Le Pare-tempêtes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Aller en bas
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre Empty CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre

Jeu 20 Sep 2018 - 19:43
PAR MÉLODIE


Sa main cramponnée à son T-shirt.
« Tu n'es rien », se murmurait-il, « Tu es cendre. Tu n'es rien du tout, rien qu'une poussière de plus. »
Vibration dans l'air. Les paupières se serrent l'une contre l'autre instinctivement.
Le trou du rat était encombré de racines.
Il frissonnait, remuait.
« Frise, frise, frise et grise, le magicien embrasse et brise. » Les lèvres aussi s'embrassent et se séparent, vite, vite, comme des souris effrayées, la formule magique les délivrera.

Une respiration. Chut ! Pas de place pour deux respirations en ce lieu. Fais taire la tienne le rat, ou le chasseur te trouvera, et de ta viande il goûtera !
Plus qu'un jeu, c'est un amusement extatique : vois comme ton cœur bat, comme tes pupilles s'agrandissent, comme tes nerfs frémissent ! Tandis que lui passe, insensible, puissant. Son pas écrase chaque feuille sans pitié.


Dernière édition par Pantouffe le Jeu 20 Sep 2018 - 19:45, édité 1 fois
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre Empty Re: CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre

Jeu 20 Sep 2018 - 19:44
PAR MALNIR







Le ciel était d’un bleu d’encre, et Volantirn sommeillait encore ; ses hauts palais de marbre et d’albâtre miroitaient, leurs spires et aiguilles s’effaçant dans le ciel, leurs entrailles palpitantes de leurs rêves. Des lueurs chaudes venaient naître entre leurs tours, venant de leurs profondeurs secrètes. Au bas de leurs grands murs aux décors d’entrelacs, les méandres des rêveurs se couvraient de brumes argentées, qui s’enroulaient paresseusement en volutes lascives. Elles venaient masquer les canaux d’eaux cristallines, les façades des grandes demeures de pierre, les statues incrustées d’or et les hauts arbres bruissants qui les longeaient. Ces derniers murmuraient entre eux, leurs feuilles détrempées d’humidités d’un pourpre sanglant. Et lentement, se rapprochant de l’océan, vers le nord de la cité, les méandres s’enfonçaient dans la tourbe des marais aux parfums envoûtants, ainsi qu’un homme s’endort en respirant les effluves des Silmerines et s’engloutit dans les boues où elles poussent. Ainsi les murs se paraient-ils de vignes vierges et de glycines, les toits croulaient sous les herbes, les marais s’étouffaient dans les joncs, des roseaux et des fleurs nuageuses ; des nénuphars venaient s’ouvrir sur leurs eaux calmes. Et le brouillard opalescent venait les enlacer, les fondre en silhouettes indistinctes.

Au travers de ses ruelles, des globes de lumière se promenaient, petites étoiles jaunes tenues entre les mains de noctambules étourdis par les mirages de la Cité qui rêve. Ils se mouvaient avec lenteur, avec une grâce serpentine, les longs replis de leurs vêtements de soie masquant leurs anatomies. Sur une place, une femme dansait, enveloppées de nuages de gazes flottants autour d’elle. Ses mouvements évoquaient les vagues de la mer, renaissants avant que de mourir, sans cesse revenant. Son masque d’argent ciselé reflétait les feux qui naissaient autour d’elle et l’encerclaient, ses pieds foulaient la cendre qui recouvrait les pavés, fine poussière aux grains gris perle, neige sableuse qui s’amoncelait contre les murs. Volantirn, dans la nuit, se faisait braise ; des flammes venaient s’enrouler le long de ses pinacles, s’élever au fil de ses arcades, nettoyer ses voûtes, former des spirales autour de ses plus hautes tours, de ses flèches les plus élancées. Une architecture de feu venait se superposer, ondoyante, à celle de pierre. Volantirn flamboyait comme un soleil couchant.

Depuis les siècles s’écoulent sur la Cité qui rêve, figée comme dans l’ambre. Surplombant les méandres des rêveurs envahis d’insectes et de mangrove, les Ruines de Silence semblent des aiguilles d’ivoire, et leurs salles résonnent des échos de leurs fêtes. Et le Palais d’Éternité les observe, perché au bout du cap, ses hautes spires hantées du souvenir des empereurs d’antan. La nuit tombant, les spectres de ses habitants morts surgissent du néant, flottant autour des décombres de leurs demeures, traînant derrière eux des voiles irisées dans lesquelles ils s’enroulent et se perdent. Leurs mains avides brassent l’air, cherchant sans cesse des vivants auxquels ils pourraient faire partager leur sort, leurs visages sont crispés dans l’agonie, se troublent et s’effacent en vapeurs argentées.

Dans les méandres, les ombres se coulent sur les ponts délicats, s’écoulent dans les rues, cherchent et s’introduisent entre les arcades, se rassemblent et fondent ensembles, entourées de feux follets. Sur une place, la danseuse tourbillonne, forme arabesques et volutes, s’entrelace, son visage masqué tourné vers la lune blafarde. Ses longues traînes s’enroulent autour de son corps fantasque, transparences sur absences, et font voler la cendre en petits nuages miroitants. Ses pas éthérés ne laissent pas de marques dans ces ondulations grises qui couvrent les pavés de marbre. Elle s’élance et s’évapore dans l’espace, nébuleuse entourée de son cortège d’étoiles. Ses mains se tendent, ses doigts s’éploient, et elle se renverse en arrière dans sa valse éternelle. Une brise légère vient dévoiler des os blanchis sous elle, à peine plus consistants que la cendre qui les recouvrait. La couverture cristalline continue de s’étioler et s’envoler, et un masque apparaît, sur les coins de ses yeux l’argent a fondu en larmes. Hélas, elle était belle, elle était aimée, elle était tout, mais elle n’est plus rien, elle n’est que cendre et rêves.
Pantouffe
Pantouffe
Messages : 833
Date d'inscription : 27/08/2018
Age : 28

CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre Empty Re: CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre

Jeu 20 Sep 2018 - 19:47
PAR PANTOUFFE


Poussière d'étoiles et d'implosions. Sur tes paupières et dans tes os, à travers tes cheveux et dans le creux de tes veines. Astres fondus et éclatés. Dans ton sang, sur ta bouche. Dans le méandre infinitésimal des molécules entrechoquées, dans la violence inaudible de l'univers cellulaire- absorptions, divisions, noyaux exsangues, membranes percées. Poussière d'étoile dans tes neurones. Dans les arcs électriques, éclats de nébuleuses. Fragments d'espaces glissant entre tes os, dans le chaudron de ton crâne ; bouillon d'univers fracturé au sein de ta carcasse, ragoût de moelle, de viande, d'étoiles. A quel point fait-il froid dans ces intervalles de vide ? Ces ruisselets d'univers qui s'entremêlent à toi ? Pourrait-on s'y noyer ? Un peu d'infinis palpite en chacun d'entre nous. C'est par ces bandes que se faufilent les monstres. Les tiens sont venus de particulièrement loin.

(prout)

L'âtre était froid depuis longtemps. Des années d'oublie lui éventaient la gueule. Plusieurs générations de paperasses calcinées l'avaient animés avant que ne surviennent de longues heures de silence. Mais son âme bourdonnante n'avait plus été rappelée d'à travers la pierre froide depuis longtemps maintenant.

(blb)

Les yeux ouverts sur un nuage de braises, sur les poutres vivantes qui palpitaient de nervures enflammées. Veines ignées traversés par des incandescences, dans la carcasse effondrée de la maison. Quelque chose vivait encore à travers les décombres, une âme imprégnée au plâtre des murs, au bois des fondations. La nuit tuméfiée d'étoiles disparaissait derrière un voile de braise, dévorée de volutes carmines, ensevelie de fumées. L'incendie corrompait les champs d'astres du ciel, répandait les ténèbres en grimpant sur les vents

(inachevé)
Contenu sponsorisé

CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre Empty Re: CC N°11 Thème 119 : Tu n'es rien, tu es cendre

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum