- Pantouffe
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CC N°12 Thème 96 : La nymphe des lampadaires
Jeu 20 Sep 2018 - 19:49
PAR MALNIR
La flamme apparu, s’étala sur le disque d’huile, langue bleue puis d’un or chaleureux, roussoyante enfin. Elle se contorsionna délicatement, ainsi qu’une feuille dans le vent, reflétant ses feux sur les panneaux de verre et le métal chromé qui l’entourait. Enfin ses ondulations prirent fin quand l’Allumeur rabattit la portière du lampadaire d’un mouvement de sa canne et partit en sifflotant sur le pavé mouillé d’Anivers. Alors elle s’assagit et resta, ronronnant doucement, frissonnant à peine. Autour d’elle, un balais de scarabées et d’insectes aux ailes irisés vinrent tournoyer dans le cercle doré qui l’auréolait. La nuit commençait, douce et parfumée, c’était encore un début d’automne. Les passants étaient rares, pressant le pas, cols et chapeaux rabattus sur le visage pour se protéger de la pluie tiède, s’ils n’avaient pas la chance de posséder un parapluie aux pans noirs et luisants.
La Rue des petits retours restait toujours calme avant des heures précédant l’aurore ; alors les habitués de l’Avenue des liqueurs venaient souvent à l’emprunter pour rentrer chez eux, la démarche incertaine, parfois agrippés en grappes humaines pour avancer plus aisément. On habitait rarement dans le quartier des libertins ; on y passait plutôt. Souvent, on créchait dans le quartier des gravines, celui des ardoises ou le célèbre quartier estudiantin. Aux mêmes heures, on relevait les barrières du Pont des Bouteilles et de celui du Chancelier pour éviter des attroupements et le couvre-feu qui interdisait la traversée du fleuve et coupait donc la ville en deux prenait fin. Le garde de nuit fatigué regardait en clignant des yeux les ivrognes passer devant sa casemate, attendant avec un ultime café que son collègue de jour vienne le relever. Pour palier au danger de l’endormissement, des escouades spéciales, celles du « chien et loup », venaient souvent déambuler le long des grands boulevards, décourageant les malintentionnés. À ces mêmes heures, les petites « nymphes des lampadaires » étaient éteintes et pour quelques minutes, seule l’onde blanche et opalescente de l’aurore caressait la ville assoupie. Le fleuve et l’océan tout proche bleuissaient alors, palissaient, rosissaient.
On était pourtant encore loin de ces ultimes heures nocturnes quand deux jeunes hommes, titubant à peine, casquette crânement rabattue sur le front et blouse d’ouvrier négligemment jetée sur l’épaule, s’engagèrent dans la rue. La pluie avait cessé, ils glissaient encore sur le pavé, se disputaient confusément. Le plus jeune avait séduit la sœur de l’autre, et ce dernier ne pouvait l’accepter. Approchant du lampadaire, dont la flaque de lumière venait succéder à une plage ténébreuse, il lui avait dit : « je te tuerai bien pour ça ». Le jeune, l’esprit fatigué et embrumé d’alcool, croyant naïvement à un de ces duels que les nobles s’amusaient à faire entre eux pour l’honneur, répondit : « Et bien, fais ».
Il s’avança de quelques pas et, sous le rond de feu du réverbère, esquissa quelques pas de danse, riant à moitié, s’inclina un peu comme il avait vu faire les aristocrates, commença ; « L’heure et le lieu à ta convenance », s’arrêta à « l’heure » ; l’autre avait bondit, un coutelas sorti vivement dans sa main, l’avait jeté au sol, le plaquant d’une main, et la lame fusa, fil argenté qui bientôt s’empourpra, comme si l’arme ressentait la honte qui manquait à son maître. Enfin, il se releva, chancelant un peu, contempla un instant la masse inerte au sol, affalée contre le poteau du lampadaire, et s’en fut sans plus de cérémonie.
Le jeune homme pourtant respirait encore, sa poitrine ensanglantée se soulevant péniblement, ses mains engourdies tâtant ses plaies béantes, cherchant à en étancher le flot. Sa bouche écumante et cramoisie gargouilla quelques borborygmes, ses yeux d’abord écarquillés se fermaient à présent, comme épuisés. Tout soudain le cercle de lumière se distordit, la petite flamme dorée s’était détachée du lourd poteau de fer blanc et se laissait porter doucement vers le mourant, sa lumière ambrée diminuant jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une lueur en se posant au dessus de sa poitrine désormais presque immobile. Elle paraissait une petite étoile jaune se reflétant dans ses yeux humides et mi-clos. Un second astre émergea de son corps, rouge et infime, et commença une lente spirale autour du premier, une danse à la beauté mécanique, éthérée. Il fut bientôt captivé, bercé par ce ballet lumineux. Son corps ne le faisait plus souffrir, sa tête se faisait légère, sa vision s’obscurcit. La dernière chose qu’il vit furent ces billes de feu toujours tournoyantes.
Quand ses yeux devinrent vitreux et ternes, ils s’élevèrent tous deux, flottant au dessus de la rue, puis des toits… et filèrent dans la nuit pour disparaître au loin à l’est.
La Rue des petits retours restait toujours calme avant des heures précédant l’aurore ; alors les habitués de l’Avenue des liqueurs venaient souvent à l’emprunter pour rentrer chez eux, la démarche incertaine, parfois agrippés en grappes humaines pour avancer plus aisément. On habitait rarement dans le quartier des libertins ; on y passait plutôt. Souvent, on créchait dans le quartier des gravines, celui des ardoises ou le célèbre quartier estudiantin. Aux mêmes heures, on relevait les barrières du Pont des Bouteilles et de celui du Chancelier pour éviter des attroupements et le couvre-feu qui interdisait la traversée du fleuve et coupait donc la ville en deux prenait fin. Le garde de nuit fatigué regardait en clignant des yeux les ivrognes passer devant sa casemate, attendant avec un ultime café que son collègue de jour vienne le relever. Pour palier au danger de l’endormissement, des escouades spéciales, celles du « chien et loup », venaient souvent déambuler le long des grands boulevards, décourageant les malintentionnés. À ces mêmes heures, les petites « nymphes des lampadaires » étaient éteintes et pour quelques minutes, seule l’onde blanche et opalescente de l’aurore caressait la ville assoupie. Le fleuve et l’océan tout proche bleuissaient alors, palissaient, rosissaient.
On était pourtant encore loin de ces ultimes heures nocturnes quand deux jeunes hommes, titubant à peine, casquette crânement rabattue sur le front et blouse d’ouvrier négligemment jetée sur l’épaule, s’engagèrent dans la rue. La pluie avait cessé, ils glissaient encore sur le pavé, se disputaient confusément. Le plus jeune avait séduit la sœur de l’autre, et ce dernier ne pouvait l’accepter. Approchant du lampadaire, dont la flaque de lumière venait succéder à une plage ténébreuse, il lui avait dit : « je te tuerai bien pour ça ». Le jeune, l’esprit fatigué et embrumé d’alcool, croyant naïvement à un de ces duels que les nobles s’amusaient à faire entre eux pour l’honneur, répondit : « Et bien, fais ».
Il s’avança de quelques pas et, sous le rond de feu du réverbère, esquissa quelques pas de danse, riant à moitié, s’inclina un peu comme il avait vu faire les aristocrates, commença ; « L’heure et le lieu à ta convenance », s’arrêta à « l’heure » ; l’autre avait bondit, un coutelas sorti vivement dans sa main, l’avait jeté au sol, le plaquant d’une main, et la lame fusa, fil argenté qui bientôt s’empourpra, comme si l’arme ressentait la honte qui manquait à son maître. Enfin, il se releva, chancelant un peu, contempla un instant la masse inerte au sol, affalée contre le poteau du lampadaire, et s’en fut sans plus de cérémonie.
Le jeune homme pourtant respirait encore, sa poitrine ensanglantée se soulevant péniblement, ses mains engourdies tâtant ses plaies béantes, cherchant à en étancher le flot. Sa bouche écumante et cramoisie gargouilla quelques borborygmes, ses yeux d’abord écarquillés se fermaient à présent, comme épuisés. Tout soudain le cercle de lumière se distordit, la petite flamme dorée s’était détachée du lourd poteau de fer blanc et se laissait porter doucement vers le mourant, sa lumière ambrée diminuant jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une lueur en se posant au dessus de sa poitrine désormais presque immobile. Elle paraissait une petite étoile jaune se reflétant dans ses yeux humides et mi-clos. Un second astre émergea de son corps, rouge et infime, et commença une lente spirale autour du premier, une danse à la beauté mécanique, éthérée. Il fut bientôt captivé, bercé par ce ballet lumineux. Son corps ne le faisait plus souffrir, sa tête se faisait légère, sa vision s’obscurcit. La dernière chose qu’il vit furent ces billes de feu toujours tournoyantes.
Quand ses yeux devinrent vitreux et ternes, ils s’élevèrent tous deux, flottant au dessus de la rue, puis des toits… et filèrent dans la nuit pour disparaître au loin à l’est.
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Re: CC N°12 Thème 96 : La nymphe des lampadaires
Jeu 20 Sep 2018 - 19:49
PAR HELLENIKA
Volant avec frénésie, la petite mouche se précipita tête en avant vers la lumière qu'elle percevait au loin. Ses yeux rouges lui renvoyaient un éclat divisé en une vingtaine de morceaux. Les voyant grossir avec rapidité comme elle se rapprochait, elle sentit son soulagement grandir de concert. Encore un peu, et elle serait en sécurité.
Elle atteignit enfin ce qu'elle savait être une lumière d'Homme, artificielle mais sécurisante tout de même. La forme noire qui volait derrière elle depuis quelques secondes à peine fit demi-tour. Posée sur l'ampoule orangée, la mouche soupira, nettoyant ses ailes transparentes et fatiguées en un geste inconscient pour se rassurer. Elle avait bien cru être mangée ce soir. Elle resta posée sur le verre chauffant un long moment, calmant son minuscule petit coeur. Elle parcouru tout le galbe de son perchoir, en fit le tour, en évalua la taille, cherchant à savoir si elle était à l'endroit le plus éclairé. Satisfaite, elle retourna à l'endroit où elle s'était posée au début, ses pattes devenant floues tant elles bougeaient vite, convaincue de survivre à cette nuit. Elle distinguait des formes noires, volant de droite à gauche de son champ de vision avec frénésie. Elle ne savait pas si c'était ses yeux aux multiples facettes qui dédoublaient les formes noires, ou si elles étaient réellement aussi nombreuses.
Elle observait le noir en face d'elle, devinait le carnage qui devait avoir lieu loin des halos des lumières. Les formes noires avaient l'air de se régaler ce soir. La chaude soirée avait fait sortir les Ailées, à la recherche de nourriture elles aussi. Et elles avaient attiré les chauves-souris. La petite mouche avait eu la chance de se souvenir que la lumière les faisait fuir. Elle ne chassait plus sa pitance qu'à proximité des humains, maintenant. Elle avait remarqué qu'ils pouvaient eux-mêmes être des sources de nourriture. Mais eux aussi étaient dangereux, alors elle se contentait de leurs restes, et volait toujours près de leurs lumières. Elle tenait à rester en vie, même si son existence était censée être courte -elle était une mouche...
Après tout, avoir une courte vie donnait envie de s'y accrocher.
Elle en était là de ses réflexions, lorsqu'elle se retrouva d'un seul coup dans le noir. Elle ne comprit d'abord pas ce qui s'était passé. La surprise l'avait fait s'envoler, et le bourdonnement de ses petites ailes attirait déjà les chauves-souris. Sans perdre un instant, elle s'éloigna à toute vitesse, devinant au loin une autre lumière orangée. La gagnant avec autant de rapidité que la précédente, elle échappa une nouvelle fois à la forme noire affamée. Mais à peine s'était-elle posée sur le nouveau perchoir que celui-ci s'éteignit à son tour. Désorientée, elle s'envola à nouveau, vers le lampadaire suivant. Mais celui-ci devint sombre avant qu'elle ne l'ai atteint cette fois-ci. Paniquée, commençant à entendre le lourd bruit des ailes derrière elle, et ressentant la vibration du sonar envoyé par le monstre, elle zigzaguait avec agilité, cherchant à le semer, tournant ses yeux en tous sens pour capter la moindre trace de lumière. Mais la chauve-souris était aussi habile qu'elle. Et elle se rapprochait dangereusement.
Allait-elle y être forcée ?
Allait-elle y être obligée ?
Devait-elle céder ?
Cela faisait si longtemps...
Elle capta un éclat orangé fuyant sur sa droite et s'y dirigea, espérant pouvoir s'y poser. Mais avant d'y arriver, il disparut lui aussi, comme les autres. Tournant en cercle au-dessus du lampadaire éteint, elle compris alors qu'elle n'aurait pas le choix, ce soir : le jour se levait, et les humains éteignaient leurs lumières. Mais il faisait encore trop sombre pour que les monstres s'en aillent dormir. Et elle ne tenait absolument pas à mourir ce soir. Elle commença à sentir son corps rond s'étirer. Son instinct commençait le travail alors qu'elle tergiversait encore. Il savait souvent mieux qu'elle ce qu'il fallait faire. Se posant sur le sommet pointu d'un lampadaire, elle maintint difficilement son équilibre tandis qu'une de ses pattes se soustrayait sous son abdomen. Une deuxième suivit. Elle n'en avait plus que quatre. Son corps s'allongeait toujours, les petits poils noirs de son épiderme douloureusement sensibles. Ses gros yeux rouges aux reflets bleutés étaient lourds sur sa tête, alors que son corps faisait sortir un cou pour le relier à sa tête. Elle sentit sa trompe rétrécir, pour disparaître complétement, laissant la place à une fente humide par laquelle elle aspira en sifflant une goulée d'air. Elle n'avait plus l'habitude d'avoir une bouche de ce type. Passant ce qu'elle se rappelait être sa langue sur des dents qui sortaient de ses mâchoires, elle jeta un coup d’œil étonnamment net sur les formes noires qui tournaient au-dessus de sa tête. Leurs radars devaient avoir capté une étrangeté dans l'air, car elles n'attaquaient pas. Dans un dernier effort, son corps s'allongea enfin tout à fait, les poils noirs de sa tête s'allongeant subitement tandis que ceux de son corps rentraient sous sa peau sombre. Elle baissa la tête et aperçu ses membres, élargis aux extrémités. Agissant une fois encore selon son instinct, elle poussa sur ses membres antérieurs, et déplia les articulations des postérieurs. Des genoux, c'était ça le nom. Elle se redressa tout à fait, instable sur les nouvelles extrémités de ses membres postérieur. Une seule chose était restée intact malgré la métamorphose : ses ailes. Elles les sentaient toujours dans son dos, légères et vives. Elle chercha du regard les formes noires. Elle ne les voyait plus. Ses yeux captaient moins les détails. Tournant la tête (elle se souvint qu'elle pouvait le faire à présent), elle les repéra juste au-dessus d'elle. Elles hésitaient. Leur proie n'était plus pareille. Elle avait grandie, leurs radars le sentaient. Oh, elle n'était pas beaucoup plus grosse, mais normalement une mouche ne changeait pas de forme.
La petite créature sur le lampadaire ne bougeait pas, attendant de voir si les chauves-souris allaient attaquer. Elle espérer qu'avoir repris sa forme originelle, qu'elle n'avait pas utilisée depuis si longtemps, les en dissuaderait. Elle était aussi démunie sous cette forme que sous l'autre face aux monstres noirs, mais elle voyait bien qu'ils se méfiaient d'elle à présent. Elle ne devait pas raisonner de la même manière dans leurs sonars.
Un éclat pâle brilla sur le haut de son lampadaire, et elle regarda derrière elle. Le jour se levait. Son visage s'étira sans qu'elle ne s'en rende compte, sa bouche s'ouvrit et s'agrandit. Elle retourna son attention vers les chauves-souris, qui s'éloignaient doucement en direction de la nuit, loin d'elle. Un sourire. C'était cela qui tirait sur son visage. La petite créature sut qu'à présent elle ne risquait plus rien, qu'elle avait échappé à la mort pour cette nuit au moins. La petite Ailée, nymphe des airs, savoura le début de sa nouvelle journée de vie gagnée.
Elle atteignit enfin ce qu'elle savait être une lumière d'Homme, artificielle mais sécurisante tout de même. La forme noire qui volait derrière elle depuis quelques secondes à peine fit demi-tour. Posée sur l'ampoule orangée, la mouche soupira, nettoyant ses ailes transparentes et fatiguées en un geste inconscient pour se rassurer. Elle avait bien cru être mangée ce soir. Elle resta posée sur le verre chauffant un long moment, calmant son minuscule petit coeur. Elle parcouru tout le galbe de son perchoir, en fit le tour, en évalua la taille, cherchant à savoir si elle était à l'endroit le plus éclairé. Satisfaite, elle retourna à l'endroit où elle s'était posée au début, ses pattes devenant floues tant elles bougeaient vite, convaincue de survivre à cette nuit. Elle distinguait des formes noires, volant de droite à gauche de son champ de vision avec frénésie. Elle ne savait pas si c'était ses yeux aux multiples facettes qui dédoublaient les formes noires, ou si elles étaient réellement aussi nombreuses.
Elle observait le noir en face d'elle, devinait le carnage qui devait avoir lieu loin des halos des lumières. Les formes noires avaient l'air de se régaler ce soir. La chaude soirée avait fait sortir les Ailées, à la recherche de nourriture elles aussi. Et elles avaient attiré les chauves-souris. La petite mouche avait eu la chance de se souvenir que la lumière les faisait fuir. Elle ne chassait plus sa pitance qu'à proximité des humains, maintenant. Elle avait remarqué qu'ils pouvaient eux-mêmes être des sources de nourriture. Mais eux aussi étaient dangereux, alors elle se contentait de leurs restes, et volait toujours près de leurs lumières. Elle tenait à rester en vie, même si son existence était censée être courte -elle était une mouche...
Après tout, avoir une courte vie donnait envie de s'y accrocher.
Elle en était là de ses réflexions, lorsqu'elle se retrouva d'un seul coup dans le noir. Elle ne comprit d'abord pas ce qui s'était passé. La surprise l'avait fait s'envoler, et le bourdonnement de ses petites ailes attirait déjà les chauves-souris. Sans perdre un instant, elle s'éloigna à toute vitesse, devinant au loin une autre lumière orangée. La gagnant avec autant de rapidité que la précédente, elle échappa une nouvelle fois à la forme noire affamée. Mais à peine s'était-elle posée sur le nouveau perchoir que celui-ci s'éteignit à son tour. Désorientée, elle s'envola à nouveau, vers le lampadaire suivant. Mais celui-ci devint sombre avant qu'elle ne l'ai atteint cette fois-ci. Paniquée, commençant à entendre le lourd bruit des ailes derrière elle, et ressentant la vibration du sonar envoyé par le monstre, elle zigzaguait avec agilité, cherchant à le semer, tournant ses yeux en tous sens pour capter la moindre trace de lumière. Mais la chauve-souris était aussi habile qu'elle. Et elle se rapprochait dangereusement.
Allait-elle y être forcée ?
Allait-elle y être obligée ?
Devait-elle céder ?
Cela faisait si longtemps...
Elle capta un éclat orangé fuyant sur sa droite et s'y dirigea, espérant pouvoir s'y poser. Mais avant d'y arriver, il disparut lui aussi, comme les autres. Tournant en cercle au-dessus du lampadaire éteint, elle compris alors qu'elle n'aurait pas le choix, ce soir : le jour se levait, et les humains éteignaient leurs lumières. Mais il faisait encore trop sombre pour que les monstres s'en aillent dormir. Et elle ne tenait absolument pas à mourir ce soir. Elle commença à sentir son corps rond s'étirer. Son instinct commençait le travail alors qu'elle tergiversait encore. Il savait souvent mieux qu'elle ce qu'il fallait faire. Se posant sur le sommet pointu d'un lampadaire, elle maintint difficilement son équilibre tandis qu'une de ses pattes se soustrayait sous son abdomen. Une deuxième suivit. Elle n'en avait plus que quatre. Son corps s'allongeait toujours, les petits poils noirs de son épiderme douloureusement sensibles. Ses gros yeux rouges aux reflets bleutés étaient lourds sur sa tête, alors que son corps faisait sortir un cou pour le relier à sa tête. Elle sentit sa trompe rétrécir, pour disparaître complétement, laissant la place à une fente humide par laquelle elle aspira en sifflant une goulée d'air. Elle n'avait plus l'habitude d'avoir une bouche de ce type. Passant ce qu'elle se rappelait être sa langue sur des dents qui sortaient de ses mâchoires, elle jeta un coup d’œil étonnamment net sur les formes noires qui tournaient au-dessus de sa tête. Leurs radars devaient avoir capté une étrangeté dans l'air, car elles n'attaquaient pas. Dans un dernier effort, son corps s'allongea enfin tout à fait, les poils noirs de sa tête s'allongeant subitement tandis que ceux de son corps rentraient sous sa peau sombre. Elle baissa la tête et aperçu ses membres, élargis aux extrémités. Agissant une fois encore selon son instinct, elle poussa sur ses membres antérieurs, et déplia les articulations des postérieurs. Des genoux, c'était ça le nom. Elle se redressa tout à fait, instable sur les nouvelles extrémités de ses membres postérieur. Une seule chose était restée intact malgré la métamorphose : ses ailes. Elles les sentaient toujours dans son dos, légères et vives. Elle chercha du regard les formes noires. Elle ne les voyait plus. Ses yeux captaient moins les détails. Tournant la tête (elle se souvint qu'elle pouvait le faire à présent), elle les repéra juste au-dessus d'elle. Elles hésitaient. Leur proie n'était plus pareille. Elle avait grandie, leurs radars le sentaient. Oh, elle n'était pas beaucoup plus grosse, mais normalement une mouche ne changeait pas de forme.
La petite créature sur le lampadaire ne bougeait pas, attendant de voir si les chauves-souris allaient attaquer. Elle espérer qu'avoir repris sa forme originelle, qu'elle n'avait pas utilisée depuis si longtemps, les en dissuaderait. Elle était aussi démunie sous cette forme que sous l'autre face aux monstres noirs, mais elle voyait bien qu'ils se méfiaient d'elle à présent. Elle ne devait pas raisonner de la même manière dans leurs sonars.
Un éclat pâle brilla sur le haut de son lampadaire, et elle regarda derrière elle. Le jour se levait. Son visage s'étira sans qu'elle ne s'en rende compte, sa bouche s'ouvrit et s'agrandit. Elle retourna son attention vers les chauves-souris, qui s'éloignaient doucement en direction de la nuit, loin d'elle. Un sourire. C'était cela qui tirait sur son visage. La petite créature sut qu'à présent elle ne risquait plus rien, qu'elle avait échappé à la mort pour cette nuit au moins. La petite Ailée, nymphe des airs, savoura le début de sa nouvelle journée de vie gagnée.
- Pantouffe
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Re: CC N°12 Thème 96 : La nymphe des lampadaires
Jeu 20 Sep 2018 - 19:50
PAR PANTOUFFE
guirlandes électriques qui glissent à elle, lumières qui roulent dans leur coque de verre,
> oublie ; graine d'espoir et de violence ; écume de verre pilée spumescence aiguisée crocs de bitume
> poppy ou dov pluie
> astres dégringolants, ruisselets d'étoiles fondues ; nébuleuses liquéfiées
> en fait c'est une prostitué sous un lampadaire ou qui danse en ayant rien à foutre ? ou junkie, délire ou juste range tes idées bordel
> nuit parturiente
(inachevé)
Elle se trace d'arabesques un mouvement après l'autre, enfle à chaque geste de ses bras duveteux ; se gonfle comme une voile, et s'étend en suaire. Lumineux flot d'odeurs, compacte bouquet de fleurs, une éclosion après l'autre, giclées en faisceaux de chair. Sa peau striée par les intervalles d'ombre se creuse de lamelles noires, tatouée de stries mouvantes. Elle cicatrise au pas suivant, puis se blesse à nouveau. Des barreaux passent en coulant sur son corps, s'extraient de ses viscères, dégoulinent en longs gestes d'anguilles, prison liquide courant le long de ses membres. Des cages ondulent à même la compacte fraîcheur de son épiderme, comme les négatifs flottants des os sur lesquels s'entrelacent différentes couches de viande, un calque de chair après l'autre aboutissant à cette miction de pâleur dense et de veines étoilées. Puis une pellicule jaune pisseuse de lumière dégringole, une frise d'enluminures feutrées, derniers remparts esquissés dans la nuit. Les ténèbres scotchées, pubescentes, glissent de ses membres fluides comme de lourdes limaces. Éclatent sur le trottoir, s'évaporent dans la nuit, sous les cieux borgnes et bouillonnant de fumées. La voie lactée a été sirotée jusqu'à la dernière goutte, ou diluée inexorablement dans cet humus grouillant- fertile d'un milliard de nuances de gris, de bleu, qui n'accouchent pourtant d'aucune lumière sinon de ces phosphènes errants, astres syncopés manœuvrés par les hommes, là-haut, dans leur fuselage d'acier moulés par les bourrasques. Ou peut-être est-ce sa faute, à elle, la femme aux bras élastiques dont la mollesse onctueuse, en se répandant dans l'air comme un parfum épais, fait cligner tous les bâtiments de l’œil. Car elle attire à elle tout ce qu'il y a d'étoiles paumées au sein de la ville. Et par ce mois de décembre, on rétablit tout le cosmos dans la poussière du monde. Les constellations mises au tapis roucoulent au gré des branches et des lierres de réglisse enlacés aux épines, ondoyant sur les branches. L'urbaine crépite, s'enflamme.
Une crue de lumière crissante déborde dans les rues, emportant les carreaux, les pigeons, le contenu des poubelles. Une marée incandescente à l'écume ordurière se répand sur la route, chargée de fiel et feu.
Et la femme danse en dépliant ses membres, liliaux et flexueux, comme de longues coulées de neige. Une projection de langueur après l'autre, dans son habit de bitume. Elle porte le squame écorché de la ville, la peau des rues domptées et puis assassinées. Elle est la reine sur les trottoirs
Une crue de lumière crissante déborde dans les rues, emportant les carreaux, les pigeons, le contenu des poubelles. Une marée incandescente à l'écume ordurière se répand sur la route, chargée de fiel et feu.
Et la femme danse en dépliant ses membres, liliaux et flexueux, comme de longues coulées de neige. Une projection de langueur après l'autre, dans son habit de bitume. Elle porte le squame écorché de la ville, la peau des rues domptées et puis assassinées. Elle est la reine sur les trottoirs
guirlandes électriques qui glissent à elle, lumières qui roulent dans leur coque de verre,
> oublie ; graine d'espoir et de violence ; écume de verre pilée spumescence aiguisée crocs de bitume
> poppy ou dov pluie
> astres dégringolants, ruisselets d'étoiles fondues ; nébuleuses liquéfiées
> en fait c'est une prostitué sous un lampadaire ou qui danse en ayant rien à foutre ? ou junkie, délire ou juste range tes idées bordel
> nuit parturiente
(inachevé)
- Pantouffe
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Re: CC N°12 Thème 96 : La nymphe des lampadaires
Jeu 20 Sep 2018 - 19:50
PAR MÉLODIE
'enfant qui rit et- et l'heure sonne
L'heure cogne dans mon crâne comme un carcan qui m'emprisonne
Je me lève
Mon âme reste sur la chaise
Mon amant reste sur la touche
Et sur ma bouche quand je les baise
Au bout des lèvres son prénom
Que je ravale et c'est amer
Le goût de l'échec, de la honte
C'est moi qui fixe mon salaire
Et c'est ce sale air qu'ils me donnent
La gueule que je tire avant le gueuleton
Arrête de faire la gueule, ils disent
Enfourne plutôt les friandises...
Pourquoi pas me rebeller ?
Pourquoi pas donner un coup de dents dans leur si grande fierté ?
Les déchirer
Leur faire subir l'Enfer sur Terre et sans arrêt
Les lacérer
Je n'en peux plus de les attendre et de les rassasier
Arrêtez !
Je voudrais les entendre hurler à ma pitié
Et quémander
Avec les mots qu'à chaque saccade je me retiens d'exprimer
Ces mots qui dans ma tête ne cessent de tourner
Ces mots qui me consument même quand je suis rentrée
"Comment ça va chéri" et "ça s'est bien passé ?"
Ta journée
Je rajoute du sucre dans mon café
Demain y a soirée chez untel
J'ai pas envie mais je me ferai belle
Pour faire honneur au compagnon, en espérant que les invités
N'aient pas ce sourire dégueulasse.
L'heure cogne dans mon crâne comme un carcan qui m'emprisonne
Je me lève
Mon âme reste sur la chaise
Mon amant reste sur la touche
Et sur ma bouche quand je les baise
Au bout des lèvres son prénom
Que je ravale et c'est amer
Le goût de l'échec, de la honte
C'est moi qui fixe mon salaire
Et c'est ce sale air qu'ils me donnent
La gueule que je tire avant le gueuleton
Arrête de faire la gueule, ils disent
Enfourne plutôt les friandises...
Pourquoi pas me rebeller ?
Pourquoi pas donner un coup de dents dans leur si grande fierté ?
Les déchirer
Leur faire subir l'Enfer sur Terre et sans arrêt
Les lacérer
Je n'en peux plus de les attendre et de les rassasier
Arrêtez !
Je voudrais les entendre hurler à ma pitié
Et quémander
Avec les mots qu'à chaque saccade je me retiens d'exprimer
Ces mots qui dans ma tête ne cessent de tourner
Ces mots qui me consument même quand je suis rentrée
"Comment ça va chéri" et "ça s'est bien passé ?"
Ta journée
Je rajoute du sucre dans mon café
Demain y a soirée chez untel
J'ai pas envie mais je me ferai belle
Pour faire honneur au compagnon, en espérant que les invités
N'aient pas ce sourire dégueulasse.
- Pantouffe
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Re: CC N°12 Thème 96 : La nymphe des lampadaires
Jeu 20 Sep 2018 - 19:51
PAR LYLITH_WLF
Près des lampadaires
Elle erre
La nymphe de la nuit
La nymphe de minuit
Elle rêve de s'évader
Les yeux tournés vers le ciel
Son sourire comme du miel
Pour mon cœur érodé
Peu importe les intempéries
Peu importe le vent, la pluie
La musique dans les oreilles
Elle déambule loin du sommeil
Les lumières de la ville
Sur sa peau l'illuminent
Sa silhouette gracile
Sur ma feuille je dessine
Elle qui chaque nuit erre,
La nymphe des lampadaires.
[autre fin potentielle :
"La belle introvertie
Qui sur les coups de minuit
Toutes les nuits erre,
La nymphe des lampadaires."]
Elle erre
La nymphe de la nuit
La nymphe de minuit
Elle rêve de s'évader
Les yeux tournés vers le ciel
Son sourire comme du miel
Pour mon cœur érodé
Peu importe les intempéries
Peu importe le vent, la pluie
La musique dans les oreilles
Elle déambule loin du sommeil
Les lumières de la ville
Sur sa peau l'illuminent
Sa silhouette gracile
Sur ma feuille je dessine
Elle qui chaque nuit erre,
La nymphe des lampadaires.
[autre fin potentielle :
"La belle introvertie
Qui sur les coups de minuit
Toutes les nuits erre,
La nymphe des lampadaires."]
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