CC AHAHA ! MAIS MOI AUSSI ! C'EST TROP FOU ! VENT QUI SOUFFLE, JE RIS

Son regard était de braise.  miguel avait tout pour lui. Des cheveux bouclés ondulant au vent, une moustache plus frétillante que ses jeux de paupières, une mâchoire bien dessiné, un foulard bleu, des sourcils droits et expressif, et surtout un sourire qui exprimait sa folle envie de vivre. Oui, miguel était quelqu'un de merveilleux. Et ça se voyait par ses pommettes délicate et gracile qui babillolait sous ses regards de fuego. Pourtant miguel avait une vie normal, il travaillait au smic, ne voyait pas grand monde, habitait dans un 12 m2, mangeait des pâtes au beurre toutes les deux demi journées, et ne sortait qu'une semaine sur deux sa poubelle, la bleue, celle des ordures ménagère, car il n'avait que très peu d'emballages à jeter dans les bac de recyclages de son quartier. Mais miguel était toujours là, souriant, frais comme un gardon, presque heureux. Ah ce brave miguel !! Je me souviens de ce que disait feu sa grand mère, la petite vieille portant le doux nom de manuelle maçon, « mon petit miguel, souri à la vie, car quand tu seras grand, tu auras le droit de peut-être avoir ta retraite, il faut bien travailler, sourire, et toujours être content, sois gentil mon petit miguel, sois gentil !! »  et il était content le petit miguel ! Toujours le sourire au creux des joues! Le brave petit miguel. Aujourd'hui, il est mort, 22 ans, une hernie discale mal soignée.

Le vent se lève sur le petit étang et Philippe et Jean-Pierre regardent les stries qui se forment sur l’eau calme où ils ont jeté leurs lignes de pêche. Tous deux près de la quarantaine, Jean Pierre a un mulet et un débardeur arc-en-ciel, et Philippe (ou Philou comme on le surnomme), une chevelure brune bouclée. Il porte la moustache de Freddy Mercury et un jeans moulant, qui le rend « bandant à faire pleurer une nonne », d’après Jean-Pierre. Malgré leur évidente appartenance à la communauté de ceux aimant bien leurs compatriotes masculins, il n’y a RIEN de sexuel entre eux. Pensez-vous. Ils sont amis depuis l’enfance, et ont tous deux leurs maris respectifs (celui de Philippe est fleuriste, et celui de Jean-Pierre coiffeur).

Ils étaient donc là, à taquiner la truite, quand cette brise printanière vint. Alors Philippe et Jean-Pierre se regardèrent, une seconde, deux secondes s’écoulèrent, trois blagues vinrent à leurs lèvres sans les franchir, et ils se gondolaient malgré tout, gagné d’une sorte d’euphorie sans objet. Philippe secoua à la tête en souriant. C’était une belle journée.

Ce sourire.



Étrange.



Forcé.



Insistant.



Ce type.



Son visage revient dans sa tête, tel une figure fantomatique. Figé dans ses souvenirs.



La lumière était... particulière. Désaturée, teintes d'orange agressant ses globes oculaires. Granules de lumière bouillant le regard.



Qui rendaient pourtant son regard à lui plus voyant.



Profond, pénétrant. Vide.



Soupir.



Elle se souvient. Tous les détails de son visage, elle s'en souvient. Ce frisson parcourant son échine a marqué ce visage au fer rouge dans son esprit. Elle ne comprends pas. Il y avait bien quelque chose derrière cette expression, elle en était certaine ! Une intention, un but... Un message ?



Elle y pense, encore et encore. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait. Cette masse de cheveux bouclés, la moustache broussailleuse...



Et ses yeux. Son sourire. Toujours les mêmes.



Mais elle en est sûre.



Ce type.



Elle ne l'a jamais rencontré.