- Pantouffe
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CC N°3 : Image
Jeu 20 Sep 2018 - 15:43
- Pantouffe
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Re: CC N°3 : Image
Jeu 20 Sep 2018 - 15:44
PAR MÉLODIE
Heffer
J'adore tes chaussures
Qui tapent
Battent
Le pavé
Clappa
Tu pourrais faire des claquettes
Claquent claqueraient
Les pieds
Tinteraient les clochettes
Des sourires
Aux échoppes
Tu volerais
Dans le ciel
Tu partirais
Loin
Tu voudrais voir le monde
Tu ferais un signe joyeux
En tintinnabulant
Des oreilles
Je te lancerais une perle en souvenir de moi
Tu verrais la mer
Qui est comme le ciel cloué au sol
Tu verrais des personnes
Des villes
Tu achèterais une petite statue sur un marché
En pensant à moi
Mais tu ne reviendrais pas
Dans la ville grise où l'on mine
Grise-mine je serais
Je penserais à toi souvent
- Heffer ne fais pas de claquettes
J'ai peur
- Ne serre pas mon bras si fort
- Heffer je t'aime, restons ici
- Oui, Malchik. Tu n'as rien à craindre.
J'adore tes chaussures
Qui tapent
Battent
Le pavé
Clappa
Tu pourrais faire des claquettes
Claquent claqueraient
Les pieds
Tinteraient les clochettes
Des sourires
Aux échoppes
Tu volerais
Dans le ciel
Tu partirais
Loin
Tu voudrais voir le monde
Tu ferais un signe joyeux
En tintinnabulant
Des oreilles
Je te lancerais une perle en souvenir de moi
Tu verrais la mer
Qui est comme le ciel cloué au sol
Tu verrais des personnes
Des villes
Tu achèterais une petite statue sur un marché
En pensant à moi
Mais tu ne reviendrais pas
Dans la ville grise où l'on mine
Grise-mine je serais
Je penserais à toi souvent
- Heffer ne fais pas de claquettes
J'ai peur
- Ne serre pas mon bras si fort
- Heffer je t'aime, restons ici
- Oui, Malchik. Tu n'as rien à craindre.
- Pantouffe
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Re: CC N°3 : Image
Jeu 20 Sep 2018 - 15:45
PAR SILENUSE
C’était une roulotte qui marchait toute seule sur des rails d’acier qui fumaient, la journée, sur la terre brûlée, qui brumaient, la nuit tombée, au loin dans l’obscurité où tout peu à peu devenait oublié.
Je voyais mon père, là-haut, comme un aiglon qui parcourait les cieux d’en bas, qui teintaient d’un or éclatant le toit affectueux caché de la terre. Et cette roulotte, assise dans un sol qui bougeait sans cesse, elle égalait d’une fierté simple, assurée et presque noble, le domaine des cieux qui le contemplait d’en-haut avec une envie qui commençait, au fil de son avancée, à l’envier.
Je voyais mon père, là-haut, comme un taureau apaisé qui chargeait dans la rue, seul et nostalgique, sentant à travers l’air qui restait perché là, la senteur mièvre du temps qui venait, à l’instar d’un vent d’autan de fin d’été, caresser la paume qui composait ses joues creuses.
Je voyais mon père, accroché à sa maison qu’il avait lui-même bâtie, seul tout le temps alors que maman le regardait d’en-haut, tenant d’une main son marteau au manche vieilli et noir, de l’autre un sac de briques, lourd, lourd, encore lourd, pour, d’un rêve éblouissant, construire cette bâtisse qui atteindrait les cieux, qui atteindrait celle qui l’attendait, cette nymphe qu’il avait perdue au terme d’un dernier soupir.
Je voyais mon père, coincé dans son silence qu’il martelait d’un coup, de deux coups, de trois coups sur un clou qui, parmi d’autres, attendait d’être frappé pour finir cette maison.
Je voyais mon père, là-haut, noyé d’un sanglot.
Je voyais mon père, silencieux, ses larmes suintant tombant dans l’air.
Sa barbe blanche, ses cheveux gris, ses rides crevées.
Et son silence plus grand encore.
Et son silence qui s’éleva.
Et moi,
et moi j’écrivis son visage à son sommet.
C’était une roulote qui marchait ; et elle roulera encore jusqu’à atteindre les cieux.
Jusqu’à ce qu’un trou ne l’entrave.
Je voyais mon père, là-haut, comme un aiglon qui parcourait les cieux d’en bas, qui teintaient d’un or éclatant le toit affectueux caché de la terre. Et cette roulotte, assise dans un sol qui bougeait sans cesse, elle égalait d’une fierté simple, assurée et presque noble, le domaine des cieux qui le contemplait d’en-haut avec une envie qui commençait, au fil de son avancée, à l’envier.
Je voyais mon père, là-haut, comme un taureau apaisé qui chargeait dans la rue, seul et nostalgique, sentant à travers l’air qui restait perché là, la senteur mièvre du temps qui venait, à l’instar d’un vent d’autan de fin d’été, caresser la paume qui composait ses joues creuses.
Je voyais mon père, accroché à sa maison qu’il avait lui-même bâtie, seul tout le temps alors que maman le regardait d’en-haut, tenant d’une main son marteau au manche vieilli et noir, de l’autre un sac de briques, lourd, lourd, encore lourd, pour, d’un rêve éblouissant, construire cette bâtisse qui atteindrait les cieux, qui atteindrait celle qui l’attendait, cette nymphe qu’il avait perdue au terme d’un dernier soupir.
Je voyais mon père, coincé dans son silence qu’il martelait d’un coup, de deux coups, de trois coups sur un clou qui, parmi d’autres, attendait d’être frappé pour finir cette maison.
Je voyais mon père, là-haut, noyé d’un sanglot.
Je voyais mon père, silencieux, ses larmes suintant tombant dans l’air.
Sa barbe blanche, ses cheveux gris, ses rides crevées.
Et son silence plus grand encore.
Et son silence qui s’éleva.
Et moi,
et moi j’écrivis son visage à son sommet.
C’était une roulote qui marchait ; et elle roulera encore jusqu’à atteindre les cieux.
Jusqu’à ce qu’un trou ne l’entrave.
- Pantouffe
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Re: CC N°3 : Image
Jeu 20 Sep 2018 - 15:46
PAR PANTOUFFE
Elle était là pour les mutants, antre de cuivre de poussière. Toute en zinc et en fer, en bois mal dégrossis : c'était la maison. Elle roulait sur les abords du fleuve, longeant le ruban gris, montée sur ses roulettes, exhibant ses torchères comme un gros sanglier pointant ses défenses sur la nuit, et la route. A cette fin, on avait également doté la maison d'un visage démoniaque, un visage difforme et avide qui avalait le soir.
Pour les abords du fleuve, c'était utile en cas d'hécatombe, quand les mutants mourraient de leurs divers cancer- on les confiant au courant, à l'eau opaque, à la vase. Pour la route, il fallait l’intimider, la faire reculer toujours plus loin, car autrement, la maison arriverait tout au bout du chemin, n'aurait plus nul part où rouler. Elle irait courir dans les buissons et dans la boue, puis gîterait, s'écroulerait sur un flanc, déversant ses bibelots et tous ses occupants. Il était interdit de faire demi-tour, on ne pouvait pas regarder en arrière. C'était une loi aussi ancienne que le premier cadavre déglutis par cette bâtisse errante, et dont les os n'étaient plus que poussière avalée par la route.
Quant à effrayer la nuit, il le fallait aussi, sans quoi elle tâterait de trop près les cloisons, glisserait tel un tapis de cafards dans la maison, à travers ses verrières, les fentes entre ses tuiles et les interstices crevassant sa carcasse. Or, tout ce qui venait de l'extérieur et n'était pas malade n'avait pas droit de séjour sous ce toit, en ces murs, et la nuit était d'un noir bien trop profond, bien trop riche et fertile, pour avoir l'autorisation de rejoindre les ombres ternes amassées sous les meubles. Rimmel l'avait entendu dire. Il avait songé à ce lieu avec un mélange de tendresse et de désir depuis la première évocation fiévreuse, avant qu'il ne s'en vienne jusqu'à lui se poser. Désormais que la gueule ciselée de la maison lui faisait face, que sa masse épaisse et branlante s'élevait sous ses yeux, l'intimidation prédominait sur tout émerveillement. Les poutres grinçantes et les écailles du toit lui donnaient des airs de vieille tortue aux os lancinants capables de chanter. Ses plaintes itératives étaient empreintes de poussière grumeleuse, d'une raucité ancienne qui puait le tabac. C'était une voix étrange que celle de la maison, un parfum singulier s'exhalait de son corps. Et sa silhouette avait des détours inégaux, hasardeux en leurs dentelures hérissée d'échardes. Cependant, ce n'était pas cette carapace qui effrayait Rimmel, mais les yeux innombrables qui s'ouvraient sur lui. Car le regard rond qu'il avait pour la maison, la maison le lui rendait excessivement à son tour.
Derrière ses vitres rouges, des lumières le fixaient. Un millier de petites chandelles brillaient, comme autant d'insectes phosphorescents, qui s'étaient immobilisés quand il avait ébauché de s'approcher de la porte.
Pour les abords du fleuve, c'était utile en cas d'hécatombe, quand les mutants mourraient de leurs divers cancer- on les confiant au courant, à l'eau opaque, à la vase. Pour la route, il fallait l’intimider, la faire reculer toujours plus loin, car autrement, la maison arriverait tout au bout du chemin, n'aurait plus nul part où rouler. Elle irait courir dans les buissons et dans la boue, puis gîterait, s'écroulerait sur un flanc, déversant ses bibelots et tous ses occupants. Il était interdit de faire demi-tour, on ne pouvait pas regarder en arrière. C'était une loi aussi ancienne que le premier cadavre déglutis par cette bâtisse errante, et dont les os n'étaient plus que poussière avalée par la route.
Quant à effrayer la nuit, il le fallait aussi, sans quoi elle tâterait de trop près les cloisons, glisserait tel un tapis de cafards dans la maison, à travers ses verrières, les fentes entre ses tuiles et les interstices crevassant sa carcasse. Or, tout ce qui venait de l'extérieur et n'était pas malade n'avait pas droit de séjour sous ce toit, en ces murs, et la nuit était d'un noir bien trop profond, bien trop riche et fertile, pour avoir l'autorisation de rejoindre les ombres ternes amassées sous les meubles. Rimmel l'avait entendu dire. Il avait songé à ce lieu avec un mélange de tendresse et de désir depuis la première évocation fiévreuse, avant qu'il ne s'en vienne jusqu'à lui se poser. Désormais que la gueule ciselée de la maison lui faisait face, que sa masse épaisse et branlante s'élevait sous ses yeux, l'intimidation prédominait sur tout émerveillement. Les poutres grinçantes et les écailles du toit lui donnaient des airs de vieille tortue aux os lancinants capables de chanter. Ses plaintes itératives étaient empreintes de poussière grumeleuse, d'une raucité ancienne qui puait le tabac. C'était une voix étrange que celle de la maison, un parfum singulier s'exhalait de son corps. Et sa silhouette avait des détours inégaux, hasardeux en leurs dentelures hérissée d'échardes. Cependant, ce n'était pas cette carapace qui effrayait Rimmel, mais les yeux innombrables qui s'ouvraient sur lui. Car le regard rond qu'il avait pour la maison, la maison le lui rendait excessivement à son tour.
Derrière ses vitres rouges, des lumières le fixaient. Un millier de petites chandelles brillaient, comme autant d'insectes phosphorescents, qui s'étaient immobilisés quand il avait ébauché de s'approcher de la porte.
(inachevé)
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