Le Pare-tempêtes
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Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26

Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau. Empty Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau.

Lun 11 Sep 2023 - 22:34
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Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
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Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau. Empty Re: Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau.

Lun 11 Sep 2023 - 23:02
Les pleurs percent le silence de la nuit. Eclats lunaires roulant sur ses joues rebondies. Un nimbe de lumière enveloppe la berceuse avec douceur. La subtile mélopée d’une boîte à musique résonne dans la chambre. Berceuse désespérée, pour tarir les larmes du petit être. Les géants ne devraient plus tarder à arriver.

Ses bras s’agitent, ses minuscules mains tentent d’attraper quelque chose. Elles y parviennent et, dans un élan de pur instinct, portent le trésor aux lèvres. La bouche s’ouvre sous la sensation brûlante sur la langue. Et, en un instant, chute.

Une toile d’un noir profond, clairsemée d’étincelles argentées, qui s’amoncellent ensuite en voiles laiteuses. Maelström soudain de couleurs et de lumières. Et enfin…

Réveil.

Tout est gris.

Le rêve…

Ah, ce n’était qu’un rêve…

Mais, au moins, il y a cette chaleur dans la poitrine. Le vague souvenir d’avoir atteint une chose précieuse.
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SolalCendre
Messages : 20
Date d'inscription : 16/05/2021

Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau. Empty Re: Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau.

Lun 11 Sep 2023 - 23:05
Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau. Ça leur vient comme ça, comme un instinct. Encore tout petits, encore tout fragiles, les battements d'ailes virevoltants les agacent, les chatouillent, et ils font ce que font tous les enfants du monde qui découvrent la variété de ce qui les entoure : ils les mettent dans leur bouche. Peu de fées résistent au broyage consciencieux de ces gencives édentées. Même toutes nues, les mâchoires d'un nourrisson peuvent dépiauter, briser, concasser les os des fées, aussi délicats que des fils d'araignées pris par le givre. Pour peu que le môme soit vorace, toutes y passent.
Ce dévorage était une tendance qui allait croissant, mais tout avait commencé en l'année 3179 du règne d'Albarbok XII, de la dynastie Koÿk, qui gouvernait toutes les fées du monde connu. Après un millénaire de prospérité et d'abondance, la décadence pointait le bout de son nez. Les fées vieillissaient beaucoup plus lentement que les humains, si lentement qu'aucun humain n'avait jamais vu une fée vieillir. Fort de ce constat, bon nombre de fées avaient perdu de vue qu'elles vieillissaient effectivement, et n'étaient pas rares celles qui s'étaient laissé attraper sans prévenir par la mort, clac, à un coin de rue.
Les fées mouraient, chose étonnante, mais fait plus étonnant encore, les fées ne naissaient plus. C'était un sujet d'autant plus tabou au Royaume des fées que toutes savaient pertinemment quelle en était la raison. Le roi Albarbok lui-même n'était pas sans l'ignorer : chaque fée restait en vie parce qu'un humain, quelque part, croyait en son existence. Il fallait que cette croyance soit solide et ancrée, et surtout, qu'elle soit transmise aux descendants ou à des amis pour que la fée connaisse longue et belle vie. Sinon, quand la croyance de l'humain en la fée s'éteignait, celle-ci disparaissait aussi rapidement qu'une bulle de savon, ou pire, s'encroûtait et devenait aussi fripée qu'une feuille de tabac qu'on aurait laissé sécher trop longtemps, à mesure que l'humain la faisait passer dans cette partie de l'esprit qu'il consacre aux souvenirs lointains et aux rêves.
Alors qu'à une époque, aucune fée n'aurait pensé sérieusement mourir un jour, tant les humains croyaient en elles, voilà que le Destin soi-même, au fil des ans, monté sur autant d'escabeaux branlants, maniant marteau et clous dans une entreprise longue et laborieuse, était allé leur pendre une épée de Damoclès au-dessus du râble. Le Roi Albarbok soi-même, angoissé à l'extrême, n'arpentait pas les couloirs de son palais sans, précaution tout à fait inutile, regarder tous les trois décimètres derrière lui, dans la crainte de l'apparition sinistre ou du ricanement sournois d'une mort qui se serait annoncée comme dans les mauvais contes pour enfants, ce qui, au demeurant, l'aurait rassuré.
C'est lors d'une réunion du service des Relations Féériques de son cabinet, alors qu'il mâchait les ailes d'un puceron pour faire passer le stress, qu'une idée lui traversa l'esprit. Elle alla si vite qu'il ne put la saisir. Elle s'échappa et traversa la pièce, vola dans tous les sens, se cogna aux murs pour aller s'écraser contre la vitre de l'open-space et s'étaler sur la moquette moussue. Le Roi s'approcha avec prudence – les idées fulgurantes avaient tendance à l'explosion – mais constata que, même amochée, elle était encore utilisable. Il la secoua un peu et, sous les yeux ébahis de son cabinet, voici ce qu'elle lui dit :
« Penser à une opé marketing pour reprendre contact avec les humains sans qu'ils s'en aperçoivent.
- Mais c'est génial ! S'écria son chef de cabinet. Il faut envoyer des escouades pour leur rappeler notre existence.
- Et la patrouille 261, tu en fais quoi ? Lui fit remarquer la comptable d'une voix hautaine.
- Ils ont fini collé au dos d'une tapette en bambou et c'était pas beau à voir, geignit le Secrétaire général.
- Soit, dit le Roi. Mettons que nous évitions le contact direct. Quel est le moment où les humains ont le plus la tête ailleurs ?
- Quand ils mangent !
- Quand ils pêchent !
- Quand ils font des enfants !
Le Roi arrêta son gestionnaire carrière-paye d'un geste.
« Oui, c'est ça. Non. Ce n'est pas quand ils les font qu'ils sont tous azimuths. C'est quand ils naissent.
Toute l'assemblée poussa un soupir d'admiration alors que l'idée géniale s'évaporait dans les mains du Roi, toujours à genoux sur la moquette.
« Gelika, convoquez immédiatement notre escadre FAR.
- Vous... vous êtes sûr, votre Altesse ?
- Certain. Elles seront parfaites pour la mission que j'ai à leur confier.
Sans se faire répéter la consigne, la Responsable des Forces Armées voleta dans le couloir. Elle revint avec trois autres fées qui vinrent se planter sans cérémonie dans le bureau, face au Roi. Elles portaient des robes aux couleurs passées – rose, vert et bleu – dont la coupe était passée de mode depuis deux cents ans, mais dans leurs bras épais reposaient le fleuron des fusils à répétition de l'armée Féérique. Elles étaient la tête – soit, tout ce qui restait – du régiment FAR-FAR-AWAI (Forces Armées Répulsives – Forces Armées de Reconnaissance – Attachées Vaillants et Volontaires aux Attaques Imminentes), le plus prestigieux qui fut.
« Respects, vot' Majesté, dit la plus proche des fées, dont le regard raviné par l'alcool et l'haleine lourde de tabac aurait repoussé un bouledogue, c'est qui qu'on doit dézinguer ?
- Vous ne dézinguerez personne, caporale. Vous laisserez vos armes ici et vous vous rendrez là.
D'un doigt, il montra un point sur une carte. C'était la capitale d'un grand royaume humain dont toute mémoire a perdu la trace. Les trois fées, patibulaires, se penchèrent dessus et dubitèrent.
« Voici mon plan, vénérables sujets. Vous allez, vous, soldats, vous rendre dans ce royaume. Vous attendrez qu'un enfant naisse à la famille royale. Une fois qu'il sera né, quand les parents seront encore groggy, vous vous nimberez d'un voile magique, vous vous pencherez sur le berceau, et vous... vous...
- Vous lui offrirez des cadeaux ! Glapit le chef de cabinet.
- Non, pas des cadeaux, trop lourd à transporter. Vous lui offrirez... des dons. Ce  que vous voudrez. Pas trop voyants quand même, faites attention. Assurez-vous que les humains vous voient. Même dans le coltar, il faut qu'il vous voient. Alors ils croiront en nous, et nous serons sauvés. Compris, soldats.
Les trois fées, les ailes au garde à vous, saluèrent rigides dans leurs robes froissées, et s'en furent, laissant toutes leurs armes sur la moquette.
Malnir
Malnir
Messages : 84
Date d'inscription : 18/09/2018

Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau. Empty Re: Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau.

Lun 11 Sep 2023 - 23:08
Il y a des gens qui naissent en mangeant toutes les fées penchées sur leur berceau.

Quand les mères qui viennent d’enfanter s’endort et que les infirmières, sage-femmes et médecins ont tourné le dos, alors un observateur pourrait voir les délicates fées-Schrödinger, si elles pouvaient être vues : pareilles à un rayon de soleil au travers des nuages, elles ne viennent sur les berceaux que lorsqu’il n’y a aucun témoin. Alors, perchées en équilibre sur le bord, elles tissent de petits entrelacs de magie délicate sur le visage du nouveau-né. Lui dort, en général, et si d’aventure il se réveille, il ne distingue rien et se rendort aussitôt.

Sauf lui.

Vous ne le verriez sans doute pas, et les fées-Schrödinger non plus, mais ce bébé là est différent des autres. Sous son petit masque poupin, se cache un démon encore pataud. Il ne révélera rien avant qu’il ne soit trop tard.

Alors les fées se posent sur lui, commencent leur bal satiné sur sa peau. Lui a senti leur présence, son museau a détecté leur odeur de soleil. Il feint de dormir. Alors qu’elles finissent leur ouvrage, il ouvre un œil vitreux. Inconscientes du danger, les fées continuent leurs danses. Mais soudain voilà que l’œil se fait vif et intelligent, et il est alors trop tard pour s’échapper ! Instantanément piégées par le regard du bébé, les fées sont absorbées par ses pupilles. Elles y resteront piégées et seront lentement digérées dans l’humeur vitrée de ses globes oculaires qui s’imbibent alors de leurs qualités charmantes.

Chance, intuition, adresse, bonne santé, en quelques instants, les machiavéliques bambins ont volé à grosse dose ce qu’on voulait leur offrir en petites touches. Et c’est les joues rouges d’un bonheur spoliés qu’ils vont se réveiller et enchanter leurs mamans de leurs gazouillis perfides. Sans s’en rendre compte, elles vont les nourrir un peu plus, et ils vont grandir plus vite que les autres, être plus charismatiques, plus forts, meilleurs en toute circonstance, en plus d’avoir un charmant caractère au premier abord. Mais prenons bien garde car sous le masque adorable se cachent de vrais monstres.

Dés leurs premiers pas, ils iront piller subtilement les réserves familiales : biscuits, vin, et même tabac ! Rien n’échappe à leur gourmandise. Et les voilà, quelques années plus tard, crânement à dominer les cours de récréation. Ils ont des vêtements de marque, les cheveux impeccables, les autres enfants se divisent en deux groupes : ceux qui les admirent, et ceux qu’ils martyrisent. Que la maîtresse suspecte quoique ce soit, et ils tourneront leurs visages les plus angéliques pour la séduire. Alors que c’est lui qui a mangé la tarte aux pommes du pauvre Thierry ! Lui aussi qui a glissé une limace dans la chaussette d’un de ses camarades, dans les vestiaires du sport, et poussé le petit Thierry dans l’eau à la piscine (avant de faire accuser le gros Arnaud). Bref, leur malice n’a pas de limites. Avec l’âge, elle va pouvoir s’exprimer toujours plus et avec toujours moins de limites.

Prenons l’exemple d’un de ces petits démons, appelons Enrique.

Dés le collège, c’est lui qui va initier ses petits camarades à la masturbation, et écouler des revues pornographiques (ou des catalogues de lingeries). C’est aussi lui qui va se procurer des cigarettes pour lui et ses amis, et lui encore qui va harceler le souffre douleur de service. Lui qui va déclencher les bagarres à la cantine, et lui qui aura laissé les toilettes dégoûtantes (mais ce sera le boutonneux Arnaud qui sera accusé de ce méfait). Pour les professeurs, par contre, il est parfait : excellent en mathématique, il participe à l’option latin ET grec, il fait du basket, il fait deux tête de plus que les autres, il gratte les meilleures notes de la classe en toute décontraction ET reste cool et populaire. Sa réussite insolente écrase tout le monde. Il sera sorti, en quatre années de collège, avec les quatre ou cinq plus jolies filles de l’établissement (et les aura toutes lâchées comme de vieilles chaussettes, surtout la dernière)(mais, astucieusement, il aura convaincu tout le monde que ce sont des putes).

Au lycée …
Ma foi, cher lecteur. Toi qui observe avec moi ce petit monstre grandir. Tu le vois bien, c’est dans la continuité, en pire. Et toujours il se débrouille pour échapper aux remontrances et aux suspicions. Toujours aussi charismatique et aimé de tous, il va bien sûr passer la moitié de son temps libre à draguer et enchaîner les conquêtes. Que va-t-il faire après son bac brillamment passé (option Grec, latin, art plastique, sportif de haut niveau en basket et musique (guitare-joli-cœur) ?

Il fera une bonne école de commerce après avoir passé une licence d’économie et de droit, s’essaiera au trading et à l’urbex (il fera une chaîne youtube pour se filmer et être cool). Petite dégaine nonchalante, le mètre quatre-vingt-dix, musclé, quelques tatouages tribaux, petit bracelet de perle de bois et dégaine tranquille, il est du genre à venir à son école de commerce en skateboard et en tongs, alors qu’il s’est par ailleurs fait inviter à un rallye à Chantilly (où il viendra en costume impeccable). Toujours à jouer sur tous les tableaux, il va, avec un cagoule et un cadrage adéquat, se filmer dans ses rapports les plus intimes pour se faire de l’argent sur un site pornographique (sans en rien dire à sa copine du moment qui risque d’avoir de mauvaises surprises plus tard).

Après-ça ? Eh bien. Les idées ne manquent pas. Mais pour Enrique, disons qu’il va s’assagir en sortant diplômé de son école, et après avoir créé une ou deux start-up (et les avoir laissées couler après avoir absorbé tout ce qu’il pouvait), il va rencontrer la jeune Marie-Christelle, de bonne famille catholique, plutôt bourgeoise, et se marier avec elle à l’église (et il aura pris soin d’inviter tout ce qu’il pourra). Puis il va monter une agence immobilière, qui marchera bien et contribuera à la hausse des loyers dans la région, puis en revendra un tiers à un ami à lui, un tiers à sa femme, et avec le temps libre dégagé (ainsi que quelques investisseurs fascinés par son charisme et la plus-value savamment épargnée), il fondera une assurance en Suisse, à Genève, qu’il connaît déjà très bien car c’est là qu’il met son argent depuis ses débuts dans les affaires.

En Suisse, comme il est loin de la jolie (mais déjà un peu fade Marie-Christelle), il va multiplier les conquêtes. Il va tout de même finir par se faire prendre alors qu’en déplacement à Dauville pour affaire (affaire ayant un rapport pas étranger aux tables de jeux), il est aperçu par le père Marie-Christelle. Du coup divorce, mais grâce à d’astucieux montages il s’en sort sans trop de peine, puis s’envole, lassé de l’Europe, pour les Etats Unis. Puis la Chine, et finalement le Brésil. Puis finalement, toujours pas convaincu, mais ramenant dans ses bagages une actrice américaine, il va retourner en Suisse et y fêter ses quarante ans en se faisant offrir un piscine à champagne et un appartement à Monaco.

Bref, lecteur, nous n’allons pas aller plus loin dans l’exploration (passionnante) du curriculum-vitae de notre ami Enrique, qui a décidé de se lancer en politique, nous savons tous que, globalement, il va se résumer à cette simple phrase : face il gagne, pile, l’autre perd. Mais, aussi génial soit-il et exaltante soit sa vie, je ne pense pas qu’on ait à l’envier.

Non, pas du tout même.

Pourquoi ?

Parce qu’Enrique est un connard, voilà pourquoi.
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