Corbeau automnal

Bienvenue les enfants. Essuyez vos pieds avant d'entrer.

Je regarde les gens qui marchent et avancent vers je ne sais où. Tranquillement je déambulle dans les rues de la ville, quelquefois je lève la tête, vers ce ciel qui m’accompagne, léger, un infini ouvert sur le monde.
Perdu dans ses immensités, tout se calme. Une respiration, lente, posée, je tombe dans le bleu, tellement profond.
Je ferme les yeux, le temps s’est arrêté. Les pensées fusent, des images, bientôt des sensations, elles m’entraineront loin d’ici. Je me sens rêver, je me vois plonger.

Le vent me rappelle. Doux réveil, il fait vibrer le sang, je me sens encore vivant.

L'homme-corbeau était assis, les mains sur les genoux, légèrement à l'intérieur des genoux, il se penchait légèrement en avant, et ouvrait les yeux légèrement plus que nécessaire.
Je poursuivis. « Normalement, ça m'dérangerait pas, j'ai pas de problème avec les gens qui peignent en très très grand, mais là comme y avait de la peinture partout, forcément-
-Forcément renchérit-il, comme s'il essayait de reproduire scrupuleusement le son.
Je me suis raclé la gorge. « Ca m'a un peu embêtée quoi. Enfin de tout devoir nettoyer après, surtout... Euh... » Là, j'ai réalisé que la situation était un peu embarrassante et que j'avais dit tout ce que j'avais à dire. Du coup j'ai grommelé « Ben c'était chiant quoi. »
Il opina et se remit un tout petit peu en arrière. Il y eut un silence.
Je partais quasiment dans mes pensées quand d'un coup il se redressa, claque de la main sur son genou et annonça : « Bon, c'est pas tout ça ! » il se leva, « Tu viens ou... ? »
Je vins.
Dix minutes plus tard, j'avais des plumes dans la bouche, lui des cheveux dans les mains, il caressait ma peau c'est moi qui piaillais. Fallait voir ça. C'était fou, quand j'y repense : les plumes étaient immenses par rapport à celles qu'on voit d'habitude (celles des oiseaux), et c'est tellement doux ! Mais on a peur de s'y accrocher, ça me donnait l'impression que je risquais de lui faire mal genre si elles s'arrachaient. Je crois que non. Je me souviens d'un moment où il me promenait carrément une de ses plumes, et il me gratouillait avec le tuyau en corne je sais pas comment ça s'appelle... la tige ? C'était carrément surréaliste. A un moment aussi il a bugué, je crois qu'il savait pas trop non plus comment j'étais foutue.

spoual postérieur:

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Un grommellement s'élève
Le parfum de la maison
Silence de mise, noir, rideaux.

Rêveries entravées.
Nourriture interdite.
Les cordages se resserrent.

Les notes tombent
Tête se baisse
Coupée quand ?

Crac
Eclat
Espoir ? Oh non.

Hurler, pourquoi pas
Mais parler, à quoi bon.

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C'est l'histoire d'un type il s'appelle Café. Et Café c'est marrant, il adore les noisettes. Bon. Quoi ? Ah non pas du tout, coréen. Donc le type, il me raconte, il réparait une voiture. Une Renault. Il avait pas des masses de boulot donc ce jour-là il y allait tranquille tu vois ? Il répare, il répare... Et à un moment il se dit c'est bizarre, j'ai paumé ma clé à molette. Hm. Alors il fouille bon, il regarde les endroits habituels quoi ! Et puis il demande à sa femme ! Pas de clé à molette. (moue) Bon.
Alors : mon gars Café tout naturellement voilà ce qu'il se dit. « Puisqu'on retrouve pas la clé à molette, je vais en prendre une au voisin. » Il s'essuie les mains part sur son chemin...

Dans les ténèbres nocturnes, Flora marche paisiblement, claquant doucement ses massives bottines sur l'asphalte. Il fait froid en cette nuit digne d'une fin de novembre. Elle peut voir que le givre couvre délicatement l'herbe à côté du trottoir, scintillant sous l'éclat des quelques réverbères.

Le silence est presque palpable dans les rues complètement désertes de toute présence humaine. Cette sombre tranquillité émane un aura proche du mystique. Flora porte certes fièrement son casque audio autour du cou, elle ne ressent pas le besoin de le placer sur ses oreilles pour écouter de la musique. Et puis, elle peut toujours se poser quelque part jouer de la basse acoustique si le silence la lasse.

La jeune femme caresse distraitement la sangle de la housse sur son dos. Elle peut sentir sa rugosité malgré les gants. Elle n'est pas très loin du lac, pourquoi pas y aller ? Se poser sur l'herbe fraîche, contempler l'eau calme en buvant du limoncello ou en grattant sa basse ?

Flora laisse alors ses jambes la guider vers son Eden de nuit. Il ne lui faut que quelques minutes avant que le lac n'apparaisse dans son champ de vision.

Le lac, bleu-vert le jour, est maintenant si noir qu'il semble être rempli d'encre. Les lumières urbaines se reflètent cependant sur l'eau flegmatique, perçant la petite brume flottant comme une pâle figure fantomatique. De grands arbres entourent le lac, dépourvus de leur chevelure feuillue, si bien qu'ils ressemblent à des squelettes de bois. Des feuilles mortes aux nervures craquelées tapissent la terre. Leur couleur cuivrée est peu distinctive dans la nuit, mais donne malgré tout un aspect automnal à ce paysage.

Flora s'accorde un instant d'émerveillement. Ses grands yeux rivent sur le moindre détail alors qu'elle arpente les derniers trottoirs. Le parfum d'humus taquine ses narines. Embaume tout autour d'elle.

Enfin, elle se pose. Se cale sur l'herbe, contre le givre perlant le sol. Protégée par son long manteau noir.

Son souffle calme et régulier effleure ses lèvres, se matérialise brièvement en une fumée diaphane avant de se perdre dans la nuit.

Elle pose sa basse sur ses genoux avec douceur. Embrasse le silence presque total. Seul un vague bruissement, presque imperceptible, siffle entre les branches et les brins d'herbe.

Flora demeure ainsi, se laissant bercer par ce silence si bienvenu. Laisse reposer ses oreilles alors perpétuellement au travail. Elle sent même son cœur battre tranquillement dans sa poitrine et masser ses tempes.

(inachevé)