Corbeau dans la brume de novembre

*brrrrr*

Chanson des murmures

Nocte, sa peau de bois appose la lumière
Tendre du coin du jour
Du coin de l'oeil sourit un mot,

Opaline, sa peau de porcelaine oscille à la lumière
Vacillante du soir
Opine en se courbant

Les doigts de deux hommes glissent les uns contre les autres
Annulaire, index, majeur
Auriculaire

Le vent fébrile ne nous rattrape pas
Souffle les soucis à l'horizon
Se bercent de caresses
Hument la nuit
Neuneument cette chanson

La chanson « cet humain, avec moi »
Sa chanson à soi, ensemble
Notre chanson à nous, ta chanson
Ma chanson à toi
Vers toi



Lien de son sur ce lien de mains
Jeux de regards sur jeux de vilains
Sans un battement de cils humecter l'aurore nue
S'envoler




Se poser sur un oreiller
Sons de respire et son de froisse
Douceureux goût amer sous les papilles d'extase
Les yeux ne servent
Les mains se cherchent
dans cette chrysalide éventrée
Sans autre but qu'un but quelconque
D'assurer certainement
Qu'on est là, là encore, ou à nouveau


Ensemble

… Pour commencer.

Introduction pour un projet d’écriture

La brume recouvre tout, enveloppe le village dans son étreinte étouffante. Perpétuelle, aveuglante, lourde. S’y mêle une odeur de bois sec, et de brûlé. L’épaisse couche de neige s’est noircie de cendre. Ici siège le silence, parfois percé de cris lancinants, mais plus assourdissant à chaque retour. Le froid règne en maître absolu, dérangé seulement par la rébellion des flammes festoyant lors des bûchers.

Elea est prostrée dans un coin de sa chambre. Plus gelée par la peur que le froid. Elle pleure, sans bruit. Les regards dehors pèsent trop sur son être, sa petite maison comme faible abri. Ses dents claquent en un son osseux. Ses ongles s’enfoncent dans ses cheveux, cherchant presque à marquer son crâne de subtils croissants. Son souffle est saccadé, file en une fumée diaphane comme pour recréer la brume dans la pièce. Son propre corps lui semble trop frêle pour contenir ses organes et le maelström d’émotions faisant rage en elle.

Elea le sait.

Ce sera son tour. A un moment ou à un autre , peu importe le prétexte. Il y aura peut-être une parodie de procès, tout au plus, mais l’angoisse est la plus efficace des justifications. Trop de malheurs se sont abattus ces derniers temps, trop d’événements étranges sont survenus. La maladie traînait des cadavres à même les rues, la chair du bétail consommée était du poison, les plantes ne poussaient presque plus depuis le printemps… On parlait aussi de manifestations fantomatiques ou d’ombres menaçantes dans la forêt aux alentours, mais il n’avait fallu que peu de temps avant que la famine entre dans les sujets de discussion. Désormais en plein hiver, les réserves encore saines s’épuisant au fil des jours, les morts s’empilant si bien que les rites funéraires n’étaient quasiment plus accordés, jugeant que le feu purificateur suffirait pour leur pauvre âme.

Encore à ce jour, Elea ne pense pas avoir tout compris de la situation. De multiples responsables ont été désignés, sans que cela ne règle quoi que ce soit.

*inachevé*