Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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CC Ceux qui rêvent (musique) Empty CC Ceux qui rêvent (musique)

Mar 4 Fév 2020 - 21:40
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CC Ceux qui rêvent (musique) Empty Re: CC Ceux qui rêvent (musique)

Mar 4 Fév 2020 - 22:31
Mon doigt s'abandonne sur sa joue. Elle est si jolie, ses yeux sont fardés de sombre. Quand elle ne dort pas, elle se mord les lèvres jusqu'au sang. Je lui fais signe d'arrêter. Elle m'envoie un sourire nerveux -presque une grimace- et recommence.
Au bout d'un moment, elle se lève (comme elle est jolie dans son T-shirt fluide) et va trafiquer ses arcanes. Un gros casque sur les oreilles, tourner des boutons, cliquer et cliquer encore devant des lignes tordues et colorées. Dans ses oreilles, je sais qu'elle fait tourner la même intro que la veille. Au bout d'un moment, elle va déplacer des câbles, installer le micro et se prépare. Elle s'éclaircit la gorge. Je vais aux toilettes. Un instant plus tard, j'entends s'élever la litanie. Ça commence à prendre une forme plus fixe. J'aime bien ce qu'elle fait. Elle chante bien, ma copine. Cela dit moi j'aimerais bien dormir. Je suis un peu embêté pour elle, elle ne dort jamais. Elle est sexy en T-shirt culotte, en plus les cernes lui vont bien. Je vais me faire un café quitte à pas dormir à ses côtés. Quand je sors des WC elle me fusille du regard au milieu de sa note. Qu'est-ce que j'ai fait ? Elle retourne à sa chanson. Je vais me faire un café. Elle s'arrête souvent, clique furieusement et reprend toujours le même segment. Moi je trouve qu'elle chante bien, mais bon... je la laisse faire son truc. Et puis à un moment elle clique l'arrêt, se retourne en enlevant son casque
« Tu veux pas arrêter ta merde ?!
- Quoi, ça ? (la cafetière?)
- Je peux pas chanter deux secondes ?!
- Okay, calme-toi... C'est bon... » j'éteins la cafetière.
Bon... Alors pas de café. Je vais sur le lit et j'attends en la regardant.
Au bout d'un moment je sens un agacement encore.
Elle me fait comprendre que ça la fait chier quand je la regarde trop longtemps. Je lui dis que c'est pas de ma faute si elle est jolie. Elle prend pas le compliment, elle a pris la mouche. Du coup je me retourne et je reste là à rien faire sur le lit.
Je m'ennuie. J'aimerais bien dormir, aussi. Moi j'ai pas d'insomnies. Sa chanson est super plaintive, quand même. C'est dommage, ce serait bien si elle faisait des trucs joyeux. Elle est plus jolie quand elle sourit. Et pour la présenter aussi ce serait mieux... Des fois, les gens me demandent si elle a des problèmes en écoutant ses chansons... Même moi je me demande...
Je voulais juste veiller sur elle et être gentil. Maintenant je me fais chier. Pas le droit de faire du café, pas le droit de la regarder... Pas le droit de jouer avec le son... Pas le droit d'aller la tripoter... Et j'arrive pas à dormir maintenant.
Je reste là à pousser des gros soupirs. M'ennuie.

Après un long, long, long moment à cliquer, je l'entends arrêter l'ordi -je fais semblant de pas entendre- et venir vers le lit. Elle a l'air contente maintenant. Elle me fait un bisou avec son air gentil et joyeux et elle vient se coucher près de moi.
« Tu me fais une place ?
-Hm. »
Elle se fait une place.
« Ca va ?
-Hm. »
Je la laisse faire un câlin comme d'habitude. Elle est sacrément sexy en vrai, c'est dur de lui faire la tête très longtemps. Je pose ma main dans le creux des hanches. Son nez se fraye un chemin vers mon cou.
« Tu me fais la gueule ?
-Hm, hm... » l'air de dire non
Elle me fait un bisou dans le cou
« Hm, hm » elle fait
Et elle fait des bisous
Je la serre un peu plus fort. Elle est fine, en plus. Je commence à me réveiller, moi...
Elle fait un bisou
Rah, comme elle fait bien les bisous
Pantouffe
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CC Ceux qui rêvent (musique) Empty Re: CC Ceux qui rêvent (musique)

Mar 4 Fév 2020 - 22:46
Il s'est mis à brouter mes draps. Un mouton noir, avec des paillettes plein la toison laineuse.

Factuellement.

Ce sont des draps à imprimés d'étoiles et de lunes qui sourient- ils sont vieux, je les ais ramené de la maison, ce sont ceux de mon adolescence. Ils portent encore quelques brûlures de cigarettes et des coups de feutre noir. J'ai cuvé mes premières cuites entre ces draps. Il n'ont cependant pas vu la naissance de ma sexualité- la toute première activité onaniques de mon existence a eu lieu dans d'autres draps, plus vieux. Vendues dans une brocante si je me souviens bien. La première collaboration sensorielle avec un autre individu dans le but d'atteindre une jouissance réciproque (ou non) fut également gratifié d'un cadre différent. Elle a pris place dans le salon de mes parents. Ils étaient absents bien sûr, chez des amis pour une soirée J'étais prévenu. Moi, j'ai invité un homme, il est venu via un site de petites annonces sur lequel j'avais lancé un appel trois jours auparavant. La mention "vierge" faisait sans doute office de label rouge, car j'ai bien reçu soixante dix réponse enthousiastes et moitié autant de photos de sexes en érection. J'ai choisis l'homme le plus moyen du lot pour ne pas me sentir dépassé par la situation, puis je l'ai sucé jusqu'à ce qu'il jouisse. Son sperme avait un goût de bière. J'ai décidé que ce n'était pas trop mal et que je saurais m'y faire. J'ai noté l'homme : 7/10.Un score correct en somme. Il avait des poils blonds drus sur les phalanges des mains. A partir de cet instant, je me suis mis à aimé ce détail chez les hommes que je voyais.

Factuellement,

Mon premier petit ami a dormis dans ces draps avec moi. Il avait vingt sept ans et j'en avais dix neuf ; nous faisions de batailles de cernes que je ne gagnais jamais. La peau de ses yeux était plus fine que la mienne ; elle oscillait entre le gris et le mauve. Ses lèvres étaient toujours gercés. C'est lui qui a infligé leurs premières brûlures à mes draps avec sa nonchalance. J'en suis en partie coupable, tout le temps qu'a duré notre relation, je n'ai jamais acheté de cendrier. Maintenant je m'en réjouis, car quand je dors seul, il m'arrive de chercher les petits trous de cigarette et d'en gratter ou caresser le pourtour avant de m'endormir.

Factuellement.

Les couleurs ont inévitablement ternies et la texture du tissu s'est sérieusement dégradée à l'heure qu'il est. On dicerne néanmoins toujours les croissants de lune souriants et les étoiles jaunes non moins emplies de gaité. Je sais où chercher pour trouver celles auxquels j'ai cousu des moustaches, des monocles ou des sourcils froncés. Un observateur non avisé ne saura probablement pas les déceler tout de suite.

Factuellement.

Ce ne sont plus des draps de mon âge. J'aurais pu en changer il y a des années de ça, et plus particulièrement au cours de l'an dernier quand j'ai emménagé dans mon premier appartement. La plus grande partie du mobilier avait une mémoire lisse- des objets et des meubles récupérés au grenier, des membres de la famille ou bien tout simplement achetés pour l'occasion. Je n'ai gardé que : mes vêtements, ma télé, un peigne, une brosse à cheveux, une brosse à dent, deux bibelots (un chien en verre, une chouette en céramique), deux consoles de jeu, deux cartons de livres, un carton de jeux vidéos, trois jeux de société (jeu de carte, jeu de l'oie et dames), un verre en plastique (ramené d'un concert), six perruques, un portemanteau ainsi qu'un oreiller en forme de tête de chat. Enfin, il y a les draps. Je ne les ais pas ramené tout de suite. J'avais acheté des draps neufs, noirs et blancs, avec des motifs abstraits. Je ne redors dans ces draps que depuis hier soir.

Factuellement.

Je souffre d'insomnie. C'est arrivé depuis un accident- un petit dérapage de cœur, une catastrophe de trois fois riens. Je n'arrive plus à faire revenir mon matelas à des proportions normales depuis ça. Il est devenu plus large et plus profond que la réalité physique ne devrait normalement l'y autoriser. Un trou s'y est formé et je n'arrête pas d'y basculer. C'est incommode, parce-que le trou a la forme d'un autre ; mon corps ne peut pas s'y encastrer. C'est rapidement devenu un problème. J'ai essayé plusieurs configurations pour boucher le trou, mais aucune silhouette ne l'épouse tout à fait, et il suffit d'un tout petit peu de vide pour que l'abîme dans le matelas ait un sucion. J'ai donc tenté de lui échapper en dormant sur mon canapé. Néanmoins, cela n'a pas suffit. Le trou continuait de courber l'espace à travers tout l'appartement, dés que je m'allongeais quelque part. Il s'est mis à produire des fantômes comme la cheminé d'un volcan aurait produit de la fumée avant une éruption. Sauf qu'il n'entrait jamais en éruption ; moi oui. Mon corps éclatait en mille morceaux à travers les pièces de l'appartement, des mains ici, une jambe là-bas, au son des halètements de fatigue dû à la danse. Une forme de danse.
Silver Phoenix
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CC Ceux qui rêvent (musique) Empty Re: CC Ceux qui rêvent (musique)

Mar 4 Fév 2020 - 22:51
Minuit.

L'horloge du salon n'avait pas de coucou, mais c'était comme si les douze coups résonnaient dans sa tête.

Sofia ne dormait jamais à cette heure-là. Une couche-tard. Et, à son grand dam, bien souvent une lève-tôt. Mais là, que n'aurait-elle pas donné pour dormir ?

Le sommeil pesait sur ses paupières, sans jamais vraiment les clore. Le sommeil la narguait. Depuis quatre jours, désormais. Et surtout, surtout, cinq nuits.

Cette tension dans sa poitrine. Cette sorte de plaque de fer empalant son crâne derrière ses yeux. Ces taches sombres devant elle. Cette faiblesse se diffusant dans ses muscles. Cette rage sourde déferlant dans ses veines, battant contre ses tempes. Ce cœur palpitant se cognant contre ses côtes...

Sofia n'arrêtait pas d'émunérer tous ce qu'elle ressentait. C'était mécanique. Peut-être une défense contre la folie qui la rongeait... Ah, elle recommençait à expliquer ces sentiments. Bizarre.

De toute façon, elle avait du mal à avoir conscience de tout ce qui se passait autour d'elle. Tout était enveloppé d'une brume. Seule sa souffrance (car oui, c'était horriblement douloureux) la clouait à la réalité.

Même ses rêves lui manquaient. Absurdes. Nébuleux. Lointains. Mais elle ne pouvait même plus rêvasser tranquillement sur son lit comme elle le faisait d'habitude.

Ah. Là elle parlait à voix haute. Elle avait déjà oublié les mots.

Ah, non.

"Je ne dors pas."

Je ne dors pas.

Comment pouvait-elle oublier ? Impossible. C'était juste une absence. Une énième absence. Une autre putain d'absence de merde.

Et là, elle visualisait son propre cerveau, ce qui provoquait ces absences. Mais putain, non ! Rien que penser, penser, était une torture ! Elle n'aurait pas du regarder ces vidéos qui expliquaient les insomnies.

Hurler. Ce serait libérateur, cathartique. Mais épuisant.

Pleurer. Elle l'avait déjà fait. Un peu. Mais c'était inutile. Ses draps étaient déjà suffisamment trempés de sueur.

Plus les nuits s'éclairaient. Plus les pensées. S'assombrissaient.

S'anesthésier. Si. Seulement.

Endormir l'insomnie. Trucider l'insomnie, oui !...

Elle était devenue l'insomnie.

Sofia l'Insomnie.

Peut-être que... Si elle attendait... Un seul jour...

Ou plutôt. Quatre-vingts six mille quatre cents secondes.

En attendant, elle laisserait ces quatre mêmes mots danser avec les battements désespérés de son cœur.

"Je ne dors pas."

Je dormirai pour toujours.
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