Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique Empty CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique

Jeu 20 Sep 2018 - 16:07
PAR MÉLODIE

Le monde est si creux qu'il ne sert à rien de l'observer, au final. L'observer sert à comprendre, comprendre sert à tenter de diriger quelque chose qui nous échappe de toute manière, se donner l'impression. La superstition du pigeon. Battons des ailes tous ensemble. Ces moignons de poulet. Comprendre sert à tenter d'expliquer ce qu'on a compris à d'autres qui en comprendront peut-être quelque chose, tout ça pour combler en réalité l'ennui d'être placé dans un environnement si creux, d'être si inutiles.
On se donne l'impression de quoi ?
A quoi joue-t-on ?

Lorsque l'un d'entre nous parle de passer de l'autre côté, une masse humaine lui barre le chemin. Tu n'oserais pas ? Pense à tous ceux qui auraient de la peine. C'est lâche de ta part.
Au fond,
"Ça ne se fait pas."
Non, ça ne se fait pas. On le fait. Le but c'est de ne pas laisser la mort se faire, pour une seule personne, pour soi.
Car les autres semblent la redouter, mais au fond que comprennent-ils ? Rien. Ils sont si loin. Si loin. Placés dans leur monde de miel et de lait, où la mort leur semble une chose atroce. Les comprends-tu ? Non. Alors,
pourquoi ?
Pourquoi se permettent-ils d'avoir le droit de vie et de mort sur toi ?
Qu'ont-ils encore à te demander ?
Ne peux-tu pas le faire rapidement et partir ?
Non, tu ne peux pas. Puisque tout ce qu'ils te demandent, c'est ta vie. "Si peu." Des années à la pile, sans objectif.
Et que te donneront-ils pour cela ? Rien, même pas de l'aide. En revanche ils te demanderont de leur être reconnaissants pour cette demande.

Pourquoi est-ce que "cela ne se fait pas" ? Est-ce parce qu'il est trop déviant de rechercher la compagnie de cette dame ? Dès lors, le problème vient d'une symbolique pesante à son sujet. Que peut-on dire du trépas ? Qu'il fascine. Terrorise. Il est l'ultime ironie de nos vies.
Nous passons nos existences dans un flou artistique, à tenter de nous accommoder d'un univers profondément sarcastique.
Nous ne contrôlons rien exactement comme nous le voudrions. Nous ne comprenons presque rien à ce qui se passe. Nous naissons ahuris, grandissons en faisant semblant de ne plus l'être, vieillissons en pensant avoir compris quelque chose, et paf, un bus.
La mort fait peur car nous nous sommes accommodés de la vie. Et s'y accommoder est probablement la tâche la plus difficile qui ait été confiée à l'Homme.
Et la mort est là pour nous rappeler que cette tâche n'était qu'un exercice, un passe-temps, aussi insignifiant que de compter des grains de sable un à un.

En résumé, le monde que l'on connaît au cours de notre vie est d'un sarcasme proprement terrifiant, l'Homme s'y adapte tant bien que mal, et la mort réduit ses efforts à néant. C'est-à-dire, strictement au néant, puisque l'oubli viendra, et tout ce qui s'ensuit.

Dès lors, pourquoi vivre ?
Eh bien pour rien, mais la majorité des gens n'a pas le courage d'arriver à cette conclusion de façon ressentie. Ils s'arrêtent à n'importe quelle réponse leur convenant, depuis "devenir avocat" jusqu'à "changer le monde", en passant par le "il n'y a pas de raison" qui est en réalité une paresse du cerveau.
Paresse ? Ou instinct ? La paresse, c'est l'indication que nous n'avons pas envie de faire une chose. Nous n'avons pas de motivation suffisante pour accomplir l'effort. Or, si la plupart des gens ne réfléchit pas au sens de la paresse (ils répondront sûrement que c'est "un défaut", ou plaisanteront sur leur propre propension à la paresse, ce qui est dans l'air du temps), ils ne savent pas non plus que leur réponse à la grande question est extrêmement peu convaincante -ce qui est peut-être meilleur pour eux- et n'ont par conséquent aucune raison convaincante non plus pour maintenir quelqu'un sur Terre.
Si leur réponse pour rester sur Terre leur convient, malgré sa médiocrité, elle ne peut pas suffire à n'importe qui. Tout le monde ne veut pas être avocat, écologiste, footballeur et j'en passe. De même; pour couvrir de plus larges raisons existentielles, tout le monde ne voit pas l'intérêt de "se battre", ou de "profiter de ce qui est beau", ni d'attendre d'hypothétiques meilleurs jours (qui paraissent souvent si hypothétiques qu'il s'agit d'un bien maigre encouragement)

La réponse est qu'il n'y en a pas.
Alors, que dire à quelqu'un qui ne veut pas prolonger ce temps d'oisiveté pénible ?
"Vas-y" ? ou "Non, ne fais pas ça" ?

Vous n'avez pas compris.
La réponse est qu'il n'y en a pas.
Il faut se taire.

oO Explication Oo
  L'âme, c'est ce qui subsiste quand on meurt, d'où la réflexion autour de la mort, ici particulièrement du suicide.
L'âme élastique : qui se fait distendre encore et encore sans se briser. Il y a un questionnement sur la résilience.
Et en négatif une question de liberté : on ressent une certaine contrainte tout au long du texte, on n'est pas exactement oppressé mais les mouvements sont limités. Ça se ressent ? Ça renvoie à l'idée de l'âme qui, tant que la personne vit, sera toujours enfermée dans le corps. Il n'y a en cela de liberté que dans la mort (ce qui contribue en grande partie à donner à ce texte son ambiance noirâtre et fataliste). Ou dans l'arrêt de la lecture. Faites votre choix, moi j'hésite.
  Mais aussi l'âme c'est ce qu'il y a au-delà des corps et des mots : le fait de se sentir en accord avec quelqu'un tiendrait à l'âme plus qu'à autre chose, deux âmes qui s'entrelacent. La conclusion de ce texte est fondée là-dessus : l'âme élastique, en d'autres termes la capacité d'adaptation à l'autre. La capacité à "dire les bons mots", faire "exactement ce qu'il fallait" pour que notre âme vienne combler les creux dans l'âme d'en face.
  En quelque sorte, on pourrait jouer avec les mots et dire que la conclusion c'est une âme élastique (toujours pas brisée) qui aimerait trouver une âme élastique (quelqu'un qui ait assez de tact pour lui être complémentaire). Si on voit ça sous cet angle, on réussit l'exploit de rendre le texte encore plus lamentable.
  Pardon d'être aussi peu prolixe mais il est vraiment ennuyeux, ce texte.
Pantouffe
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CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique Empty Re: CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique

Jeu 20 Sep 2018 - 16:07
PAR MALNIR

« Sous les peupliers d'or froid,
Les morts rêvent à d'autres morts. »

Le corps s'envola dans les airs, traçant une superbe parabole. Il heurta les pierres du parapet, se meurtrit. Ses os fendirent, son sang s'envola en nué écarlate, ses vertèbres se tendirent puis cédèrent doucement comme un œuf qu'on ouvre. Le crâne se brisa et la cervelle s'en dégagea, mêlée à des mèches de cheveux. Et l'Âme s’accrocha avec souplesse, accompagnant son vaisseau supplicié jusqu'aux gouffres obscures où il s'écrasa. Alors seulement elle se laissa couler hors de l'épave dont les lambeaux laissaient encore s'écouler quelques fluides. Éthérée, elle nappa le sol, s’imprégna de sa texture, puis elle s'éleva lentement, s'étira en longs rubans fantomatiques, et continua d’emplir ce funeste ossuaire de ténèbres et d'eau.

Les Limbes s'étendaient, neige immaculée ou brume opalescente. Des flammes solitaires la ponctuaient, ténues dans la lumière qui inondait ce cosmos. L'Âme s'y étendit, s'étirant indéfiniment. Elle ressentait tout et rien. Elle ressentait l'absence, le Néant. Un chaos d'émotion la faisaient torsader, danser comme les branches d'un arbre dans une brise estivale. Les souvenirs remontaient en elle, les sensation, vives et aiguës, précises comme des aiguilles. Elle s’effila d'avantage. Des parfums évanescents l'assaillaient et l'enrobait ; bosquets de roses de givre qui fondaient sous les astres spectraux, ombres du goût métallique du sang, froid argent et chaudes peaux crémeuses des femmes. Le ciel infini se nacra de pourpre et de mauve, les flammes bleuirent, et toujours l'Âme s'étiraient, longue torsade où s'écoulait l'esprit.

L’Esprit tournoyant dans les bras, les visages familiers et étrangers. La nuit s'épanouit en lui, bleue d'encre, piquetée d’étoiles en ruisseaux. Les mains s'agrippaient en lui, l'ouvraient et le fourrageaient avec insistance, des émotions primaires le saisissaient et le laissaient frissonnant, la peur lunaire, la joie solaire, l'ennui crépusculaire, l'exaltation stellaire. Les réminiscences le foudroyaient, miroitantes comme les lames des poignards d'argent, et le replongeaient dans inexistante fuligineuse. Mais toujours il ondoyait autour de l'âme, cette Âme qui s'éployait en une flèche et sans cesse se contorsionnait, emplissant de ses ramification ses propres vides. Il s'y pétrifiait comme dans une ambre et s'y restructurait enfin.

L'élasticité de l'Âme était stupéfiante, car à présent elle s'élançait depuis le corps désarticulé d'où elle sourdait, elle passait le voile mortuaire et s'épanouissait dans les Limbes, elle s'y cristallisait et y reprenait corps, muette et sombre. Sa transparence de verre se marbrait et se veinait d'écarlate, elle s'y reformait. Le défunt prenait sa place dans le concert des esprits, mais ceux-ci le fuyaient, bourdonnant d'inquiétude, le voyant comme un orage menaçant et obscur. Sa renaissance fut brutale. Telle des rais de noirceur, les abîmes s'ouvrirent en son sein, le dévorant et le happant, et soudain tout fut dévoilé en un éclair de lucidité aveuglante.

Ses nuits et ses jours de labeurs pour transcender l'humain, étendre son royaume, la citadelle perchée au dessus des gouffres les plus noirs, la peur des ennemis, la joie féroce de les voir à ses pieds. L'éclat d'or de la couronne flamboyante. Et puis la soirée, le soleil couchant, les serviteurs, les amis se pressant autour d'elle, puis les menaces, et soudain cette main ferme la projetant, le vide et la haine. La haine qui l'aveuglait, l'enveloppait, le structurait soudain. Une ossature de haine. L'Âme, gigantesque maelström dans les limbes et dans le Monde, dans le Néant enfin, se gonfla démesurément, se couronnant de flammes noires, elle saisit son corps chaud, s'y figea, planta ses serres en ses chairs et les englaça. Chaque doigt, chaque goutte de sang ; chaque infime carré de peau fut ressenti, englouti par la Haine universelle. Le désespoir en donna la teinte de l'acier, le feu intérieur se réanima en brasier terrible, l'Âme s'étira en son corps et tout autour en halo crépitant, dans les Limbes, dans le Chaos et dans le Néant qui en son sein s’enlacèrent.

Dans un craquement d'os qui s'entrechoquent mêlé à un concert de crachouillis de chairs béantes et suintantes, les bras se levèrent, ployant et déployant leurs doigts, et hissèrent péniblement le buste, puis le torse. Enfin la tête se redressa, un brasier éternel entrelacé de ténèbres brûlant au cœur de son visage ravagé. À genoux, le corps se releva péniblement, porté, manipulé ainsi qu'un pantin par l'Âme et l'Esprit qui s'y accrochaient comme des corneilles sur un cadavre. Le sang le maculait quand il s'enveloppa dans une toge de pourpre et qu'il se fondait dans le clair obscur de l'abîme. Lui mort, l'Esprit vif, l'Âme morte-vivante étendue entre les sphères de l'existence.
Pantouffe
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CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique Empty Re: CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique

Jeu 20 Sep 2018 - 16:08
PAR HORMAKHET

«-Jehan, vous n'avez point d'âme.
-En ce cas, selon Epicurius, je manque d'un je ne sais quoi fait de quelque chose qui n'a pas de nom. » (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris)

Que l'on songe un instant à la profondeur de cette réplique ! On jure par l'âme comme en littérature on jure par le style. L'âme, c'est le style de l'Homme, elle peut être noire, veule, blanche ou immaculée. Elle peut même être vague, ou franchement inexistante. C'est ce dernier point qui retient notre attention, on est cerné d'exuvies. L'âme est le style, mais pas l'apanage de l'homme. Les canons aussi ont une âme, sans parler des rails ou des plumes. A priori, c'est la substance qui emplit, qui donne le sens. Le duramen, en somme. La composante essentielle qui est partie de tout, le cœur d'où partent toutes les fibrilles. Et la référence xylologique n'est pas déplacée ! On parle bien de la résilience du bois comme de la résilience morale. Le corollaire immédiat, c'est que l'âme est matériaux. On doit équarrir pour toucher à la quintessence, on doit déchirer pour palper le sublime ; et les Hommes sont à ce titre au mieux égoïste, au pire franchement indolents. Chacun bougonne dans son coin, ne pensant jamais au collectif. Honnête bourgeois, on sculpte son âme, on l'entretien, on la dorlote, s’inquiète et s'émeut de ses moindre remous ; ou bien on s'amuse à la corrompre à tous les feux de l'enfer. C'est compréhensible, charbon et diamant sont une même espèce. Mais l'on ne peut pas se chauffer avec le second.

Suivez mon raisonnement : cette ressource est employée en pure perte par des individus nonchalants. Elle ne sert qu'à exalter la vertu –cette vieille dame– ou donner quelques couleurs au vice blafard. Songez qu'il n'y a rien de plus juste ni de plus approprié que de la collectiviser, l'amalgamer (même le langage nous fait des œillades incitatives !) L'âme est plastique : une bonne âme, c'est une âme qui sait s'accrocher, se contorsionner : on l'attache à un croc de boucher, on la déforme, on la distend, on la moleste et elle s'agrandit, elle fait tache d'huile. On la dérobe, on l'infuse, on la pétri. Elle est notre aliment, l'objet de notre artisanat. Au même titre que le petit ébéniste, on peut produire des merveilles de commodités avec des âmes élastiques.

Les Mémoires dipsomaniaques d'un nécromancien communiste
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CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique Empty Re: CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique

Jeu 20 Sep 2018 - 16:08
PAR THED

Un long et grand bruit. Un vacarme, en fait. On aurait dit une fanfare gigantesque défilant interminablement, inlassablement, entraînant derrière elle toutes les choses, vivantes ou non, les incitant à danser, suivant le rythme endiablé martelé sur la grosse caisse. Et cette gigue effrénée prenait place sur le sol comme dans les airs, où elle se faisait plus vive encore, si cela était possible. Et tout ce beau monde se trémoussait joyeusement, se déplaçant là où la musique emmenait toute la foule, et les plus fatigués, chacun leur tour, redescendaient, se reposaient, reprenaient leur souffle, ou parfois s'affalaient, laissant leur place à d'autres plus frais et frétillants. La musique s'éloignant, l'orchestre n'étant plus qu'un lointain murmure, le calme revenait peu à peu sur toute la ville et les alentours.

Il y avait là fort longtemps que l'on n'avait pas vu un tel ouragan s'abattre sur le pays. Peu à peu, le mouvement revenait par endroits, et les hommes et les animaux reprenaient leurs activités, certains pansant leurs blessures ou réparant les dégâts qu'avait engendrés le cataclysme. Dans un immeuble qui avait été longuement malmené, quelques pans de murs s'étaient écroulés, bon nombre de fenêtres avaient été brisées, et bien chanceux étaient ceux dont les affaires avaient été plus ou moins épargnées par les bourrasques. Bon nombre d'entre eux rassemblaient leurs effets personnels et parfois des dossiers précieux, et s'en allaient, quittant ce lieu dévasté, afin de fuir le plus loin possible cet endroit où ils avaient failli périr. D'ailleurs, il s'en était fallu parfois de peu, et quelques-uns ont pu voir par exemple leur patron ou leurs collègues écrasés sous les débris tombant des étages supérieurs. On sous estime parfois le poids d'un photocopieur ou d'une machine à café, vous savez. Mais Delphine, elle, semblait d'un calme olympien. Une rafale l'avait mise au sol, s'engouffrant par la fenêtre de son bureau, la blessant légèrement, et elle avait bien failli recevoir une étagère, mais elle s'en sortit presque indemne. Elle s'était relevée aidant certains collègues ou meubles à faire de même, avait rassemblé ses papiers, et, ayant rassemblé son attirail de crayons, griffonnait sur des feuilles, imperturbable comme elle l'était deux heures auparavant. Que la plupart des gens autour d'elles courent dans toutes les directions, pris d'une panique extrême, ne l'étonnait guère. Il en avait été de même trois ans auparavant, lorsqu'un tremblement de terre dévastateur, d'une amplitude surprenante, avait mis la ville sans dessus dessous. Mais peu à peu, chaque individu reprenait ses activités, et au bout de quelques semaines, c'est à peine si l'on aurait pu remarquer une trace du cataclysme, si ce n'est en constatant les dégâts au niveau de certaines infrastructures. C'est un peu comme si la peur avait tiraillé les esprits de chacun, déformant leurs esprits, sous la violence du choc, et, une fois la calamité passée, le calme revenait, et les esprits reprenaient leurs formes initiales. Certains, comme Delphine, avaient une âme moins malléable, tandis que d'autres voyaient la leur tiraillée et totalement transformée sous l'effet de la terreur. Mais peu à peu, tout rentrait dans l'ordre, et les choses revenaient à leur état normal, leur position neutre, comme ça l'avait toujours été. L'âme était, chez certains, plus ou moins élastique, et c'est cette élasticité qui pouvait dire à quel point elle pouvait être étirée, à quel point elle résistait à ce phénomène, et à quel moment elle pouvait rompre. À vrai dire, tous les événements pouvaient mener à une déformation passagère de l'esprit des gens, mais c'était vraiment avec des bouleversements d'une telle ampleur que l'on s'en apercevait le mieux.
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CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique Empty Re: CC N°7 Thème 38 : L'âme élastique

Jeu 20 Sep 2018 - 16:10
PAR PANTOUFFE

Avant il y avait du brouillard et des arbres. Sous les arbres des feuilles, des racines ou des tombes. Au-dessus, d'autres feuilles, et le ciel- des nuages, tellement de nuages qu'ils étaient tous collés entre eux, qu'ils n'en formaient qu'un seul, très vaste, semblable à un lainage. Dieu doit aimer le tricot pour en avoir fait un de cette ampleur, et pour le recommencer dés que les aiguilles du soleil le dénouent. C'est parce-que Dieu aime le tricot qu'il bénit les grands mères, et qu'elles meurent dans leur lit, sous des couvertures à fleurs. Ensuite, il reste l'odeur des grands mères sur les draps, et au départ, je poussais vers elle pour essayer de lui parler. Mais ce n'était qu'une odeur. Il n'y avait personne à l'intérieur. Alors ça voulait dire que personne ne poussait. J'ai trouvé ça étrange, après, je n'ai plus aimé sentir la couette, ni la maison de mamie, car je savais qu'il y avait quelque chose de faux, une présence factice, comme une peinture sur les murs qui s'écaillait, et derrière, un vide immense. Les autres ne le savaient pas. Ils pensaient que ça signifiait quelque chose, alors qu'il n'y avait rien. C'est parce-qu'ils ne savaient pas pousser. Au début, je ne comprenais pas. Il a fallut qu'on m'explique, mais les autres n'auraient pas pu le faire, car eux non plus ne comprenaient pas. Heureusement, les Elfes m'ont trouvé puis m'ont tout révélé. Ils finissent toujours par trouver ceux qui poussent, mais parfois, ils arrivent trop tard. Moi j'étais sage, je passais plutôt mon temps dans le grenier, c'est peut-être pour ça que je ne suis pas mort. Je me cachais sous les meubles ou dans les pièces vides, je m'enroulais dans des capes de poussière. Les autres disaient que j'étais un enfant timide ou rêveur. Ils ne savaient pas que je poussais, car eux n'en étaient pas capables. Même mamie ne le savait pas. Peut-être que mes parents auraient su, ou peut-être que j'étais le premier dans notre famille. Peut-être que si j'avais eu un frère ou une sœur, nous aurions été deux, mais alors nous n'aurions jamais appris à parler, car nous nous serions contenté de pousser pour nous comprendre, et ça nous aurait suffit. C'est arrivé à certains dans le Cocon.

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