Le Pare-tempêtes
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Malnir
Malnir
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Date d'inscription : 18/09/2018

Un corbeau pour deux Empty Un corbeau pour deux

Lun 30 Jan 2023 - 23:31
Voilà comment Casmir de Lycanie fit son entrée dans la lumière du monde

Il naquit en hiver, dans la Quarte Renaissante, c’est à dire aux portes du printemps. On dit que des hommes nés dans cette ultime neuvaine hivernale sont promis à refonder et restaurer les choses brisées. Comme, en ces années là, tout allait pour le mieux en Ormeterres, on spécula sur la signification d’une telle naissance. Le milieu académique s’en empara. Dés théologiens furent là pour affirmer que les existences humaines étant libres du destin par le contrat liant l’humanité aux trônes divins, ces histoires autout des destinées liée aux dates de naissance n’étaient que racontards issus de traditions païennes résistantes. D’autres, des astrologues venus des contrées orientales de Silice ou leurs disciples, vinrent au contraire soutenir que Casmir était bien destiné à guérir des blessures. Cette idée, qui fut bien plus populaire chez les roturiers, mena pour autant à un autre débat, plus âpre encore : que devrais réparer le jeune fils du duc ?
Car la Lycanie était alors florissante, tout comme le reste des Ormeterres : qu’est ce qui pouvait être brisé dans le fier duché, la perle du royaume comme certains la surnommaient orgueilleusement ? Certains avancèrent que Casmir, seul enfant du duc Lothaire, venait tout simplement régler la question successorale qui commençait à couver depuis deux ou trois années. Le frère du duc, l’ambitieux Wilhelm, voyait ses espoirs de lui succéder anéantis et devrait se contenter de son titre de comte de Blasemont. Des optimistes suggérèrent que Casmir allait mener la Lycanie à une plus grande prospérité encore et que la misère disparaîtrait totalement sous son règne. Des pessimistes affirmèrent que la Lycanie allait subir de terribles épreuves que seul Casmir permettrait de surmonter. D’autres enfin suggérèrent que, n’ayant rien à réparer, Casmir ne ferait rien de particulier.
De toute façon, Casmir naquit loin de tout le remous que la date provoqua dans le peuple, c’est à dire au sein de la famille ducale, dans l’absolu cœur de la noblesse lycane, entouré par un clergé cathédrique sourcilleux et sévère. Par sa mère, il descendait de la noble lignée des rois de Cronord, eux même issus des princes de Naelfvirn et ultimement de la légendaire « Vierge Catherine ». Par son père, il était du sang des ducs de Lycanie, autrefois Princes Lycans, et par alliance, il était du sang des Rois Souverain d’Ormeterre. Fils de duc, petit fils de roi-féal. Il naquit au surplus, ainsi que le voulait la tradition, à Kaorne, la citadelle ancestrale des princes Lycans. Plus que la tradition, la vieille forteresse servait de résidence d’hiver à la famille ducale et c’était tout naturellement que ceux-ci s’y trouvaient pour attendre l’enfant.
Casmir naquit donc dans les ombres dorées de la chambre à la licorne, une salle secrète et obscure nichée au fin-fond du palais, au milieu des draps émeraude du lit de l’enfantement. Le duc était absent, parti à la chasse. Sa mère Jeanne était seule avec ses suivantes et la sage-femme. Le travail avait commencé à la midi, et à la minuit, le jeune Casmir vint enfin au monde, rouge et hurlant. On le couvrit soigneusement et le médecin de la Cour vint au chevet de la duchesse. Les accouchements de sa grâce étaient éprouvants et, plus encore, s’étaient jusqu’à présent toujours soldés par des morts-nés. Son père ne revint que le lendemain, et ne se décida à le baptiser son fils, Casmir, fils de Lothaire, dauphin de Lycanie, prince de Lucelieu, qu’après une semaine, alors que le jeune poupon paraissait devoir vivre. On le confia, toujours selon la tradition, à une nourrice choisie avec soin, la jeune et blonde Isabelle, une fille d’un ferronnier de Kaorne. Comme le voulait la tradition, après avoir allaité le jeune prince, elle devrait prendre le voile du couvent, car personne d’autre ne devrait jamais plus toucher à son sein après lui.
Casmir, en ouvrant ses yeux pour la première fois, les avait d’un vert presque bleu, qui n’était pas sans rappeler l’émeraude de la bannière de Lycanie. Quant à ses cheveux, au début d’un blond terne, ils prirent vite des reflets roux. Ça ne pouvait que combler ses parents : les yeux des rois de Cronord, et les cheveux des ducs de Lycanie. Les deux prestigieux héritages dont descendait Casmir se voyaient ainsi parfaitement et aux yeux de tous. Mais certains, parmi les suivants de son oncle Wilhelm, firent valoir que ces yeux de Cronord venaient masquer le gris d’orage des Rois Souverains, un héritage autrement plus noble que n’importe lequel autre.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
Date d'inscription : 27/08/2018
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Un corbeau pour deux Empty Re: Un corbeau pour deux

Lun 30 Jan 2023 - 23:37
Thème Image: Dance Floor par Jeremy Mangan

Let’s dance in the middle of the woods !

Les multiples guirlandes de lanternes flambent fièrement, révélant les couleurs criardes de la piste de danse. De beaux entrelacs de lumière tels des nuées de lucioles enflammant la nuit.  

Ce soir, les arbres sont les hôtes. Les hiboux et les grillons chantent sous la chaleur nocturne. Une délicate brise flotte entre les feuilles, soulève l’herbe en de légères vagues fluides.

‘’ Vous êtes prêts ? ‘’

Quatre musiciens au style extravagant, et une danseuse. Pantalons pattes d’eph, plaques de métal ornant les vestes, tissus de végétal bioluminescent, fleurs colorées au parfum piquant. Les talons compensés claquent sur les planches. Sourires en coin, regards goguenards cachés derrière des lunettes teintées.

Un hochement de tête général.

‘’Let’s go !’’

Le percussionniste lance le rythme. Les baguettes frappent les peaux et le métal avec fracas dans un tempo bien soutenu. Le bassiste s’ajoute après quelques mesures, jouant une ligne aussi accrocheuse que profonde, le son boisé et caverneux amplifié par l’énorme caisse de résonance. Enfin, le flûtiste et la guitariste s’introduisent à la fête, soufflant, grattant de véloces mélodies.  La danseuse se lance, laissant la musique endiablée guider ses pas, balançant grâcieusement ses bras et sa tête. Elle n’hésite pas à occuper l’espace, dominant la scène de son seul charisme. Le claquement de leurs chaussures accompagne les percussions, se mêle parfaitement comme s’il faisait déjà partie des morceaux.

L’euphorie s’intensifie au fil des notes. Tous se lancent des regards malicieux, rient lorsqu’ils changent de clé ou de tempo, se déhanchent sur les rythmes syncopés où ils insufflent toute leur âme. Les soli improvisés de chaque musicien entrecoupent les morceaux, l’excentrique danseuse fend l’air de tous ses membres telle un oiseau en pleine parade, matérialise la musique elle-même en de gestes précis, d’une technicité ahurissante.

Submergés dans le son, et la joie du simple fait d’être ensemble, perdus dans la nuit.

La fête durera jusqu’à l’aube, où ils se reposeront sous les doux rayons de soleil filtrés par le feuillage dense de la forêt, dans un silence apaisant et chaleureux.
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