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Pantouffe
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CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit Empty CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit

Jeu 20 Sep 2018 - 20:08
PAR MALNIR








« Quand la nuit règne, que vos rêves ne soient trop séduisants, où vous
attirerez les Ombres de Sydhar. »
Sagesse XIII, Verset7, Saint Livre de la Cathèdre

La nuit règne. Elle étends ses tentacules brumeux et ténébreux sur les ponts, les rues, les demeures, les salle, les tours et les palais de la cité. Elle s’infiltre en tout et partout, absorbe jusqu’à la plus petite lueur, jusqu’à la flammèche frissonnante des lampes à huile qui s’amenuisent en de simples veilleuses aux teintes rousses sur les murs couverts d’ombres. Les cierges au pied des statues austères se tassent, rougeoient en petites orbes faisant ressortir les traits des visages de pierre. Les étoiles dans le ciel s’entrevoient à peine au travers de la gaze des nuages noirs s’effilochant dans le vent froid. Ce ne soit que des points d’or blanc, des flammèches blafardes et lointaines, éclipsées par l’encre noir qui les engloutis. La lune, mince croissant d’argent poli, peine à paraître, se drape d’un éclat cendreux, qui n’éclaire rien. La nuit règne.

Dans leurs demeures, tapis sous leurs couvertures, les hommes dorment, oubliant leurs angoisses nocturnes dans un sommeil de plomb. Leurs poitrines se soulèvent, s’abaissent doucement, les draps glissent dessus en froissements d’ailes de papillons. Les animaux se mouvent en silence autour à pas feutrés, s’assoupissent aux pieds des lits. Les paupières lourdes, un garde traîne des pieds dans les degrés ; les marches se succèdent, s’entrelacent, montent ici, descendent là. Sa pauvre lanterne n’en éclaire qu’une surface infime, les marbres des colonnades environnantes se diaprent de ses reflets ambrés, et le silence règne. Le garde est perdu ; la nuit règne.

Non loin de longues silhouettes recouverts de toges grises glissent sur les dallages, passent à quelques mètres du veilleur égaré, elles gravissent les marches, s’engouffrent en des passages où elles se fondent dans l’obscurité. Spectrales, on les devine sans les voir ; un mouvement furtif, un reflet sur les plis d’une manche, un miroitement ; elles progressent en la cité. Les dormeurs s’agitent sur leurs passages. Le silence se trouble d’un murmure plaintif, mélopée à peine susurrée par les bouches inconscientes. Les sept spectres s’engagent sous une arcade, passent enfin une porte ouverte sans bruit à leur passage. Un lit haut et profonds trône dans cette chambre, ses draps moelleux enveloppent dans un cocon chaud et réconfortant un rêveur.

Sa peau est fine,translucide, roulant sur des muscles fins, reflétant les lueurs fantomatiques des orbes que les visiteurs élèvent au dessus de leurs têtes encapuchonnées. Son visage serein, à peine adulte, se trouble à peine quand de longs halos vaporeux, scintillants s’élèvent de son corps nu et sans défense. Des chimères argentées se dessinent dans les airs, ébauchent des formes animales, humaines, fantasmatiques et fantomatiques. Elles s’enroulent en volutes profonds et disparaissent dans les orbes tendues aux lumières délétères. Enfin leur flot se tarit, le jeune homme ne s’est pas éveillé. L’une après l’autre, les apparitions sortent, se fondent dans la nuit.


Dernière édition par Pantouffe le Jeu 20 Sep 2018 - 20:33, édité 1 fois
Pantouffe
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CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit Empty Re: CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit

Jeu 20 Sep 2018 - 20:09
PAR ALWEN


Là, dans la nuit, la lune pleine, étincelante, des arbres, un lac, une faible brise, quelques lucioles et une jeune fille qui marche.
Des  cheveux blonds, un sourire sur son visage. Demain, elle part pour
la
Suède.
Elle est belle, étincelante. Elle marche, les bras écartés, elle ne se doute de rien... elle chante. Des chants doux et
mélodieux. Elle erre dans ses rêves. Elle pense à la neige, au froid, à
ces nuits
qui n'en finissent pas, au silence qui à une présence. Elle pense à sa
vie qui va changer et à toute ces belles choses qui pourraient lui
arriver.

La lune, tout en haut, la regarde. La lune, elle le sait, elle a vu ces
types cachés derrière des buissons qui  regardent la fille . elle a vu
leur  sourires grinçants, elle a compris leurs faux
sourires.

 La fille se met à danser. La fille, elle aime la lune, elle  aime la vie. Qu'est-ce qu'elle est belle cette fille.
Encore quelques minutes et ces hommes vont sortirent de ces buissons pour se précipiter sur elle. La lune, elle le sait.

La fille s’arrête de danser et de chanter, elle se laisse tomber par
terre, les bras écartés. Elle ne se doute de rien. La suède dans ses
yeux.

Les types se regardent avec leur odieux sourires.

C'est là que tout ce joue. la lune ferme les yeux. elle ouvre ses bras et serre fort la fille contre elle...
Pantouffe
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CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit Empty Re: CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit

Jeu 20 Sep 2018 - 20:09
PAR PEINTREDALAMBIC

L'auteur tape un mot, puis deux, forme une phrase sans saveur puis,
rageusement, martèle la touche pour effacer de son clavier. Il est
tard déjà, la lumière bleue de l'écran lui a desséché les yeux,
les a zébrés de petites veines écarlate, empoissant les cils et
faisant luire son front trop grand. Pourtant, rien. 

Rien. Rien, rien, rien. Rien. Rien qui n'ai de sens, rien qui n'est une once d'originalité. Une boule au ventre, une impatience dans la jambe, il s'agace, tente, fouille sa tête, chafouine avec les mots pour tenter de les assembler, mais ça sonne faux, déjà-vu, ringard. Las, il se passe la main dans les cheveux, soupire, fait craquer ses doigts et se lève pour aller chercher une tasse de thé. En deux pas il a traversé son studio mansardé, seulement éclairé par l'écran de son ordinateur qui souffle bruyamment. Dans l'évier trône un empilement grotesque de vaisselle sale puante; il en tire un mug, un sans moisissure ni blatte et le rince un geste négligeant. L'eau chaude, le sachet infuse et il prend une gorgée, accoudé sur le comptoir de la kitchenette. Le réveil indique 01:24. Dans la rue en bas, des ivrognes passent en beuglant.

L'attente. 

Sur le matelas posé à même le sol, des dunes de linge sale. Une odeur tenace, mi-sueur mi-renfermée. Un plante verte au trois quart morte. Des livres, ici et là, des moutons de poussière et ce qui semble être le cadavre d'un préservatif usagé. Une vieille chaussette esseulé, un aquarium vide. 

Un bruit. 

Une canette de bière vide est tombé du bureau, ou autre chose. Un mouvement furtif, comme une souris qui se faufile entre les piles de journaux. Il s'approche, pour voir, prend un des vieux papiers et le roule en gourdin de fortune. Sur la pointe des pieds, doucement, il veut voir ce que c'est; rien. Un haussement d'épaule et il retourne s'asseoir derrière son écran. 

Il écrit un mot. Aussitôt effacé.

Derrière lui, un couinement.

Il se retourne et voit sur le comptoir, posée sur son petit derrière velu, un rat maigrelet qui le regarde en penchant la tête. Une de ses oreilles est déchirée, il a le poil gris et sale, pelé, laissant apercevoir parfois une peau squameuse. 

"ça ne vient pas, n'est ce pas?"

Ses moustaches frémissent; il a du sentir les crackers rances qui se terrent quelque part entre les cadavres de bières et les mégots de cigarettes.

L'auteur se gratte la tête, sent sur ses doigts le sébum de ses cheveux, mordille son ongle. Ça a un vague goût acre. 

"Ce n'est pas ta faute, je crois. Tu essaie, mais ça ne vient pas."

L'homme pose sa tête sur le dossier de la chaise et fronce le nez pour remettre en place ses lunettes. Leurs verres sont gras. Couverts de traces de doigts. 

"Les responsables, ils sont dehors. Quand tu sors, on te ponctionne; on prend tes mots par un tube qui les sucent hors de ta tête, par tes orbites."

L'homme acquiesce.

"On te vole. On te vole tes mots quand tu dors aussi, en les buvant avec une paille qu'on te glisse au travers du tympan ou dans une narine."

L'auteur plonge son index dans son nez, en extrait un peu de viscosité et l'étale sur le dos de sa chaise.

"Ce sont eux les pire, ceux qui viennent te voler la nuit. Mais s'il peuvent entrer, c'est parce que tu vas dehors. Ça leur ouvre la voie jusqu'à ton hippocampe."

Un raclement de gorge.

"Il ne faut plus que tu sorte."
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CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit Empty Re: CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit

Jeu 20 Sep 2018 - 20:27
PAR SILVERPHOENIX

Il était deux heures du matin.


Le ciel était couvert de nuages rougeâtres, annonçant une pluie imminente. L'air s'alourdissait d'humidité au fil des minutes. Quelques lampadaires émettaient une faible lumière électrique, mais c'était loin d'être suffisant pour donner une quelconque vision des rues étroites et lugubres.

Trois enfants marchaient dans la pénombre. Ils avaient faim. Ils avaient si faim. Leur estomac, vide depuis deux jours, les faisait souffrir. Leurs pas semblaient peu assurés à cause de leurs jambes tremblotantes. L'épuisement se faisait sentir, mais le sommeil ne venait pas. Il n'était pas question de se laisser tomber dans les bras de Morphée avant d'avoir trouvé de quoi se nourrir.


Les enfants ne savaient pas exactement où ils allaient. Ils avaient échangé des idées quelques minutes auparavant, mais aucune ne correspondait à leur besoin. Le plus âgé avait proposé de se rendre au centre-ville pour trouver un magasin fermé, mais il serait trop dur de pénétrer dans ce genre de bâtiment sans déclencher une alarme. La cadette pensait que se rendre dans les champs pour voler des légumes serait une meilleure idée, cependant, les champs étaient situés loin de la ville. Le benjamin voulait capturer un pigeon pour le griller et le manger. Mais aucun oiseau ne passait à cette heure-ci...


Alors,ils marchaient, inlassablement. Ce n'était pas simple de vivre en tant que jeune orphelin en temps de guerre...


Tout à coup, le benjamin tomba sur ses genoux. Il n'en pouvait plus. Ses épaules se mirent à trembler violemment. Il craquait de ne pas pouvoir manger quoi que ce soit. Son corps n'était que celui d'un gamin de neuf ans après tout.


Les deux autres enfants furent alertés par la crise du plus jeune.


«Nicolas ? S'enquit la cadette. Ca va ?»


Nicolas ne répondit pas. Du moins, pas avec des mots. Des larmes salées coulèrent le long de ses joues. C'était sa seule source de chaleur. Quelques sanglots douloureux s'échappèrent de sa gorge sèche.


«Ne t'inquiète pas, continua la jeune fille, je vais te porter sur mon dos, tu n'auras pas à marcher.»


L'aîné manifesta son désaccord.


«Tu es sûre Anna ? Vas-tu tenir quelques temps avec Nicolas sur le dos ?»


Anna se baissa, posant ses genoux sur le sol, puis se pencha vers l'avant en positionnant ses bras vers l'arrière. Nicolas se plaça sur son dos en joignant les mains devant le cou de la jeune fille, qui prit précautionneusement ses jambes. Enfin, Anna se leva, Nicolas se tenant bien droit sur elle. Celui-ci continuait de pleurer, mais moins bruyamment.


«On devrait peut-être trouver un endroit pour dormir finalement, proposa-t-elle. On ne peut pas faire grand chose à cette heure-ci. De plus, il va sûrement pleuvoir dans les minutes qui vont suivre. Qu'en penses-tu, Victor ?»


Victor réfléchit à la proposition d'Anna. Il était vrai malheureusement qu'ils n'avaient que peu de chance de trouver de la nourriture aussi tard dans la nuit. Ils n'avaient pas d'argent, aucun travail, et pas d'adulte pour s'occuper d'eux. Pendant la guerre, c'était du chacun pour soi.
Victor soupira, s'avouant vaincu.


«Très bien... Nous devrions trouver un endroit où s'abriter.»


Les enfants se remirent à marcher pendant un moment. Les premières gouttes de pluie commencèrent à s'abattre sur le pavé des rues sombres. La froideur de l'eau tombant des nuages contrastait avec la chaleur des larmes du jeune Nicolas, qui serra Anna de ses bras frêles.


La jeune fille feignit un sourire au plus jeune.


«On va se trouver un toit Nicolas, tu dormiras tranquillement...»


Soudainement,Victor sauta presque de joie.


«C'est bon, j'ai trouvé ! Jubila-t-il. Juste ici, venez ! »


Le plus âgé se dirigea vers une ruelle recouverte d'un semblant de toit. Ce n'était certes pas luxueux, mais dans des temps pareils, cela équivalait à une maison réchauffée par le feu d'une cheminée.


Anna déposa avec douceur Nicolas sur le sol dur, puis s'assit à son tour. Elle installa la tête de l'enfant sur ses jambes pour qu'il s'en serve de coussin. Il avait arrêté de pleurer, mais il ne se sentait toujours pas bien. La faim le rendait quasiment fou. Pour tenter de l'apaiser, Anna caressa ses cheveux d'un noir de jais.


Victor s'adonnait à une intense réflexion de son côté. Il appuya son dos sur le mur en relâchant un autre soupir. Ils n'allaient pas tenir longtemps. Plus le temps passait, plus leur chance de survie s'amenuisait. Il fallait absolument trouver une solution pour calmer leur faim, et pourquoi pas se trouver un abri permanent. Victor craignait toujours les bombardements ennemis, qui pouvaient surgir à tout moment. Ils devraient s'éloigner de la ville le plus vite possible. Mais sans nourriture, ils n'allaient pas résister plus de deux jours supplémentaires. Le moyen le plus simple serait de voler l'argent des passants. Victor avait des talents de voleurs de rue en vidant les poches des gens. Cependant, la population semblait devenir plus vigilante pour protéger leur bourse, Victor avait par conséquent échoué à voler la moindre pièce durant la journée...


Que devaient-ils faire ? Ils n'allaient tout de même pas se laisser mourir de faim ! Pas dans des conditions pareilles !


Victor se mit brutalement en colère. Ses poings se serrèrent de désespoir. Cette société était pourrie jusqu'à l'os selon lui. Il pensait que les gens avançeraient bien mieux si chacun se serrait les coudes en temps de guerre au lieu d'avoir cette logique du chacun pour soi. Pourtant, Victor était amplement conscient que ses opinions étaient idéalistes. Il était âgé de quatorze ans, ce qui faisait de lui par défaut le plus adulte des trois enfants. Il ne pouvait pas se permettre de penser naïvement.


La pluie s'abattit franchement contre le sol en béton par milliers de gouttes d'eau froides. Le vent faisait tomber les gouttes de manière oblique. Le bruit de la pluie réussit à bercer Nicolas, sombrant dans le sommeil sur les jambes d'Anna. Victor piquait sérieusement du nez, et Anna était sur le point de s'endormir.


«Victor?» Souffla faiblement Anna.


L'interpelé la regarda dans ses yeux vert feuilles.


«-Oui ?
-Qu'est-ce qu'on va faire demain ? »


Victor s'allongea à même le sol, soupirant de lassitude.


« Je pense que je vais réessayer de voler de l'argent à des passants, répondit l'aîné. Et peut-être directement dans les étals de marché... »


Anna ne continua pas la discussion, trop épuisée physiquement et moralement pour cette activité. Victor clôt ses paupières, laissant le sommeil le gagner lentement...


Tout à coup, Victor et Anna entendirent des bruits de pas à travers ceux de la pluie battante. Étrange... qui pourrait marcher dans la rue si tard dans la nuit ? Ils étaient à peu près sûrs que ces sons, qui semblaient s'approcher de leur position, provenaient d'une seule personne. L'inconnu marchait lentement, de manière presque décontractée.


Par instinct, les enfants décidèrent de s'échapper de la ruelle. Anna réveilla Nicolas en vitesse, se fichant sur le coup que le jeune enfant soit confus. Victor se redressa et aida Anna à se lever à son tour. Les bruits de pas furent un instant stoppés, mais reprirent aussitôt. Ils étaient repérés !
«Aller,vite !» Chuchota Victor à Anna et Nicolas, complètement confus.
Mais c'était trop tard. Une grande ombre demeuraient devant les enfants, prêts à partir.


«Attendez !» dit l'ombre d'une voix grave et ferme.


L'inconnu tenait une lampe de poche d'une main, révélant légèrement son visage, et un large parapluie de l'autre main. C'était un homme, grand et droit. Ses habits, c'est-à-dire une chemise blanche, un pantalon brun et un bonnet de laine, semblaient modestes, mais lui seyaient malgré tout. Quelques gouttes d'eau s'étaient piégées dans sa barbe noire. Son regard bleu pâle, éclairé par la lumière vive de la lampe, dégageait un magnétisme presque hypnotique.


Cependant, ce charisme ne rassurait pas les trois enfants.

«Que...Que nous voulez-vous ?» Bégaya Anna, effrayée.


Le visage du grand homme esquissa un sourire chaleureux.


«Ne vous inquiétez pas les enfants, rassura-t-il, je ne vous veux aucun mal.


Ces mots doux peinaient à calmer la méfiance de Victor et d'Anna. Nicolas tentait de suivre cette scène improbable, encore à moitié endormi malgré la violence de son réveil.


«Alors...continua Victor. Que faites-vous ici, aussi tard ?»


L'inconnu toussa pour éclaircir sa voix grave.


«Je suis en route pour accomplir quelque chose... Mais avant de vous révéler quoi que ce soit, je voudrais vous poser des questions.»


Le cœur de Victor rata un battement. La respiration d'Anna s'intensifia.


«Etes-vous intéressés par de l'argent ?»


Victor et Anna échangèrent un bref regard. Puis, Anna se tourna vers l'homme mystérieux.


«Oui...Enfin... On veut acheter de quoi manger...» murmura Anna.


Le sourire de l'homme s'agrandit davantage.


«Venez avec moi... Je vais vous montrer comment se faire un maximum d'argent en peu de temps et sans risque.»


Les enfants furent mal à l'aise. C'était louche. Pourquoi un homme, visiblement occupé, marchant dans la rue en plein milieu de la nuit s'intéresserait à trois misérables orphelins tenant à peine debout ?


«Pourquoi?» rétorqua fermement Victor. «Qu'est-ce qui prouve que vous êtes digne de confiance ?».


Sous son parapluie, l'inconnu semblait réfléchir pour choisir soigneusement ses mots.


«Je savais bien que vous n'aurez pas pu me faire confiance... Je comprends parfaitement, je réagirais comme vous si j'étais à votre place... Mais regardez.»


Il fouilla dans sa sacoche et en sortit un portefeuille, qu'il ouvrit ensuite. Et effectivement, elle était remplie de nombreux billets à grande valeur monétaire. Les enfants furent surpris de retrouver autant d'argent dans un si petit endroit.


«J'ai «emprunté» plusieurs fois à la banque de la ville. Même en ces temps de guerre, les banques sont toujours riches...»
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CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit Empty Re: CC N°15 Thème 3 : Des voleurs dans la nuit

Jeu 20 Sep 2018 - 20:32
PAR PANTOUFFE


Trois petits cochons qui s'en allèrent au bois, pour voler au grand arbre un peu du sang des rois. Trois petits cochons faméliques et livides, aux vastes yeux opaques débordant sur leurs joues. Trois petits cochons de calcaire et de brume, creusés par les bourrasques aux méchants doigts de grêle, trois porcs tristes et gourds dont les regards humides dégoulinaient en marres ; trois petits cochons aux yeux d'encre et de pluie, aux longues joues abolies et aux membres torchons. Il y en avait trois, trois cochons un peu maigres, qui s'en allèrent au bois.
Ils passèrent par trois ponts, enjambèrent une rivière, qui courrait vingt royaumes et nourrissait mille arbres. Par trois ponts il rampèrent sous les feuillages de plomb, dans un forêt d'acier trop lourde pour bruisser. Au premier il n'y avait aucun troll à tromper, rien qu'une grande massue couchée sur le chemin ; au deuxième il y avait l'armure d'un chevalier, mais pas de ligne d'os ou de carcasse rongée ; au troisième ils trouvèrent une cabane mousseuse, et en ouvrant la porte, le vieil écho d'un cri. Il y avait l'ébauche d'un autre pont de pierre, quatrième arche grise, mais qui s’effilochait au sein de la rivière. Les trois petits cochons regardèrent le sous-bois, y guettant craintivement des épines et des crocs. Mais il n'y avait là-bas qu'un barbelé de ronces et de buissons armés. Aucune gueule prédatrice, aucun regard avide : pas un seul animal ne parcourait ces bois. La forêt les avait mangé depuis longtemps déjà.
Elle avait mangé l'ogre, et puis les chevalier, et puis la famille d'ours habitant la cabane, volée à un chasseur aux passions trop macabres. Les trois petits cochons songèrent à la misère de leurs foyers austères, ils songèrent aux graviers de leurs champs en jachères. Ils évoquèrent les fleurs piétinées dans la boue, la nudité des terres où affleurait la pierre. Ils tremblèrent en parlant des bandits de passage, des précepteurs d’impôts et des enfants malades. En secouant leurs guenilles et leurs membres graciles, faisant danser leur gueule bout de leur cou mince, il trémulèrent des cils, ils barbotèrent des lèvres, et s'engagèrent ensuite dans les halliers d'airain.
Ils entendirent trois chants tout cherchant un gué. Il y avait dans les branches des flûtistes enjoués, dont les trilles éclatantes tombaient des feuillages comme de larmes de lune, de lentes coulures de cire ou des corps de colombes. Une averse moelleuse et liquide et macabre. Ils s'éloignèrent pourtant en suivant la rivière. Mais les berges d'argent et de cuivre fondu frissonnèrent bientôt du bruit des maracas, et de mastications de castagnettes enfouies. Il y eut de vifs claquements, un mélodieux bruissement sablonneux et secret, un torrent de notes douces évoquant à l'oreille des ricochements d'écume à travers les galets, puis vint délicatement un silence de décombres, une agonie tourbeuse qui ravala doucement l'orchestre frémissant, enterrant la musique aux tréfonds du limon. Leurs tympans roulèrent longtemps comme de lourdes billes de plomb sur un ruban de feutre. Il y eut une interminable intervalle d'opacité nocturne, avant que les tambours n'entament un grand palabre, litanies orageuses succédant aux crissements. Ce furent de nombreux coups et des palpitations- parfois d'amples mouvements d'avalanche invisible, ou des fracas guerriers aux zébrures de voix blanche. Mais c'était un tumulte tout emplis d'espaces gourds, à peine émaillé d'occasionnels échanges. Il y avait plus de silence que de musique, dans le chant des tambours qui remuaient la terre, car ils se frayaient un chemin à travers une quantité de pierres, de racines, d’agglomérats divers. Et car la forêt mâchonnait leurs échos jusqu'à réduire cette musique, pulsante, à de fibreux lambeaux de mélodies éteintes, au rythme écartelé, aux trilles désincarnées.


Ils dissertèrent sur les vents inféconds.

> ils ont couru après un miracle plutôt que de chercher des solutions concrètes aux problèmes. Préférés le miracle à la dure réalité du labeur et de l'échec, recherche de l'éternité plutôt que d'accepter le passage du temps et les saisons moins bonnes.
Le sang des rois = sève, protège la terre imbibée, octroie fertilité, éternel renouvellement des richesses naturelles ; assure temps clément.
(inachevé)
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