- Leer
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Date d'inscription : 16/08/2018
Avec un enfant, d'y a longtemps
Sam 9 Mai 2020 - 3:51
L'enfant sourit, se lève, balance un bras et dit :
« Moi, je veux rien du tout. Et toi ? »
Je lui souris, je suis embarrassé.
Je ne trouve rien à répondre.
L'enfant sautille sur un pied et finit par lancer
« D'toute façon c'est même pas grave. »
Il s'arrête et me regarde. « Et toi c'est tout pareil, avec tes cheveux partout. Tu sais jamais rien et on sait rien de ce que tu penses. 'Puis tu m'ennuies. »
Je crois qu'il décide de partir, mais ils se contente de longer le mur en laissant glisser sa main sur les aspérités. Puis abandonnant le mur il tourne et se met à marcher en ronds de plus en plus serrés, fixant ses pieds, jusqu'à tourner sur lui-même à toute allure.
Je tourne mon regard vers le bout de la ruelle. Quelques feuilles traversent mon champ de vision. D'autres réfugiées ?.. L'enfant s'amuse avec le son de sa voix « UuaAaAaAaa-a-a... » en tournant sur lui-même encore.
Et puis j'entends un genre de « Splaf ! » et un juron.
Ah !
Grommellement, bruits de tissu qu'on époussette.
Il se rapproche et vient s'asseoir à côté de moi.
Il se tait un moment, triture un bout de bois qui était devant lui.
Des fois il se tourne vers moi, et j'ai à chaque fois l'impression qu'il va se mettre à parler. Mais il ne le fait pas.
Finalement, regardant son bout de bois :
« Tu sais, Pedro, les gens vont penser que t'es fou à regarder ta rue comme ça.
Faut que t'arrête. »
Je ne dis rien. Je fixe le mur de la dernière maison, tout au bout. La où la rue pivote.
« Il paraît que la jolie serveuse t'aime bien, aussi. Elle demande tout le temps de tes nouvelles. C'est la dame Martha qu'a dit ça, et la serveuse elle a rougi. »
Mon regard cille et se décroche de la dernière maison. Le sol est tout aussi intéressant, tout compte fait. Tiens, mon pied droit !
Qu'est-ce que tu fais ici ?
L'enfant continue « Tu devrais aller la voir, tu sais. »
« Moi, je veux rien du tout. Et toi ? »
Je lui souris, je suis embarrassé.
Je ne trouve rien à répondre.
L'enfant sautille sur un pied et finit par lancer
« D'toute façon c'est même pas grave. »
Il s'arrête et me regarde. « Et toi c'est tout pareil, avec tes cheveux partout. Tu sais jamais rien et on sait rien de ce que tu penses. 'Puis tu m'ennuies. »
Je crois qu'il décide de partir, mais ils se contente de longer le mur en laissant glisser sa main sur les aspérités. Puis abandonnant le mur il tourne et se met à marcher en ronds de plus en plus serrés, fixant ses pieds, jusqu'à tourner sur lui-même à toute allure.
Je tourne mon regard vers le bout de la ruelle. Quelques feuilles traversent mon champ de vision. D'autres réfugiées ?.. L'enfant s'amuse avec le son de sa voix « UuaAaAaAaa-a-a... » en tournant sur lui-même encore.
Et puis j'entends un genre de « Splaf ! » et un juron.
Ah !
Grommellement, bruits de tissu qu'on époussette.
Il se rapproche et vient s'asseoir à côté de moi.
Il se tait un moment, triture un bout de bois qui était devant lui.
Des fois il se tourne vers moi, et j'ai à chaque fois l'impression qu'il va se mettre à parler. Mais il ne le fait pas.
Finalement, regardant son bout de bois :
« Tu sais, Pedro, les gens vont penser que t'es fou à regarder ta rue comme ça.
Faut que t'arrête. »
Je ne dis rien. Je fixe le mur de la dernière maison, tout au bout. La où la rue pivote.
« Il paraît que la jolie serveuse t'aime bien, aussi. Elle demande tout le temps de tes nouvelles. C'est la dame Martha qu'a dit ça, et la serveuse elle a rougi. »
Mon regard cille et se décroche de la dernière maison. Le sol est tout aussi intéressant, tout compte fait. Tiens, mon pied droit !
Qu'est-ce que tu fais ici ?
L'enfant continue « Tu devrais aller la voir, tu sais. »
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Re: Avec un enfant, d'y a longtemps
Sam 9 Mai 2020 - 4:09
- Note:
- Ca daaate c'est un texte que j'ai écrit littéralement le premier ou deuxième jour où j'ai posé le pied dans la ville de Brest, donc y a bien des années de ça et ça se sent dans le style. Au-delà des critiques évidentes que je pourrais pointer, je vais plutôt dire ici des trucs utiles au lecteur. Genre que j'ai écrit ça sur papier, d'où la mise en page qui paraît bizarre une fois retranscrite sur ordi. Et que j'ai inventé le contexte au fur et à mesure que j'écrivais, d'où la gestion chaotique de l'enfant, l'ambiance de vide et d'ennui qui s'en dégage (mais finalement est pas totalement étrangère au propos). Le contexte une fois défini, donnait dans ma tête : le mec s'appelle Pedro, il vient d'un autre endroit, il avait un grand amour, et quand il est venu dans cette ville forcé et pour je ne sais quelle raison (la guerre...? On s'en fout), il est jamais passé à autre chose. Donc malgré le fait que la ville veuille bien l'accueillir a priori et que la jolie serveuse de la taverne (gérée par Dame Martha) ait un crush (réciproque) sur lui, Pedro passe le plus clair de son temps à ne rien faire et à ne pas parler, soit assis à la taverne en buvant silencieusement une pinte et mangeant un souper, soit en restant assis dans sa rue à fixer le bout des maisons, espérant l'apparition divine et totalement improbable de sa Dulcinée. La seule personne qui soit vraiment sa compagnie, c'est ce petit garçon vaguement hyperactif qui s'en fout s'il répond pas et traîne quand même avec lui souvent comme si c'était une vraie personne. (je dis "comme si" parce qu'il parle jamais et a toujours les mêmes habitudes, donc... il n'est pas perçu comme une vraie personne avec qui parler et traîner... plus une statue de sel. Ou une sorte de dingo. Ca me rappelle Fool On the Hill des Beatles maintenant que j'écris ça.) Bref comme vous le voyez le petit garçon prend un rôle d'entremetteur, parce que pourquoi pas fourrer son nez partout et dire des trucs embarrassant aux grandes personnes et leur donner des conseils, et notre grand dadais réagit à ça comme... un petit garçon. Qu'est-ce que ça veut dire sur quoi que ce soit à vous de voir. Je poste parce que je trouve qu'il y a quand même une certaine sensibilité dans l'écriture, et certaines tournures, formulations auxquelles je penserais jamais aujourd'hui.
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