Le Pare-tempêtes
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Pantouffe
Pantouffe
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CC N°20 Thème 2 : C'était un Suédois Empty CC N°20 Thème 2 : C'était un Suédois

Jeu 20 Sep 2018 - 22:54
PAR SILENUSE

C’était un suédois.

La brise coupait son corps comme une lame finement aiguisée, brillante dans les éclats du jour, du matin qui se levait à peine. Levant les yeux au ciel comme pour s’échapper de ce silence d’effroi, il lâche un soupir affable qui laisse s’échapper de fines étincelles brumeuses, des étincelles de vie, preuves intangibles d’une vie qui persistait là où tout demeurait emmarbré à jamais, le temps d’un temps, mais le temps d’une éternité.
Il avançait avec peine dans le silence de la neige, tentant de zigzaguer entre des obstacles invisibles, cachés comme des murmures imperceptibles et glacés, sans savoir comment progresser, sans savoir où aller, là où personne ne semblait pouvoir l’en déloger, là où ce silence affamé de vie éphémère pouvait régner dans son autorité d’effroi.
Le nord était encore loin, si encore ce point mobile avait un sens quand on n’avait aucune arrivée en visée ; et l’ombre qui marchait en tétanisant sanglotait abondamment, laissent filer en secret les larmes sanguinolantes qui tapotaient sur la neige en sirotant son silence, en oubliant son vide amorphe. C’était un suédois ; et de ce nom qu’on lui étiquetait, il ne restait que l’inassouvissable froid qui règnait au nord, que l’intangible chair blanche qui rognait petit à petit les os du corps, sans que quiconque ne pût l’entendre en zieutant sur son épaule, sans que quiconque ne le surprenne à susurrer ses désirs morbides que seul le plus effroyable des sens, le plus intenable des impressions, le silence, pouvait soutenir.
C’était un suédois et, dans le désir scintillant, dans l’effroyable décision de transporter ses soupirs dans le lieu du vide, le temple sacré du néant, aux tapisseries de pins couverts de neige suffocante, aux voûtes inaccessibles, transcendant le sacré dans l’imaginaire impassible de l’essence spirituelle ; alors, le sens n’existait plus, le sens n’existait plus ; il ne demeurait plus qu’un simple détritus de désespoir, un amalgame de rien. Et dans ce lieu sacré de l’existence du vide, dans la résidence des âmes tourmentées, y résonnait la fin comme un clocher sans écho, un clocher sans plafond. C’était le nord, la fin de l’espoir ; et la neige comme un soupir suintait comme des larmes sans source. C’était la mort, et il y accèda.
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 22:55
PAR MÉLODIE

J'ai rencontré Dieu. C'était un Suédois.
J'ai rencontré mon mari. C'était un Suédois.
J'ai rencontré mon père : c'était un Suédois !!!
J'ai regardé ma carte d'identité... Et j'étais suédois.

Alors, très calmement, j'ai attrapé un couteau, j'ai fermé les paupières et je me suis préparé à accueillir la mort.

Elle avait un accent polonais.
Quel soulagement...
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 22:56
PAR MALNIR

Le soir tombait quand je l'ai vu. Il avait un visage nettement dessiné, contourné par une barbe d'un blond profond, et ses yeux semblaient deux mares gelées. Grand, bien plus que moi. On aurait pu considérer que c'était un némésis ; moi le méditerranéen tremblant d'épuisement, qui toujours avait été porté par les feux de mes ardeurs, lui, scandinave, aussi froid et inébranlable qu'un glacier, sa tenue militaire sans le moindre défaut.

Cela faisait des heures que je marchais, mes vêtements trempés de sueurs, sous le soleil estival. La campagne française se déroulait à une lenteur désespérante ; je traversais sur cette route poussiéreuse un bois aux ombres vertes, puis des champs à moitié moissonnés, dépassais un village déserté, évitais un corps inanimé sur le bas côté. Vers midi une colonne de blindés de l'Armée Hégémonienne m'avait dépassée sans me remarqué ; je m'étais caché dans le fossé à leur approche. Leurs carapaces noires et luisantes avaient défilées sous mes yeux écarquillés pendant bien dix minutes ininterrompues. Plus tard, alors que seize heure était passée depuis quelques temps, c'était un de ses escadrons qui m'avait survolé et je m'étais tapis dans un champs. Je l'admettais volontiers, comme sans doute la plupart des survivants français qui courraient le pays comme des lièvres par jour de chasse, je n'avais aucune idée d'où était le front, si tant est qu'il y en ait un.



Voilà deux semaines que la frontière alpine avait été enfoncée. Des bribes confuses nous venaient du sud, et l'Hégémonie avait passé le Rhône ; les communications se coupaient à son approche ; téléphone et internet. Un voile tombait sur le pays. J'avais quitté Avignon quand Grenoble et Nice était tombés, et j'avais dû contourner Lyon, investie alors que j'en approchais. Les colonnes de fumée huileuse et noire s'en élevait et m'avaient dissuadé d'approcher. À présent que j'approchais doucement de Nancy, que j'espérais encore sûre, je
m’interrogeais sur la suite des événements. Certes la situation était confuse, et l'énorme puissance de l'Hégémonie allait ou avait broyé la France, comme l'Italie, la Grèce et d'autres avant. Mais que devenait les populations ? Rien ne filtrait de ses territoires, on parlait de nouvelles villes titanesques, d'usines surpuissantes et de ciels d'orages artificiels conçus pour marquer le pouvoir des Masques. Le sort des peuples restait inconnu, comme si les vivants n'étaient rien là bas.


Et alors que plongé dans mes pensées,je traversais un hameau en ruine, je manquais d'être repéré par cet homme. Je me plaquait contre un mur, le cœur battant. Je n'avais pas reconnu son uniforme, mais j'aurais été incapable de reconnaître celui de l'Hégémonie ou d'un autre pays. L'Union scandinave était arrivée à la rescousse depuis une semaine, mais je ne savais pas si elle était encore là, ou si elle avait elle aussi perdu pied. J'ignorais même si la France existait encore. Peut-être étais-je déjà dans l'Hégémonie ?
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 22:56
PAR MONDO

Cocon.

Je sortis l'assiette du micro-onde. Les lasagnes avaient débordés de tous parts. Je tentais alors de nettoyer rapidement avant que quelqu'un arrive, mais j'entendis des pas se rapprocher sur le parquet.
Il apparut d'abord derrière moi. Je le rencontrai ainsi par sa voix, une douce interpellation. Comme un souffle. Quelques mots maladroits en anglais et son regard fuyant. Je ne pus l'observer que quelques secondes avant de retourner à mes lasagnes.
Je me souvenais déjà de son visage. Ses longs cheveux blonds, ses yeux bleus perçants et sa fine mâchoire. C'était un suédois.

Je me souvenais déjà de lui car je souhaitais le revoir. L'apercevoir. J'étais en séjour dans un cocon bruxellois, chez un ami. Ce suédois était son colocataire, stagiaire au parlement. Il partait donc tôt le matin et arrivait tard le soir. Il était comme un esprit ici mais absent. Je ne sentais que la porte se claquer derrière lui ou alors la lumière sous le pas de sa porte. Aussi timide que moi.

Un soir, il marcha à travers la pièce pour remplir sa bouteille de thé. Je restais sur mon lit improvisé dans le salon, à éparpiller des photos. Je ne faisais que l'attendre. Il s'asseya pour me parler.

Après des mots, des phrases, il me parla de son pays. Aussi flou que merveilleux dans mon esprit. Il habitait à Hedemora, une petite ville au nord de Stockholm ; ce qui lui valait d'être qualifié de nordiste alors que ce n'était pas du tout le cas. Il me racontait ses excursions exceptionnelles pour moi, encore enfermé dans ma ville sombre. Je fermai les yeux.

Sa silhouette noire dans un ciel bleu vif parcourait un sentier entre les longs arbres verts et les hauts rochers pointus. Arrivé à un lac, il respira longuement en fermant les yeux. Cette nature était son cocon.

Je rouvris les yeux. Il était toujours là, muet, dans ce grand appartement. Les plantes hautes plantes restaient immobiles autour des meubles en bois.

Je l'observais une dernière fois. Lui, c'était Marcus. C'était un suédois.
Pantouffe
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Jeu 20 Sep 2018 - 22:57
PAR PANTOUFFE


Bombillant à sa bouche en rubans amoureux, elles s'enlacent à la langue qui filait sur mes doigts. Caresses diaprées d'ailes pâles, translucide éparpillement des corps, pattes de saxophonistes jetant sur les papilles des noirceurs volatiles ; c'est un grand festival comprimé entre les joues fibreuses. Un long bouillonnement de ténèbres, mais c'est plein de richesse finalement. Fatras écarlate et onctueux, bouleversements d’aurores désaccordées en rouges- roses- jaunes bileux de la langue, éclairs de chair des veines, bleus saturniens fondant irriguant la limace, lourde et carmine, suant encore ses fluides. Les dents, nougats moisies, emprisonnent comme une fête d'aliénés infernaux ce carnaval éteint. Il n'y a de lumières qu'à leurs yeux en facettes, qu'à leurs ailes délicates, fanaux errants dans la cavité morte. Adieu parole, il n'y aura plus un mot : plus jamais de syllabes enroulées ici-là, de chants bas et de cris, de gémissements d'extase. Adieu la voix, tu ne peux plus monter, tes cordes coulissantes sont devenues trop molles, il n'y a plus qu'un coulis dans le ventre fécond, pour te faire un lit sale aux draps de pourriture, insectes en transite festoyant aux entrailles qui résonnèrent jadis de tes élévations, s'embrasèrent aux giclées mûrissant en tes bonds, solfèges en grappe épanouis dans ton feuillage de notes. Elle était haute, la tessiture de l'homme, et il y avait dans la pulpe vibrante de ses lèvres de bien nombreuses musiques.

(inachevé)
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