- Malnir
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Le Défi de Cendre
Sam 9 Juil 2022 - 17:37
Je vous propose donc le jeu suivant, avec remise des textes quand vous le souhaitez : Un texte de n'importe quel style ou forme, qui termine par ce vers de Jules Supervielle :
"Et le sable tant de fois sable doute et redoute sous nos pieds."
"Et le sable tant de fois sable doute et redoute sous nos pieds."
- Malnir
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Re: Le Défi de Cendre
Sam 9 Juil 2022 - 17:39
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"Et le sable tant de fois sable doute et redoute sous nos pieds."
Chercher des images de désert, chercher des ambiances, chercher des musiques
Se renseigner sur une autre culture du désert (touareg?)
Redouter ; menace peur violence
Douter ; énigme questionnement incertitude pénombre
Demi-jour
action
marche
tant de fois ; cycle, fréquence, répétitivité, maintient et renouvellement
Désert, plages, sablières, verreries
Le Livre des Dits de Nahram-Sïhn enseigne que lorsque le Vide était seul arbitre des Dieux Indifférents, le sable du Temps vint à s’immiscer par les fissures formées par Leurs pensées et emplit le Vide jusqu’à ce qu’il soit repoussé au Ciel. Et des sables du Temps se constituèrent par libre pensée divine les choses et les êtres, et les hommes.
Ainsi parla le prophète Ashir bien avant que les Dits soient énoncés ; « Et du sable tu procèdes et au sable tu reviendras. »
Un soir sur le fleuve Zawaj, Turjan et son ami Zahir goûtaient à la tiédeur du crépuscule qui caressait les falaises de grès ocre. Ils pagayaient de concert au milieu des libellules, menant leur barque au milieu des nénuphars. Leurs femmes les attendaient sur la berge, ils pouvaient presque les apercevoir dans la brume qui s’élevait des eaux peu profondes. Alors que tous pouvaient les voir, leur frêle embarcation vint s’échouer dans les hauts-fonds. Turjan passa par dessus bord et se noya. Zahir chercha à le secourir, mais fut emporté à son tour par le courant. On chercha leurs corps plusieurs jours avant de les retrouver une lieue en aval, face contre le sable.
Une nuit sur la route de Katovar, on dit que Bashir fut arrêté par les sbires du triste prince Salem-al-Dim. Il avait froissé le puissant d’un trait d’esprit par trop bien ajusté. On l’en décapita sur l’heure, avec pour seuls témoins les étoiles glacées. Son sang chaud bien vite vint gorger le sable du désert et le réchauffer ; il le teint irrémédiablement en une souillure purpurine et impardonnée.
Un matin, alors que l’air gardait encore la fraîcheur parfumée de l’aube, deux hommes s’étreignirent d’amour dans le secret d’une dune près de Pamperole, et que le sable y était brillant comme s’il était de citrine. Ayant remarqué le reflet du soleil sur la dune, un prêtre vint s’y promener, et les surprenant s’en est allé les dénoncer. Le voyant fuir, les deux hommes le rattrapèrent, le plaquèrent au sol et lui plongèrent la tête dans le sable ; ainsi le prêtre mourut. Mais le secret fut bientôt éventé, car un caravanier passa plus tard dans la journée. Avant midi, le meurtre était connu, et avant le soir, les deux coupables découverts. On les enterra jusqu’au cou là où ils avaient tué, on les lapida et on laissa le vent les engloutir au cour de la nuit. Depuis ces atrocités, la dune de Pamperole est terne.
Écoutez le récit de la bataille qui opposa Rialto le Merveilleux et Cugel le Chanteur, dans la plaine de Kumaj. Là dix fois dix mille guerriers trouvèrent la mort avant que, constatant l’impasse, les deux généraux ne se réconcilient autour d’une délicate collation où, dit-on, on mangea du melon parfumé de rose, alors que les cadavres cuisaient sur le sable brûlant. Était-ce ironie ou justice ? Les deux avaient empoisonné le plat de l’autre et, succombant ensemble, il n’y eut nul vainqueur. Depuis, le sable de la plaine de Kumaj sent la charogne.
Aussi le sable est témoin autant de la grandeur que de la violence de notre âme. La violence que le sable garde en mémoire. De cette violence humaine qui se tapit en tout lieu, qui n’attend qu’un faux pas pour rejaillir. Sommes nous bons ou mauvais ; quand nos pas foulent le sable, est-ce pour l’amour ou pour la mort ?
Et le sable tant de fois sable doute et redoute sous nos pieds.
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