Le Pare-tempêtes
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Silver Phoenix
Silver Phoenix
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Date d'inscription : 27/08/2018
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Sam 15 Sep 2018 - 15:16
Il était deux heures du matin.

Le ciel était couvert de nuages rougeâtres, annonçant une pluie imminente. L'air s'alourdissait d'humidité au fil des minutes. Quelques lampadaires émettaient une faible lumière électrique, mais c'était loin d'être suffisant pour donner une quelconque vision des rues étroites et lugubres.

Trois enfants marchaient dans la pénombre. Ils avaient faim. Ils avaient si faim. Leur estomac, vide depuis deux jours, les faisait souffrir. Leurs pas semblaient peu assurés à cause de leurs jambes tremblotantes. L'épuisement se faisait sentir, mais le sommeil ne venait pas. Il n'était pas question de se laisser tomber dans les bras de Morphée avant d'avoir trouvé de quoi se nourrir.

Les enfants ne savaient pas exactement où ils allaient. Ils avaient échangé des idées quelques minutes auparavant, mais aucune ne correspondait à leur besoin. Le plus âgé avait proposé de se rendre au centre-ville pour trouver un magasin fermé, mais il serait trop dur de pénétrer dans ce genre de bâtiment sans déclencher une alarme. La cadette pensait que se rendre dans les champs pour voler des légumes serait une meilleure idée, cependant, les champs étaient situés loin de la ville. Le benjamin voulait capturer un pigeon pour le griller et le manger. Mais aucun oiseau ne passait à cette heure-ci...

Alors, ils marchaient, inlassablement. Ce n'était pas simple de vivre en tant que jeune orphelin en temps de guerre...

Tout à coup, le benjamin tomba sur ses genoux. Il n'en pouvait plus. Ses épaules se mirent à trembler violemment. Il craquait de ne pas pouvoir manger quoi que ce soit. Son corps n'était que celui d'un gamin de neuf ans après tout.

Les deux autres enfants furent alertés par la crise du plus jeune.

« Nicolas ? S'enquit la cadette. Ca va ?»

Nicolas ne répondit pas. Du moins, pas avec des mots. Des larmes salées coulèrent le long de ses joues. C'était sa seule source de chaleur. Quelques sanglots douloureux s'échappèrent de sa gorge sèche.

«Ne t'inquiète pas, continua la jeune fille, je vais te porter sur mon dos, tu n'auras pas à marcher.»

L'aîné manifesta son désaccord.

«Tu es sûre Anna ? Vas-tu tenir quelques temps avec Nicolas sur le dos ?»

Anna se baissa, posant ses genoux sur le sol, puis se pencha vers l'avant en positionnant ses bras vers l'arrière. Nicolas se plaça sur son dos en joignant les mains devant le cou de la jeune fille, qui prit précautionneusement ses jambes. Enfin, Anna se leva, Nicolas se tenant bien droit sur elle. Celui-ci continuait de pleurer, mais moins bruyamment.

«On devrait peut-être trouver un endroit pour dormir finalement, proposa-t-elle. On ne peut pas faire grand chose à cette heure-ci. De plus, il va sûrement pleuvoir dans les minutes qui vont suivre. Qu'en penses-tu, Victor ?»

Victor réfléchit à la proposition d'Anna. Il était vrai malheureusement qu'ils n'avaient que peu de chance de trouver de la nourriture aussi tard dans la nuit. Ils n'avaient pas d'argent, aucun travail, et pas d'adulte pour s'occuper d'eux. Pendant la guerre, c'était du chacun pour soi.

Victor soupira, s'avouant vaincu.

«Très bien... Nous devrions trouver un endroit où s'abriter.»

Les enfants se remirent à marcher pendant un moment. Les premières gouttes de pluie commencèrent à s'abattre sur le pavé des rues sombres. La froideur de l'eau tombant des nuages contrastait avec la chaleur des larmes du jeune Nicolas, qui serra Anna de ses bras frêles.

La jeune fille feignit un sourire au plus jeune.

«On va se trouver un toit Nicolas, tu dormiras tranquillement...»

Soudainement, Victor sauta presque de joie.

«C'est bon, j'ai trouvé ! Jubila-t-il. Juste ici, venez ! »

Le plus âgé se dirigea vers une ruelle recouverte d'un semblant de toit. Ce n'était certes pas luxueux, mais dans des temps pareils, cela équivalait à une maison réchauffée par le feu d'une cheminée.

Anna déposa avec douceur Nicolas sur le sol dur, puis s'assit à son tour. Elle installa la tête de l'enfant sur ses jambes pour qu'il s'en serve de coussin. Il avait arrêté de pleurer, mais il ne se sentait toujours pas bien. La faim le rendait quasiment fou. Pour tenter de l'apaiser, Anna caressa ses cheveux d'un noir de jais.

Victor s'adonnait à une intense réflexion de son côté. Il appuya son dos sur le mur en relâchant un autre soupir. Ils n'allaient pas tenir longtemps. Plus le temps passait, plus leur chance de survie s'amenuisait. Il fallait absolument trouver une solution pour calmer leur faim, et pourquoi pas se trouver un abri permanent. Victor craignait toujours les bombardements ennemis, qui pouvaient surgir à tout moment. Ils devraient s'éloigner de la ville le plus vite possible. Mais sans nourriture, ils n'allaient pas résister plus de deux jours supplémentaires. Le moyen le plus simple serait de voler l'argent des passants. Victor avait des talents de voleurs de rue en vidant les poches des gens. Cependant, la population semblait devenir plus vigilante pour protéger leur bourse, Victor avait par conséquent échoué à voler la moindre pièce durant la journée...

Que devaient-ils faire ? Ils n'allaient tout de même pas se laisser mourir de faim ! Pas dans des conditions pareilles !

Victor se mit brutalement en colère. Ses poings se serrèrent de désespoir. Cette société était pourrie jusqu'à l'os selon lui. Il pensait que les gens avançeraient bien mieux si chacun se serrait les coudes en temps de guerre au lieu d'avoir cette logique du chacun pour soi. Pourtant, Victor était amplement conscient que ses opinions étaient idéalistes. Il était âgé de quatorze ans, ce qui faisait de lui par défaut le plus adulte des trois enfants. Il ne pouvait pas se permettre de penser naïvement.

La pluie s'abattit franchement contre le sol en béton par milliers de gouttes d'eau froides. Le vent faisait tomber les gouttes de manière oblique. Le bruit de la pluie réussit à bercer Nicolas, sombrant dans le sommeil sur les jambes d'Anna. Victor piquait sérieusement du nez, et Anna était sur le point de s'endormir.

«Victor ?» Souffla faiblement Anna.  

L'interpelé la regarda dans ses yeux vert feuille.

«- Oui ?
 - Qu'est-ce qu'on va faire demain ? »

Victor s'allongea à même le sol, soupirant de lassitude.

« Je pense que je vais réessayer de voler de l'argent à des passants, répondit l'aîné. Et peut-être directement dans les étals de marché... »

Anna ne continua pas la discussion, trop épuisée physiquement et moralement pour cette activité. Victor clot ses paupières, laissant le sommeil le gagner lentement...

Tout à coup, Victor et Anna entendirent des bruits de pas à travers ceux de la pluie battante. Etrange... qui pourrait marcher dans la rue si tard dans la nuit ? Ils étaient à peu près sûrs que ces sons, qui semblaient s'approcher de leur position, provenaient d'une seule personne. L'inconnu marchait lentement, de manière presque décontractée.

Par instinct, les enfants décidèrent de s'échapper de la ruelle. Anna réveilla Nicolas en vitesse, se fichant sur le coup que le jeune enfant soit confus. Victor se redressa et aida Anna à se lever à son tour. Les bruits de pas furent un instant stoppés, mais reprirent aussitôt. Ils étaient repérés !

«Aller, vite !» Chuchota Victor à Anna et Nicolas, complètement confus.

Mais c'était trop tard. Une grande ombre demeuraient devant les enfants, prêts à partir.

«Attendez !» dit l'ombre d'une voix grave et ferme.

L'inconnu tenait une lampe de poche d'une main, révélant légèrement son visage, et un large parapluie de l'autre main. C'était un homme, grand et droit. Ses habits, c'est-à-dire une chemise blanche, un pantalon brun et un bonnet de laine, semblaient modestes, mais lui seyaient malgré tout. Quelques gouttes d'eau s'étaient piégées dans sa barbe noire. Son regard bleu pâle, éclairé par la lumière vive de la lampe, dégageait un magnétisme presque hypnotique.

Cependant, ce charisme ne rassurait pas les trois enfants.

«Que... Que nous voulez-vous ?» Bégaya Anna, effrayée.

Le visage du grand homme esquissa un sourire chaleureux.

«Ne vous inquiétez pas les enfants, rassura-t-il, je ne vous veux aucun mal.»

Ces mots doux peinaient à calmer la méfiance de Victor et d'Anna. Nicolas tentait de suivre cette scène improbable, encore à moitié endormi malgré la violence de son réveil.

«Alors... continua Victor. Que faites-vous ici, aussi tard ?»

L'inconnu toussa pour éclaircir sa voix grave.

«Je suis en route pour accomplir quelquechose... Mais avant de vous révéler quoi que ce soit, je voudrais vous poser des questions.»

Le cœur de Victor rata un battement. La respiration d'Anna s'intensifia.

«Etes-vous intéressés par de l'argent ?»

Victor et Anna échangèrent un bref regard. Puis, Anna se tourna vers l'homme mystérieux.

«Oui... Enfin... On veut acheter de quoi manger...» murmura Anna.

Le sourire de l'homme s'agrandit davantage.

«Venez avec moi... Je vais vous montrer comment se faire un maximum d'argent en peu de temps et sans risque.»

Les enfants furent mal à l'aise. C'était louche. Pourquoi un homme, visiblement occupé, marchant dans la rue en plein milieu de la nuit s'intéresserait à trois misérables orphelins tenant à peine debout ?

«Pourquoi ?» rétorqua fermement Victor. «Qu'est-ce qui prouve que vous êtes digne de confiance ?».

Sous son parapluie, l'inconnu semblait réfléchir pour choisir soigneusement ses mots.

«Je savais bien que vous n'aurez pas pu me faire confiance... Je comprends parfaitement, je réagirais comme vous si j'étais à votre place... Mais regardez.»

Il fouilla dans sa sacoche et en sortit un portefeuille, qu'il ouvrit ensuite. Et effectivement, elle était remplie de nombreux billets à grande valeur monétaire. Les enfants furent surpris de retrouver autant d'argent dans un si petit endroit.

«J'ai «emprunté» plusieurs fois à la banque de la ville. Même en ces temps de guerre, les banques sont toujours riches...».

Les enfants furent si subjugués par cette somme prodigieuse que les mots ne purent franchir leurs lèvres.

« Si vous venez avec moi, continua-t-il, je vous promets que vous serez en sécurité. Vous ne mourrez plus jamais de faim, vous aurez un toit ou dormir, et surtout vous serez aimés.»

Victor fut sceptique. Il jeta un regard vers Anna, qui partageait son air soupçonneux. Le jeune Nicolas était par contre tenté de le rejoindre, de part sa naïveté d'enfant. Les jambes du plus âgé tremblaient. Il ne savait pas quoi décider pour son bien et celui d'Anna et Nicolas.

« Quel est... votre nom ? Murmura Victor. »

L'homme claqua sa langue contre son palais.

« Veuillez m'excuser... Je m'appelle Sam. »

Victor s'avança vers le dénommé Sam, toujours tremblant.

« Qu'est-ce qui prouve que... vous ne nous voulez pas du mal ? »

Malgré cette question, Sam garda son assurance.

« Vous avez ma plus sincère parole. Je vous propose de marcher un peu.»

(inachevé)
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