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Date d'inscription : 16/08/2018
Un nouveau jour
Mer 14 Nov 2018 - 16:47
Nous sommes le lendemain ?
J'ai vingt ans et un jour.
Vingt ans... Et un jour, la nuit a passé et je me réveille.
Il fait froid. Je sais qu'il pleut encore, hors de mes murs.
Je me sens bizarre. Et il y a trop de lumière. Je voudrais pleurer je crois, mais quelque chose dans mon ventre m'en empêche.
Hier, j'avais observé cette chambre très attentivement en m'endormant.
J'avais tellement peur.
Toute la journée, cette attente intenable, et puis le besoin puissant de me confier à n'importe qui...
J'ai envie de vomir.
Je me lève de mon lit. Mes pieds frôlent le sol avant de se poser vraiment. Le sol est glacé. Je le ressens avec une sorte de tristesse morbide mêlée de plaisir, et ma peau frissonne.
Je suis debout. Je regarde encore une fois mes affaires, et puis mon grain de beauté sur la main. Les bras ballants. Je me sens empoté(e). Je ne sais pas quoi faire.
Ce n'était pas prévu.
Bien sûr j'avais espéré... J'avais espéré, presque cru le soir, que rien n'arriverait, mais... je ne le voulais pas vraiment, si ? Enfin si, bien sûr... Mais... ça ne devait pas être vrai !
Comment ça se fait ?
Je sais que ce n'est pas de ma faute ! Qu'est-ce qui s'est passé, pourquoi les voix ne me disent rien ?
Parlez, nom de Dieu ! Parlez ! Dites-moi ce qui se passe ! Pourquoi je suis là ? Qu'est-ce que je dois faire ? Je sais qu'elles sont là, je les entends murmurer entre elles. Je n'y comprends rien...
Je marche au hasard autour de la chambre. J'ouvre ma porte, et je la referme.
Sous mon crâne c'est le chaos.
Le mieux, c'est d'attendre. Elles se sont peut-être trompées d'un jour ? Oui, certainement. Je vais m'asseoir dans un coin, et je vais attendre. Je vais attendre.
Je m'assieds par terre, dans un angle, et je serre mes genoux contre moi.
Je ne peux pas m'empêcher de me balancer un peu, d'avant en arrière, ça me calme en quelque sorte. Je confie mes pensées au hasard. Je regarde la chaise, devant moi. Mon regard s'attarde sur une rainure du bois, et des souvenirs évoqués passent en courant derrière mes yeux.
Il y a une certaine intonation qu'ont souvent mes petites voix. Qui s'entend particulièrement dans le mot « Toujours ». Toujours ! toujours, ce qui est fixé est fixé pour de bon. Jamais, jamais tu ne pourras en parler. Si tu le fais, nous le saurons. Les petites voix que j'avais appris à haïr, petites pestes.
Et Florian, mon bel amour. Pendant un instant je me souviens de la sensation d'une journée, de l'odeur qui flottait dans cette salle. Je voulais lui dire. J'étais tellement sûr de moi, mais tout a vacillé- Je ne veux pas m'en souvenir.
J'ai quitté Florian pour ce secret. J'ai quitté Florian parce que j'étais incapable de lui révéler mon grand secret, ma pire angoisse.
Lui que j'aimais.
Je ferme les yeux.
Je me rappelle aussi du jour où les voix me l'ont dit pour la première fois. Je n'étais qu'une gamine, mais ce souvenir est gravé au fer rouge dans ma mémoire. A l'époque, je les croyais si gentilles. Je me disais qu'elles étaient peut-être des fantômes et que j'allais avoir des amies fantômes. Ha, ha...
Et elles m'ont confié un secret très important, je ne devais le dire à personne.
« Le jour de tes vingt ans, tu vas mourir. » « Nous pouvons voir ces choses-là » « Si tu le dis, nous ne t'aiderons plus, nous ne te parlerons plus jamais. »
J'étais tellement fière. Je connaissais un grand secret, un secret très important. Quelque chose que même les adultes ne savaient pas. Ce jour-là, je l'avais désigné comme « le meilleur jour de ma vie ».
Mes pieds tapotent le sol. Je les regarde. Ma tête est vide.
Une question, insidieuse, se love entre mes lèvres.
Et si un autre jour venait après celui-là ?
Je ne sais pas.
J'ai froid. J'éprouve une peur superstitieuse à l'idée de m'habiller.
De faire comme si j'entamais une journée normale. Je sais quelque part que c'est faux, je ne peux pas y croire.
Ce n'est pas une journée normale, cette journée ne devrait pas exister ! Quelque chose n'est pas à sa place.
Mais j'ai trop froid. Je me lève et j'attrape mon peignoir.
En marchant vers la porte je laisse encore les souvenirs courir sur mon cerveau.
Ma peur d'hier, le moment où j'ai éclaté en sanglots en assurant à tout le monde que c'était de la joie.
Les tremblements, les crises d'angoisses. C'étaient elles, tout ça c'était de leur faute.
J'ai vingt ans, j'ai vingt ans et un jour. Je n'ai pas fait d'études parce que ma vie se briserait à vingt ans. J'ai abandonné Florian, je l'ai laissé seul, parce que ce secret empoisonnait jusqu'à mon amour. J'ai fait croire à mes amis, à ma mère, que je me portais bien pendant des années où je pleurais le soir. J'ai vécu une vie concentrée en quelques années, dès que j'ai compris ce sentiment d'urgence, que j'ai voulu dissoudre la peur dans la vitesse. Et pendant ces derniers mois j'ai essayé trop de drogues pour tout me rappeler.
J'avais voulu terminer en feu d'artifice cette existence trop courte pour profiter à qui que ce soit. Une vie inutile.
Sans trop me faire remarquer, j'avais tout préparé pour le grand jour, le dernier jour.
Et voilà.
Je ne suis pas morte.
J'ai même un peu faim.
Je ne sais plus très bien si j'ai envie de rire ou de pleurer. C'est absurde, cette situation. Ridicule, presque comique. C'est ignoble.
J'ai l'impression qu'on s'amuse avec ma vie et ma mort, qu'on joue avec ma peur. J'ai l'impression... Non...
Je l'ai entendue ! Je ne rêve pas, je l'ai entendue rire !
Alors, c'était ça ? Elles sont encore là, elles s'amusent ? Quoi ?
Pendant un instant, je crois même que je les entends applaudir, mais ce n'est que la pluie. La petite voix laisse encore échapper un rire hystérique avant de l'étouffer.
Puis plus rien.
Et la compréhension, simple et limpide.
Elles ne faisaient que s'amuser.
J'ai vingt ans et un jour.
Vingt ans... Et un jour, la nuit a passé et je me réveille.
Il fait froid. Je sais qu'il pleut encore, hors de mes murs.
Je me sens bizarre. Et il y a trop de lumière. Je voudrais pleurer je crois, mais quelque chose dans mon ventre m'en empêche.
Hier, j'avais observé cette chambre très attentivement en m'endormant.
J'avais tellement peur.
Toute la journée, cette attente intenable, et puis le besoin puissant de me confier à n'importe qui...
J'ai envie de vomir.
Je me lève de mon lit. Mes pieds frôlent le sol avant de se poser vraiment. Le sol est glacé. Je le ressens avec une sorte de tristesse morbide mêlée de plaisir, et ma peau frissonne.
Je suis debout. Je regarde encore une fois mes affaires, et puis mon grain de beauté sur la main. Les bras ballants. Je me sens empoté(e). Je ne sais pas quoi faire.
Ce n'était pas prévu.
Bien sûr j'avais espéré... J'avais espéré, presque cru le soir, que rien n'arriverait, mais... je ne le voulais pas vraiment, si ? Enfin si, bien sûr... Mais... ça ne devait pas être vrai !
Comment ça se fait ?
Je sais que ce n'est pas de ma faute ! Qu'est-ce qui s'est passé, pourquoi les voix ne me disent rien ?
Parlez, nom de Dieu ! Parlez ! Dites-moi ce qui se passe ! Pourquoi je suis là ? Qu'est-ce que je dois faire ? Je sais qu'elles sont là, je les entends murmurer entre elles. Je n'y comprends rien...
Je marche au hasard autour de la chambre. J'ouvre ma porte, et je la referme.
Sous mon crâne c'est le chaos.
Le mieux, c'est d'attendre. Elles se sont peut-être trompées d'un jour ? Oui, certainement. Je vais m'asseoir dans un coin, et je vais attendre. Je vais attendre.
Je m'assieds par terre, dans un angle, et je serre mes genoux contre moi.
Je ne peux pas m'empêcher de me balancer un peu, d'avant en arrière, ça me calme en quelque sorte. Je confie mes pensées au hasard. Je regarde la chaise, devant moi. Mon regard s'attarde sur une rainure du bois, et des souvenirs évoqués passent en courant derrière mes yeux.
Il y a une certaine intonation qu'ont souvent mes petites voix. Qui s'entend particulièrement dans le mot « Toujours ». Toujours ! toujours, ce qui est fixé est fixé pour de bon. Jamais, jamais tu ne pourras en parler. Si tu le fais, nous le saurons. Les petites voix que j'avais appris à haïr, petites pestes.
Et Florian, mon bel amour. Pendant un instant je me souviens de la sensation d'une journée, de l'odeur qui flottait dans cette salle. Je voulais lui dire. J'étais tellement sûr de moi, mais tout a vacillé- Je ne veux pas m'en souvenir.
J'ai quitté Florian pour ce secret. J'ai quitté Florian parce que j'étais incapable de lui révéler mon grand secret, ma pire angoisse.
Lui que j'aimais.
Je ferme les yeux.
Je me rappelle aussi du jour où les voix me l'ont dit pour la première fois. Je n'étais qu'une gamine, mais ce souvenir est gravé au fer rouge dans ma mémoire. A l'époque, je les croyais si gentilles. Je me disais qu'elles étaient peut-être des fantômes et que j'allais avoir des amies fantômes. Ha, ha...
Et elles m'ont confié un secret très important, je ne devais le dire à personne.
« Le jour de tes vingt ans, tu vas mourir. » « Nous pouvons voir ces choses-là » « Si tu le dis, nous ne t'aiderons plus, nous ne te parlerons plus jamais. »
J'étais tellement fière. Je connaissais un grand secret, un secret très important. Quelque chose que même les adultes ne savaient pas. Ce jour-là, je l'avais désigné comme « le meilleur jour de ma vie ».
Mes pieds tapotent le sol. Je les regarde. Ma tête est vide.
Une question, insidieuse, se love entre mes lèvres.
Et si un autre jour venait après celui-là ?
Je ne sais pas.
J'ai froid. J'éprouve une peur superstitieuse à l'idée de m'habiller.
De faire comme si j'entamais une journée normale. Je sais quelque part que c'est faux, je ne peux pas y croire.
Ce n'est pas une journée normale, cette journée ne devrait pas exister ! Quelque chose n'est pas à sa place.
Mais j'ai trop froid. Je me lève et j'attrape mon peignoir.
En marchant vers la porte je laisse encore les souvenirs courir sur mon cerveau.
Ma peur d'hier, le moment où j'ai éclaté en sanglots en assurant à tout le monde que c'était de la joie.
Les tremblements, les crises d'angoisses. C'étaient elles, tout ça c'était de leur faute.
J'ai vingt ans, j'ai vingt ans et un jour. Je n'ai pas fait d'études parce que ma vie se briserait à vingt ans. J'ai abandonné Florian, je l'ai laissé seul, parce que ce secret empoisonnait jusqu'à mon amour. J'ai fait croire à mes amis, à ma mère, que je me portais bien pendant des années où je pleurais le soir. J'ai vécu une vie concentrée en quelques années, dès que j'ai compris ce sentiment d'urgence, que j'ai voulu dissoudre la peur dans la vitesse. Et pendant ces derniers mois j'ai essayé trop de drogues pour tout me rappeler.
J'avais voulu terminer en feu d'artifice cette existence trop courte pour profiter à qui que ce soit. Une vie inutile.
Sans trop me faire remarquer, j'avais tout préparé pour le grand jour, le dernier jour.
Et voilà.
Je ne suis pas morte.
J'ai même un peu faim.
Je ne sais plus très bien si j'ai envie de rire ou de pleurer. C'est absurde, cette situation. Ridicule, presque comique. C'est ignoble.
J'ai l'impression qu'on s'amuse avec ma vie et ma mort, qu'on joue avec ma peur. J'ai l'impression... Non...
Je l'ai entendue ! Je ne rêve pas, je l'ai entendue rire !
Alors, c'était ça ? Elles sont encore là, elles s'amusent ? Quoi ?
Pendant un instant, je crois même que je les entends applaudir, mais ce n'est que la pluie. La petite voix laisse encore échapper un rire hystérique avant de l'étouffer.
Puis plus rien.
Et la compréhension, simple et limpide.
Elles ne faisaient que s'amuser.
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