Trois rencontres, trois ambiances !
5 participants
- SolalCendre
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Date d'inscription : 16/05/2021
Trois rencontres, trois ambiances !
Lun 18 Juil 2022 - 19:37
Trois rencontres, trois textes courts. Chacun d'eux est guidé par une lettre. Le premier sera guidé par le L. Le second par le E, et le troisième par le N Tous les mots doivent comprendre la lettre-guide, même les articles ! A vos plumes
- Leer
- Messages : 173
Date d'inscription : 16/08/2018
Re: Trois rencontres, trois ambiances !
Lun 18 Juil 2022 - 20:26
L
Plongeon. Longueur. Longueur. Longueur.
Lumière blafarde. Les vaguelettes affolées lapent l'enveloppe.
Epaule. Cheville. Orteils. La flèche sillonnant les flots... délavés, chlorés. L'exhalaison esprit-de-sel, glaciale, blessante. Les lunettes brouillées, l'olfaction close, iel évolue.
Omoplates saillantes, plaquées albâtre, vaguelettes.
Lampes blanches : longueur plafond, longueur crawlée. Les lampes défilent. Lacet blanc. Les ongles luisants jaillissent, volent, replongent. L'horloge parle, légat brutal. L'obligé la contemple. Pupilles mobiles. Longueur. Longueur. Longueur.
E
Je me retrouve, éreintæ, énervæ, essouflæ. Deux minutes ? Sérieusement... J'empoigne l'anse, je m'engouffre dehors. J'en veux. Le monde me devra des explications. Deux minutes ??? Impossible.
L'encombrant pot-de-colle ne me lâche d'aucune semelle. Bordel !!
Je retrouve Rose, elle semble inquiète. Je rassure personne. Rose et le pot-de-colle échangent de l’œil. Je fronce et je fonce, suivez et parlez de rien. J'écrase une goutte gênante de mes mèches. Mes pensées seront violentes de toute manière. Quelles que soient les réflexions, taisez l'ensemble. Je veux regarder l'univers brûler cet aprèm.
N
« Aindreas. » Un grincement.
Inclinant son nez aquilin : l'inarbodable.
Aindreas fronce son nez. Renifle, retourne.
« Non. » Une main tient l'échine, on ramène l'animal. « Non. » Insistantes prunelles.
Menottes invisibles : son intérêt intercepté. Une influence émane, arrimant Aindreas.
« Donne. » Une main dans une main.
Etonnant binôme. Un violonniste, un félin. L'ambiance éloignerait une explosion. Bouillonnement d'indomptable, puissance d'indompté.
Une main enjôleuse caressant l'enveloppe, une coloration purpurine prend racine. Aindreas s'enlise en grenats changeants.
Une babine goguenarde enregistre. Direction une nuit enfiévrée, donc...
Plongeon. Longueur. Longueur. Longueur.
Lumière blafarde. Les vaguelettes affolées lapent l'enveloppe.
Epaule. Cheville. Orteils. La flèche sillonnant les flots... délavés, chlorés. L'exhalaison esprit-de-sel, glaciale, blessante. Les lunettes brouillées, l'olfaction close, iel évolue.
Omoplates saillantes, plaquées albâtre, vaguelettes.
Lampes blanches : longueur plafond, longueur crawlée. Les lampes défilent. Lacet blanc. Les ongles luisants jaillissent, volent, replongent. L'horloge parle, légat brutal. L'obligé la contemple. Pupilles mobiles. Longueur. Longueur. Longueur.
E
Je me retrouve, éreintæ, énervæ, essouflæ. Deux minutes ? Sérieusement... J'empoigne l'anse, je m'engouffre dehors. J'en veux. Le monde me devra des explications. Deux minutes ??? Impossible.
L'encombrant pot-de-colle ne me lâche d'aucune semelle. Bordel !!
Je retrouve Rose, elle semble inquiète. Je rassure personne. Rose et le pot-de-colle échangent de l’œil. Je fronce et je fonce, suivez et parlez de rien. J'écrase une goutte gênante de mes mèches. Mes pensées seront violentes de toute manière. Quelles que soient les réflexions, taisez l'ensemble. Je veux regarder l'univers brûler cet aprèm.
N
« Aindreas. » Un grincement.
Inclinant son nez aquilin : l'inarbodable.
Aindreas fronce son nez. Renifle, retourne.
« Non. » Une main tient l'échine, on ramène l'animal. « Non. » Insistantes prunelles.
Menottes invisibles : son intérêt intercepté. Une influence émane, arrimant Aindreas.
« Donne. » Une main dans une main.
Etonnant binôme. Un violonniste, un félin. L'ambiance éloignerait une explosion. Bouillonnement d'indomptable, puissance d'indompté.
Une main enjôleuse caressant l'enveloppe, une coloration purpurine prend racine. Aindreas s'enlise en grenats changeants.
Une babine goguenarde enregistre. Direction une nuit enfiévrée, donc...
- Malnir
- Messages : 88
Date d'inscription : 18/09/2018
Re: Trois rencontres, trois ambiances !
Lun 18 Juil 2022 - 21:55
L'excellente rencontre de Nicolas, Guillaume, Hélène et Ernest, à Senlis
Lettre L
Le soleil aveuglait Guillaume. Il lâcha le livre qu’il lisait, l’œil larmoyant. Les cloches tintinnabulèrent lourdement. Senlis s’éveillait. Guillaume lui luttait, le sommeil lui alourdissait les épaules, lui malaxait les lombaires. Alors qu’il baillait, Nicolas s’infiltra. Il longea la clôture blanche, lentement. Les mélèzes le dissimulaient. Finalement il salua Guillaume. Celui-là, ébloui, le salua malgré la luminosité. Pareils rituels emplissaient leur relation amicale. Nicolas s’installa, levant le sourcil, les lèvres gondolée. Il s’exclama :
« Guillaume, quelle aimable demoiselle, Hélène ! »
Elle lui plaisait terriblement. Il lui expliqua le détail.
Lettre E
Ernest et Hélène se rencontrèrent à Senlis, une matinée d’automne. Le pavé était encore humide d’une ondée passagère, et depuis la rue des brasseries leurs promenade les mena vers le square encore endormi. Devant les grilles, le gardien les observa, l’œil attendri, persuadé d’observer deux amoureux. En réalité, les deux promeneurs ne se connaissaient que depuis quelques minutes et n’éprouvaient que curiosité et tranquillité. Leurs chemins s’étaient croisés et peut-être cela resterait éphémère. Leur traversée de cet écrin de verdure s’acheva derrière une haie de charmes en fleur. Les berges humides d’une rivière prenaient le relais. Après encore quelques mètres, Ernest ralenti, et Hélène se retourna et le considéra.
Gravement, elle déclara :
« Demain, même heure. »
Ernest acquiesça et délaissant Hélène, remonta une rue envahie d’une brume dorée que le soleil embrasait. Hélène le regarda se fondre dedans. Les horloges de Senlis sonnèrent neuf heure. Elle repartit, d’une démarche rapide et heureuse.
Lettre N
Ni Nicolas ni Ernest ne nièrent une connivence, immédiatement ressentie pendant l’entrevue nocturne devant l’orangerie de Senlis. Un sentiment nerveux d’inexplicable compréhension commune naquit instantanément. S’engageant dans l’écrin d’une sente plantée régulièrement d’orangers, Nicolas indiqua d’un geste un banc blanc. En s’asseyant, Ernest pensa qu’un déjeuner en compagnie d’Hélène conclurait parfaitement l’entrevue. En l’expliquant à Nicolas, son expression changea :
« Incroyable ! Nous connaissions donc Hélène sans nous connaitre nous ! Quand Hélène l’apprendra ! »
Sans attendre, Ernest invita Nicolas ainsi qu’Hélène (on téléphona) dans un restaurant. On déjeuna d’un bon jambon, d’excellents croissants, en trinquant d’un enivrant nectar d’oranges.
- Pantouffe
- Messages : 837
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28
Re: Trois rencontres, trois ambiances !
Lun 18 Juil 2022 - 23:02
L
Irrévocable basculement.
Brasillement estivale, inévitable calcination, les flammes s'enflent, gondolent. Liaison malcommode, inéluctable. Luttant, l'agglutinement vernal exhale- l'ultime souffle floral, splendide frivolité.
Le ciel inhale, délecté. Accumule. Relâche.
Alanguissant lacis, l'alizé glisse, s'étale. Il sillonne, il s'allonge, mailles entremêlées, filet tentaculaire écoulant les effluves. Flot vernale invisible, luxueusement alourdis. La plaine ploie longuement, elle grelotte, l'herbe souple applaudit. Déferlement foliaire, débâcle ensoleillée, végétale affolement délivrant la gestuelle florale longuement muselée ; décapsulée elle s'élance subtilement, pétille, bouillonne, joviale cavalcade. Pulsation pulsionnelle lestement relâchée. Les fleurs affriolées laissent s'envoler leurs pétales, s'allègent gaillardement, enclavées libertaires, hurlant leur fragilité, sublimées d'insolence. Aveuglées elles oscillent, effleurant l'extase... L'intervalle s'allonge, la temporalité trésaille. L'alacrité vélocement s'affaiblit.
Anomalie éclatante.
L'envolée cloche, les pétales pédalent. Plus elles s'élèvent, plus elles ralentissent. L'ascension périclite, déclin lancinant. L'horloge déraille, aiguilles paralysées. L'heure s'immobilise, les pétales s'ankylosent, les fleurs allègres cristallisent leurs interminables oscillations.
Le ciel les lorgne barbouillé, gesticulant mollement. Les flammes l'enveloppent, le lapent. Le soleil le saoule, le martèle, le bleu vacille, blanchit, fatalement grillé. Tellement lourd, tellement bouillant. Flamboiement inexorable, exalté, douloureusement infernale. Létale. La chaleur léthifère, le flou livide. Le ciel brûle, s’essouffle, s'écroule. Oligarque flétris. Le tribunal solaire lacère, lapide ; ultimement il l'achève.
Le glas cingle terrible.
Collision nullifiée. L'alizée s'étrangle. Les pétales dégringolent. La plaine recroquevillée laisse la lumière s'agglutiner. Caillot mielleux dégoulinant, collines écrabouillées. Lointaine la ville caillebotte. Kyrielles pulvérisées.
L'univers altéré, brutalement éclopé, bloque violemment, culbute. Il claque. L'immatériel ballet sclérose. L'inexprimable cycle- clôt. L’insondable complexité- révolue.
Retrouvailles abolies. Cycle annihilé.
-----
E
L'élégance en ces lieux se promène en vainqueur, foudres de membres couleur de craie et yeux de jaspe sombre. L'anatomie flexueuse sinue en vagues lactées, souples mouvements de fouet, la denture se dévoile en une serpe d'ivoire, la hanche blonde se love dans l'air comme devenu coquille pour cette charnure attendrie en douceur ; pétrissures venteuses sculpteuses de carcasses, c'est l'artiste oeuvrant contre cette peau. Brise câline malaxeuse, lumière d'ambre liquide ; les bourrasques bourgeonnent en guirlandes translucides et Nature toute entière se promène, de déliés en crevasses satinées d'ombres mauves. Le crépuscule joue en dégoulinures, les ténèbres s'étendent en parcelles bleues-violettes. Prairies immatérielles écloses emmi le firmament duveteux des courbes entrelacées. Le festival du beau retentit glorieusement, Nature le chante, l'annonce : c'est l'ephèbe angélique tombé dessous les astres. Avec ses lèvres de brasier, bouche en fournaise, langue de magma, dents de fragments météoriques, l'enfant de l'univers pose ses deux pieds sur terre. Éclatant comme le morceau de métal infernalement chauffé, incandescent emmi les heures nocturnes. Lune dessine ses gestes avec une craie phosphorescente, Vent corroie ses pulpes voluptueuses, Ombre creuse ses reliefs, Lumière tisse ses cheveux, Pollen poudre ses joues. Toutes les choses participent : c'est une fête immense. Célébration de la beauté faîte homme, faune lunaire désolidarisé des roselières cosmiques. Nébuleuses en maraudes et comètes poudroyantes immuablement abandonnées ; fange, arbres et géométries charnelles fiévreusement embrassés. Choix fatidique, irrémédiable. De regrets, aucune trace.
En ce royaume les sens s’imposent, règnent en maîtres despotes. Toute chose passe le filtre des sens, aucune échappatoire. Se déforme et parvient altérée, salie ; sublimée ; enrichie d’une certaine manière. Subjectivité est le trésor de ce monde enclavé. L’enfant stellaire est venu en réclamer une lichette, goûter l’existence animale en s’incarnant comme eux. Veut de leurs jeux, de leurs jouissance, de leur tendresse bestiale.
En ces lieux, nerfs et baisés s'accouplent en pelotes vibrantes ; lisières suscitées en premier lieu, secondement sublimées. Caresses créatrices, bouche accoucheuse de réalité, les peaux n’existent que d’être heurtées, d’intolérables voluptés en grandes brutalités. Les ressentis prévalent, sensations cheffes d'orchestres. Telles se présentent les promesses coruscantes de cet état charnel, innombrables délices serpentant dedans les carcasses vibrantes de sensualité. C’en est terminé de cette vie de poussière d’étoile, de cette errance nébulaire. Qu’advienne le temps des danses.
Salué de tous côtés, le faune ploie sa nuque forte et gracile. Révérence malhabile, gambettes frémissantes, membres tissés de roseaux et menaçant de se rompre. Une ondée nocturne, draperie aqueuse de cristal et d’argent, se libère de nuages que le vent pousse vers cette forme moelleuse, incertaine, vers l’excellence troublante de ces chaotiques entrelacements charnels. Elle frissonne, se courbe, se creuse de ce contact. Des percussions crépitantes, des billes foreuses- amicale déferlement, fleuve modeleur de membres. Elle l’absorbe, se gorge, sculpte ses propres lisières, devient complice de l’eau, vivante mélasse façonnée de mouvements. L’ébauche parfaite devient finalement une silhouette cohérente. Fumée élastique, détours flottants d’anatomie, petits morceaux de magnificence fusionnés en ce marasme tendre ; toute cette chaotique harmonie s’assemble. C’est une grâce séraphique amadouée vers une carcasse humaine, l’informe perfection que les apparences fraîchement modelées contiennent en délinéaments concevables, proportionnés et fixes. Une œuvre d’opale chancelant gaiement, orteils pointés, membres étendus, nez dressé vers le ciel comme une sculpture mutune, figée souplement le temps d’un mouvement de Danse. Enseveli de clarté lunaire, cohortes aqueuses en guise de voile.
De méplats en déliés, l'éloge diaprée des pluies étincelle en colliers démantelés ; clavicules enlarmées, angles et courbes enluminées. C’est une dégringolade de perles irisées. C’est une rivière phosphorescente habitée de grelots, le frissonnement de l’aube reflété en stridulences moirées contre une joue lunaire.
Nature se pâme.
Le faune inspire. S’emplit. Suspend le temps, le vent, se tend.
Et se projette sauvage, désormais vent coureur.
D’une seule mouvance traverse soirée, fourrées et villes. Frotte chaque trottoir, chaque peau croisée, chaque souffle d’écume prisonnier d’une bourrasque. Et ne laisse comme seule trace que battements de cœur accélérés, tumultes de respirations orageusement secouées, soupçons d’odeurs entrelacées.
Quelquefois contre murs, arbres et joues frôlés, le spectre d’une bise tendre toute crépitante de foudre.
Irrévocable basculement.
Brasillement estivale, inévitable calcination, les flammes s'enflent, gondolent. Liaison malcommode, inéluctable. Luttant, l'agglutinement vernal exhale- l'ultime souffle floral, splendide frivolité.
Le ciel inhale, délecté. Accumule. Relâche.
Alanguissant lacis, l'alizé glisse, s'étale. Il sillonne, il s'allonge, mailles entremêlées, filet tentaculaire écoulant les effluves. Flot vernale invisible, luxueusement alourdis. La plaine ploie longuement, elle grelotte, l'herbe souple applaudit. Déferlement foliaire, débâcle ensoleillée, végétale affolement délivrant la gestuelle florale longuement muselée ; décapsulée elle s'élance subtilement, pétille, bouillonne, joviale cavalcade. Pulsation pulsionnelle lestement relâchée. Les fleurs affriolées laissent s'envoler leurs pétales, s'allègent gaillardement, enclavées libertaires, hurlant leur fragilité, sublimées d'insolence. Aveuglées elles oscillent, effleurant l'extase... L'intervalle s'allonge, la temporalité trésaille. L'alacrité vélocement s'affaiblit.
Anomalie éclatante.
L'envolée cloche, les pétales pédalent. Plus elles s'élèvent, plus elles ralentissent. L'ascension périclite, déclin lancinant. L'horloge déraille, aiguilles paralysées. L'heure s'immobilise, les pétales s'ankylosent, les fleurs allègres cristallisent leurs interminables oscillations.
Le ciel les lorgne barbouillé, gesticulant mollement. Les flammes l'enveloppent, le lapent. Le soleil le saoule, le martèle, le bleu vacille, blanchit, fatalement grillé. Tellement lourd, tellement bouillant. Flamboiement inexorable, exalté, douloureusement infernale. Létale. La chaleur léthifère, le flou livide. Le ciel brûle, s’essouffle, s'écroule. Oligarque flétris. Le tribunal solaire lacère, lapide ; ultimement il l'achève.
Le glas cingle terrible.
Collision nullifiée. L'alizée s'étrangle. Les pétales dégringolent. La plaine recroquevillée laisse la lumière s'agglutiner. Caillot mielleux dégoulinant, collines écrabouillées. Lointaine la ville caillebotte. Kyrielles pulvérisées.
L'univers altéré, brutalement éclopé, bloque violemment, culbute. Il claque. L'immatériel ballet sclérose. L'inexprimable cycle- clôt. L’insondable complexité- révolue.
Retrouvailles abolies. Cycle annihilé.
-----
E
L'élégance en ces lieux se promène en vainqueur, foudres de membres couleur de craie et yeux de jaspe sombre. L'anatomie flexueuse sinue en vagues lactées, souples mouvements de fouet, la denture se dévoile en une serpe d'ivoire, la hanche blonde se love dans l'air comme devenu coquille pour cette charnure attendrie en douceur ; pétrissures venteuses sculpteuses de carcasses, c'est l'artiste oeuvrant contre cette peau. Brise câline malaxeuse, lumière d'ambre liquide ; les bourrasques bourgeonnent en guirlandes translucides et Nature toute entière se promène, de déliés en crevasses satinées d'ombres mauves. Le crépuscule joue en dégoulinures, les ténèbres s'étendent en parcelles bleues-violettes. Prairies immatérielles écloses emmi le firmament duveteux des courbes entrelacées. Le festival du beau retentit glorieusement, Nature le chante, l'annonce : c'est l'ephèbe angélique tombé dessous les astres. Avec ses lèvres de brasier, bouche en fournaise, langue de magma, dents de fragments météoriques, l'enfant de l'univers pose ses deux pieds sur terre. Éclatant comme le morceau de métal infernalement chauffé, incandescent emmi les heures nocturnes. Lune dessine ses gestes avec une craie phosphorescente, Vent corroie ses pulpes voluptueuses, Ombre creuse ses reliefs, Lumière tisse ses cheveux, Pollen poudre ses joues. Toutes les choses participent : c'est une fête immense. Célébration de la beauté faîte homme, faune lunaire désolidarisé des roselières cosmiques. Nébuleuses en maraudes et comètes poudroyantes immuablement abandonnées ; fange, arbres et géométries charnelles fiévreusement embrassés. Choix fatidique, irrémédiable. De regrets, aucune trace.
En ce royaume les sens s’imposent, règnent en maîtres despotes. Toute chose passe le filtre des sens, aucune échappatoire. Se déforme et parvient altérée, salie ; sublimée ; enrichie d’une certaine manière. Subjectivité est le trésor de ce monde enclavé. L’enfant stellaire est venu en réclamer une lichette, goûter l’existence animale en s’incarnant comme eux. Veut de leurs jeux, de leurs jouissance, de leur tendresse bestiale.
En ces lieux, nerfs et baisés s'accouplent en pelotes vibrantes ; lisières suscitées en premier lieu, secondement sublimées. Caresses créatrices, bouche accoucheuse de réalité, les peaux n’existent que d’être heurtées, d’intolérables voluptés en grandes brutalités. Les ressentis prévalent, sensations cheffes d'orchestres. Telles se présentent les promesses coruscantes de cet état charnel, innombrables délices serpentant dedans les carcasses vibrantes de sensualité. C’en est terminé de cette vie de poussière d’étoile, de cette errance nébulaire. Qu’advienne le temps des danses.
Salué de tous côtés, le faune ploie sa nuque forte et gracile. Révérence malhabile, gambettes frémissantes, membres tissés de roseaux et menaçant de se rompre. Une ondée nocturne, draperie aqueuse de cristal et d’argent, se libère de nuages que le vent pousse vers cette forme moelleuse, incertaine, vers l’excellence troublante de ces chaotiques entrelacements charnels. Elle frissonne, se courbe, se creuse de ce contact. Des percussions crépitantes, des billes foreuses- amicale déferlement, fleuve modeleur de membres. Elle l’absorbe, se gorge, sculpte ses propres lisières, devient complice de l’eau, vivante mélasse façonnée de mouvements. L’ébauche parfaite devient finalement une silhouette cohérente. Fumée élastique, détours flottants d’anatomie, petits morceaux de magnificence fusionnés en ce marasme tendre ; toute cette chaotique harmonie s’assemble. C’est une grâce séraphique amadouée vers une carcasse humaine, l’informe perfection que les apparences fraîchement modelées contiennent en délinéaments concevables, proportionnés et fixes. Une œuvre d’opale chancelant gaiement, orteils pointés, membres étendus, nez dressé vers le ciel comme une sculpture mutune, figée souplement le temps d’un mouvement de Danse. Enseveli de clarté lunaire, cohortes aqueuses en guise de voile.
De méplats en déliés, l'éloge diaprée des pluies étincelle en colliers démantelés ; clavicules enlarmées, angles et courbes enluminées. C’est une dégringolade de perles irisées. C’est une rivière phosphorescente habitée de grelots, le frissonnement de l’aube reflété en stridulences moirées contre une joue lunaire.
Nature se pâme.
Le faune inspire. S’emplit. Suspend le temps, le vent, se tend.
Et se projette sauvage, désormais vent coureur.
D’une seule mouvance traverse soirée, fourrées et villes. Frotte chaque trottoir, chaque peau croisée, chaque souffle d’écume prisonnier d’une bourrasque. Et ne laisse comme seule trace que battements de cœur accélérés, tumultes de respirations orageusement secouées, soupçons d’odeurs entrelacées.
Quelquefois contre murs, arbres et joues frôlés, le spectre d’une bise tendre toute crépitante de foudre.
- Silver Phoenix
- Messages : 139
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 26
Re: Trois rencontres, trois ambiances !
Lun 18 Juil 2022 - 23:07
Lettre L
Les lucioles volètent malgré le brouillard dissimulant les glabres tilleuls. La glace blanche luit faiblement, reflétant les éclats opalescents lunaires. Quelques feuilles, pâles, déliquescentes, décolorées. Eternel labyrinthe gelé.
Les lèvres tremblantes libèrent l’exhalaison laborieuse. Le clac glacial brûle le col, l’œil mi-clos. Les boucles blondes flottent, longent les oreilles écarlates.
Eclair lucide malgré la paralysie cérébrale.
Finalement.
La voilà.
Lettre E
‘’Eh bien…’’
Robe scintillante, cheveux d’ébène, sourire lumineux. C’est elle.
‘’Cette forêt est… tellement vide.’’
Hochement de tête. Seules les lucioles offrent le peu de vie, en ces ténèbres hivernales. Elle s’approche, l’enlace, embrasse les joues exposées. Cette chaleur soudaine choque, s’étend vers les épaules. Le givre perle leurs yeux.
Deux âmes perdues, telles des flammes perçant l’obscurité.
‘’Je t’accorde cette danse.’’
Elle s’accroche davantage. Leurs cœurs battent avec force contre leurs poitrines, leurs tempes pulsent.
Lettre N
Nébuleuse. Magnifique. Magnétique.
Divine étreinte en offrande.
Une splendeur digne d’une nymphe. Fine nimbe couronnant. Nuées diaphanes s’entrelaçant. Nombreux points lumineux papillonnant.
Front contre front, mains contre nuques. Une onde passionnée frissonnant profondément.
Une nuit légendaire, un songe vivant.
Sensations inoubliables.
Les lucioles volètent malgré le brouillard dissimulant les glabres tilleuls. La glace blanche luit faiblement, reflétant les éclats opalescents lunaires. Quelques feuilles, pâles, déliquescentes, décolorées. Eternel labyrinthe gelé.
Les lèvres tremblantes libèrent l’exhalaison laborieuse. Le clac glacial brûle le col, l’œil mi-clos. Les boucles blondes flottent, longent les oreilles écarlates.
Eclair lucide malgré la paralysie cérébrale.
Finalement.
La voilà.
Lettre E
‘’Eh bien…’’
Robe scintillante, cheveux d’ébène, sourire lumineux. C’est elle.
‘’Cette forêt est… tellement vide.’’
Hochement de tête. Seules les lucioles offrent le peu de vie, en ces ténèbres hivernales. Elle s’approche, l’enlace, embrasse les joues exposées. Cette chaleur soudaine choque, s’étend vers les épaules. Le givre perle leurs yeux.
Deux âmes perdues, telles des flammes perçant l’obscurité.
‘’Je t’accorde cette danse.’’
Elle s’accroche davantage. Leurs cœurs battent avec force contre leurs poitrines, leurs tempes pulsent.
Lettre N
Nébuleuse. Magnifique. Magnétique.
Divine étreinte en offrande.
Une splendeur digne d’une nymphe. Fine nimbe couronnant. Nuées diaphanes s’entrelaçant. Nombreux points lumineux papillonnant.
Front contre front, mains contre nuques. Une onde passionnée frissonnant profondément.
Une nuit légendaire, un songe vivant.
Sensations inoubliables.
- SolalCendre
- Messages : 20
Date d'inscription : 16/05/2021
Re: Trois rencontres, trois ambiances !
Mar 19 Juil 2022 - 23:11
SolalCendre a écrit:
Une rencontre en L
Lilas et lys luisent, liés là, liasse fragile, à l'étal de la fleuriste. Albéric ralentit l'allure. Flanche. Leurs lumineuses couleurs enjôlent les prunelles. Leurs exhalaisons lunaires clouent le chaland là, alors qu'il les cueille de l'œil. Il flatte le pétale, palpe le galbe du lys. Quelques pleurs lui coulent. Laïla l'aïeule plissait de lys les linges qu'elle glissait, sental, au long du lit. L'aïeul Émile, lui, glissait au pli de son galure une lancée de lila, délice de Laïla, plaisir d'Albéric. Il pleure. Il pleure et l'oeil de la fleuriste coule sur lui, cordial.
Rencontre en E.
Eh ! Tourne tes yeux vers mes yeux, que je te dévisage en pleine lumière et conscience ! Tiens mes regards, que je sache que je harponne bien une errance pareille, une douleur pareille, une vigilance pareilles que les miennes enfouies dedans mes tripes. Regarde ! C'est cela. Présentement, les deux énergumènes que sommes se remarquent. Se jaugent. Se combattent déjà. Tiens bien mes yeux ! Ne renonce qu'en revenant de meilleur élan. Exact. Quinze longues secondes que tes yeux battent les miens. Tes épaules se gonflent, muscles dehors, chassent les rets des filets que je tends. Parade inutile, je te tiens déjà. Le RER feule une sonnerie immonde, stop Auber, tes pieds dansent, passent près, très près, debout tes yeux clignent vers les miens, moqueurs. Dehors je te regarde encore.
Rencontre en N
Non. Ne nie rien. Nous nous portions l'un et l'un, en un étang plein de luminescences. Nous avons nagé, nus, nimbés de nuit. Sans rien prononcer, sans rien montrer, nous nous touchions en adolescents angoissés. Ne parlons point en baisers élancés, en contacts lents en pleine onde. Non. Enfin, nous savons qu'une nuit ainsi tendre inspire en lentes lames ployant nos indécises murmurations. Taisons-nous. Une nuit monte en nous.
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