Le Pare-tempêtes
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CC N°29 : Dans le labyrinthe Empty CC N°29 : Dans le labyrinthe

Mer 13 Fév 2019 - 21:44
vnfsk:jdk
Malnir
Malnir
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CC N°29 : Dans le labyrinthe Empty Re: CC N°29 : Dans le labyrinthe

Mer 13 Fév 2019 - 22:46
Longtemps il erra dans des boyaux d’obsidienne où il se coupait et se meurtrissait. Ses vêtements étaient une charpie sanglante quand il en trouva l’issue et déboucha dans une caverne de belle taille taillée dans le quartz. Une eau claire et limpide y coulait et à la lumière vacillante de sa lampe il s’en approcha et s’étendit tout au bord, pantelant. Chaque surface de la roche laiteuse qu’il touchait se marbrait de rouge et il s’affaiblissait toujours d’avantage, chose efflanquée et pale. Il réussit à grande peine à se décharger de son sac à dos d’où il tira des bandages qu’il commença à enrouler autour de ses blessures pour contenir l’hémorragie, puis il se laissa retomber en bordure du ruisseau souterrain. Les ténèbres l’entouraient, plus tangible que la pierre, comme une décomposition vaporeuse et obscure de l’espace, qui s’arc-boutaient autour de lui et de sa lampe. Il avait faim depuis si longtemps que la douleur dans son ventre n’était plus perceptible, mais il avait soif aussi soif, une soif terrible et il se pencha pour boire l’eau glacée au goût de fer qui coulait à côté de son visage. Ses paupières se fermèrent toute seules et il sombra dans un sommeil lourd de rêves minéraux.

Il fut réveillé par une vague et lointaine mélopée, pareille à un chœur. Il cru d’abord avoir rêvé mais celle-ci revint à ses oreilles doucement, comme une vague s’échoue sur une plage de sable. Il se redressa, saisit d’une main encroûtée son sac et se leva, chancelant légèrement. Il existait une sortie à la caverne, qui descendait plus profondément, et qui paraissait de pierre lisse et douce, un délice après l’épreuve des obsidiennes effilées. Le chant venait de cette direction, et il s’y engagea d’un pas mal assuré. Sa lampe courait sur les parois lactescentes, monochromes, qui se déformaient en ondulations et boursouflures obscènes. Ça sentait le calcaire, l’eau froide et le métal. Et l’étrange son ondoyait dans les airs, venant d’une profondeur secrète.

Le tunnel se subdivisait régulièrement, sans qu’il ne puisse voir où menaient ces ouvertures ténébreuses. Mais parfois il entrapercevait des gouffres sans fonds où brillaient de légères phosphorescences. Après ce qu’il lui sembla des heures, la température augmenta sensiblement, et le sol se couvrit de mousses et lichen fruticuleux d’un rose chair, légèrement lumineux. Le chant montait toujours plus, il l’engourdissait presque à présent et l’enveloppait. Il s’y sentait baigner comme dans une eau tiède. Il arriva brusquement dans une nouvelle cave, bien plus gigantesque et où il pouvait voir comme en plein jour, car du sol fissuré filtrait une lumière orangée en bouffées méphitiques et suffocantes. Et au centre de la salle, dans un vacarme harmonieux et puissant, se vautraient de gigantesques créatures, de longs vers plus larges qu’un avion, plus longs qu’aussi, et dont l’extrémité s’achevait en une tête oblongue d’où fourmillaient des centaines de tentacules. Leurs peaux iridescentes luisaient dans la lumière infernale, et les fondaient les uns dans les autres en un fouillis scabreux. Il tomba à genoux. Les dhôles l’avaient trouvé.
Silver Phoenix
Silver Phoenix
Messages : 134
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CC N°29 : Dans le labyrinthe Empty Re: CC N°29 : Dans le labyrinthe

Mer 13 Fév 2019 - 22:48
Je marche.

Encore et toujours.

C'est lassant à force.

Je ne trouve pas la sortie. Peut-être que je ne fais pas d'effort... Mais pourtant, je marche, non ? Pourquoi je marche d'ailleurs ? Combien de fois ai-je vu de si beaux voiles de lumières me gonflant d'espoir semblant m'indiquer la sortie ? Ces leurres... Je les hais. Ils me torturent en me faisant croire que je réussirai.

Et pourtant, désespérément, je marche. Pourquoi...?

Je suis sûre que je ne trouverai pas de chemin pour quitter ce piège...

Je ferai peut-être mieux de...

Ah... C'est étrange... Moi qui avait toujours nié cette issue, voilà que j'y pense de plus en plus... J'en avais si peur durant la quasi entièreté de mon existence, car il n'y a pas de lumière dans ce chemin. Il n'y a juste... rien. C'est maintenant ça qui m'attire. Ce rien. Ce vide. Ce néant définitif. Ne plus rien sentir...

Ah... Je ne sais pas. Je ne devrais peut-être pas. C'est quand même... définitif comme solution. Mais en même temps, c'est peut-être l'unique solution.

J'ai la nausée quand j'y pense. Je ne me reconnais plus. Je suis comme... à la fois extérieure à moi-même et prisonnière de mon propre corps. Je n'ai jamais autant eu de sensations aussi contradictoires.

Si ça se trouve... Je vais décevoir ceux que j'aime. Voire les attrister. Ils ne voudraient peut-être pas que je choisisse la solution la plus facile. Mais, est-ce que je vaux la peine au final ?! Ne suis-je pas tout simplement une masse lourde à traîner pour eux. Ils croient qu'ils m'aiment... Non, ce n'est pas vrai. Mais moi je les aime... Ils me montrent qu'ils m'aiment, pourquoi me mentiraient-ils ?

Un cul-de-sac.

Un autre cul-de-sac.

Des dizaines, des centaines, des milliers de culs-de-sac.

Quelques rayons de lumières transperçant les ténèbres...

Non, je ne les suivrai plus... Plus jamais...

C'est de pire en pire. J'en peux plus.

Je vais bientôt rendre l'âme.

Je...

Je ne veux plus...

Que dois-je faire...?

Peut-être que je devrais arrêter d'essayer d'emprunter des chemins qui ne mènent nul part. Je ne devrais plus chercher la moindre issue. Je resterai dans ce labyrinthe. Je ne marcherai plus, je ne ferai que me contenter de contempler ces faibles rideaux lumineux. Rester dans les ténèbres, dans un profond mutisme, à ne rien faire. Même si je m'y sens quelque peu prisonnière.

...

Elle est quand même belle, cette lumière...
Pantouffe
Pantouffe
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Date d'inscription : 27/08/2018
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CC N°29 : Dans le labyrinthe Empty Re: CC N°29 : Dans le labyrinthe

Mer 13 Fév 2019 - 22:49
C'est l'histoire du garçon labyrinthe. Il n'avait pas toujours été comme ça ; il avait pu être une comète ou bien encore un bateau sous la mer- car dessus l'eau, c'eut été trop dangereux. Ça ne semble peut-être pas important pour l'histoire, mais ça l'est bel et bel : s'il avait été navire à voguer sur les flots plutôt qu'une sorte de sous-marin, mais à la forme svelte et à la coque de bois, alors il n'aurait jamais finis par devenir le garçon labyrinthe. Il aurait peut-être été le garçon-tour-de-pise, ou le garçon petit-pin-foudroyé. En tout cas, il ne se serait pas déployé en circonvolutions et méandres complexes, cela au moins est tout à fait certain mes très chers audi-lecturo-invités. Car voyez vous, ça aurait signifié qu'il eut osé exister au devant de tous, qu'il eut osé montrer à la face boursoufflée du monde son pauvre lui tordu, taclé et meurtris, en faire un tas, s'assoir dessus, et dire d'une voix pleine de glaires et de peur : "c'est moi", sans fierté ni bonheur, sur le ton frais et salé de la fatalité. Mais le garçon n'était pas du genre à faire des tas. Très peu pour lui la verticalité, l'élévation brinquebalante ou glorieuse vers un ciel qui vous agrippe de bourrasques en lumières pour mieux vous déchirer. C'était fait pour les garçons-oiseaux ou avions-de-chasse, pour les garçons-colosses et pour les plus malins, suffisamment agiles pour se glisser entre les doigts maniaque du très grand méchant monde. Tandis que lui se sentait plus proche des garçons-forêts et des garçons-carpettes. Il était plus à l'aise avec la verticalité et les motifs complexes, il aimait la sécurité prodigué par l'inutile afflux de détails, il se plaisait à obscurcir le monde de symboles et de formes, il préférait aux espaces dégagés le désordre des accumulations, au silence les crachotis et grésillements permanents des écrans. Il n'avait pas besoin de monter vers le ciel pour taquiner les étoiles et goûter aux délices de miel et de piment du soleil fanfaron ; et il aurait donné des tartes à la lune pour s'être prostituée auprès de tant de poètes. Il préférait s'étendre, s'étaler ancré au sol, faire une mosaïque sur la terre, un nids d’embrouilles et de futilités. Là résidait sa force. Il était toujours environné de mouvements, de chaos. Il vivait retranché dans une averse de feu et de foudre, sous constant un matraquage de grêlons.
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On les appelait les enfants du labyrinthe. Ils vivaient dans le dédale des rues où s'épanouissaient les ombres et couleurs de leurs fresques murales. Avec des jus divers ils profanaient les murs de la cité, ils signaient leurs noms avec de la merde et du sang. On entendait jamais leurs rires à temps, on se saisissait presque toujours trop tard de leur tignasse pouilleuse. Ils étaient tous agiles, couverts d'un duvet de crasse qui leur faisait comme la fourrure des chats. Mais ils appartenaient à une engeance différente de celles des animaux familiers aux rues de la cité ; ils étaient en concurrence avec les rats, les oiseaux, les cabots et les matous malpropres. Ils n'avaient nul part des alliés, des amis, des protecteurs ou de grands rédempteurs. Tout le monde voulait leur mort, jusqu'au vent qui venait leur défoncer les côtes à coup de rasoirs d'airs et de toux écarlates, jusqu'aux pluies qui faisaient moisir leurs haillons à même leurs membres frêles. Nul ne cherchait à les sauver ni les prendre en pitié. Ils étaient dans la ville comme des farfadets dans une forêt élaguée par les hommes, une bande miteuse de lutins renégats, une prolifération de misère rampante qui déferlait des recoins les plus obscurs et les plus humides de la cité pour apporter dans son sillage visqueux le chaos et la ruine. Les enfants du labyrinthe étaient des meurtriers. De juvéniles ordures qui n'en étaient plus au stade de terreurs en devenir, de criminels dormants ; ils avaient déjà fait l'expérience de toutes les choses du sexe et de la mort. Ils copulaient à n'en plus finir dans leurs tanières de tôles et se battaient, se mordaient, s'insultaient jusqu'au sang. Ils étaient perpétuellement au bord de l'annihilation, menaçant de s'entretuer dans des guerres incessantes qui opposaient leurs clans et leurs tribus, de disparaître au gré des purges infructueuses que l'administration et les bons citoyens menaient dans leurs taudis épars- rien de moins que des niches au fond de ruelles noires, que des prises éphémères de baraques effondrées, abandonnées, et même parfois volées à leurs propriétaires. Ils n’avaient pas le respect des anciens, ni de ceux à venir. Ils tuaient aussi bien les vieillards que les mères.
Les enfants du labyrinthe étaient en guerre contre les pauvres de la cité ; contre les gardes de la cité ; et même contre ses riches. Nul n'échappait à leur rage, à leur malice, à leur désespoir kamikaze, à leur lubricité sanglante. Ils peuplaient tous les recoins de la ville et semblaient surgir de sous la terre, toujours plus puants, toujours plus sales, et toujours plus rusés. Naguère, ils avaient peut-être essayé de s'attirer la sympathie et l'affection de certains adultes. Peut-être avaient-ils tenté de se faire plaindre ou adoptés. Mais des générations d'indifférences et de massacres, de morts solitaires et d'esclavage sans lendemain, avait finis par les rendre incapables de demander pardon- de même le désirer. Et cela leur avait été ôté pourtant bien après qu'ils eurent appris à ne plus pardonner.
Une connaissance d'initié courrait de veines en veines, de crânes en crânes, des savoirs ruminés se transmettaient en quelques mots, quelques regards. On trouvait griffonnés partout sous les pierres les témoignages des enfants précédents, on finissait toujours par lire ou tout du moins comprendre et ressentir les histoires éparses qu'ils laissaient derrière eux, en gribouillis, en fresques. Dés lors que l'on rejoignait leur communauté désarticulée, on était saisi par des miasmes mystiques qui mettaient dans l'esprit toutes les vérités forgées au fil des vies trop brèves.
fiévreux
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