Le Pare-tempêtes
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Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ? Empty Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ?

Lun 25 Mai 2020 - 21:24
Je rougis, là, non ?
Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26

Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ? Empty Re: Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ?

Lun 25 Mai 2020 - 22:08
Le visage de Monsieur Duchêne apparut dans l'écran. La qualité de l'image n'était pas très bonne.

"Bonjour Monsieur." salua Aaron, le sourire crispé.

Mais le son, au moins, était correct. C'était le principal. Bien que sa voix était enrouée, abîmée par de l'émotion — et des kilomètres de joints.

"Bonjour, Aaron."

Le sourire du psychologue était bien plus naturel. Plus enthousiaste.

Malgré déjà trois séances, Aaron n'était pas encore franchement à l'aise avec les salutations. Mais bon, s'il pouvait vider son sac... Si cela lui permettait de se sentir mieux...

"Je vous en prie, mettez-vous à l'aise."

Sa voix était calme. Posée.

Aaron se cala sur sa chaise rembourrée, dans une tentative de trouver une position plus relaxante. En vain. Rien à faire, son corps était toujours tendu. Ses muscles vrillaient presque sous sa peau sèche, écrasant sa poitrine, ses tripes.

"Dites-moi comment vous sentez-vous depuis la dernière fois."

Aaron se gratta nerveusement le nez du bout du pouce.

"Pas vraiment mieux."

Un petit souffle trouble s'échappa de ses narines évasées.

"Je n'arrête pas de me haïr."

Le psychologue prit un air sérieux derrière ses fines lunettes.

"Je pense encore à..." s'étrangla Aaron.

Onze ans après. C'était encore si douloureux. Les souvenirs qui planaient en permanence en une lourde brume devinrent brûlants, vifs, se déroulant dans sa tête à une vitesse hallucinante.

"... A tout ça."

Se calmer. Il devait se calmer.

"Mais je sais que... que..."

Une inspiration. Comme s'il fumait un joint.

"... ce n'est pas de ma faute."

Ses mains calleuses serrèrent ses genoux. Ses jambes étaient en coton.

"J'ai toujours cette honte, mais... 'Fin c'est pas "moins fort", c'est juste..."

C'était toujours difficile de trouver ses mots pour décrire des choses qui avaient l'air si évidentes.

"... différent ?" conclut Aaron après quelques secondes.

Une expression pensive s'afficha sur le visage de Monsieur Duchêne.

"Continuez." dit-il avec douceur.

Aaron baissa ses yeux. Soutenir des regards était si dur...

Les mots s'emmêlaient, formant un noeud dans sa gorge.

D'ailleurs, cela faisait combien de temps qu'il ne s'était pas roulé un joint ? Un moment, déjà.

Les secondes s'écoulaient lentement pour Aaron, comme de la poix bien noire dans un clepsydre.

"Prenez votre temps. Il n'y a aucun souci, Aaron." rassura tranquillement Monsieur Duchêne.

Aaron culpabilisa quand même. Mais pour quelle chose il ne culpabilisait pas, de toute façon ?

Il avait l'impression d'écarteler ses propres côtes et de presser son cœur dans sa main.

Non.

Aaron secoua sa tête avec une vivacité qui le surprit. Son cerveau lui semblait cogner contre son crâne, mais c'était toujours mieux que de le sentir saturé de souvenirs lancinants.

"Je..."

Respire. Un bon coup.

"... ne sais..."

Que veux-tu dire, Aaron ?

"Je n'sais plus où j'en suis !"

Il connaissait tellement cette honte. Elle avait fini par se mélanger à ses gènes monstrueux. Enfin... "monstrueux" était-il le mot ? Il ne savait pas.

Mais il savait, par le peu de rationalité que son cerveau défoncé par la drogue lui accordait, que ce mécanisme qui s'était mis en place depuis des années commençait à défaillir.

C'était terrifiant.

"Je... mes... p-parents..."

Parents.

Ce mot lui semblait... acide.

"Je les hais..." cracha Aaron.

Monsieur Duchêne semblait gribouiller des notes. Aaron s'accrocha désespérément au son un peu saturé du stylo noircissant la feuille. Cela devrait éviter que ses émotions résonnent trop fort sous son crâne...

Le psychologue releva légèrement la tête pour le regarder.

"Vous m'avez raconté lors de notre dernier entretien que vous ne voulez plus les considérer comme vos parents. Comment vous sentez-vous par rapport à cette décision ?"

La gorge d'Aaron se resserra.

"Je... J-J'ai beau dire que..."

Une petite toux pour se racler la gorge.

Un soupir.

"Vous savez... peu de personnes savent que... mes parents sont des tueurs en série..."

Le psychologue acquiesça avec un murmure d'approbation.

"Surtout que je reste cloîtré chez moi... presque tout le temps."

D'autres bruits de griffonnements s'envolèrent vers ses oreilles. Au plus grand soulagement du jeune homme.

"Je parle parfois sur Internet... et pendant une conversation banale, on... on avait parlé de nos parents..."

Le regard d'Aaron se détourna de l'écran.

"Un des membres du forum... il avait raconté une histoire à propos de son père... puis après d'autres histoires, on m'avait demandé une anecdote sur mes parents..."

Son estomac fit soudain un bond contre son cœur.

"J'ai dit qu'ils étaient morts..."

Étonnamment, ces mots ne désarçonnaient pas Monsieur Duchêne. Il continuait simplement de prendre des notes. Avec grande rapidité, remarqua Aaron.

Ce détail le déconcerta plus qu'il ne le pensait, d'ailleurs. En tout cas, bien plus que cette phrase, qu'il avait pourtant lâchée comme une bombe, ne déconcertait Monsieur Duchêne.

"Je... Je ne voulais pas qu'ils sachent... C'est... Je suis un menteur..."

Tout à coup, ce bruit presque apaisant du stylo marquant la feuille s'arrêta.

"Et vous pensez que ne plus les considérer comme vos parents serait un mensonge ?"

Les yeux d'Aaron s'humectèrent de larmes. Elles brûlaient comme de l'acide.

"Oui..."

Ses ongles griffèrent son vieux t-shirt.

"Je... Je me suis senti... Comme si j'avais..."

Respire encore, Aaron.

"F-Fui mes responsabilités..."

Sa voix se brouillait, se gorgeait d'eau.

"Comme si c'était moi qui... qui d-devait porter tout ça..."

Il allait craquer. Putain, il sentait qu'il allait craquer.

"Je... J'veux plus ressentir ça !... C'est pas de ma faute, tout ça !"

Il s'agrippa si fort au tissu qu'il pensait pouvoir l'arracher à mains nues.

"Alors pourquoi... pourquoi je me sens toujours... comme ça, quoi ?! Pourquoi je m'sens toujours aussi mal alors que j'ai pas d'raison d'l'être ?!"

Là, vraiment, c'en était trop. Aaron plaqua ses mains contre son visage écarlate, creusé par la fatigue. Sa poitrine était secouée de soubresauts semblables à des séismes dévastateurs. Son cœur se cognait frénétiquement contre ses côtes. Sa gorge s'obstrua, l'air manquait, se contractait dans ses poumons. Ses émotions étaient intenses, extrêmes Etourdissantes.

Plus Aaron pensait qu'il n'avait pas de raison de souffrir, plus il avait mal.

Il percevait distraitement ces mêmes bruits de stylo, mais cela ne suffisait plus du tout pour le calmer. Il laissa simplement ses larmes couler, comme si elles liquéfiaient sa douleur pour purger son esprit.

Il n'était pas du genre à pleurer, pourtant...

"C'est une bonne chose que vous vous libérez, Aaron. Vous étiez beaucoup plus réservé lors des précédentes séances."

La voix humide d'Aaron se craquait, éraflait son palais, écorchait sa trachée. Il avait chaud, il tremblait. Une force irrépressible l'obligea à courber son échine. Dans ce maelström d'émotions, il ne put s'empêcher de se sentir très embarrassé.

"Vous pouvez pleurer aussi longtemps que vous en avez besoin. Vous avez tant accumulé pendant des années."

Il avait chaud. Il était mouillé.

Le sel de ses larmes tapissait sa langue.

Mais ce n'était rien comparé à cette sensation d'eau gonflant ses poumons.

Dans une tentative de préserver une once de pudeur, il enfouit son visage pourpre et creusé dans ses bras. Les soubresauts malmenaient sa poitrine, ses muscles tiraient, ses jambes se nouaient.

Tout son corps tremblait comme parcouru d'une myriade de séismes.

L'ombre des petites filles planait sur lui.

Les insultes qu'on lui avait craché adolescent le brûlaient.

Il se sentait misérable. Comme un criminel malgré lui.

Il ne savait pas depuis combien de temps il s'était laissé aller, mais son dos courbé commençait à faire mal. Les cascades cristallines se tarissaient progressivement sous ses yeux, son souffle s'apaisait peu à peu. Son corps était lourd et lâche.

Il était vidé.

Un éclat de lucidité lui fit reprendre ses esprits. L'installait dans cet étrange mélange entre un pseudo bien-être et cette haine contre lui-même.

"Aaron, comment vous sentez-vous maintenant ?"

La voix de Monsieur Duchêne lui donna la force de se redresser. D'écarter ses paupières. Une main patraque se frotta contre son visage.

"Perdu."

Plus que jamais.

(inachevé)
Malnir
Malnir
Messages : 84
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Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ? Empty Re: Frissons de langueur. Comment ça hors sujet ?

Lun 25 Mai 2020 - 22:31
[Le début est dans le Corbeau précédent]

20 du Mois des Preux, 1860

Trois matelots disparus, et nous avons dérivés sud-ouest, apparemment de plus de trois-cent kilomètres. Les réserves de saumures ont beaucoup trop baissées et nous sommes très inquiets, on va peut-être devoir utiliser les voiles pour rentrer chez nous. On a trouvé dans le matelas du professeur Magrault tous les objets qui avaient disparus ces derniers jours, et même de très longs os, que le professeurs Kiel dit qu’ils sont humains. Je n’ose imaginer pourquoi ils sont là, mais en tout cas, et c’est plutôt rassurant, ils sont si propres que ça ne peut être que de très vieux os. Nous refaisons voile vers l’est, et cette fois-ci les équipes de nuits se feront par groupe de trois, il s’agit de ne pas dériver à nouveau. J’ai peur mais j’essaie de le cacher. Je voudrais déjà être rentré à Vyzerstadt !

Le capitaine a décidé à midi d’utiliser les voiles avec le moteur à saumure pour avancer plus vite et économiser nos forces. On a fouillé tout le bateau, sans rien trouver qui nous explique où sont passés les matelots, ni la moindre présence anormale à bord. En plus, toutes les chaloupes de sauvetage sont à bord, ils n’ont pu partir qu’à la nage ou tomber à l’eau. J’ai parlé à Pierrot Rouget, un autre étudiant de notre expédition, lui aussi se plains de coups répétés contre les murs de sa cabine ! Nous en avons parlé au capitaine, il nous assure qu’aucune tuyauterie ni mécanisme ne passe à côté des nôtres, que les bruits qu’on entends ne peuvent pas venir de là. Il a ajouté que tout le monde entend ces bruits apparemment, et tout le monde pense qu’ils sont voisins alors qu’ils doivent venir de plus loin, sans doute du moteur, et être transmis par les cloisons.

Avec Pierrot, on a décidé de dormir dans la même pièce ; si par hasard quelqu’un était responsable de ces disparitions, mieux vaudrait qu’on soit ensembles : il y aurait moins de risque de se faire attaquer. Pierrot a déménager ses affaires dans ma cabine, et on a installé un second lit.

21 du Mois des Preux, 1860

Le professer Arguet, spécialisé dans les oiseaux, n’est pas monté déjeuner ce matin, et ne répond pas quand on frappe à sa porte. La poignée est coincée, le capitaine et son maître ingénieur sont en train d’essayer de la forcer.

Tout était rangé dans sa chambre, il n’était pas là. L’écoutille qui donnait sur l’extérieur était fermée, la porte était fermée de l’intérieur ; impossible qu’il ait pu sortir, tout ça n’a pas de sens. Ca ressemble à une de ces énigmes de mauvais goût dans les romans policiers. Je ne lis pas ce genre de livres, mais j’ai entendu parler de ce procédé. Le capitaine dit que nous sommes à environ 750 km de la côte de la République de Vertesprés, au moins on ne devrait pas se retrouver chez les terringiens. Dans 3 jours on y sera.

On a retrouvé un exemplaire du « Perspectives et stratégies révolutionnaires internationales » de Vendel et Lugansk dans les affaires du professeur Arguet ! Je n’aurai jamais cru que lui serait un vendelien ! Lui qui paraissait si raisonnable ! Pierrot pense que ce livre est pleins d’idées intéressantes, mais que l’analyse de l’État que fait Vendel est fausse : je crois qu’il est anarchiste. Si la situation n’était pas si grave, je crois que je ne voudrais pas avoir affaire avec de telle personnes !

22 du Mois des Preux, 1860

Pierrot ne m’a pas réveillé ce matin, il est déjà sorti. C’est pourtant l’aube, il est tôt ! Je vais voir où il est.






Ils m’ont enfermés ! Ils m’ont accusé de l’avoir tué, puisque moi j’ai pas disparu avec lui ! Ils ont dis qu’ils me livreraient aux autorités à l’arrivée au port.


Le soleil s’est couché, je l’ai vu par l’écoutille, j’ai peur. Ils ne sont pas venus me donner à manger.

Il est tard, j’hésite à sortir par l’écoutille pour m’enfuir, mais ce serait difficile de pas tomber à l’eau, alors je reste à l’intérieur. J’essaie de trouver comment prouver mon innocence mais je n’arrive pas à penser.




23

J’ai faim, ils ne m’ont toujours pas nourris. Il y a eu des bruits horribles tout au long de la nuit.

Il est midi, je n’entend rien depuis tout à l’heure.

Le soleil ne s’est pas couché devant mon écoutille, on a dû changer de cap.

Je n’ai plus envie d’écrire dans ce carnet, je suis fatigué.

Il fait nuit, le bruit de cloison s’est tu, le moteur est à l’arrêt. J’ai peur

Je vais essayer de sortir par l’écoutille.




Il n’y a plus personne, je vais prendre une chaloupe et des vivres, essayer de rentrer tout seul.

24

J’ai du mal à naviguer, mais j’arrive à peu près à suivre un cap ; plein est, tant pis si je déboule en Terringie, au moins à terre ferme ! J’ai mangé, je suis soulagé d’avoir survécu à la nuit, d’être sorti de ma cabine.

Le soleil va se coucher, heureusement il fait beau. J’ai emporter une petite radio pour tenter d’appeler à l’aide mais il n’y a pas de réceptions.

J’ai besoin de dormir, j’ai aucune idée d’où je suis précisément, mais j’ai bloqué le gouvernail pour qu’il aille plein est.


25

Le soleil est en train de se lever, droit devant, je n’ai pas du dévier

Je crois que j’aperçois les terres.

Ce devaient être des nuages, parce que je ne m’en suis pas rapproché et que je ne les voit plus

26

Cette fois-ci, j’en suis sûr, terre !

Je suis accosté, et bien en Terringie, les gens ont la peau noir et les bâtiments avec ces toits relevés, ces colonnes de bois et tout ces étranges façons de construire. J’ai peu d’argent, mais je suis près des Concessions d’Hypos, j’espère pouvoir rejoindre le consulat dès demain. J’ai pu louer les services d’un charretier qui va dans cette direction.
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