fois sans la musique, puis une deuxième fois avec. Je t'avoue que je n'ai pas du tout imaginé ce type de musique pour ce texte, l'impression a donc été plutôt étrange (mais là je chipote). Dans l'ensemble, ton texte est joli, un peu brut et c'est l'effet voulu.
- Terrorem:
- Joli, l'effet miroir ! Je voyais déjà le pessimisme arriver avec le thème du CC, mais malgré la prévisibilité du texte, la mort de l'amour est bien retranscrite. J'y discerne quelque chose de "personnel" qui est pourtant décrit comme "universel" (même si je pense que ce genre de sentiment peut parler à pas mal de monde). J'apprécie aussi l'autodérision sur le côté naïf du premier amour, parce que je trouve qu'il y a une tendance avec ce genre de texte "miroir" de surexagérer les côtés positifs et négatifs (que j'aime bien appeler l'effet "c'était mieux avaaaant"). La finalité n'a pas franchement sonné négativement pour ma part. Bien que j'y ressens la douleur, j'ai eu simplement l'impression que le premier amour n'est qu'une étape de plus dans la vie.
- Pantouffe:
- ahh dommage que ça soit inachevé ! Je suis fan de l'ambiance du texte, assez morbide mais détaché (si j'ose m'exprimer ainsi). La sensation du cadavre caché dans le coin m'a collée à la peau. J'admets que j'ai trouvé le texte assez complexe et que j'ai du relire plusieurs fois pour être sûre d'avoir bien saisi tous les éléments (ce qui n'est pas un défaut, et ce n'est pas non plus facilité par ma fatigue). J'aimerais bien lire une suite de ton texte, qui est bien captivant.
- Ziel:
- Je crois bien que ton texte est le plus positif de ce CC ! Il est confortable et doux, plutôt mignon. Par contre, je ne vois pas trop le lien avec le thème, mais vu que le texte est inachevé, ça pourrait être bien d'en lire la suite. Malgré la longueur du texte, j'ai trouvé que c'était plutôt riche et ça m'a donné envie de monter une tente avec un matelas comme je le faisais enfant.
- Leer:
- C'était violent ! Rien que les deux premières phrases m'ont fait forte impression, mais cette mort est bien horrible. C'est très organique et oppressant. Et en même temps, c'est beau. De plus, j'accroche à la structure du texte. L'indécision des mots, un peu comme quand on essaye de décrire avec peine une sensation (un exemple plus concret : quand on dit qu'un nerf "bloque"), est curieusement approprié. J'aime beaucoup.
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