Le Pare-tempêtes
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Leer
Leer
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Frissonade de saumon (avec un brin de persil) Empty Frissonade de saumon (avec un brin de persil)

Ven 8 Mai 2020 - 21:53
La crispation des muscles est parfaitement normale.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Age : 26

Frissonade de saumon (avec un brin de persil) Empty Re: Frissonade de saumon (avec un brin de persil)

Ven 8 Mai 2020 - 22:25
Tic.

Tac.

Tic.

Tac.

C'est l'horloge de la chambre qui produit ces bruits. Des claquements secs, mécaniques, imperturbables.

Jo soulève péniblement ses paupières. Elles collent contre ses yeux. Une fine pellicule d'eau salée brouille son regard voilé de sommeil. Il repousse lassement ses draps dans un léger bruissement, laissant la fraîcheur de l'air se frotter contre son torse nu. Bien que cela n'aide pas à apaiser cette tension dans sa poitrine.

S'ajoute au tic-tac de l'horloge, les battements de son cœur. Lents. Lourds. Irréguliers. Si bien qu'il a l'impression de pomper de l'huile.

Jo croit bien que ça fait mal. En tout cas, c'est désagréable.

Il n'est qu'un sac de viande. Avec un réseau d'os pour structurer un peu.

Il est sale. Crasseux. Mais il n'a pas envie de se laver.

Ni de se lever.

Il ne peut pas sortir de chez lui, de toute façon. Qu'a-t-il à gagner en quittant sa chambre ? En quittant son lit ?

Tic.

Boum.

Tac.

Boum. Boum.

Tic.

Boum.

Tac.

Il n'aime pas ce décalage.

Tic.

Boum.

Tac.

Boum. Boum.

Il est épuisé. Le sommeil n'est pas censé être réparateur ?

Claquement contre ses oreilles.

Battement contre ses côtes.

Battement contre ses tempes.

Il veut replonger dans un sommeil profond. Sans rêve. Sans rien.

Sans fin ?

Pff... N'importe quoi. Le sommeil, c'est suffisant. Pas la peine de faire un voyage sans retour pour obtenir ce qu'il veut.

Un frisson parcourt son échine. Il a froid. Il s'enroule dans ses draps. Plonge sa tête dans l'épais tissu. Le tic-tac est toujours là, mais étouffé. Son cœur l'assourdit, maintenant. Mais mieux vaut cette bulle de son.

Jo laisse ses paupières se baisser. S'écraser. Ça colle, ça craque, comme deux croûtes d'eau plaquées contre ses yeux. Mais comme ça, le sommeil va revenir. Il sent pourtant quelque chose comme du plomb liquide couler dans ses veines. Des insectes grouiller dans ses membres.

Il veut que ça s'arrête. Il ne veut plus vivre pendant quelques heures. Juste quelques heures.

(inachevé)
Pantouffe
Pantouffe
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Frissonade de saumon (avec un brin de persil) Empty Re: Frissonade de saumon (avec un brin de persil)

Ven 8 Mai 2020 - 23:27
Ça gratte sous la salle aux miroirs, dans les tunnels bouchés de terreau. Racines mortes sous le compost, et rates dans la tourmente. Les pattes creusent à petites bouchées, elles cherchent l'air libre, elles fouillent pour les galeries creuses, pour les cavités vides, là où elles peuvent grouiller, où le couinements rebondissent bien, moissons d'échos à faucher pour le silence, pour sa faux vive, pour sa main sèche. Accoucher la portée dans une bulle d'air sous la terre noire et lourde, sous la pierre travaillée à la pioche. Les pioches sont parti et les rats sont venu, avec leurs yeux de cailloux, leurs doigts de petites vieilles. Sous la salle aux miroirs, sous les grilles qui s'ouvrent dans le sol... Humidité granuleuse par terre, mouillure crasseuse qui colle, s'imprime aux pieds. Hiéroglyphes moites incisés dans la plante- trop de graviers, trop de poussière. Copeaux, déchets. Esquilles piquantes qui traînent.
Aux murs il y a les tranches de métal poli, implacables comme des lames de boucher. Sans cadre autour, nul part. Des rectangles luisants, réflectifs, accrochés sur les murs, comme des pelures d'armure. Des écailles de dragon en forme de portail.
Portail vers nul part. Vers les yeux caves, les dents pourries. La bouche qui suinte et les orbites sinueuses. Paupières noueuses de veines. Orbe de gelée grise impudiquement glissés sous un draps de peau couleur de craie, de cendre- linceul collé au corps, sur chaque dentelure d'os, chaque courbure de muscle décharné. Partout, c'est un désastre... Ce n'est plus un visage mais un masque mortuaire. C'est moins encore qu'une simple carcasse. C'est la sculpture humaine sur le coffret d'un sarcophage. Déstructurée à coups de burin, les creux emplis de suie. Soulignés au pochoir, un trait de nuit dans chaque ligne de pierre. Pour tracer chaque arche de côte, chacun des nœuds de muscle- chaque pampre desséché accrochée au squelette. Tout se révèle dessous le voile de chair. Tout se reflète dans la salle aux miroirs.
(pas finis)
Leer
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Frissonade de saumon (avec un brin de persil) Empty Re: Frissonade de saumon (avec un brin de persil)

Ven 8 Mai 2020 - 23:38
note:

Je l'ai retrouvé en premier sur une boîte noire d'avion. L'une de mes marottes est d'écouter ces enregistrements.
(présence qui prend le contrôle du pilote et le force à agir d'une manière insensée, aboutit/mène au crash de l'avion)
Ca m'a marqué, d'abord parce que ça fait peur, encore plus avec le son des enregistrements de boîte noire (c'est grésillant comme une radio cassée), mais surtout parce que ça n'a aucun sens... Quand on sait tout ce que les pilotes passent comme tests moteurs et psychologiques avant de pouvoir monter dans un avion. Ca donne envie de dire qu'il a claqué, surmenage, ou insomnie... Ce serait rassurant. Mais c'est invraisemblable. J'étais vraiment confus, là-dessus. Je ne comprenais pas. J'ai regardé plein de films là-dessus, et de vidéos sur Youtube, parce que c'est un peu ma passion, et à aucun moment j'ai vu un autre témoignage comme ça.

La fois suivante où j'en ai entendu parler, c'était une année après environ, dans le procès verbal d'une affaire que j'étudiais en droit. Un homme accusé de meurtre, relativement sordide, il avait cogné sa femme au poing avant de l'achever à grands coups de je ne sais plus quel objet.
Lors de sa première audience, il a tout avoué immédiatement (je crois que c'était lui qui avait alerté la police en premier) il plaidait n'avoir eu aucun contrôle de ses actions et ne pas comprendre... Bon, ça arrive, mais ce qui m'a rappelé le premier cas c'est qu'au bout de quelques séances, son avocat a plaidé la folie et le type ne répondait pas, ou protestait carrément contre son avocat, ce qui est contraire à toute stratégie. Normalement les types qui plaident le manque de contrôle cherchent à réduire leur peine et suivent les conseils.
Les policiers qui ont reçu son appel sont venus témoigner aussi, ils ont confirmé que lorsqu'il a prévenu, il était complètement paniqué. Il parlait du meurtre et de tout ce qu'on « lui avait fait faire », sans pouvoir expliquer qui lui avait « fait faire ». Au procès, lorsqu'on reprend cela, il commence à parler d'une puissance suprême dans sa tête et de comment il l'a senti s'installer peu avant que sa femme revienne du travail... il se coupe au bout de quelques échanges avec le juge peu crédule. Après, il se renferme et n'en parle pas. Je me suis demandé ce que ça aurait donné s'il avait été pilote d'avion... Peut-être pareil ou à peu près.

Et puis, il y a eu les petites annonces. Beaucoup trop de petites annonces. Et la TV a commencé à en parler.

Je suis tombé la tête la première dans cette histoire : j'étais captivé. Je collectionnais les coupures de journaux, je pouvais sortir les noms de témoins. Je pense que là où j'ai basculé, ce serait quand j'ai décidé de me rendre chez quelqu'un, un témoin oculaire pour éclaircir certaines choses dont il avait parlé.

J'ai fait un bon trajet en voiture, il faisait plutôt lourd mais pas moche. Je suis arrivé sur le coup de 17h, à peu près ce qui était prévu et j'ai sonné. Maison de banlieue dans un quartier de banlieue, avec des lambris blancs tous identiques et des voitures parfaitement garées. Le mec m'a ouvert : Daniel Leros*. Bien habillé mais sans excès, un gilet qui fait mec en retard sur son temps. Il m'a invité à entrer, m'a servi une tasse de café. Je me souviens que mon regard a accroché sur un cadre photo, près d'un quelconque meuble : on le voyait souriant, autre coupe de cheveux, une femme à son bras. Au premier regard mon gaydar m'avait indiqué qu'il n'aimait probablement pas les femmes, pourtant. Bref, pendant que j'essuie la buée de mes lunettes, on échange des mondanités. J'apprends quelques faits sans importance sur son parcours. Ecole d'ingénieur à R***, auteur d'un ou deux bouquins. On en arrive au fait. Il me raconte l'incident.

C'était dans un petit supermarché. Le caissier s'était fait braquer par un type armé, qui hurlait qu'il voulait l'argent ou sinon il se tirerait une balle dans la tête. Tout en hurlant ça, il pleurait et ajoutait de temps en temps des phrases de malade mental, comme « Sauvez-moi » ou « Empêchez-le de me faire du mal, s'il vous plaît ». Jean affirme l'avoir entendu s'excuser aussi. Je lui ai raconté l'histoire de la boîte noire, il n'a pas pu nier la ressemblance. Quand j'ai avancé l'idée que les évènements soient liés par contre il ne pensait pas à la même chose que moi. Il a avancé tièdement la « confirmation » que peut-être, une maladie mentale qu'on ne connaît pas... et il est parti sur l'idée que la société actuelle fait peur. J'ai voulu le rediriger, en parlant de causes occultes (j'ai toujours aimé me renseigner sur les crop circles, aliens, paranormal etc.) mais il était parti à me parler de sa nièce qui s'était suicidée et là, je ne vois pas comment j'aurais pu le couper poliment. Je l'ai écouté patiemment jusqu'au moment où il a décidé de sortir les albums de famille. C'est bien ma veine, je me suis dit, il était en manque de société... Il m'a amené au salon, un lieu tellement propre qu'on a peine à croire que quelqu'un y vit. Petites dentelles rondes sur les fauteuils rembourrés, pas un qui soit plié. Les tables qui miroitent à la lumière du dehors, sans rien dessus qu'une babiole décorative, posée stratégiquement. Vous voyez ?
Il m'a fait asseoir sur un fauteuil. J'ai eu du mal à trouver une position confortable. En même temps, je ne pouvais pas l'éviter. J'avais fini mon café. Aucun prétexte pour partir qui me vienne de manière convaincante. Et puis je ne voulais pas être malpoli. Il a commencé à me montrer des photos des années 2000, avec la couleur mais les coupes et les vêtements qui indiquent une époque révolue. Sa nièce avait l'air gaie et souriante, lui aussi, sa femme aussi. Je n'ai pas osé poser de question au sujet de cette femme. Visiblement, elle avait disparu. En souriant, selon toute probabilité.
J'avais une sorte de bourdonnement dans les oreilles. Comme j'étais bloqué sur la recherche de prétextes pour partir, j'ai complètement oublié de l'écouter. J'avais l'essentiel, enfin je croyais, il rabâchait sur sa nièce qui s'était pendue à un catalpa (quel nom ridicule), qui avait à peu près mon âge et l'avenir devant elle...
Au bout d'un moment, le foutu bonzai en pot qui était posé là a fini par tourner devant mes yeux, j'avais la nausée à force d'être exposé à la solitude maladive et au ton monocorde de ce type. Presque par réflexe, je me suis levé.
Il m'a demandé si tout allait bien, m'a suggéré de me rasseoir, en voulant poser une main sur mon épaule. Je lui ai dit que j'avais quelque chose à faire, et je suis parti avec presque pas d'autres politesses. En partant, il m'a dit de le rappeler si j'avais besoin d'en savoir plus, et il a insisté pour me donner des cookies ou je ne sais quoi. J'ai refusé. Je ne voulais pas rester le temps qu'il prépare une boîte, et devoir le revoir pour lui rendre.

Ce que j'essaye de rédiger dans le paragraphe qui suit:

Un peu plus tard, peut-être trois jours, j'ai reçu un appel du type (que j'ai ignoré, mais il a laissé un message vocal. Qui fait encore ça au 21e siècle ?). Il disait qu'il y avait un lieu pas loin de chez lui qui était resté inexploré par la police. Une ferme familiale, tout le monde avait disparu subitement. Ca a circulé sur youtube (vidéo de téléphone du quidam qui passait par là, il y a des types quand ils voient quelque chose de pas net, ils ne vont pas prudemment jauger la situation et appeler les secours appropriés non... ils filment.) c'est évidemment passé inaperçu un certain temps sur Internet, ça aurait pu être un ARG ou simplement un fake. En gros, la ferme était dans un état de chaos pas possible, il y avait des meubles dehors, éventrés, comme si un géant s'était amusé à coller sa bouche à une fenêtre et souffler très fort. On retrouvait le père posé au milieu de tout ça la tête dans les mains, avec une expression sur le visage comme si on lui avait arraché l'esprit à la pince. Le mec de la vidéo lui demandait en boucle ce qui s'était passé et parlait tellement qu'on entendait à peine les réponses, mais probablement des marmonnements et des trucs qui avaient pas de sens, vu que le mec continuait de lui demander. Donc bref. Je ne m'étais pas penché en particulier sur ce cas, vu qu'il y avait le point d'interrogation du fake, mais j'avais retenu que c'était un des trucs possiblement liés que j'avais croisés et retenu les faits et le village donc quand Leros m'en a reparlé, je savais ce que c'était à peu près.
Le père aurait demandé à aller en asile psychiatrique, ce que n'importe qui lui aurait accordé sans problème. Et d'après ce que dit Leros, la maison est restée telle quelle, personne n'a voulu y aller.

Incohérences de ce dernier paragraphe:

*Tous les noms ont été modifiés, ndle







Notes pour moi-même
Héros nom =? « J'étais captivé. Je collectionnais les coupures de journaux, je pouvais sortir les noms de témoins » Porte des lunettes. S'intéresse aux crop circles, aliens, paranormal « et tout ça ». Adepte occasionnel du « vous voyez ? »

Daniel Leros* mec chelou may or may not be gay =?, il est chelou. Fait penser à Joseph dans Dream Daddy, habite dans Vivarium de banlieue. Ecole d'ingénieur à R***, auteur d'un ou deux bouquins = ?. Témoin oculaire du supermarché. A été marié, devenir de la femme =? Nièce suicidée pendue [arbre]. Boit plutôt du thé mais sert un café à Héros.
Héros vient le voir « pour éclaircir des choses dont il avait parlé », dans quel cadre =?

L'arbre chêne ou catalpa ? Pour l'instant dans le texte, catalpa. Séquence de nausée sur un bonzai, aussi, pour se faire plaisir.

Historique des affaires citées
¤ Aviateur
¤ Mari qui bat et tue sa femme, nom Unknown. Devenir Unknown. « a parlé d'une puissance suprême dans sa tête et de comment il l'a senti s'installer peu avant que sa femme revienne du travail »
¤ les petites annonces =?. Beaucoup trop de petites annonces. Et la TV a commencé à en parler =?
¤ Mec qui a braqué et menacé de se suicider dans un super u (quel loser) nom =?








Autres idées : Narcolepsie
Une maison qui fait peur. Elle fait peur.


Dernière édition par Leer le Sam 9 Mai 2020 - 0:32, édité 1 fois
Malnir
Malnir
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Frissonade de saumon (avec un brin de persil) Empty Re: Frissonade de saumon (avec un brin de persil)

Sam 9 Mai 2020 - 0:27
6 du Mois des Preux, 1860

Le Vaillant a fendu les flots toute la journée, et je suis resté sur le pont jusqu’à la nuit, d’abord à la poupe, pour voir Vyzerstadt s’éloigner et disparaître derrière l’horizon, puis à la proue, pour voir le navire fendre les flots azur de son étrave d’acier. Dans mon dos, les deux cheminées du moteur crachaient de lourds panaches noirs, et l’odeur était moins forte devant ; là, l’air sentait le sel, les algues, le grand air et l’aventure. C’est pour la raconter que je tiens ce journal ; d’ailleurs, plus qu’une aventure, ça sera de l’exploration, de l’observation, de la science ; nous devrions accoster sur les rives presque inconnues des Outreterres dans deux neuvènes, et de là, nous prévoyons une longue marche à travers ces étendues sauvages et mystérieuses : des ruines s’y trouvent, qu’il va bien falloir étudier ; le professeur Magrault, mon mentor, m’a conseillé de consigner ici chaque détail de ce voyage, jusqu’à mes impressions : il s’agira de mutualiser nos notes pour faire à la fois un compte rendu de mission, mais aussi une série d’articles de voyages dans la Grande Vyzenia, le plus gros journal de la République ! J’ai regardé les soleil se coucher droit devant moi, les mouettes voler bas au dessus de nous, et suis rentré au chaud.

7 du Mois des Preux, 1860

Aujourd’hui c’était très calme, j’ai assisté à la réunion scientifique : on va rejoindre l’avant poste côtier de Kir-kiz, puis progresser vers les montagnes toutes proches et explorer la vallée qui se trouve au delà, où se dressent apparemment d’énormes tours mégalithiques. Sinon, rien d’intéressant. Nous avons dépassé le détroit de Kaïn et sommes cette fois-ci véritablement entré sur l’Océan Crépusculaire. Il paraît que pendant des siècles, personne n’a osé s’y aventurer, mais à voir cette étendue bleue, je ne vois rien de bien spectaculaire. J’ai oublié mon amulette porte-bonheur chez moi, je croyais l’avoir mais elle n’est pas dans ma valise.

8 du Mois des Preux, 1860

Il y a un orage qui se lève, la mer est couleur fer, le ciel à l’horizon barré de nuages noirs charbon, et il se décolore en des teintes jaunes citron au dessus de nous. Vraiment très étrange. Les vagues par contre sont inexistantes, une vraie mer d’huile.

9 du Mois des Preux, 1860

L’orage est sur nous, avec grelle, foudre, et des creux de deux mètres ! Je suis resté dans ma cabine, et j’ai bien peur d’avoir le mal de mer ! En tout cas, je comprends mieux que personne ne se soit risqué sur la mer dans le vieux temps, avec leurs coquilles de noix, ils auraient coulé ! Mais le Vaillant est un colosse de 55 m de long, tout en acier, qui fonctionne à la saumure et à l’électricité, je suis rassuré d’être à l’abri.

10 du Mois des Preux, 1860

L’orage dure toujours, et je suis malade. Pour comble, moi qui voulais continuer à sculpter l’os de bœuf que j’avais emporté, ce dernier est introuvable ! Il était bien commencé, mais j’ai beau fouiller ma chambre, rien n’y fait. Quelqu’un me l’aurait pris ? De toute façon, sculpter au couteau alors que tout tangue n’est pas une bonne idée. Mais après deux jours coincés à l’intérieur et à ne presque rien manger à cause de la nausée, j’avoue ne plus être aussi enthousiaste sur cette expédition qu’au départ. Espérons que le vent se calme enfin ! J’ai lu un peu et suis resté à dormir.

11 du Mois des Preux, 1860

Il y a eu un gros choc cette nuit contre la coque et la tourmente s’est amplifiée. Heureusement, il ne semble pas y avoir eu de dégâts. Au matin, on a constaté que nous avions dépassé l’orage, le pont était ruisselant d’eau et éblouissant dans le soleil, le ciel dégagé, le vent frais ! Apparemment, pas d’avaries.

12 du Mois des Preux, 1860

Pendant la nuit, la radio s’est coupée et nous nous sommes rendu compte au matin que nous avions dérivés vers le nord de bien deux-cents kilomètres ! Rien de grave, apparemment. Le capitaine dit que la radio aurait du encore être captée jusqu’à demain, mais la dérive imprévue a pu influencer.

Tous les boutons en os d’une de mes chemises ont disparus. Il y a un plaisantin à bord.

13 du Mois des Preux, 1860

Nous avons croisé un ban de baleines ce matin ! Ces animaux somptueux, à la peau bleu nuit, nous ont suivi pendant peut-être dix minutes avant d’obliquer vers le nord. Je me demande ce qu’elles racontent avec leurs chants rauques et mélancoliques. Le professeur dit que ce sont des animaux tout ce qu’il y a de plus sauvages, il m’a raconté avoir pu assister à la dissection d’un spécimen, et que finalement, à part d’énormes couches de graisses sanglantes et des dimensions colossales, c’était assez peu surprenant : pas d’organes mystérieux, rien.

14 du Mois des Preux, 1860

Quelque chose tape contre la paroi de ma cabine quand j’essaie de dormir, c’est désagréable.
Pour couronner le tout, j’ai retrouvé mon couteau dépouillé de son manche en ivoire ! C’est allé trop loin, je suis allé me plaindre auprès du capitaine, mais on a pas encore trouvé le voleur. En attendant, j’ai eu l’autorisation de verrouiller la porte de ma cabine.

15 du Mois des Preux, 1860

Un matelot appelé Henri Lepair a disparu cette nuit. On l’a cherché partout, en vain. Il a du tomber par dessus bord pendant la nuit, il paraît que ça arrive assez souvent. Malheureusement, comme c’était lui qui était du dernier quart, le navire a complètement dévié de son cap, pour la deuxième fois depuis le début du voyage, et nous voilà bien plus au sud que voulu ! Je me demande s’il n’y a pas un mécanisme cassé derrière la cloison de ma cabine, car ça tape toujours et le bruit m’empêche de bien dormir. Trois autres membres de l’équipage se sont fait voler, l’un d’eux tout un jeu de dominos en os de baleine, l’autre trois amulettes, le dernier un fourreau de poignard. Mais le voleur reste introuvable. Je me demande si ce voleur aurait pu tuer le matelot ? Je devrais éviter de trop y penser. J’ai passé la journée à préparer divers outils pour l’expédition à venir.

16 du Mois des Preux, 1860

Cette fois ci, ce sont mes dés en ivoire qui ont disparu ! Et pleins d’autres sur le bateau on remarqué des disparitions d’objets en os ! On a fouillé tous le bateau, en vain. Cette histoire est vraiment étrange. J’ai mal dormi, personne ne devrais pouvoir entrer comme ça dans ma cabine. Le professeur Magrault m’a montré un objet rare qu’il emporte pour l’expédition ; une « Boite noire » de Repose. Un artefact ancien, qui apparemment permet de garder enfermé les esprit malveillants. Il pense que ça pourrait nous protéger sur ces terres mystérieuses, et je n’aurai jamais cru que mon professeur se montre superstitieux ! Lui qui le premier dit que la magie s’est éteinte depuis bien des siècles. Il m’explique qu’elle ne s’est sans doute éteinte dans notre sang, mais qu’ailleurs elle pourrait bien encore exister. Je ne suis pas sûr de le comprendre, il faut dire que ce genre de choses ne m’intéressent pas. Il n’empêche que cette boite carrée, plate, sans ornementations, en métal noir luisant, m’a mis mal à l’aise. Et il m’a semblé que pendant tous le temps où j’ai été dans la pièce, une vibration continue s’en échappait. Je pense que je me suis laissé impressionné.

17 du Mois des Preux, 1860

Le professeur Magrault a disparu ! Toutes ses affaires sont là, même cette boite bizarre ! On l’a cherché partout. Professeur Kiel a décidé de faire demi-tours et d’annuler l’expédition.

18 du Mois des Preux, 1860

On a beau chercher partout, le journal du professeur est introuvable. On a même ouvert cette boite noire, des fois qu’il y serait rangé. Rien. Bizarrement, la boite contenait une sorte de poudre cristalline, des sorte de grains d’obsidienne. Très curieux. En tout cas le moral est très bas, d’autant qu’on a dérivé encore cette nuit, et que nous sommes si au sud à présent que nous risquons de devoir accoster dans un port étranger, pour commencer ! Finalement, tous mes rêves d’aventure sont tombés à l’eau, et je ne sais même pas pourquoi je continue à tenir ce journal. Peut-être s’il doit y avoir une enquête de la police ? Ce serait bien ! Mais j’aimerai autant que ça soit celle de Vyzenia, et pas une police étrangère ! Déjà parce que, comme universitaires et chercheurs, notre matériel, nos recherches et nos expéditions ne devraient pas être connues des étrangers.

J’essaie de trouver le sommeil mais c’est impossible avec le vacarme qu’il y a : ma cloison tremble presque sous les coups qu’il y a. Je vais rejoindre les autres dans la salle à manger.

20 du Mois des Preux, 1860

Trois matelots disparus, et nous avons dérivés sud-ouest, apparemment de plus de trois-cent kilomètres. Les réserves de saumures ont beaucoup trop baissées et nous sommes très inquiets, on va peut-être devoir utiliser les voiles pour rentrer chez nous. On a trouvé dans le matelas du professeur Magrault tous les objets qui avaient disparus ces derniers jours, et même de très longs os, que le professeurs Kiel dit qu’ils sont humains. Je n’ose imaginer pourquoi ils sont là, mais en tout cas, et c’est plutôt rassurant, ils sont si propres que ça ne peut être que de très vieux os. Nous refaisons voile vers l’est, et cette fois-ci les équipes de nuits se feront par groupe de trois, il s’agit de ne pas dériver à nouveau. J’ai peur mais j’essaie de le cacher. Je voudrais déjà être rentré à Vyzerstadt !
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