Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
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CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage Empty CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage

Jeu 20 Sep 2018 - 16:12
PAR MALNIR

On raconte que la belle Itülm chante doucement dans une prairie de Lémoné, et tant qu’elle chantera Lémoné vivra. Tout en elle est désirable ; ses longues cuisses fuselées, sa taille haute, sa poitrine ronde, ses bras élégants et ses longues mains qui fouissent la terre grasse et en fait naître de grandes roses aux épines si piquantes qui la protègent, et dans les branches desquelles ses longs cheveux d’or brun qui flottent en auréole autour de son visage à nul autre pareil, aux yeux pareils à des lacs étals. Jadis, elle avait un fils, qu’elle appelait Meilwin. Il avait les yeux couleur de l’orage, ses cheveux étaient d’un noir que seule l’abîme cosmique où flottaient les étoiles pouvait dépasser. Sa peau était pareille à l’albâtre et était si fine qu’elle aurait pu paraître translucide. Il y avait dans tout son être une sinistre beauté, dans ses mouvements, dans sa musculature fine, son visage impassible, à jamais mi-homme fait mi-enfant. Il vivait nu, et se promenait dans les forêt du monde, dans les marécages, dans les prairies, et quand la nuit tombait, il s’avançait avec le crépuscule vers les villages, où il s’amusait à escalader les toits et épier le sommeil des hommes.

Il entrait par les chemins de terre, sa main ouvrait doucement les lourdes portes des murs et il marchait dans les rues, accompagné d’une brume bleuté et suivi de cerfs et de corneilles. Dans son sillage se formait des rubans de mousses et de pissenlits en fleur diaphanes, et les poutres des maisons autour de lui s’ornaient de jeunes pousses aux feuilles d’un vert tendre, leur chaume refleurissait. Il se promenait, d’un baiser sur les dormeurs il les débarrassait de leurs souvenirs douloureux, ou s’il était de mauvaise humeur collectait toute leur mémoire les laissant vides et hagards.

Lorsque la lune brillait comme un chaudron de cuivre, il rejoignait la Maisnie du Seigneur Silence et ensemble ils parcouraient les villages, collectant les offrandes des fermiers endormis, emportant ceux qui les voyaient. Leurs chevauchées nocturnes et silencieuses s’achevaient au petit jour, et là il rejoignait dans les forêts humides de rosée, que le soleil rose et endormi réchauffait tout juste. Il y rejoignait la ses clairières secrètes où il jouait, ses cavernes cachées où il dormait en attendant le soir. Et dans les ténèbres chaudes il s’enduisait de la glaise bleue des souterrains, s’y fondait pour un temps. Un soir, il ne s’éveilla pas, et il ne parcourut plus Lémoné durant plusieurs siècles. Ainsi oublia-t-on jusqu’à son nom, et son souvenir vint à s’effacer à son tour.

Et en Lémoné, tout est immuable, le temps pouvait bien filer, Itülm se lamenter dans ses plaines et le Seigneur Silence chercher sans relâche l’Enfant, la vie poursuivait son rythme. Été, Automne, Hiver et Printemps se succédaient, sourds à leur tristesse. Les hommes poursuivaient leurs travaux, cultivaient la terre, rendaient hommage à Silence, veillaient les nuits d’hiver, et le temps passait. Les cités glorieuses toujours élevaient leurs flèches rayonnantes, leurs palais sublimes autour du Lac Central, les châteaux des seigneurs poursuivaient leurs escarmouches sans fin, et leurs armures sans cesse venaient s’échouer sur les berges de sable des rivières, leurs os blanchis s’y enfonçant toujours. Toujours le vent venait à souffler, les nuages à remonter jusqu’aux montagnes, blanches et éternellement immaculées, et la pluie s’abattait avec douceur sur le pays.

Mais un jour Meilwin rouvrit les yeux obscurs, et son regard sonda l’obscurité. L’argile fissura quand il fit jouer ses muscles, et il sortit doucement, pareil à un félin. Dès lors, Lémoné s’assombrit. Les arbres perdirent leurs feuilles alors même que Printemps s’en venait tout juste plein de promesses. L’herbe pâlit et se fit fantomatique, les nuits furent noires et charbonneuses, et les hommes se blottirent dans leurs fermes, priant Dame Abonde, Dame Itülm et Seigneur Silence de les protéger. Chaque soir où le soleil, d’un ocre malsain, roulait derrière l’horizon, l’Enfant approchait des villages, et il en ravissait les habitants dont les âmes jamais n’iraient en la Maisnie. Si bien qu’enfin Itülm comprit que Néant s’était infiltré dans les cavernes de son fils et s’était emparé de lui à la faveur de son repos. Quand elle sut son fils mort et anéanti, elle versa tant de larme que le Lac vint à déborder et les Cité glorieuses furent à jamais ruinées, et désormais elles ne seraient que silence et deuil. Alors Dame Abonde et Seigneur Silence vinrent trouver Meilwin le vaisseau de Néant, et le tuèrent. Ils percèrent sa peau délicate, et la noirceur qui avait pris la place en son sein s’en écoula et reflua dans les profondeurs du Monde.

Ainsi s’acheva l’histoire de Meilwin l’Enfant Sauvage de la belle Itülm, l’étoile de Lémoné. Celle-ci chanta à nouveau, et alors le pays retrouva ses vertes forêts, ses praires où le vent soufflait avec mélancolie, et tout revint pareil à autrefois. Seules les Cité demeurèrent désolées, dressant leurs flèches mutilées, leurs arches et leurs colonnes hors des eaux qui autrefois les ennoyèrent. Leurs noms s’oublièrent, et bientôt leurs ruines furent autant éternelles que les montagnes. Les villageois à nouveau cultivèrent leurs champs, et chantèrent les douces mélodies du pays. Ainsi la vie continue en Lémoné.
Pantouffe
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CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage Empty Re: CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage

Jeu 20 Sep 2018 - 16:12
PAR SASOU

Vous vous êtes jamais demandé comment ce serait de voir le monde des humains? Ces êtres étranges, grands, de toutes les couleurs. Ils sont toujours accompagnés de choses étonnantes, des objets qui brillent. Ils ont l'air si tristes et méfiants à la fois. Je ne comprends pas ces êtres qui me ressemblent. Ils courent et s’entre tuent pour des futilités. Pourquoi se battre pour des choses qui brillent et pour ce qui appartient aux autres. Alors que nous pouvons nous contenter de ce que nous avons.
Moi dans la forêt, je me contente d'écouter la déesse de la nature et sa sagesse. Je respecte les miens, leurs territoires. Je ne me battrai pas contre des lynx alors que ma meute cherche de la nourriture. Chacun son territoire de chasse! Mais moi jeune Ahnu, j'aime récupérer les choses qui brillent des humains. Mère nature me dit que ce n'est pas bien car cela pourrait les attirer à nous. Donc j'ai ma cachette que seul Irik, mon frère loup est au courant. Il m'accompagne souvent à la grotte pour les contempler à la lueur de la lune étoilée. Nous inventons des histoires sur le nom de ces drôles de choses et de leurs utilités pour les humains.
Un soir, je me réveilla à cause d'un bruit inconnu. Irik et les autres loups étaient inquiets. Ils me dirent de rester près d'eux et que l'Alpha allait vérifier ce qui se passait. A ce moment-là, les cerfs et biches de la forêt arrivèrent près de nous. Ils criaient aux hommes. Notre Alpha, nous demanda de faire silence et d'attendre. Le grand cerf Altar me regarda et dit à l'Alpha que c'était depuis que j'avais été adoptée que le malheur s'abattait sur la forêt. Il lui ordonna de me chasser. "Grand Altar, ta vanité n'a aucune limite, je ne laisserai pas une des miennes aux mains des hommes. Surtout pas âgée de 15 lunes. Te rebellerais-tu contre notre Mère à tous?
- Non mais comment expliques-tu que c'est elle que les hommes cherchent? Et ils recherchent la Mère-Nature pour la détruire de surcroît!
- Alors il ne faut pas attendre et nous défendre au lieu de fuir.
- Nous laissons cette tâche aux carnivores.
- Tu n'es qu'un lâche! Tu laisserais notre créatrice périr pour survivre. " Je ne sais pas ce qui me prit mais je m'interposai contre mon alpha et le cerf. Je les fixai intensément et répliqua: " Moi je vais sauver Mère-nature si personne ne le fait. Je veux faire honneur à ma meute.
- Ahnu, tu ne peux pas aller combattre les hommes, tu es une enfant.
- Alpha si le grand Altar veut que je me vends aux hommes parce que je leur ressemble soite. J'irai en défendant mon peuple et notre déesse.
- Ton enfant d'homme n'est pas si bête Alpha.
- Les lâches non pas le droit de répliquer Altar! Ahnu, je t'interdis d'y aller!" Alpha me grogna dessus et Irik me rejoigna. Il grognait à son tour en regardant mes deux opposants. Il se mit en avant, me regarda et dit: " J'accompagnerai Ahnu, l'enfant des hommes et nous détruirons les humains qui s'en prennent à Mère-Nature! Pendant ce temps, préparez des troupes de sangliers du Sud pour nous prêter main fortes." L'Alpha nous regardait soupira et accepta notre requête. Il prépara les meutes à signaler le plan et se déplacer.
Alpha demanda au grand Altar le chemin des hommes. Après la réponse, il nous bénit au nom de Mère-Nature et commença sa marche avec le reste de la meute. Quand à moi, je montai sur le dos d'Irik. Nous allions à notre cachette pour prendre des objets de défense pour moi, suivis des hurlements de nos frères et soeurs. Puis nous nous hâtons vers le Nord pour trouver les hommes. Nous les entendions au loin. Il y avait beaucoup de bruit beaucoup d'animaux fuyaient vers l'Ouest. Irik et moi étions déterminés à détruire ces créatures qui nous avaient beaucoup fasciné pour sauver notre monde.
Nous courions à toute vitesse. Nous sentions de la fumée plus nous nous rapprochions de la destination. Des hommes droit devant chuchotai-je dans l'oreille d'Irik. Nous sautions du bosquet. Irik morda le premier homme. Il cria d'horreur. Moi je sautai sur l'homme devant. Il me plaqua au sol et je le griffais. Il hurla: " L'enfant du roi, j'ai trouvé l'enfant du roi!" Je m'extirpai de son emprise pris une pierre et lui tapa dessus. Il saignait, je lui grognai dessus. Il dégaina quelque chose que je ne connaissais pas. Irik me dit que c'est une arme et de me reculer.


Suite au prochain épisode. Ahnu va-t-elle réussir à sauver la Mère-Nature et sa meute? Ou va-t-elle se faire capturer par ses hommes qui l'aurait reconnu ?
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 16:13
PAR MÉLODIE

Que faire ? J'étais excédé de ses cris sous la fenêtre, de ses tentatives pour escalader la façade, fatigué de le trouver coincé dans la cheminée (il agitait alors ses jambes de façon si pathétique qu'on ne pouvait se résoudre à l'y laisser !).
Je l'avais attaché à un poteau devant la boulangerie, j'avais tenté de l'effrayer, de le noyer, de le faire admettre à l'armée ! Il revenait toujours !
Je traversai le parc, emmitoufflé dans un sweat-shirt qui ne laissait voir que mes cernes et ma bouche sèche.
- Tu veux quelque chose ? Toi ?, souffla le jeunot du troisième, qui traînait là toute la journée avec des airs de mafieux. Je lui jetai un regard positivement massacrant.
- Je veux un truc à se mettre K.O.
- Euh ouais, bon...
Il me tendit le petit sachet en jetant des regards hésitants à la créature sale qui sautillait gaiment et tentait de cracher sur les étoiles.

Assommé par mes efforts et l'idée de ce que ma réputation devenait, je n'eus pas besoin de dose pour dormir. Le lendemain, réveillé aux aurores par le sauvage qui tabassait mes carreaux, je bâillai. Et partis pour le supermarché.
Sur le chemin, je froissais nerveusement le sachet dans ma poche.
Arrivé près du but, j'adoptai un sourire de type "Il est pour qui le susucre ?" en secouant le sachet en l'air. Notre bon garçon n'avait pas besoin de se faire prier : il mangeait régulièrement de l'herbe et des croquettes pour chiens.

Bien. Bienbienbien. Première partie du plan opérationnelle, qu'est-ce qu'il allait inventer encore.
Je partis en avant, tandis qu'il s'échinait à ouvrir le sachet et me lançait des regards inquiets. Mais il n'arrivait pas à faire deux choses en même temps (marcher et résoudre un problème majeur de type "technologie inconnue"), et je savais qu'il choisirait de manger.

La suite du plan impliquait de semer mon odeur partout. Je commençai par toucher tout ce que je trouvai, fit un câlin à un ivrogne et me jetai dans l'étal de légumes.
"Ca devrait le ralentir."
Je poursuivis mon chemin, débonnaire, soucieux d'apparaître comme un quidam respectable qui n'a rien à voir avec la chose hirsute qui prendrait d'assaut le magasin d'un instant à l'autre.

J'observai en attendant les braves gens qui allaient insouciants du jambon aux brioches.
A vrai dire, lorsqu'une bombe humaine fit tournoyer les portiques et enfouit son nez dans les rayons, j'étais très occupé à observer une mémère en collants en me demandant combien de temps elle passait devant la glace le matin.
Elle semblait préoccupée. Elle avait raison ! Le choix était difficile.
Les poireaux n'étaient pas très mûrs, mais les pommes de terre portaient d'étranges taches.
Comment savoir, mes bons amis, comment savoir quel choix est le bon ? L'histoire de toute une vie peut être contenue dans cet étrange dilemme : les poireaux ou les patates ? Que faire ? Prendre la tangente et un chou-fleur ? Pleurer ? elle prit le poireau.
En cet instant précis où la main s'avançait, je pus distinguer une alliance briller. Elle était donc gauchère, en plus d'être grosse. Ses ongles brillants se tendaient vers le légume convoité, mais BAZINGA ! Une tête sortit des poireaux et se logea sous la paume terrifiée de notre ménagère.
"Fichtre de quoi ce que diantre de la mais enfin nom d'un petit pois cornu mangeant des bistouquettes !", semblait dire son regard, et je jouis intérieurement.
Cependant, le visage crasseux qui émergeait de l'étal semblait avoir adopté cette infortunée. Le petit s'extraya (saviez-vous que le verbe "extraire" ne se conjugue pas au passé simple ? Quelle langue merveilleuse.) s'extrit, donc, de l'amoncellement de légumes, dont un roula à ses pieds.
Il n'avait d'yeux que pour elle.
- Shpapa, darglu ! Affirma-t-il, illuminé.
- Ohhhh ! gémit-elle.
Bien sûr, je cessai rapidement d'épier notre compagne d'aventures. Dans une autre histoire, elle aurait pu tenir un rôle déterminant en discutant avec son coiffeur, ou en poussant un cri déchirant pendant qu'un T-Rex la mangerait.
Je la croisai cependant au hasard des rayons. Elle semblait poursuivie par ce petit être sémillant, qu'elle évitait du regard.
J'éprouvais un réel soulagement. Je filai par la sortie "sans achat" pour ne pas être repéré, et souhaitai à notre amie un courage d'acier.

Tout est bien qui finit bien, mais franchement. Si c'est vous qui avez enfermé ce garçon dans le container de la rue Braban, allez vous faire foutre.
Pantouffe
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CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage Empty Re: CC N°8 Thème 25 : L'enfant sauvage

Jeu 20 Sep 2018 - 16:13
PAR THED

Il y en avait deux sur la gauche, et deux autres, peut-être trois, sur la droite, derrière lui. Toutes s'étaient engouffré à sa suite sous le couvert des arbres. Nul doute sur leurs intentions, ni sur le sort qu'elles comptaient lui réserver si elles parvenaient à remettre la main sur lui. Les hyènes étaient d'habiles chasseuses, et leur proie ne pourrait leur échapper bien longtemps.
Curieuse proie, d'ailleurs, à l'odeur de léopard, qui, pourtant, n'en avait point la démarche. En sentant ses effluves, elles l'avait d'abord ignoré. Elles n'ont pas l'habitude de chasser des léopards, c'est un peu trop dangereux, et de toute manière, ça court trop vite, un léopard. Lorsque l'une d'elles l'aperçut, elle pensait avoir trouvé une nouvelle proie, d'un type qu'elle n'avait encore jamais vu. Il s'avéra cependant que c'était bien lui qui avait cette odeur redoutée. Les hyènes ne s'avancèrent pas plus, étudiant la situation. C'est alors qu'il les aperçut, et, instinctivement, prit la fuite en direction de la forêt, espérant les semer. La question de la relation proie-prédateur s'étant réglée d'elle-même, les hyènes lui emboîtèrent le pas, dans la ferme intention de tuer cette créature.
Ce curieux animal, au parfum de léopard, était en fait un humain. Quelques temps avant sa naissance, sa mère avait entreprit de rentrer à son village pour lui donner naissance. Cependant, sur le trajet, il y avait eu quelques complications, puisque sa monture s'était blessée, et, affaiblie, était morte au bout de quelques jours, obligeant la mère à achever le trajet à pied. Elle avait mis au monde son fils en plein milieu de la savane, bien loin de son village. Accoucher seule l'avait exténuée, et elle n'y avait pas non plus survécu. L'on ne sait comment, une femelle léopard l'a adopté, nourri et élevé comme son propre petit, enfin, du moins, essayé. On peut imaginer qu'elle avait mis bas quelques jours auparavant, mais que sa portée n'avait pas survécu, peut-être à cause d'un prédateur, pendant son absence. Toujours est-il qu'elle nourrit l'enfant, qui ne partagea donc pas le sort de sa mère et de sa monture avant elle. Il survécut encore quelques années, d'abord en compagnie de sa mère adoptive, puis seul, les félins de cette espèce prenant leur indépendance au bout de quelques mois, en général jusqu'à ce que leur mère ait une nouvelle portée. Ce jour-là, il se reposait sur les branches basses d'un arbre, à la lisière de la forêt, comme il avait souvent vu sa mère faire. À un moment, il entendit un bruit inhabituel, et, à l'affût, aperçut une hyène à un peu plus de deux cents mètres de lui. Sentant le danger approcher, il décida de fuir en direction de la forêt, prenant le plus d'avance possible. Si elles l'attrapaient, elles ne feraient qu'une bouchée de lui, très certainement. Il parvint donc à gagner la forêt, et, zigzagant entre les arbres plus vite qu'il ne l'avait jamais fait, sentant ses prédateurs revenir sur ses pas, il changea brusquement de direction, en s'agrippant à un arbre fin. Il força ainsi ses poursuivant à faire de même, mais les hyènes étaient moins habiles pour cela, ce qui lui fit gagner de précieux mètres et tout autant de secondes salvatrices. Il repéra un arbre assez grand, une vingtaine de mètres plus loin, et décida d'aller s'y réfugier. Les hyènes ne pourraient pas l'atteindre, en hauteur. Il avait à peine franchi la moitié de la distance jusqu'à l'arbre qu'une des hyènes lui bondit dessus, manquant de le faire trébucher. Paniqué, il continuait sa course pour la survie et se rapprochait encore de l'arbre. Une autre, arrivant par la droite, le faucha, le coupant net dans son élan. Le coup de mâchoire qui suivit signa la fin de son existence en un craquement lugubre, qui ne laissait aucun doute sur l'état de son fémur. Les hyènes, les unes après les autres, se rassemblèrent autour du gamin, dont il ne resterait pas grand chose après leur passage. Les humains ne sont pas faits pour survivre seuls dans la savane. Celui-là y était parvenu quelques années, le sort lui ayant été plus ou moins favorable, mais de chances, ces hyènes ne lui en avaient laissé aucune, ce jour-là, et aucun autre congénère n'aura jamais connu cet enfant sauvage, dont la vie avait prit fin sous les crocs affamés d'une bande d'hyènes en chasse.
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Jeu 20 Sep 2018 - 16:14
PAR PANTOUFFE

C'est un danger publique, un désarmé qui s'arme des moyens du bord. C'est dans les yeux qu'il a le couteau, sa bouche est un rasoir, et ses mains sèches, agiles, mitraillent avec chaque doigt. Il s'ennuie- il tire. Pistonne sur le bureau. Clac. Il recharge, une phalange après l'autre, puis il abat les ongles. Face à lui, une chevelure qui pend. Il rêve de ciseaux et de poignes brutales. Il regarde, ça lacère, son œil se contracte, sa bouche s'étire, et c'est une coutellerie qui s'éparpille entre ses lèvres sèches, dans un sourire disharmonieux taillé entre les joues, deux absences à sa trogne de démon juvénile. Excavations de la gueule où s'amassent les obus lancés par Puberté ; il est anguleux jusqu'aux arcades percées. Il y a des carrières sous ses pommettes et sous ses yeux, des ombres qui creusent leurs tranchées pour faire la guerre sur son visage en champs- de bataille, de printemps, ça fleurit de cratères et de dolines rougeâtres, boursouflures adolescentes comme autant de coquelicots éclos au terreau obstrué de sébum de sa chair bouillonnante. Il se gave de fumée, s'invente un nouveau sang plus riche de saveurs, aux ruisselets d'alcool et d'opiacés coulants. C'est ennuyant le goût d'un sang trop sain, il s'en voudrait d'être peu savoureux. Et puis il mâche du clou de girofle pour masquer les relents de caniveau de son haleine infâme. Parfois, c'est presque si sa sueur n'est pas d'un composé chimique niant son humanité, suintements artificiels, douteux arômes acides- mais il en les manières conquérantes, la ruse mauvaise et les névroses, tremblant et caquetant, traçant des plans sur la comète, qui fuse- écrase, déchire, en parcourant la nuit. Saigne le ciel et les pupilles. Pourtant, il n'en veut pas des Hommes. Il se voit mieux la fourrure sur la peau, des crocs dans les gencives et des poignards aux doigts. Il veut mordre, griffer, célébrer son coït dans de l'hémoglobine. C'est beau le rouge. Il se veut animal, jusqu'au cuir qu'il enfile, sa deuxième peau hérissée de clous, les blessures qu'il s'inflige, pour faire plus vrai dans la bestialité. Il est fier de puer. Il entretient son odeur de caniveau humain. Ses doigts sont toujours gras parce-qu'il pioche dans l'assiette. Les couverts vont ailleurs, et il range les fourchettes à l'arrière de ses slips pour les sortir l'air de rien de la cantine bondée, et ça lui gratte l'échine quand il marche, c'est froid dans le bas de son dos, ça fait même un peu mal. Mais lui ça le fait marrer, ça le rassure de savoir qu'elles sont là, qu'il pourrait bien aller piquer son trident dans un regard trop insistant- et puis gober le regard comme un litchi brûlant. Qu'ils arrêtent un peu de chercher ses faiblesses, de le frapper de leus yeux, de l'emprisonner dans une putain d'image.
Il mange salement. Il joue sur son plateau. Il trempe ses serviettes dans la sauce des viandes tendineuses ou boursouflée de gras blanc qu'on sert à leur repas, pour en faire des tortillons à la silhouette humaine. Puis il les torture au couteau arrondis en leur donnant des noms, des noms de chiens, d'élèves, d'adultes. Il ne mange que du pain et les sardines à l'huile, les fromages compactes ou les pastèques au goût de produit vaisselle. Elles se désagrègent dans sa bouche comme du polystyrène. Quand il rentre chez lui, il y a du chocolat. Alors il se nourrit de bonbons et de cacao, arrosés de bières tièdes.
Il est seul à sa table quand il ricane au-dessus de son plateau en démembrant ses bonhommes gorgés de sauce ; jus animale savoneux pour cette humanité fibreuse qui s'enroule sur elle même, en une torsade absurde, affreuse, douloureuse à concevoir autant qu'à regarder. Sa mère travaille la nuit, alors le soir aussi, il taquine sa solitude du doigt, mais il ne se donne plus la peine de s'asseoir sur une chaise. Il mange couché sur le canapé, crapahute tout nu dans le salon et s'enfile des paquets de chips couché sur le tapis en face de la télé. Il le fils d'un hibou et d'un connard d'absent- un chien errant retourné aux ruines d'une cité d'ailleurs. Mais il s'en fout pas mal des oiseaux et des chiens. Il veut être de sa propre espèce, il veut les écailles et le barda des ailes, le poil entremêlé et la mâchoire qui broie. Il se verrait bien entre le dragon et le griffon, avec un soupçon de calamar géant. Les tentacules aussi on leur utilité.
Quand la télé l'ennuie il allume un écran d'ordinateur, projette ses doigts sur le clavier comme pour jouer du piano. Et plutôt que de chercher des réponses ou que de parler de lui, il fréquente les webcams. Il se fait beau, se maquille et enfile une résille. Il est presque aussi haut que sa mère, alors il met ses robes. Et puis il fait la pute pour aguicher les pervers qui défilent avec des regards fixes, avant de soulever ses jupes pour leur montrer son cul- parfois, il y écrit des messages au marqueur. Il leur gueule dessus en tirant sa langue mauve et leur montre ses couilles en jappant un long rire, un rire cranté qui déchire presque l'air. Un rire de farfadet. Puis il s'écroule sur les coussins en pédalant des jambes, copule avec un accoudoir, hurle à travers la baraque en faisant des entrechats.
Et quand il en a mal à la gorge de s'être fendu la poire en piégeant des lovelaces, qu'il s'est couvert de bleus à force de rentrer dans les murs, de trébucher partout, d'avoir pris dans les genoux tous les coins de la bâtisse, il s’anesthésie au désinfectant, se couvre de pansements, débarrasse tout son bordel sur un fond musicale, voix onctueuse sur le velours glissant des accords, véritable rivière de crème liquide dégoulinant sur un humus de feutre, avec son feuillage de notes, sa sylve d'harmoniques, chaque pincement de corde qui est le tronc vibrant d'une forêt frémissante, chaque instant mélodique multipliant les branches. Jusqu'à lui faire une forêt dans l'oreille, des racines plein la tête. Alors il va ramper dans sa chambre et il pleure. Il pleure sur son humanité. Il pleure aussi sur celle des autres, qui se refuse à lui. Il pleure parce-qu'il sait qu'à traîner avec des couteaux ronds, des fourchettes et des compas plein les poches, il s'achemine juste vers des errances en meute sur des trottoirs pourris, avec un cutter dans la main et une horloge folle dans la tête. Tic tac boum. Mais il n'y peut rien, il n'y veut rien, et il espère voir venir le souffle du dragon dans ses poumons, il espère que les ailes vont lui déchiqueter le dos, qu'on va lui percer les gencives de grands couteaux d'ivoire. Il fait des songes de panthères, des bruits de crocodiles. Il rêve aux tortures et à l'absolution. Il comprend l'érotisme des armes, et ça le dégoûte presque, mais il en est là à se caresser les côtes de la pointe de sa lame, à frémir quand ça glisse entre ses cuisses, flirtant avec l'artère. Il goute l'acier, projette sa langue sur le profil de l'arme, la coince entre ses dents. Il lui présente tous les recoins de son corps. Parfois il enfonce jusqu'à assez pour faire perler du sang, et il se mord les lèvres, s’arque-boutte sur les draps. Il fait tourner la pointe, il halète, sa main s'égare et puis il jouit. Alors il range le couteau sous son matelas, enfile un nouveau pansement, lape l'amertume à ses doigts, puis sombre dans le coma.
Et puisqu'on y peut rien et qu'il ne s'est pas enfilé tout une plâtrée de cachetons, il s'éveille au matin, remplis son cartable avec des équerres pointues, des compas et des paires de ciseaux. Il embrasse la mère comateuse aux joues poisseuses et va chercher une fenêtre dans le bus.
Il imagine que les arbres brûlent sur le passage du bus, que les maisons s'écroulent, que la route se déchire, et que son tricot d’asphalte dévoile un abîme par lequel tout est voracement désintégré dans une noirceur sans fond. Parfois, il se montre spirituel et il appelle l'abîme "mon âme", ou "le jugement", ou alors "la vaste chatte du monde". Souvent, il ne s'agit que d'un gouffre avide, et ça lui fait du bien.
Quand il franchit le portail écaillé du collège, il redresse les épaules, prend des jambes de soldat, puis il avance les pouces passés sous les lanières du sac à dos qui cliquète sur ses fesses tant il est vieux, usé et lourd.
Alors tout recommence dans une même rengaine de chat de gouttière.
Et puis un jour il y a la fille.
Avec son drôle de nom, sa drôle de gueule, ses cheveux rouges et sa hauteur. Avec ses yeux qui se teintent aux couleurs des brasiers ou des automnes collants sous un rayon de soleil. Sa minceur de bouleau, ses mains de croquemitaine, pesantes les mains, et même crochues. Une longue fille blafarde à la natte étiolée, indifférente aux sourires amicaux, aux moqueries, aux questions chuchotées. Presque couronnée d'un silencieux mépris. Presque belle malgré ses vieux habits et ses paupières trop lourdes. Des paupières de plomb sur un visage de tulle. Ça tient en place par une magie païenne. C'est aérien et pesant à la fois- ça fleurit juste, sanglant, au niveau de la bouche pincée sur un silence. Coquelicot froissé en hommage à son nom. Poppy Crown Songbird- mais elle a plutôt l'air du genre à caillasser les oiseaux qu'à chanter à leur gloire.
Tout de suite il l'aime, parce-qu'elle a quelque chose qui lui rappelle la pierre, ou le vent dans les feuilles, et la forêt des films, plus profonde et imposante que les bois emmêlés sur le bord de la route. Quelque chose de violent et quelque chose de digne.
Quand on les lâche dans la cour et son goudron qui germe, bossué de vie souterraine, fleurissant à l'image des gueules adolescentes, il file aux toilettes l'air de rien, comme toujours. Mais sans sortir ses clopes ou ses compas rouillés. Vite fait il se coiffe en se mouillant les mains, et lâche un peu de lest en vidant sa vessie. Et puis il la trouve là où il savait qu'elle irait, où il pouvait pressentir d'un seul regard qu'on la trouverait déjà, dans ses fringues un peu moches, ses cheveux sur les genoux. Assise sous l'unique arbre survivant de la cour, avec les phalanges égratignées, et seule avec les branches, sans les enflures qui s'approprient d'habitude l'emplacement. Parce-qu'elle les a sans doute tabassé comme il faut.
Quand il arrive, il sait qu'il lui reste peu de temps devant lui, parce-que déjà ça rameute de quelque part des surveillants qui beuglent.
Alors il courre. Puis il s'arrête sans qu'elle le regarde -elle fixe quelque chose qui se trouve en face de lui, ou peut-être bien au-delà, mais sans s’appesantir réellement sur tout ce qu'il représente de matérialité. C'est le regard qu'on adresse aux clochards dans la rue.
Il se penche, tend la main.

- Moi c'est Luccio.
Elle ne fait rien. C'est ce qu'il croit au début. Ça dure bien trois secondes. C'est long trois secondes. Puis elle baisse doucement la tête, se penche vers ses doigts tendus, et les frôle du museau. Méthodique. Animale. Il remarque les tâches de rousseur sur son nez. Il voit qu'elles dansent quand ses narine se tendent. Il trouve ça beau, parce-que ça lui évoque comme des constellations, sauf que les étoiles ne dansent jamais dans le ciel. Et puis comme elle est blanche, crémeuse adolescence, c'est encore plus une fête, quand elle le sent, s'anime, s'imprègne à son odeur. Sur sa peau livide, c'est une nuit blanche peuplée d'astres-ballerines.
Puis elle recule, ramenant son cou dans l'alignement onduleux de son dos foudroyé de rigidité osseuse. C'est dense. Un crépitement de vertèbres semblables à des coquillages fossilisés autour de l'éclair calcaire de sa colonne vertébrale.
Elle se lève sur ses jambes de girafe- de biche géante et prédatrice. Lève les yeux en même temps, ou peut-être simplement est-ce son visage qui suit le mouvement engrangé par ses membres immenses. Elle a la longueur phasméenne, l’œil vitreux d'un poisson. En tout cas elle s'élève jusqu'à croiser brièvement son regard, sans lui faire l'honneur de s'y accrocher, puis continue son ascension jusqu'à lui filer un vrai soupçon de vertige, culmine à la hauteur longiligne d'un jeune arbre.
Puis elle dit, et c'est rauque.

- Tu pues la pisse Luccio.

Il pense, je ne me suis pas lavé les mains c'est vrai, il pense, putain quoi, il pense, quelle connasse, il pense, j'ai mal
Il dit

- C'est pour marquer mon territoire sur les gens que je rencontre.

C'est minable et elle ne sourit pas. Les adultes l'emmènent. Alors il remarque qu'elle a les mains crispées, deux nœuds de doigts entremêlés, de tendons bourdonnants, qui ballent lourdement au bout de ses bras maigres. Que doucement son poing s'ouvre.
puis tombe une dent
et deux
et trois
Et c'est plus fort que lui, il y a une grande saccade, à l'en faire laid soudain, quand il explose de rire.
Comprend bien qu'il est nul au jeu des apparences, qu'il prétend vraiment mal à être un animal. Qu'il a devant les yeux le vrai enfant sauvage.
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 16:15
PAR LYLITH_WLF

Une silhouette féminine s'étend sur la plaine, le vent fait mouvoir les herbes comme les flots de la mer. Des cris retentirent, la silhouette disparue en un éclair.
La jeune fille aux cheveux de feu s'enfonce dans les hautes herbes, le pas rapide, presque au pas de course, elle se dirige dans une forêt. Un sac en tissu sur l'épaule, elle est vêtue d'un t-shirt noir, d'un jean kaki d'un manteau qui lui arrive à mi-cuisse de couleur grise.
Elle paraît déterminée, elle sort de la végétation. Elle s'arrête net, le regard vif elle scrute autour d'elle.
Un cri se fait de nouveau entendre, il s'agit d'un glapissement. La jeune fille accourt en direction du bruit, un grand chêne se dresse quelques mètres devant elle. Elle reprend une vitesse de marche et ralentit peu à peu tout en se dirigeant au pied de cet énorme tronc.
De petites têtes rousses sortes d'un terrier creusé entre les racines de l'arbre, des renardeaux. A la vue de cette humaine, les petits renards eurent un mouvement de recul, elle se penche doucement, leurs truffes frémirent, et après l'avoir fixée craintivement, ceux-ci sortirent de leur cachette comme s'ils l'avaient reconnus. Ils sont au nombre de trois. Elle s'agenouille alors dans les feuilles mortes, fit descendre son sac de son épaule en un geste, l'ouvre, plonge sa main à l'intérieur et en sortit une poignée de baies.
Elle tend sa main vers les renardeaux, la pose à plat sur le sol, les renardeaux s'empressent de se nourrir dans sa main. Leurs oreilles pivotées en arrière, leurs moustaches lui chatouillent la main, elle sourit.
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